Il profita de la température encore agréable pour se promener dans le parc. Il aimait bien flâner près de la forêt interdite même si l’accès à celle-ci était interdit. Il voyait parfois Hagrid entretenir son potager ou aller dans la forêt avec son chien et une arbalète. Il se demandait ce qu’il pouvait bien y faire ainsi armé. Il se doutait que la forêt était dangereuse et que c’était pour cette raison que les élèves ne devaient pas y pénétrer. Ce n’était pas celle de Reading à côté du domaine où Arthur ne risquait rien. Il devait s’en désintéresser. Flâner en forêt lui manquait. La forêt de Reading lui manquait. Grimper aux arbres lui manquait. D’autant plus que le sujet avait été remis sur le tapis avec le cours de vol et son problème de vertige…
Ce fut avec brio qu’il transforma son premier objet en cours de métamorphoses. Le professeur McGonagall accorda cinq points à Serdaigle.
-Tu vois, Michael, fit Alrescha. Il y a des choses plus importantes que le quidditch.
-J’allais le dire ! dit Irma qui n’avait obtenu qu’une métamorphose incomplète.
Arthur était fier de lui mais il n’en fit pas étalage. Les amis de sa sœur le félicitèrent et il en rougit, tellement il se sentait mal à l’aise.
Le premier match de la saison allait bientôt avoir lieu. Le samedi qui venait. Ça allait rassemble tout ce qu’Arthur détestait : les gens et l’altitude.
-Il y a des gradins, Arthur.
-Je préfère rester au château.
-Comme tu veux.
Pendant que l’école assistait au match qui opposait Gryffondor à Serpentard, Arthur se promena dans le parc. C’était si calme, si paisible d’un coup… Cela aurait pu lui rappeler le domaine dans une plus grande mesure…
Les applaudissements et parfois des coups de sifflet lui parvenaient mais ils étaient couverts par le bruit du vent dans les arbres. Il savoura véritablement cet instant.
Le calme fut de courte durée. Gryffondor gagna son premier match et la soirée fut très animée, même chez les Serdaigle.
Les semaines passèrent et ce fut le soir d’Halloween que les choses se corsèrent :
-Un troll dans les cachots ! s’écria Quirrell en faisant irruption dans la grande salle. Un troll dans les cachots !
Il s’évanouit au milieu de la salle.
Les élèves commencèrent à paniquer. Arthur, que la présence d’un troll dans une école inquiétait un peu, essaya de se rappeler ce qu’il connaissait à leur sujet. Les trolls fuyaient les humains. Il n’était pas entré seul. Il n’était pas assez intelligent pour ça.
-Tous les élèves rejoignent immédiatement leurs dortoirs. Les professeurs vont m’accompagner jusqu’aux cachots.
-Regarde la tête des serpentards, fit Irma. Leurs dortoirs sont dans les cachots !
Ils furent un petit groupe de Serdaigle à pouffer de rire tout en montant dans les hauteurs et rejoindre leur salle commune.
Certains élèves se précipitèrent d’emblée vers les bibliothèques pour se distraire ou vérifier une information sur les trolls.
Le lendemain, ils apprirent que le troll avait été maîtrisé par des élèves de première année.
-Potter et Weasley, dit Penelope Deauclaire. C’est Percy qui me l’a dit.
-Il a l’air doué, Potter, fit Alrescha.
Elle pensait sans doute au fait qu’il soit le plus jeune attrapeur. Ce détail, Arthur l’avait déjà enfoui sous un amas d’informations bien plus utiles et intéressantes.
-Il n’avait rien à faire là, mais apparemment Granger était dans les toilettes des filles… Il est allé la sauver… Bref, ils ont fait gagner des points à leur maison en enfreignant une règle de l’école. Je n’y comprends plus rien.
-Ils ont eu de la chance, c’est tout.
Ce ne fut pas la seule fois que Potter, Weasley et Granger de la maison Gryffondor se démarquèrent mais les Serdaigle ne le surent que plus tard par le biais des pépiements dans la salle commune. Serdaigle avait beau être la maison de la sagesse et de la connaissance, certains élèves poussaient cette connaissance à l’extrême, exigeant presque qu’on leur raconte les derniers potins.
C’était un comportement qu’Arthur trouvait affligeant sinon inintéressant au possible. Si à l’école tout n’était pas à jeter, tout n’était pas non plus à garder. Lui-même avait bien assez de soucis à gérer avant de se mêler de ceux des autres. Les cours de Rogue le mettaient dans un état de stress incontrôlable. Il perdait ses moyens et sa concentration dès que le professeur était dans la pièce alors qu’il était persuadé de réussir une potion s’il était seul. Il avait aussi parfois du mal à se rendormir quand il s’éveillait au milieu de la nuit. Il entendait les ronflements ou les paroles dénuées de sens des autres garçons de son dortoir et cela l’inquiétait un peu. Malgré cela, il se surprit à supporter de mieux en mieux la présence des autres élèves autour de lui, notamment en cours. Il était trop concentré sur ce que disait le professeur pour se soucier des autres. C’était un net progrès même s’il se sentait mal à l’aise quand on lui demandait de faire une démonstration.
Une semaine avant Noël, Arthur reçut une lettre de ses parents. Ils lui demandaient s’il voulait revenir pendant les vacances et lui demandaient de passer le message à sa sœur. Arthur répondit aussitôt qu’il reviendrait. Son cadre familier lui manquait. Même si ce serait l’hiver, il avait envie de grimper aux arbres et de passer du temps dehors.
Le jour du retour, il était si impatient de rentrer qu’il resta sur un strapontin entre deux wagons. Le train était loin d’être plein malgré ce qu’il s’était passé à Halloween. Il aurait eu un compartiment pour lui tout seul mais il n’avait pas envie de s’enfermer. Au-dehors, les paysages étaient blancs, endormis sous la couverture neigeuse, mais il avait quand même envie de courir à travers la forêt de Reading.
Lorsqu’enfin le quai de la voie 9 ¾ apparut, il ouvrit la porte et sauta du train. Ses parents l’enlacèrent longuement.
-Comment ça a été ? Tu ne nous as pas donné beaucoup de nouvelles.
-Ça va. A part les potions… et pour les cours de vol, j’ai une dispense.
Ils attendirent qu’Alrescha les rejoigne pour ils rentrèrent à Reading.
Arthur posa sa malle dans sa chambre et se laissa tomber sur son lit. Enfin, il retrouvait sa chambre et ses affaires… Il regarda par la fenêtre et vit la forêt d’arbres dénudés, puis décida d’aller y faire un tour.
Il remit sa cape et traversa le jardin. Il inspira longuement l’air glacial de décembre. Il était chez lui. C’était bon.
-Arthur, dit sa mère derrière lui.
Il se tourna vers elle. Elle souriait, elle savait où le trouver. Elle s’approcha, sa pâleur se distinguant à peine dans le paysage enneigé. Elle portait sa cape bleu nuit qui accentuait encore son teint. Son regard doux savait. C’était le même besoin de nature et de liberté qui l’animait même si le don des nymphes était très faible chez Arthur, c’était une sensation très forte, une facilité innée. Il avait déjà vu sa mère faire pousser des plantes d’un simple geste.
-Viens. On va manger.
Elle frissonna.
-Je déteste l’hiver, dit-elle.
-Tu le dis tous les ans.
-Oui, je vieillis… Je radote comme une vieille chouette…
-Tu n’es pas si vieille. Sauf si tu comptes en années chouette…
-Oh !
Ils rentrèrent en riant. Le domaine était décoré pour les fêtes de fin d’année. Alrescha discuta tout au long du repas.
-Ne t’en fais pas pour le vol, Arthur, dit Orphea quand Alrescha s’arrêta pour manger. J’ai été dispensée aussi et rien que le fait de voir les autres voler sur un balai me donnait des vertiges.
-Et les potions ?
-Je n’étais pas très douée mais je réussissais très bien en sortilèges, métamorphoses…
-Moi aussi.
-Tu vas t’en sortir, tu verras. Oh, et en botanique aussi. Je suis sûre que tu feras des merveilles.
Rassuré, Arthur s’endormit vite ce soir-là. Il se sentait plus confiant pour affronter le reste de l’année et la suite de sa scolarité.
Plus la rentrée approchait, plus il se demandait si cette confiance serait suffisante pour aller aux cours de potions et en sortir vivant. Sa mère s’en était sortie. Oui, mais sa mère n’avait pas de problème de timidité et d’agoraphobie. Sa mère aimait les gens.
Le trajet de retour vers Poudlard fut assez difficile. Le matin même, il eut envie de détruire son réveil pour oublier de se lever et louper le train. Malheureusement, ses parents surveillaient l’heure et ne le lâchèrent pas.
Il passa le trajet avec un livre que lui avaient offert ses parents. Un récit d’aventures épiques et animalières qui l’occupa un moment mais cela ne suffit pas à le distraire complètement.
Il referma le livre et soupira. Il restait quelques mois avant la fin de l’année. Six pour être exact. Il fallait qu’il continue. Il verrait pendant l’été s’il poursuivait ou non…
Chaque jour lui sembla être une épreuve. Heureusement qu’il avait cours de potions une seule fois dans la semaine… Il aurait bien aimé avoir davantage cours de métamorphoses. Le professeur McGonagall était exigeante mais ses cours étaient intéressants et Arthur semblait avoir une grande facilité par rapport aux autres élèves. Il se surprenait lui-même. Il s’attirait les regards envieux et admirateurs de ses camarades sans comprendre d’où ils venaient.
-Maman aussi est douée en métamorphoses, lui dit Alrescha.
-Ça serait héréditaire ?
-Peut-être. Ça serait bien, non ?
Et elle le dépassa en souriant.
Il serait aussi doué que son père en alchimie, peut-être serait-il lui aussi alchimiste un jour. Il hésitait. Il adorait regarder son père travailler dans son atelier, mais il aimait la nature, il ne se voyait pas travailler dans un endroit clos.
De toute façon, il était beaucoup trop tôt pour penser à cela. Les examens de fin d’année s’approchaient, et malgré ses facilités dans plusieurs matières, il devait travailler deux fois plus dans les autres.
A l’examen écrit de Potions, il fut déconcerté par les questions. Elles lui semblaient faciles. Il dut les lire plusieurs fois pour être sûr de bien les comprendre mais il ne vit aucun piège. Quelques heures après, il était toujours aussi circonspect. Avait-il réussi ? Avait-il lamentablement échoué ? Il eut du mal à passer à autre chose.
Après les examens de fin d’année, vint l’heure de remettre la Coupe des Quatre Maisons. Alors que les sabliers annonçaient Serpentard vainqueur, Dumbledore redistribua des points aux élèves de Gryffondor. Serdaigle, bien au courant des évènements qui avaient influencé cette redistribution se contenta d’applaudir.