Il découvrit un dortoir de forme ronde où trônaient cinq lits à baldaquins aux rideaux bleu roi. Les malles étaient posées au pied des lits. Arthur n’eut donc qu’à se diriger vers le lit où il y avait sa malle. Il s’assit sur le lit presque aussi confortable que le sien dans sa chambre au domaine des aigles et vit à l’intérieur de sa table de nuit quelques livres ; des romans mais aussi un exemplaire de l’Histoire de Poudlard et un grimoire sur l’Histoire de Rowena Serdaigle. Il choisit le livre sur Poudlard puis commença à se dévêtir. Il figea soudain son geste réalisant qu’il avait été trop distrait par sa lecture pour se rappeler qu’il n’était pas seul, tira les rideaux et le reprit.
Il lut aussi tard que les émotions de la journée le lui permirent. Il était plus fatigué qu’il ne le pensait et tomba endormi au milieu du chapitre trois.
Le lendemain matin, ce fut le bruit dans le dortoir qui le réveilla. Il mit deux bonnes minutes à se rappeler où il était et pourquoi il y avait autant de monde autour de lui. Lorsqu’il se souvint de la rentrée, de sa répartition et du discours de Dumbledore, il se leva d’un bond et enfila son uniforme à la va-vite. Il prit son sac et dévala les escaliers en courant jusqu’à la grande salle.
Les emplois du temps avaient déjà été donnés. Alrescha lui adressa un regard réprobateur avant de lui demander :
-Bien dormi ?
-Mmmh.
Il tendit le bras et prit deux toasts et une tasse de café.
-On commence par les potions.
-Alors vous devriez descendre aux cachots maintenant, dit le préfet. Rogue ne tolère aucun retard.
Arthur s’aperçut qu’il n’avait pas son manuel de potions. Il avait dû rester dans sa malle… Il retourna le chercher mais le temps d’y aller et de trouver la salle de classe, il était en retard.
-Cinq points en moins pour Serdaigle, cela vous apprendra à arriver à l’heure, Mr Claws, annonça Rogue d’une voix froide.
Arthur ne chercha pas à répliquer ou à s’excuser. Ses intentions mouraient devant l’expression particulièrement revêche du maitre des potions. Il alla s’installer dans le fond de la classe et essaya de se fondre dans l’obscurité de la salle. Il espérait se faire ainsi oublier du professeur comme de ses camarades à qui il avait déjà fait perdre cinq points.
Pendant tout le cours, il garda les yeux rivés sur son manuel. De tous les manuels scolaires, c’était celui qu’il avait le moins lu. Il avait trouvé le contenu très compliqué et très dense pour pas grand-chose.
Quand Rogue eut fini de déblatérer ses sarcasmes sur les élèves de première année et ceux qui n’étaient pas d’une rigueur suffisante pour réussir une potion, il leur ordonna de préparer un crème contre les furoncles. Un exercice de base, précisa le maître des potions.
Ce fut un échec cuisant. Pourtant, Arthur fit de son mieux. Son chaudron n’explosa pas mais sa potion n’avait ni la texture ni la couleur attendues.
Il se demanda si tous les professeurs étaient comme ça et combien de temps il durerait.
-Ça va ? lui demanda Alrescha alors qu’ils sortaient de la salle.
-…
-On a commencé par la matière la plus dure… Les Poufsouffle n’avaient pas l’air à l’aise non plus.
Elle avait peut-être raison. Si ce n’était pas la matière c’était Rogue et la réputation de celui-ci le précédait.
-J’aimerais bien voir la tête des Serpentard après le premier cours avec leur directeur de maison…
-Rogue les avantage, dit Irma coupant Alrescha dans son élan.
-… Qu’est-ce qu’on a ensuite ? demanda celle-ci pour changer de sujet.
-Sortilèges avec Flitwick.
-Espérons qu’il nous avantage.
Flitwick était leur directeur de maison et malgré sa petite taille, il imposait le respect.
Le premier cours consista à faire léviter une plume. Bien décidé à montrer qu’il était capable de réussir, Arthur observa attentivement le professeur, prit sa baguette et reproduisit le geste exact.
La plume s’envola.
-Dix points pour Serdaigle. Bravo, Mr Claws.
Arthur se sentit rougir. Il n’aimait pas être au centre de l’attention mais au moins il avait réussi quelque chose ce jour-là.
Alrescha lui mit une tape sur l’épaule lorsqu’ils sortirent de la salle.
-Tu devrais le raconter aux parents.
-Tu leur as écrit hier soir ?
-Oui, mais juste pour leur dire qu’on était tous les deux à Serdaigle. Ils voudront savoir comment s’est passé notre premier jour.
Après le déjeuner, les Serdaigle avaient cours de vol sur balai.
Arthur se tenait presque aussi droit et raide que le balai couché à ses pieds dans l’herbe. De tous les cours, le cours de vol était celui qu’il redoutait le plus, après les potions maintenant qu’il avait fait la connaissance de Rogue.
Il n’aimait pas l’idée de demander à un objet de le porter. Il ne faisait pas suffisamment confiance à un balai pour ça.
-Tendez votre bras droit au-dessus du balai et dites « debout ».
Ça avait l’air simple comme ça. Mais pour Arthur ses camarades étaient fous. Comment pouvaient-ils faire confiance à un balai ?
Alrescha haussa les épaules et essaya. Son balai tourna sur lui-même. Plus loin, dans la ligne, quelqu’un reçut son balai en pleine face. Non, décidément, Arthur ne pouvait pas faire ça.
-Allez, Mr Claws, essayez… dit Mrs Bibine.
-De… debout…
-Dites-le fermement. Sans hésitation. Allez.
-…debout…
Plus elle insistait, moins Arthur se sentait à l’aise. Elle finit par laisser tomber, comprenant sans doute qu’il allait finir par s’enfuir en courant.
Arthur était rouge de honte. Il avait surpris quelques regards dans sa direction mais heureusement la plupart des élèves semblaient bien trop enthousiastes à l’idée de voler sur un balai.
Il resta à terre pendant que ses camarades volaient à quelques mètres au-dessus de lui. Il ne les regarda que brièvement : il se sentait malade rien qu’à les voir ainsi. Sa tête lui tournait et il avait envie de vomir.
Il fut soulagé que le cours finisse et de voir sa sœur à nouveau sur la terre ferme.
-Je n’étais pas très rassurée… Mais je vais m’y faire, je pense, dit-elle alors qu’ils regagnaient le château.
Arthur appréhendait déjà les prochains cours de vol. Il était hors de question qu’il monte sur un balai.
-Il n’y a pas à avoir peur, dit Alrescha d’une voix douce. Quand tu montes aux arbres, tu es bien plus haut.
-Ce n’est pas pareil. Je n’ai pas le vide sous mes pieds… grommela-t-il pendant qu’autour de lui les autres se vantaient d’avoir volé.
Ses camarades ne parlèrent que de leur exploit du jour et de leur souhait d’intégrer l’équipe de quidditch. Arthur fit de son mieux pour ignorer toute l’agitation qui découlait de ce premier cours de vol.
-Tu peux peut-être te faire dispenser de vol, dit Irma. Si tu es vraiment malade.
-Il faut que tu ailles voir Madame Pomfresh.
Arthur se rendit à l’infirmerie dès qu’il eut un moment de libre. Il se sentait un peu ridicule d’y aller alors que son seul problème apparaissait en cours de vol. Il espérait vraiment qu’elle ait la possibilité de parler à Mme Bibine.
Il entra.
-Qu’est-ce que je peux faire pour vous, Mr Claws ?
-Je… j’ai le vertige… en cours de vol, je suis malade…
-Vous n’êtes pas le seul. Rassurez-vous.
C’était plus facile qu’il ne l’avait imaginé.
-Parlez-en à Mme Bibine. Elle comprendra.
Son soulagement avait été de courte durée. Il devait attendre le prochain cours pour en parler au professeur concerné… ce serait long mais elle comprendrait. Il l’espérait vraiment.
Le lendemain, les serdaigle avaient cours d’histoire de la magie. Le professeur Binns était un fantôme. De son vivant, il enseignait déjà à Poudlard mais un matin, il s’était réveillé et était parti faire cours sous sa forme spectrale. C’était assez intrigant.
Les élèves tombaient de sommeil comme des mouches à cause du ton monocorde du professeur. Arthur tint bon jusqu’à la fin du cours. Il s’intéressait plus au contenu qu’au professeur.
-Je ne sais pas comment tu fais, dit Irma en bâillant. Il a une voix soporifique. Il est plus efficace qu’une potion de sommeil.
Arthur haussa les épaules et relut ses notes. Tout ce qu’il avait sous les yeux était intéressant.
Ensuite, ils avaient cours de métamorphose. La salle était remplie de cages qui contenaient des animaux aussi divers qu’exotiques. Arthur les prit un peu en pitié puis se demanda s’il s’agissait de leur véritable apparence. Après tout, ils étaient dans une salle dédiée à la métamorphose, le doute était permis.
Le professeur McGonagall, ses lunettes vissées sur le nez, les regarda entrer de son air sévère. Arthur eut l’impression qu’elle le suivait du regard mais l’impression fut de trop courte durée.
-J’attends de vous une assiduité exemplaire, annonça-t-elle. Nous allons dans un premier temps étudier l’aspect théorique. Ce n’est qu’une fois la théorie assimilée que nous passerons aux travaux pratiques.
Arthur prit tout en notes. Il avait longuement étudié son manuel. Il trouvait la métamorphose fascinante. Il avait souvent vu ses parents transformer des objets et avait vraiment hâte d’être capable d’en faire autant.
Pendant son temps libre, il s’exerça et prit un peu d’avance. Il voulait être sûr d’en être capable si McGonagall lui demandait de faire une démonstration. Il réussit du premier coup. Il devait être plus confiant à l’avenir.
En fin de semaine, les rumeurs allaient bon train et même si Arthur ne voulait y accorder aucune attention, elles parvinrent à ses oreilles.
-Tu as entendu ? Il parait qu’Harry Potter est le nouvel attrapeur de Gryffondor.
-Hmm…
-C’est le plus jeune. Aucun élève de première année ne fait normalement partie de l’équipe. Mais il a été exceptionnel à son premier cours de vol.
-Ce n’est pas à Claws que ça arriverait… Hein, Arthur ?
-Laissez-le tranquille, intervint Alrescha d’un ton sévère.
Arthur roulait son devoir de métamorphoses tout juste terminé. Il avait à peine entendu qu’on parlait de lui.
Il déplia la lettre que lui avaient adressée ses parents le matin même. Ils espéraient que tout se passait bien. Ils le félicitaient pour son admission à Serdaigle. Arthur songea qu’il ne leur avait rien raconté depuis qu’il avait fait sa rentrée. Les seules nouvelles qu’ils avaient eues venaient d’Alrescha. Et elle ne savait pas tout.
Il sortit un rouleau de parchemin de son sac et commença à écrire. Il parvenait à s’adapter au fait de ne pas dormir seul. La maison lui manquait mais il arrivait à trouver sa place… Les paroles du choixpeau lui revinrent en mémoire et il se demanda s’il devait le leur dire. Il choisit que non, car finalement cela ne changeait rien. Il était à Serdaigle, là où on l’attendait.