Francis Derviche n’était pas quelqu’un qui avait eu beaucoup d’amis dans sa scolarité. Il était plutôt solitaire et renfermé sur lui-même. Les gens ne lui avaient jamais beaucoup plu et il n’avait jamais été très à l’aise de leur parler. À chaque fois, cela lui demandait un effort considérable et il avait l’impression d’ennuyer les gens autour de lui. De toute façon, il y avait toujours quelqu’un qui aimait prendre suffisamment de place pour occuper la conversation et cela permettait à Francis de se plonger dans ses pensées et réfléchir aux prochaines idées qui fourmillaient dans sa tête et qui lui permettraient de dénicher une nouvelle perle rare. Parce qu’il faut savoir que Derviche était un passionné, un passionné d’histoire de la magie et plus précisément des objets qui en faisaient partie. Pour lui, si une image vaut mille mots, un objet, avec ses coutures, ses usures, ses traces de doigt et la magie qui l’avait forgé racontaient un récit. Mais ce n’était pas seulement les vieux objets que Derviche aimait, c’était tous ceux qui était spéciaux, différents des autres, semblaient présenter un défaut qui pour lui n’en était pas réellement un. Il pouvait passer des heures à observer, à scruter, à démonter et à remonter les objets qu’il trouvait, ses perles rares. Même sans un mot, Derviche avait toujours eu un talent pour faire parler ses trouvailles, leur faire raconter une histoire.
Lorsqu’il avait terminé sa scolarité à Poudlard en 1940, aucune guerre n’aurait pu l’empêcher de partir à l’aventure afin de découvrir ces trésors enfouis aux quatre coins de la planète. Il s’était équipé de ses vieilles bottes de marche mainte fois rapiécées et usées même par des sortilèges de renforçage, d’agrandissement, de séchage et d’imperméabilité qu’il avait réinventés pour être parfaits selon ses propres utilisations. À elles seules, ses bottes étaient l’illustration même de sa passion pour ces objets aux grandes histoires. Il s’était ensuite déniché un sac de voyage qui avait appartenu à son père et à son grand-père moldu avant lui. Le cuir avait été réparé par du tissu et Derviche avait réussi à l’ensorceler pour qu’il puisse y mettre ce qu’il souhaitait. Puis, la baguette en poche, il avait voyagé à travers l’Europe dans tous les pays où il était assez loin de la guerre pour ne pas avoir à s’en mêler.
Derviche avait beaucoup marché. Il avait parcouru des milles et des milles à la manière moldue. Il avait rencontré des gens de tous les horizons et avait rempli son sac d’une collection d’objets qu’il avait trouvé fascinants, passionnants. Un soir, lorsqu’il s’arrêtait, s’allumait un feu à l’orée d’une forêt, il sortait ses trouvailles du jour, les analysait et cherchait à comprendre ce qui avait pu être leur utilité dans le passé. Avec des sorts qu’il créait ou croyait avoir créé, il pouvait voir ce que personne ne pouvait plus voir. Il révéla entre autres que les faces de l’icosaèdre s’illuminaient en fonction à la lumière de la lune et suivait un cycle qui ne semblait pas régulier avec le cycle classique. Les gravures, après maintes recherches, représentaient différentes plantes qui se trouvaient être mûres à la récolte lorsqu’elles s’illuminaient.
Derviche continua longuement son périple. Il était de plus en plus perdu. Il collectionnait toutes sortes d’objets les plus incroyables les uns que les autres. Il réussissait grâce à ses talents d’ensorceleur à leur faire raconter des histoires qu’il notait scrupuleusement dans son carnet. Mais plus il ramassait, amassait, moins il comprenait le sens de la mission qu’il s’était donné.
Un jour, il tomba sur une vieille sorcière qui tenait une brocante à l’orée d’un village au nord de la Norvège. Il faisait particulièrement froid et malgré le printemps qui aurait dû être lancé, il y avait encore une fine neige qui couvrait le ciel. Lorsqu’il s’était approché du kiosque, le jeune homme s’était bien rendu compte que la plupart des objets n’étaient que des attrape-nigauds. Il soupira. Il n’avait pas envie de s’attarder, mais ne savait pas vraiment où aller non plus. Il y avait bien une auberge qu’il avait croisée en chemin, mais il ne voyait plus le but de ses recherches.
Alors qu’il était sur le point de partir, la vieille dame l’attrapa. Elle avait surement compris à sa montre antique qui n’indiquait pas l’heure, mais ses besoins, qu’elle avait affaire à un connaisseur, lui avait attrapé la main et lui parla en Norvégien. Derviche fronça les sourcils, il ne s’y connaissait pas. Elle prit un objet derrière son comptoir et le mit dans sa main : une boussole.
Derviche observa la boussole sans comprendre. À première vue, elle semblait totalement normale, mais la femme mit une main sur son menton, pointa la boussole puis le cœur de Francis. Le sorcier observa plus attentivement la boussole. Elle ne pointait pas le nord, mais le Sud-Ouest. L’Angleterre.
Il sourit et paya la dame. Il savait ce qu’était sa prochaine mission, son prochain but. C’était de partager ses découvertes chez lui, chez les siens.