Narcissa écoutait sa mère parler en soupirant. Cela faisait des heures que Druella Black vantait les équipements de son université, elle ne s'en lassait pas : « Cissy, regarde, ici, tu as la piscine ! Et là, tu as le fameux stade où tous les événements sportifs de ton école auront lieu ! Il parait qu'il a été remis à neuf grâce aux dons de la famille Malefoy ! Et puis, tu as la grande Bibliothèque par ici où s'y trouvent des livres très anciens que de nombreux établissements envient... »
La jeune fille aux longs cheveux blonds regarda droit devant elle, tirant sa valise et ignorant les remarques de sa mère. Elle savait que cette dernière la suivait car elle entendait ses talons hauts claquer sur le pavé qui menait vers l'entrée principale. Elle repéra un panneau « Bâtiment Serpentard » et bifurqua sur la droite. Narcissa en profita pour regarder autour d'elle : l'Université de Poudlard était reconnue dans toute la Grande-Bretagne. Situé au fin fond de l'Ecosse, au bord d'un lac gigantesque et entouré d'une immense forêt verdoyante, le collège avait plus l'allure d'un château que d'une école. Cependant, ce n'était pas son architecture qui l'avait rendu célèbre mais bien ses départements en Histoire Médiévale et en Langues Anciennes. Narcissa avait décidé de faire un cursus en langue sumérienne. Elle avait toujours été fascinée par ses lignes de traits et de triangles esthétiques qui possédaient leur propre signification. Elle savait que devenir traductrice en sumérien n'était que l'apanage d'une élite mais elle était décidée à en faire partie et Poudlard était le collège idéal pour devenir une experte dans cette langue. En effet, la Grande Bibliothèque, comme l'avait soulignée sa mère, possédaient de nombreux ouvrages en sumérien, des livres uniques qu'ils étaient les seuls à avoir l'exclusivité. Elle avait hâte de découvrir ces manuscrits vieux de presque six-mille ans.
« Le voici ! » s'écria-t-elle en vérifiant le papier qu'elle avait entre ses mains et l'immeuble en vielles pierres qui se trouvait en face d'elle et dont l'emblème, un serpent sur un bouclier, était placardé sur le haut de la grande porte en bois verte.
Sa mère arriva derrière, essoufflée. En effet, la jeune fille avait allongée le pas sur les derniers mètres, oubliant que Druella ne pouvait pas courir sur ses talons hauts perchés.
« Charmant ! » s’exclama cette dernière, d'un air faussement ravi.
Narcissa lui lança un regard en coin : l'imposante bâtisse n'avait rien de charmante. Elle était vielle, presque décrépite et faisait pâle figure face au château éclatant. Du lierre parcourait les murs et les pierres semblaient presque noires. Elle n'était même pas rentrée qu'elle sentait comme une odeur de moisissure. Elle soupira. Pourquoi l'avait-on envoyée dans un tel lieu ? Ne pouvait-elle pas avoir droit à un plus beau dortoir, comme celui de Gryffondor ou Serdaigle ? Ou même faire partie d'une sororité où elle aurait droit à sa propre chambre ? Non, elle devait dormir dans ce bâtiment pourri car voilà, sa famille, bien que de souche noble, n'avait plus toute sa superbe. Au contraire, ils étaient fauchés depuis des années, sans compter la tragédie qui les avait éprouvés ces deux dernières années... Le bâtiment Serpentard était le seul qu'avaient pu se permettre ses parents. Elle devait déjà s'estimer heureuse de pouvoir étudier à Poudlard, l'université de ses rêves. Mais en bonne jeune fille égoïste qu'elle était, elle ne pouvait s'empêcher de se plaindre.
Elle poussa la grande porte en bois qui grinça, puis entra dans le hall du dortoir. L'entrée était particulièrement sombre et n'était pas très chaleureux. Néanmoins, elle remarqua que la décoration, bien que vieillotte, avait été sélectionnée avec soin et que malgré leurs airs défraîchis, les meubles gothiques et les tapisseries en laine rendaient l'ensemble harmonieux.
La jeune fille monta les escaliers, sa valise à la main, et sa mère à ses côtés, puis arriva dans un long couloir dont la moquette et la tapisserie auraient nécessité un bon ravalement de façade. L'odeur de moisissure venait certainement de là... Elle repéra le numéro de sa chambre, le 107 et ouvrit la porte sans penser à toquer, croyant être la première arrivée.
Dès qu'elle accéda à la chambre, elle s'y engouffra si rapidement qu'elle ne fit pas attention à la personne face à elle, qui était sur le point de sortir, et se cogna contre son menton.
« Ah, cria-t-elle.
— Ouille !
— Pardon, s'excusa Narcissa d'un air penaud. Je pensais qu'il n'y avait personne.
— Y'a pas de mal ! lança l'inconnue. Tu es ma nouvelle colocataire ? »
Narcissa releva la tête et fut presque choquée par ce qu'elle vit. Une femme rousse se tenait face à elle et se frottait le visage. Ses yeux d'un bleu profond étaient brillants de larmes. Malgré son regard embué, un charme magnétique se dégageait de sa personne. Elle était grande, à l'allure athlétique et ses cheveux longs ondulés et soyeux encadraient un visage fin et gracieux. Elle portait un jean foncé et un t-shirt clair à l'effigie de Poudlard.
La blonde resta subjuguée pendant quelques secondes mais se reprit au bout d'un moment. Elle referma la bouche qu'elle avait entrouverte sans s'en rendre compte et sentit ses joues rougir. Elle ne savait pas si elle avait honte ou si elle était mal à l'aise. En tout cas, si elle voulait faire bonne impression, c'était raté car elle se sentit ridicule.
« Euh... oui... Je suis Narcissa... Narcissa Black ! s'écria-t-elle finalement, en lui tendant la main.
— Et moi, Molly, Molly Prewett ! Enchantée ! »
La rousse avait parlé d'une voix ferme, pleine d'entrain. Elle lui fit un grand sourire, lui démontrant qu'elle lui avait pardonné sa bousculade, et prit sa main dans la sienne. Elle la serra et la relâcha presque aussitôt. Pourtant, Narcissa ressentit la force de sa poigne pendant au moins une minute.
« Je suis en quatrième année, j'imagine que tu es nouvelle ? N'hésite pas à me demander des informations si tu te sens un peu perdue ! Bon là, je dois m'en aller car j'ai mon entraînement de foot mais on pourra discuter un peu plus tard !
— D'acc... d'accord !
— A plus tard, alors ! »
Et Molly, son sac de sport à l'épaule, sortit de la chambre. Narcissa resta bouche bée quelques instants avant de se souvenir que sa mère se trouvait juste derrière elle. Heureusement, cette dernière ne semblait pas avoir perçu son trouble. Druella Black entra dans la chambre de sa fille et examina les meubles dont allaient pouvoir disposer Narcissa en plissant les yeux. La blonde déposa sa valise sur son lit, l'ouvrit et tenta de ne plus penser à la rencontre inattendue qu'elle venait de faire.