Histoire écrite dans le cadre du concours "On a échangé nos OC".
Attention: passages violents dans les deux premiers chapitres (d'où le warning -12), ainsi que dans le dernier.
Voici mon premier chapitre avec L'OC qui m'a été confié: Amadea Munch, née Bibine.
Je ne sais pas qui l'a créé mais c'est un sacré défi! Merci!
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!
C’était une mauvaise journée pour se rendre au ministère, surtout lorsqu’on était obligée de se déplacer avec un fauteuil roulant. La pluie fine qui tombait était terriblement froide et elle se sentait congelée jusqu’aux os. Les quelques feuilles qui volaient encore lui fouettaient le visage dans une gifle mouillée avant d’aller tomber au sol où elles s’amassaient, tapis spongieux et gluant peu pressé de se faire ramasser et évacuer.
Mais aujourd’hui, elle ne pouvait pas différer, pour la simple et bonne raison qu’elle avait été convoquée dans le bureau des aurors après avoir déposé plainte, pas contre n’importe qui d’ailleurs.
Elle avait toujours aimé lancer des pierres aux chats de ses voisins, un peu normal puisqu’elle détestait les chats et les voisins en question : un couple de professeurs moldus à peu près de son âge avec deux enfants : Baptiste et Adelia. Tous insupportablement beaux, horriblement doués et travailleurs. Une famille tout ce qu’il y avait de plus parfaite et cela l’horripilait.
Leurs enfants, heureusement, étaient un peu plus jeunes que les siens ce qui fait qu’ils n’avaient jamais eu la tentation de jouer ensemble, autrement elle aurait été bien embêtée.
Quelle idée aussi d’habiter dans un quartier moldu. Ah oui, son mari en temps qu’employé du ministère devait se mêler à eux dans cette ville de Hastings ou vivaient de nombreuses familles de sorciers. Ce afin de « prendre la température » et d’anticiper les crises.
Chez ses voisins, les Saltham, on visait haut et cela était bien normal après tout. Le garçon venait d’ailleurs d’être accepté dans une grande école, à la joie immense de sa mère qui s’en était vantée tout l’été au téléphone.
Depuis qu’il était en âge d’être scolarisé, Amadea le voyait sortir de chez lui tous les matins de la semaine dans un uniforme impeccable, chaussures cirées et boutons de manchettes rutilants. Rien à voir avec les gamins de l’arrêt de bus d’en bas et leurs pauvres polos violets ou bleus à boutons de plastique beige. Non, ceux-là fréquentait le collège du quartier qui était loin d’être réputé.
Baptiste Saltham, lui, avait été admis à l’institut le plus prestigieux de la ville de Hastings et sa petite sœur aussi d’ailleurs, même si elle se faisait plus discrète et couvrait souvent son uniforme d’un long manteau noir lorsqu’elle prenait le chemin du lycée.
Bref, leur scolarité était brillante, leurs parents extrêmement exigeants avec eux…
Et Amadea se maudissait de n’avoir jamais été aussi exigeante avec ses propres enfants. Déjà qu’elle devait mentir en permanence pour couvrir leurs absences de la maison… Depuis leur admission à Poudlard elle prétendait les avoir envoyés dans un internat, ce qui avait contribué à faire passer leur famille pour les membres d’une secte…
… Déjà que leurs quelques faux-pas vestimentaires les faisaient repérer de loin à leurs débuts… Heureusement les Saltham n’étaient pas encore là à l’époque où ses enfants avaient commencé à manifester leurs pouvoirs magiques…
Elle adorait ses enfants bien-sûr, elle et sa fille étaient très proches d’ailleurs… Mais pourquoi avait-il fallu qu’ils fassent des choix de carrière aussi médiocres ? Sa fille aînée se contentait d’un simple poste d’infirmière à Sainte-Mangouste, son fils encore pire…
… Il était devenu « testeur de balais », la honte de sa famille ! Depuis quatre générations les Munch, comme les Bibine d’ailleurs, avaient toujours eu des métiers prestigieux. Même sa sœur cadette avait réussi à devenir professeur !
Certes, professeur de vol et arbitre de Quidditch pour Poudlard… Mais pour cette gourde trop gâtée qui n’avait jamais réussi à faire le moindre effort, c’était déjà pas mal.
Et à part elle, il n’y avait dans les deux familles que des aurors, des employés haut-placés du ministère et deux médecins-chefs à Sainte Mangouste.
Rien à faire, ses enfants faisaient tâche, malgré tout l’amour qu’elle leur portait elle avait été obligée de faire preuve de franchise avec eux… Avec pour seul résultat que son fils espace encore un peu plus chacune de ses visites.
Sale gosse, s’il n’avait pas été complètement autonome du haut de ses vingt-trois ans, elle lui aurait bien coupé les vivres.
Quand elle disait « les chats de ses voisins », Amadea parlait en fait des bêtes errantes qu’Adelia, la plus jeune des Saltham, se plaisait à nourrir pour les apprivoiser. C’était une jeune fille d’une douzaine d’années environ, responsable quoique discrète et Amadea la tolérait uniquement parce qu’elle avait eu l’idée judicieuse de faire stériliser les bêtes qu’elle recueillait.
Pourquoi faisait-elle ça et combien d’argent de poche y avait-elle passé ? Elle ne voulait pas le savoir mais avec quatre bestioles : une mère et ses trois chatons, tout l’argent de Noël avait aussi du y passer.
Or, deux jours plus tôt, Amadea avait entendu des cris provenant de chez ses voisins. Plus précisément, le bruit d’une violente dispute. C’était parfait, elle qui aimait tout savoir sur ce qui se passait dans la rue et chez ses voisins…
En ce samedi d’automne et déjà de bon matin, Mr et Mrs Saltham étaient aux prises l’un avec l’autre, elle en avait eu la certitude en se glissant contre le mur séparant leurs deux maisons. Plusieurs années auparavant, elle avait commencé à jeter des sorts d’acoustique pour pouvoir écouter au travers et, à présent, c’était devenu inutile du fait de la persistance magique.
Ce n’était pas du tout la première fois que le couple se disputait. Depuis plusieurs mois, les accrochages étaient récurrents, d’une fréquence et d’une violence croissante. Amadea en connaissait même la cause du fait de ses écoutes fréquentes et de sa surveillance active de la rue :
Mr Saltham, en homme qu’il était, voyait d’autres femmes, prostituées ou conquêtes d’un soir. Bon, cela Mrs Saltham aurait quand-même pu s’en douter puisque cela faisait des années. Amadea le lui avait d’ailleurs fait très judicieusement remarquer lorsqu’elles s’étaient croisées pour la dernière fois quelques semaines plus tôt.
Depuis, les deux femmes ne s’adressaient plus la parole et Mrs Saltham semblait éprouver une peur panique à son égard, ne comprenant probablement pas comment elle avait été au courant de la chose. C’en était jouissif.
Les disputes de couple chez les Saltham n’avaient jamais abordé le sujet directement bien-sûr, entre gens bien élevés on restait sur des non-dits. C’était des accrochages qui démarraient sur un rien et se terminaient sur des insultes, un déchaînement de violence verbale qui aurait semblé totalement irrationnel à quiconque n’aurait pas connu ou soupçonné la situation. Et Amadea avait rapidement compris que Mr Saltham avait largement le dessus à ce jeu-là.
Cependant, cette fois-ci, les choses semblaient différentes et cela expliquait l’intérêt renouvelé d’Amadea.
Habituellement, c’était Mrs Saltham qui commençait à se mettre en colère et son mari la remballait dans un premier temps, avant d’attaquer à son tour et de la pousser dans ses retranchements. Lui criait rarement, haussant simplement la voix, mais ses mots étaient destructeurs et depuis que cela durait, Mrs Saltham semblait de plus en plus fatiguée et à bout de nerf à chaque voix qu’Amadea la croisait. Elle l’aurait plainte, si seulement son propre cœur ne s’était pas endurci depuis longtemps.
Aujourd’hui pourtant c’était Mr Saltham qui avait attaqué le premier, avec calme au départ ce qui expliquait probablement qu’elle n’ait pas entendu les premiers échanges.
Amadea, bien qu’elle ait pris la discussion en route, n’eut aucun mal à comprendre qu’il était question d’un collègue de Mrs Saltham, que ce collègue empiétait un peu trop sur sa vie d’après Monsieur et que ce dernier en concevait quelques soupçons…
Oh, rien de bien grave, seulement il exigeait qu’elle prenne drastiquement ses distances avec lui :
- Nous sommes amis depuis des années… Protesta Mrs Saltham sur un ton désespéré. Pourquoi est-ce que tout d’un coup… ?
C’était cette phrase qui avait attiré l’attention d’Amadea alors qu’elle était en train de tricoter, et qui l’avait poussée à venir se coller au mur avec toute la vitesse que pouvaient fournir les roues de son fauteuil. Le ton de l’épouse Saltham lui rappelait des souvenirs, mauvais… Des souvenirs de sa brève carrière d’auror pour être précise et qui suffisaient à la mettre mal-à-l’aise.
Elle se souvenait de cette femme, c’était juste avant la naissance de Sandra et elle était en charge des sortilèges d’écoute, sa grande spécialité. Ils soupçonnaient la famille de servir le Seigneur des Ténèbres. Et puis un jour on avait retrouvé l’épouse morte, ayant mis fin à ses jours en ingérant un poison.
Le mari elle le connaissait, c’était un informateur comme elle nommé Rockwood, mais entré bien plus tôt au service du Seigneur des Ténèbres. Il avait reçu la marque quand elle avait du se contenter d’un simple statut d’informatrice du fait de son infirmité.
Remarque, cela rassurait son mari et à présent ils en étaient bien arrangés : elle y avait au moins gagné une certaine tranquillité.
De l’autre côté du mur, la dispute se poursuivait. Ou plutôt, Monsieur menaçait Madame qui pleurait à présent, recroquevillée dans un coin.
Amadea n’aimait pas Mrs Saltham, elle la jalousait et la méprisait à la fois. Mais son mari elle l’exécrait plus encore. D’un geste fébrile, elle sortit sa baguette. De l’autre côté de la paroi, la femme poussa un hurlement de frayeur :
- Laisse-moi ! Cria t-elle à son mari. Laisse-moi tranquille !
A présent elle sanglotait. Amadea examina plusieurs possibilités, dont celle de transplanner directement dans le salon du couple et celle d’abattre le mur qui les séparait.
Non, elle abandonna immédiatement la seconde option. Pour faire s’écrouler les deux maisons il n’y avait pas mieux. Quant-à transplanner…
Un coup à avoir des ennuis avec la justice magique.
Pourtant, de l’autre côté, la dispute qui se transformait peu à peu en règlement de comptes violent la mettait de plus en plus mal-à-l’aise, quand bien même il s’agissait de moldus. Pouvait-elle appeler la police ? Elle n’était même pas sûre qu’ils prennent la peine de se déplacer s’ils étaient comme les aurors.
La voix d’Adelia Saltham résonna soudain de l’autre côté et Amadea comprit qu’elle essayait de prêter main-forte à sa mère. Il y eu un claquement, comme une gifle et l’ex-auror entendit la gamine tomber au sol avec un cri de douleur, puis un cliquetis métallique de mauvais augure.
- Non ! Hurla Adelia Saltham de l’autre côté de la paroi.
La ceinture siffla et claqua deux fois, puis cinq, puis dix, probablement sur le dos de sa mère puisque ce furent ses cris qui résonnèrent. Amadea, pétrifiée d’horreur ne savait plus quoi faire… Ou plutôt la situation lui avait totalement fait perdre ses moyens.
En temps qu’auror, transplanner de l’autre côté, même en fauteuil roulant, et liquider l’adversaire n’aurait pas du lui poser problème. De plus, étant capable d’oublietter les personnes et en situation de légitime défense, cela ne pouvait même pas l’arrêter sur le plan légal. Mais voilà, elle hésitait :
Déjà elle n’était pas sûre d’avoir envie d’aider, elle qui avait toujours détesté les moldus. Ensuite, les souvenirs qui l’assaillaient semblaient vouloir la forcer à l’immobilité ainsi qu’au fatalisme.
Des femmes qui mourraient sous les coups de leur conjoint ? Il y en avait pleins et que pouvait-elle y faire ? Si elle intervenait, le type recommencerait une autre fois, c’est tout.
Adelia Saltham n’avait pourtant pas du abandonner la lutte de son côté, car elle l’entendit distinctement se lever avec effort et se jeter sur son père en hurlant :
- Arrête !
Un bruit de chute apprit à Amadea qu’il venait, une fois de plus, de la repousser en la jetant à terre. Ce qui suivit fut plus confus mais, soudain, Adelia poussa un hurlement qui dut s’entendre dans tout le quartier.
Et Amadea comprit que ce n’était pas un hurlement naturel au moment où toutes les vitres de sa maison volèrent en éclat, comme celles de tout le quartier probablement...