Cette histoire est la suite directe de Severus et la Rose Blanche, une autre fic.
Nous retrouvons ici Jonathan Levy!
Ce jour-là cependant, Jonathan devait affronter l’atmosphère étouffante de Londres au lieu de profiter de ce réconfort, et ce malgré le fait que le thermomètre dépasse les cent degrés Fahrenheit.
Accompagné de Nephtis et Joy, Jonathan se rendait en effet chez Ollivander, espérant de tout cœur récupérer la baguette qui lui avait été confisquée lors de sa capture. Cet événement l’avait cependant replongé dans la tristesse et il avait du s’isoler durant la matinée pour pleurer. Le souvenir de Marc, son ami et compagnon d’infortune, tué par les rafleurs, le tourmentait.
Il se disait avec amertume que, si le garçon avait survécu comme lui, cette journée-là aurait été bien plus douce. Devoir récupérer sa baguette lui rappelait également son statut de sorcier et ce que celui-ci lui avait coûté. Cracmol, il aurait sûrement pu être recueilli par sa sœur et vivre auprès d’elle, Wallian et la petite Ariel. Mais non, il était doté de pouvoirs magiques et, à ce titre, condamné à étudier à Poudlard.
A ce moment-là, il n’en avait plus aucune envie.
Les souvenirs de l’année précédente, de la peur, des conditions de vie et de toutes les tragédies qu’il avait vécues, de la disparition de son père et sa mère aussi, lui ôtaient toute volonté de poursuivre dans cette voie.
Mais, alors qu’il était assis sur son lit totalement abattu, Diana Daler était entrée, peut-être alertée par le silence.
- Jonathan, lui avait-elle murmuré avec douceur en s’asseyant près de lui pour le réconforter.
Il avait éclaté en sanglots dans ses bras, bredouillant pitoyablement qu’il ne voulait pas y aller. Elle l’avait laissé pleurer de tout son soul un long moment. La porte de la chambre s’était ouverte, il ne savait pas qui voulait entrer mais elle l’avait congédié avec autorité.
Elle avait attendu qu’il se calme de lui-même pour le rassurer et ils avaient discuté un long moment avant qu’il n’accepte finalement de se préparer.
Arrivé sur le Chemin de Traverse, Jonathan se fit violence pour ne pas céder à la bouffée d’angoisse qu’il sentait monter en lui et Nephtis saisit sa main pour se rendre chez Ollivander. Elle avait du sentir son trouble à moins qu’elle-même n’en mène pas beaucoup plus large. Les procès du début de l’été lui avaient porté un coup au moral.
À côté d’eux, Joy marchait en observant les boutiques avec circonspection. C’était en effet la première fois qu’elle venait ici.
Le Chemin de Traverse était anormalement calme comme s’il semblait se relever d’une longue maladie. De nombreuses boutiques étaient encore fermées, même si elles n’étaient plus à l’abandon, et il y avait des travaux partout.
Nephtis, tout en les emmenant chez Ollivander, leur présentait chaque boutique. Alors qu’ils passaient devant deux enseignes de prêt-à-porter, elle eut une exclamation de joie :
- Mme Guipure et Gaichiffon sont ouverts ! Quelle bonne surprise !
Elle se tourna vers les deux enfants et les questionna d’une voix joyeuse qui sonnait pourtant un peu faux :
- Je vous propose deux solutions, soit nous commençons par aller chez Gringotts et acheter les fournitures, soit nous nous occupons d’abord de la baguette.
Pour toute réponse, Joy regarda Jonathan avec inquiétude et celui-ci répondit dans un souffle :
- Je préférerais d’abord voir pour la baguette…
- Bonne idée, répondit la vieille femme. Le plus difficile d’abord. Ollivander est juste là.
Sa mâchoire en se crispant imperceptiblement lui avait donné une voix un peu rauque. Anxieux lui aussi, Jonathan laissa Joy ouvrir la marche vers la boutique et en ouvrir la porte en murmurant un « Bonjour » un peu hésitant.
Ollivander se trouvait juste devant le comptoir lorsque Nephtis et les deux enfants entrèrent. Il les salua avec un sourire un peu lointain et s’attarda sur Nephtis qui détourna les yeux, vivement gênée.
- Bonjour Monsieur Ollivander, murmura la vieille femme.
- Bonjour Mrs Malefoy, répondit le fabricant d’un air égal. Je suppose que vous venez pour ces deux jeunes gens qui vous accompagnent.
- Pour un seul en réalité, répondit Nephtis d’une petite voix. Jonathan ici-présent s’est fait confisquer sa baguette lors de son arrestation et nous avons appris que toutes celles retrouvées au Département de la Justice magique après l’incarcération de leurs propriétaire vous avait été confiées pour que vous puissiez assurer leur restitution.
- C’est exact, répondit le vieil homme qui se tourna ensuite vers Jonathan. Comment vous nommez-vous mon jeune ami ?
- Jonathan Levy.
- Bien, vous souvenez-vous de la composition de votre baguette ?
- Oui, répondit Jonathan. Elle était en bois de hêtre, mesurait 27 centimètres, très souple et son cœur était composé d’une plume de phénix.
- Voilà une bien bonne mémoire qui va considérablement nous aider. Il me semble bien que…
Ollivander s’était éloigné dans l’arrière-boutique et Jonathan remarqua qu’il cherchait dans des rayonnages comptant des centaines de boites alignées. Enfin, ils entendirent une exclamation satisfaite et le vieil homme revint vers eux avec une des boites :
- J’étais sûr d’avoir retrouvé celle-ci. Vous allez maintenant l’essayer.
Il sortit de sa boite la baguette de bois que Jonathan reconnut aussitôt et la lui tendit. Il la saisit, effectua un mouvement de poignet et ressentit aussitôt une vague de chaleur qui lui souleva les cheveux. Avec un sourire, il se tourna vers Nephtis et lui dit :
- C’est celle-là ! C’est bien ma baguette !
Ollivander souriait aussi et la vieille femme lui jeta un regard presque craintif auquel il répondit :
- Quelle proximité ! Souplesse, sagesse et polyvalence, voilà qui semble bien prometteur pour un tel jeune homme. Et cette jeune fille ?
- Oh, Joy vient seulement d’avoir dix ans même si elle est grande pour son âge, répondit Nephtis en attirant à elle la fillette. Nous reviendrons l’année prochaine… Cependant, j’aurais voulu vous poser une question à propos d’un curieux phénomène magique qui s’est produit entre elle et ma baguette au début du printemps.
Le regard d’Ollivander s’éclaira de curiosité :
- Expliquez-moi, dit-il. Voulez-vous une chaise ?
En effet, Nephtis était si mal à l’aise à présent qu’elle vacillait et semblait prête à tomber. Joy s’empressa de se dégager pour attraper celle qui traînait dans la boutique et la fit asseoir. Elle aussi avait les lèvres serrées d’anxiété.
Nephtis, une fois assise, raconta à Ollivander la bataille qui avait opposé le campement centaure aux accromentules et loups-garous.
- Les pouvoirs de Joy se sont manifestés de la plus curieuse et inquiétante des manières lorsqu’elle a saisi ma baguette et m’a sauvée de l’accromentule. Mais, le plus étrange dans tout cela, c’est que ma baguette n’avait jamais accepté d’être prêtée auparavant, même mon mari n’a jamais pu s’en servir lorsqu’il a voulu l’utiliser car la sienne était cassée, il y a une dizaine d’années.
- Je me souviens bien de votre baguette en effet, répondit doucement le fabricant. C’est une des rares que j’aie conçue en bois de châtaigner. Elle est assez souple, a un cœur en crin de licorne et mesure 25 cm ?
- C’est exactement cela, répondit Nephtis.
- Un bois très changeant, surtout utilisé en France en en Allemagne. Je ne fabrique pas beaucoup de baguettes avec car son évolution peut générer ce genre de phénomène et le refus d’être prêté est courant. Maintenant pourquoi votre baguette aurait-elle accepté la main de notre jeune amie… Pouvez-vous la lui prêter à nouveau devant moi ?
- Bien sûr.
Nephtis sortit sa baguette et la tendit à Joy qui s’en empara avec précaution. Avant de la lâcher soudainement avec un cri de douleur. Jonathan vit nettement la marque rouge que l’objet avait laissée dans sa main droite.
Ollivander saisit sa propre baguette et pris doucement la main de Joy qu’il soigna, tout en expliquant :
- Courant aussi malheureusement. Je dirais que votre baguette a fait une exception ce jour-là et qu’elle savait probablement que Joy s’était emparée d’elle pour vous protéger, non pour l’utiliser à votre détriment. Il n’est donc pas si étonnant qu’elle ait bien réagi, malgré ses habitudes de ne pas se laisser prêter.
- Logique en effet, murmura la vieille femme en vérifiant que Joy ne gardait pas de séquelles. Mais comment expliquer les débordements magiques si violents dont cette enfant a été victime ?
- Cela, malheureusement, je ne peux vous l’expliquer, répondit le vieil homme. Ce n’est pas lié à votre baguette mais à mon avis plutôt à la maîtrise de ses pouvoirs.
Nephtis, comme Joy, se tendit à cette perspective. Ollivander venait par ces quelques mots de confirmer une des craintes de Nephtis. Devant son air déçu, il ajouta :
- Peut-être pourriez-vous interroger un spécialiste de la magie sans baguette. Il y en a un à Sainte-Mangouste, spécialisé dans le suivi des enfants. Il s’appelle Anton Tyrol.
Nephtis acquiesça et répondit :
- Je vous remercie, ce serait en effet une idée. Combien je vous dois ?
- Rien, répondit Ollivander. Cette baguette était déjà payée, je n’ai fait que la restituer à son propriétaire.
- Merci.
Elle se tourna vers les deux enfants pour leur faire signe de saluer et Jonathan rangea à regret sa baguette dans sa poche. Alors qu’ils s’apprêtaient à saluer et sortir, un petit garçon et une femme d’une vingtaine d’années entrèrent dans la boutique.
Jonathan reconnut avec stupéfaction Aurel Tinny, le frère de son Marc Tinny qu’il avait croisé sur le chemin de Traverse l’année précédente, peu avant sa capture. Un cri de stupeur lui échappa et le petit garçon leva vers lui des yeux intrigués, avant de sourire un peu tristement :
- Jonathan ! Dit-il.
Ollivander, de son côté, saluait la jeune femme :
- Miss Smith, quel bon vent vous amène ?
- Bonjour Monsieur Ollivander, répondit-elle. Voici mon filleul, Aurel Tinny. Son frère a été capturé l’an dernier par les rafleurs à la gare Kings-Cross.
- Je me souviens de lui, répondit doucement le fabriquant. Un très gentils garçon extrêmement poli qui fait malheureusement partie des victimes de cette guerre.
Il ajouta à l’adresse du jeune Aurel :
- Mes plus sincères condoléances.
Miss Smith acquiesça et poursuivit :
- Nous avons appris que les baguettes confisquées abusivement vous avaient été confiées et nous souhaiterions récupérer la baguette de Marc si elle a été retrouvée.
- Elle a été retrouvée mais c’est malheureusement impossible, lui répondit le vieil homme. J’ai reçu des ordres très stricts en raison de la pénurie de baguettes. Comme Marc était un enfant encore non-instruit, le pouvoir de sa baguette n’a pas été brisé par sa mort. Elle pourrait donc reconnaître un autre sorcier. Je suis vraiment désolé…
- Ne pouvez-vous pas faire une exception ? Aurel ne possède plus rien de son frère et toute sa famille a été tuée.
- Cela je peux en attester, ajouta Nephtis qui s’était approchée, tandis qu’Ollivander secouait la tête à la négative.
La jeune femme lui lança un regard interrogateur et Nephtis répondit en lui tendant la main :
- Pardonnez-moi, je suis Nephtis Malefoy et Marc a été tué sous mes yeux lorsque notre campement de repli a été attaqué par les rafleurs.
- Lilith Smith, répondit la jeune femme en portant une main à sa poitrine.
Elle avait brusquement pâli et poursuivit :
- Lorsqu’on m’a dit pour Marc… Je n’ai pas eu la force de revenir vers vous…
- Je comprends.
Nephtis se tourna vers Ollivander et Jonathan fut aussitôt persuadé qu’elle avait une idée derrière la tête :
- Pourrions-nous au moins voir cette baguette ? La mort de Marc nous a tous affectés, nous qui sommes ici. Son frère n’a rien pour se recueillir car le corps a été emmené au manoir Dolohov par les rafleurs après l’attaque. Mais on ne sait pas ce qu’il est devenu ensuite.
Ces dernières paroles avaient coûté à Nephtis le peu d’énergie qui lui restait et elle dut s’asseoir précipitamment. Ollivander céda d’un hochement de tête et disparut dans l’arrière-boutique. Il semblait également un peu bouleversé.
- Bien dit-il en revenant avec une boite à la main, j’accepte de vous la montrer.
Il ouvrit la boite, saisit l’objet et le tendit à Aurel en ajoutant :
- Chêne rouge, 24 cm, flexible, ventricule de dragon.
Le petit garçon la saisit d’une main tremblante, les larmes aux yeux. Il l’agita, machinalement, et une gerbe d’étincelles rouges en sortit, lui faisant écarquiller les yeux. Tous comprirent immédiatement :
- La baguette de Marc t’a choisi… Souffla Lilith qui se tourna ensuite vers Ollivander et murmura qu’elle voulait l’acheter pour son filleul.
- Pas d’achat, répondit le vieil homme avec un sourire déstabilisé. C’est une simple restitution...
Et voici un premier chapitre sur les enfants perdus...
Bon, on n'a pas encore vu Severus mais promis, cela ne tardera pas!