Fred Weasley était tranquillement assis sur son lit, faisant glisser le long de ses doigts habiles sa baguette magique. Il ne la connaissait que trop bien maintenant, depuis le temps qu'il la possédait. Il se souvenait du jour où lui et son frère avaient acheté leur première baguette magique chez Ollivander, des baguettes presque identiques. Le vendeur avait tout de suite remarqué à quel point les jumeaux Weasley étaient inséparables et n'avait pas hésité une seule seconde sur celles qu'il leur présenterait.
La nuit était quant à elle bien avancée. Ils s'étaient tous les deux glissés dans leur lit vers une heure du matin, après avoir travaillé une bonne partie de la soirée sur une nouvelle invention pour leur boutique. Le jeune sorcier ne trouvait pas le sommeil. Au contraire de son frère jumeau qui dormait à sa gauche depuis déjà deux bonnes heures.
Les jumeaux étaient comme ça, l'inspiration et la productivité étaient au maximum chez eux lorsque la lumière se cachait pour laisser place à l'obscurité. Fred avait même émis l'hypothèse que cette forte activité était sûrement due aux années passées à l'école de sorcellerie Poudlard et aux longues heures d'ennui qu'ils avaient bien trop souvent confrontées. Les frères Weasley n'étaient pas des flèches, ils n'avaient pas brillé pour leurs résultats scolaires, mais on se souvenait d'eux grâce aux rires et aux bons moments qu'ils avaient apportés au sein de l'école.
Pourtant, les yeux du roux qui avaient du mal à rester ouverts quelques minutes plus tôt semblaient maintenant avoir des difficultés à rester fermés. Plusieurs fois, il s'était tourné encore et encore dans ses draps, espérant plonger dans les bras d'un certain Morphée. Il ne savait pas réellement qui était cette personne, Hermione lui en avait vaguement parlée dans la salle commune de leur ancienne maison. Une expression Moldue qui avait fasciné son père.
Par ailleurs, le rouquin s'ennuyait à mourir, il ne savait plus quoi faire pour s'occuper, il avait déjà compté des milliers de fois le nombre de fleurs présentes sur le papier peint jauni de sa chambre d'enfance, sans oublier toutes les taches qui parcourraient le plafond de celle-ci. Il avait même essayé d'ouvrir un livre, pour se fatiguer le plus rapidement possible, mais dès les premières lignes, l'envie de poursuivre sa lecture l'abandonnait.
Alors il se trouvait là, assis sur son lit, le dos contre le mur, espérant que quelque chose ou quelqu'un vienne l'occuper. Comme si ses prières avaient été entendues, un hurlement déchira le silence de la nuit, glaçant le sang du jeune homme. Il ne lui fallut que quelques secondes avant de comprendre que ces cris venaient, une fois de plus de la chambre de la célèbre et tant convoitée Hermione Granger.
Depuis la fin de la grande guerre, le sommeil de la jeune femme n'était plus aussi calme et reposant qu'auparavant. Chaque nuit, ses cris résonnaient dans le terrier, réveillant le plus souvent ses amis qui venaient la réconforter. Personne ne savait de quoi étaient faites les terreurs nocturnes de notre héroïne de guerre, pas même le grand Harry Potter, qui, avec la jeune femme, avait pris place au sein de la famille Weasley. Au plus grand bonheur de Molly, qui les avait toujours considérés comme deux de ses enfants. Deux chambres avaient été ajoutées afin de les accueillir dans la maison. Harry n'ayant nulle part où aller et Hermione n'ayant pas pu retrouver ses parents. Sans rechigner et sans aucune raison apparente les empêchant de le faire, ils avaient accepté la proposition de Molly. De toute façon, personne n'osait contredire la terrifiante mère de famille.
Alors qu'il était une fois de plus dans ses pensées, les hurlements de la jeune femme ne semblaient pas se calmer, il en vint à s'étonner que ni Ginny ni Harry, ne s'étaient rendus dans sa chambre afin de la réconforter. Soudain, il se souvint que les deux amoureux étaient partis rendre visite à Ron et que la brune n'avait pas voulu les accompagner, préférant rester, une fois de plus, dans sa chambre.
Le rouquin, après avoir enfilé un maillot, sortit discrètement de sa chambre afin de ne pas réveiller son jumeau qui commençait à ronfler. Rien ne pourrait le sortir de son sommeil, pas même un tremblement de terre. George avait cette chance, celle de s'endormir, de ne pas se réveiller au moindre petit bruit ou changement de température et de se lever en forme seulement le lendemain matin après une bonne nuit de sommeil. Fred quant à lui avait un sommeil plus compliqué, la moindre différence ou le moindre petit détail pouvait dérégler tout son cycle. Autant mettre son manque de sommeil à bonne exécution.
En traversant le couloir, éclairé par la simple lueur de sa baguette, le jeune homme se dirigea le plus rapidement possible vers la chambre de l'ancienne Gryffondor afin de la consoler pour la première fois depuis qu'elle était arrivée. Fred n'était pas le plus délicat et il en vint même à regretter de ne pas avoir essayé de sortir son jumeau de son sommeil, pour qu'il puisse lui donner un coup de main.
Arrivant devant la porte close de la jeune femme, le rouquin agrippa la poignée puis entra rapidement dans sa chambre et lança un sortilège silencieux dans le but d'insonoriser la pièce. Même s'il était touché par la détresse de Hermione, il ne souhaitait pas qu'elle inquiète de nouveau le reste des habitants de la maison.
Fred Weasley décida enfin de se tourner vers elle, il ne la voyait pas vraiment, mais il savait au bruit que faisait son corps contre le matelas que son sommeil était encore beaucoup trop agité. Discrètement, le roux traversa les quelques centimètres qui le séparaient de la brune, avant de s'asseoir sur le bord de son lit. D'un geste fin et délicat, il entreprit de faire apparaître un filet de lumière, cette petite étincelle volait gracieusement dans la pièce, dans le simple but de voir dans quel état Hermione Granger se trouvait.
La peau de la jeune femme luisait, ses cheveux étaient plus emmêlés qu'à l'accoutumée, si bien que malgré cette triste vision, le jeune homme ne pouvait se retenir de sourire. Il savait que demain, elle descendrait au rez-de-chaussée, les cheveux grossièrement attachés en vue de la masse remplie de nœuds qu'elle allait découvrir à son réveil. Son regard continua de glisser sur elle. Ses lèvres étaient entrouvertes, laissant échapper une respiration irrégulière ainsi que quelques gémissements, quelques mots et comme plus tôt avant son arrivée auprès d'elle, quelques cris.
Fred ne savait que faire, ni comment calmer la douleur psychologique de la jeune femme, laquelle semblait lui faire vivre un calvaire en vue de ses sourcils froncés et de son souffle court. Sans réellement être sûr de lui, il approcha sa main tremblante vers sa joue, dans l'espoir de donner un semblant de réconfort à l'héroïne de guerre. Ses doigts se posèrent tendrement sur la chair brûlante avant de faire de doux et légers vas-et-vient. Fred savait que si George avait été là, avec lui, il n'aurait pu se retenir de se moquer de lui face à son incompétence des plus totales.
Il n'avait jamais imaginé avoir, ne serait-ce qu'un jour un geste aussi tendre envers l'ancienne Gryffondor. À ses yeux, elle n'avait toujours qu'été la meilleure amie de son frère Ron, la miss je-sais-tout, future préfète de leur ancienne maison. Il aurait même ri au nez de la personne qui aurait émis l'hypothèse, qu'à un moment de sa vie, à presque quatre heures du matin, il serait assis dans sa chambre et lui caresserait la joue dans l'unique but de la réconforter.
Le jeune homme l'observait, espérant de tout cœur que la jeune femme se calme, mais ne voyant aucun résultat, il déplaça son geste jusqu'aux cheveux bouclés de celle-ci. Il se souvenait que son amie Angelina aimait tout particulièrement que l'on passe une main dans ses cheveux, elle lui disait souvent que cela l'apaisait plus qu'elle ne l'espérait. Qui sait, peut-être que ce geste se montrerait aussi réconfortant pour Hermione. Un sourire étira subitement les lèvres fines du rouquin, lorsqu'enfin la respiration de la jeune femme sembla finalement retrouver un rythme normal.
Fred continua donc son geste, jusqu'à ce que le visage de la brune retrouve à son tour son apaisement, si bien qu'une fois chose faite, il savait que son rôle s'arrêtait là et qu'il ne lui restait plus qu'à retourner dans sa chambre, afin de lui aussi, trouver le sommeil. Alors, dès que ses lèvres se posèrent contre le front de l'héroïne, il s'empressa de quitter la pièce, non sans un dernier regard pour elle. Il espérait qu'à présent la nuit se passerait sans contrainte pour elle.
Après avoir annulé son sort sur la chambre, il finit sa course jusqu'à leur garçonnière à lui et son frère et se hâta de se glisser dans ses draps tièdes. Ses pensées se dirigèrent sur la sensation des cheveux de la jeune femme entre ses doigts, il était même étonné de les avoir trouvés plutôt doux. Un sourire apparut sur ses lèvres tandis que ses yeux commencèrent à se fermer petit à petit, le sommeil l'emportant. Fred se sentait obligé de veiller sur la jeune femme, quelque chose avait changé cette nuit, quelque chose qu'il ne contrôlait pas vraiment.