Après plusieurs semaines, voici enfin la réaction de Mrs Amadea Munch.
En vous souhaitant bonne lecture et merci à ceux qui m'ont laissé des commentaires!
Ce qui voulait sans doute dire qu’Adelia Saltham était une sorcière, il n’y avait aucune autre explication possible.
Amadea ne mit qu’une seconde à se décider. Son salon était peut-être dans un état effroyable : vitres brisées, petits objets renversés, mais elle ne prendrait pas le temps de réparer quoi que ce soit, il y avait urgence. Au lieu de cela, elle transplanna directement sur le perron de la maison Saltham et sonna.
Pas de réponse. Un silence de mort régnait dans la rue, comme si elle s’était trouvée tout entière en état de choc.
La peur au ventre et ses sens d’auror en alerte maximale, Amadea déverrouilla la porte d’un coup de baguette et entra. Le hall était vide de toute présence humaine, mais c’était comme si une tornade était passée par là : meuble à chaussures et porte-manteaux arrachés du mur, éclats de verre du miroir et des cadres photos… Même le papier peint avait été déchiré :
- Mrs Saltham ? Appela Amadea. Adelia ? Est-ce que tout vas bien ?
Un gémissement étouffé lui indiqua que quelqu’un au moins vivait encore dans la cuisine. Elle se fraya difficilement un chemin dans cette direction, écartant les meubles renversés de la trajectoire de son fauteuil à coups de baguette.
Enfin, elle parvint à la cuisine et resta figée d’effroi. Un instant seulement car la nécessité d’agir reprit rapidement le dessus.
Il y avait du sang partout, et le corps de Mr Saltham gisait au centre de la pièce transpercé de plusieurs gros éclats de verres, ce qui faisait qu’il ressemblait à un gros hérisson sanguinolent.
Amadea détourna les yeux, soudain nauséeuse. Elle avait vu des horreurs durant sa carrière d’auror, mais celle-ci se classait probablement dans le top 3 avec le corps tordu de l’épouse Rockwood, le visage figé dans un rictus de douleur, et le massacre commis dans une école primaire par les mangemorts lorsqu’ils s’étaient aperçus qu’elle abritait trois jeunes sorciers nés-moldus.
Mrs Saltham était couchée en chien de fusil dans un coin de la pièce, les mains plaquées sur le visage et pleurant silencieusement. Et à l’autre bout de la pièce, Adelia fixait le corps de son père, le visage hagard. Avait-elle seulement compris qu’elle était à la source du massacre ?
Et au dehors, Amadea entendait les voisins qui commençaient à se regrouper dans la rue. Elle ne pouvait pas gérer cela toute seule et il fallait qu’elle fasse vite, la crise était imminente.
Sortant sa baguette, elle fit apparaître son patronus : un minuscule frelon que ses collègues dans le temps avaient appris à apprécier pour son efficacité. Il fallait d’urgence qu’elle prévienne le ministère et, même si elle ne savait pas si ses anciens collègues la prendraient au sérieux, c’était le seul moyen dont elle disposait :
- Ici Amadea Munch, née Bibine, récita t-elle à l’adresse du département des accident et du bureau des aurors. Je vous contacte en urgence pour un accident magique survenu au 5 Park Avenue dans la ville d’Hastings. Il s’agit de mes voisins, probablement leur fille qui est mineure et vous avez peut-être reçu une alerte de la Trace. Toutes les vitres du quartier ont explosé et il y a au moins un mort. Les moldus sont en train de s’attrouper à l’extérieur…
Elle jeta un œil au dehors et ajouta :
- Ils ne semblent pas encore avoir compris d’où cela venait précisément mais certains appellent déjà les secours. La situation relève de l’urgence absolue.
Elle acheva son message et le frelon se divisa en deux avant de s’envoler et disparaître dans le mur. Amadea reporta son attention sur les deux survivantes, ignorant délibérément le cadavre du mari. Déjà il n’y avait plus rien à faire et, de toute manière, il ne l’aurait pas mérité avec ce qu’elle savait sur lui :
- Êtes-vous blessée ? Demanda t-elle à Mrs Saltham.
La femme n’osait visiblement pas bouger mais continuait de pleurer et Amadea lui passa instinctivement une main dans le dos, avant de la retirer en entendant la femme pousser un cri de douleur :
- Pardon, dit-elle en se souvenant des claquements qu’elle avait entendus un peu plus tôt. Je crois qu’il nous faut quitter cet endroit.
- Prenez-la… la supplia Mrs Saltham. Faîtes-la vite sortir de là…
- De quoi ? Demanda Amadea décontenancée.
- Ma fille, répondit la femme. Elle est des vôtres… J’ai fait ôter la Trace pour l’élever moi-même. Emmenez la vite, je vais me débrouiller avec les aurors.
- Mais ce qu’elle a déclenché…
- C’est moi qui l’ai déclenché, compris ?
Amadea hésita. Cette femme pouvait-elle être à l’origine de ce qui s’était passé ? Un tel phénomène ressemblait totalement à une déflagration causée par un jeune sorcier qui n’aurait pas maîtrisé ses pouvoirs. Quant-à Mrs Saltham…
- Vous êtes une moldue, non ? Dit Amadea.
La femme lui renvoya un regard désespéré :
- Je suis une sorcière, répondit-elle. Une née-moldue. S’il vous plaît, emmenez Adelia hors d’ici.
Il y avait quelque-chose dans la voix de cette femme qui incitait fortement Amadea à obéir. Sans vraiment y penser, elle fit signe à la jeune fille de venir vers elle et Adelia tituba dans sa direction.
Amadea saisit sa main et transplana aussitôt dans son salon. Son fauteuil glissa sur un gros éclat de verre à l’atterrissage et elle manqua de basculer par dessus bord. La jeune fille l’arrêta cependant avant qu’elle ne chute.
Le salon était dans un état effroyable maintenant qu’elle l’examinait : fenêtres arrachées, papier peint déchiré, meubles renversés ou abîmés et petits objets projetés partout dans la pièce. Cependant, elle devait attendre les consignes de aurors pour tout réparer.
Un craquement sonore, perceptible par le mur ensorcelé, lui apprit que le ministère venait d’arriver sur les lieux et elle s’empressa de jeter un maléfice d’impassibilité sur la paroi. Si les aurors se rendaient compte qu’elle épiait les voisins…
Son anxiété monta d’un cran lorsque, juste avant que le sort ne fasse effet, elle entendit la voix de Kingsley Shacklebolt demander à Mrs Saltham :
« Avez-vous vu Mrs Munch ? ».
Moins d’une minute plus tard, on sonnait à sa porte.