Un petit missing moment sur ce qui a pu pousser Lucius Malefoy à agir cette année-là et sur la manière dont il a vécu les événements. Après tout, c'est bien lui le grand méchant de ce tome!
- Je n’arrive pas à croire que Dumbledore soit assez fou pour nommer ce rigolo ! Il est si incompétent que c’est à peine si j’accepte de croire qu’il puisse s’agir d’un sorcier !
- La chose peut en effet être mise en doute, mon cher fils, répondit sombrement Abraxas.
- Quand je pense que j’ai cédé à Narcissa alors que je comptais envoyer Drago à Durmstrang. Maudit soit mon cœur trop tendre ! A présent certains enfants de moldus réussissent même mieux que lui.
- Il est clair, répondit sombrement Abaxas. Que nous aurions gagné à confier son éducation à Igor. Car il n’est pas parti pour faire un puissant sorcier au rythme où vont les choses…
Lucius ignora ce qu’il savait parfaitement être une pique, venant de son père. Il se contenta de poursuivre après avoir avalé une gorgée de Whisky :
- Quoi qu’il en soit, cette nomination fantaisiste est un fait suffisamment grave pour nous obliger à réagir. Il faut absolument que le Conseil d’administration mette un terme à cette gestion désastreuse de l’école Poudlard.
- Malheureusement, ils n’en feront rien.
Lucius sursauta et se tourna vers son frère, lequel les avait écouté jusque là sans rien dire mais qui semblait à présent avoir envie d’intervenir dans la discussion. Il esquissa un sourire car il connaissait Ignacius.
- Mon petit frère si avisé, dit-il d’une voix presque tendre en faisant tourner son verre entre ses doigts. Aurais-tu ta propre idée de la situation par hasard ?
Ignacius hocha la tête avec gravité et répondit :
- Nous ne devons pas, je pense, considérer que la nomination de Gilderoy Lockhart par Albus Dumbledore relève simplement d’un caprice ou d’un choix par défaut. Quoi que nous pensions de lui par ailleurs, le directeur de Poudlard est un sorcier puissant, intelligent et redoutable vis-à-vis de ses ennemis. Il a forcément agi pour une raison précise et je crois savoir laquelle.
- La question n’est pas de connaître ses raisons, répliqua sèchement Abraxas.
- J’aimerais tout de même connaître l’hypothèse de mon frère, Père, répondit plus doucement Lucius qui était en effet curieux de savoir quelle analyse Ignacius ferait de la chose.
Disant cela, il dardait sur son cadet un regard insistant qu’Ignacius affronta quelques secondes avant d’expliquer :
- Figurez-vous qu’Hortense s’est intéressée à cet homme dont le succès fulgurant ces derniers mois l’a beaucoup intriguée. Pour expliquer cela de manière brève, elle a décidé de lire ses livres. Et c’est là qu’elle a remarqué une chose très curieuse : la crédibilité des propos de cet homme est variable selon les ouvrages écrits.
- C’est le moins qu’on puisse dire, répliqua Abraxas. Cet homme est totalement incompétent, même ton épouse pouvait s’en rendre compte !
Lucius étouffa une exclamation horrifiée, si la conversation partait ainsi, il y avait fort à parier qu’Ignacius n’allait pas rester longtemps dans cette salle, lui qui détestait que l’on parle mal de son épouse bien-aimée, ce que leur paternel ne se privait pourtant pas de faire régulièrement, provoquant des colères énormes chez son plus jeune fils.
- Vous ne m’avez pas bien compris, Père, répondit pourtant Ignacius avec le plus grand calme.
Comme Abraxas lui lançait un regard d’avertissement, il s’empressa de poursuive avant de recevoir une autre semonce :
- Ce que je veux dire en réalité, c’est qu’Hortense a immédiatement identifié l’ouvrage de Lockhart sur la magie domestique comme un tissus d’âneries, un véritable ramassis de formules inefficaces. En fait c’est de là que tout est parti. La lecture de ce livre l’a tellement faite rire qu’elle a acheté « Vadrouille avec les goules » dans la foulée en espérant que cela la divertirait.
- Bien une occupation de femmes ça... marmonna son père.
Ignacius l’ignora et poursuivit son récit sous le regard acéré de Lucius :
- Cependant, ce second livre l’a troublée car le récit et les conseils donnés semblaient on ne peut plus pertinents. Après quelques recherches, elle en a déduit que Lockhart s’était très probablement inspiré des travaux de Norbert Dragonneau, voire l’avait interrogé avant de rédiger son ouvrage. Toujours est-il que, sa curiosité étant piquée, elle a acheté plusieurs autres livres de cet auteur et les a soigneusement lus dans l’optique de comprendre exactement quelles étaient ses sources d’inspiration, elle m’en a parlé dans le même temps. La vérité c’est qu’elle était scandalisée qu’un sorcier se vante d’exploits qu’il n’avait pas réalisés, et qu’elle espérait bien le confondre.
- Et comment comptait-elle s’y prendre ? Demanda Abraxas Malefoy sur un ton ironique.
- Comme elle connaît bien Filia Fudge, elle s’en est ouverte à elle et toutes les deux ont poursuivi cet objectif… C’est comme cela je pense que ce cher Cornelius a eu vent de la chose.
Leur père eut une nouvelle exclamation dédaigneuse :
- Je me demande bien pourquoi cet imbécile n’a pas encore fait enfermer Lockhart pour escroquerie dans ce cas ! Tempêta Abraxas. Si comprendre que ce personnage est un menteur est à la portée de n’importe quelle bonne femme…
Lucius grimaçait à présent, il reconnaissait bien là les habitudes désastreuses de son père :
- Fudge sait parfaitement, répondit Ignacius sans se démonter. Il ne doute pas un seul instant que Lockhart soir un charlatan, doublé d’un escroc et d’un homme dangereux d’ailleurs. Seulement les choses sont allées si vite qu’il craint un scandale s’il attaque de front. Il se sent totalement coincé.
- Cet homme n’a rien à faire comme ministre, c’est tout ! Répondit Abraxas qui devenait de plus en plus rouge. Si un vendeur d’ouvrages à succès lui fait peur c’est que sa place n’est pas à ce poste.
- Ceci n’est un secret pour personne, renchérit sombrement Lucius.
- Toujours est-il, répliqua Ignacius. Que tout cela explique selon moi les plans d’Albus Dumbledore, dont nous savons qu’il est proche de Cornelius Fudge.
Les deux autres le regardèrent un instant avec des yeux ronds. Le rapport n’était pas facile à établir songea Lucius.
- Je ne comprends pas bien ton raisonnement mon fils, répondit Abraxas en saisissant le verre de Whisky qu’il n’avait pas terminé.
Ignacius sourit d’un air un peu triomphant, ce qui lui arrivait rarement lorsqu’il se trouvait face à son père, et il se renfonça confortablement dans son fauteuil avant de tout expliquer d’une voix posée :
- Lorsque Hortense m’a fait part de ses interrogations, je me suis penché sur la question. Et figurez-vous que je pense avoir compris ce qui a poussé Albus Dumbledore lui-même à se mêler d’une telle affaire.
- Hé bien parle mon fils !
Ignacius savourait à présent l’impatience de leur père et Lucius comprit qu’il allait pousser le bouchon un peu plus loin :
- En me penchant sur la bibliographie de Gilderoy Lockhart, ce pour quoi le travail d’Hortense m’a beaucoup aidé d’ailleurs, je me suis rendu compte que deux personnes bien connues du directeur de Poudlard avaient probablement servi directement d’inspiration à ce charlatan. En premier lieu, il s’agit du célèbre Norbert Dragonneau…
Abraxas Malefoy eut une exclamation dédaigneuse que ses deux fils ignorèrent. Ignacius poursuivit :
- Et en second lieu, un spécialiste de la lutte contre toutes sortes de monstres nommé Remus Lupin. La marque de leur travail est très visible dans plusieurs de ses ouvrages, surtout les premiers… Or, ces deux hommes ont été internés à Sainte Mangouste à quelques mois d’intervalle il y a deux ou trois ans. Ils sont restés plusieurs semaines privés de tout souvenir et on les pensait même perdus. Cela m’a intrigué, j’ai cherché un peu plus loin et j’ai découvert en farfouillant les archives de cet hôpital que Dumbledore était intervenu dans leurs deux cas. Par la suite, ils avaient tous les deux reçu un traitement à base de potion de sang de dragon…
- La spécialité d’Albus Dumbledore, en effet, reconnut Lucius. Mais quel rapport ?
Leur père, lui, fixait Ignacius d’un air qui était ouvertement dubitatif. Celui-ci répondit pourtant :
- Selon moi, ces deux hommes ont été soumis à un puissant sortilège d’amnésie qui a bien failli les réduire à l’état de légumes. Comme il s’agit de deux proches connaissances d’Albus Dumbledore, membre de l’Ordre du phénix je suppose, le directeur est intervenu et a réussi à les soigner. De cette manière, il a identifié Lockhart comme leur ayant jeté le maléfice. Trois autres personnes au moins qui semblent avoir subi le même sort qu’eux n’ont cependant pas été soignées, du moins pas encore. On dirait que le directeur hésite dans leurs cas.
- Alors pourquoi nommer au poste de Défense contre les Forces du Mal un homme qu’il estime coupable d’usurpation ? S’emporta Abraxas. Cela n’a aucun sens.
- Selon moi si, répondit Ignacius. Dumbledore tend tout simplement un piège à Lockhart.
- Nous savons tous que ce poste est maudit, poursuivit Lucius qui pensait soudain deviner où son frère voulait en venir. Il doit espérer qu’il lui arrive malheur.
- Ou alors, encore plus probablement, répliqua Abraxas à son tour éclairé. Que son incompétence éclate aux yeux de la communauté sorcière qui verra bien que ses enfants n’apprennent rien avec lui. Ainsi il le discréditera, et Fudge pourra prendre le relai pour le faire comparaître devant la justice… C’est qu’il n’y a probablement pas que Lupin et Dragonneau qui ont été victimes des manigances de ce charlatan.
Ignacius, toujours posé sur son fauteuil, acquiesça :
- Vous avez compris où je veux en venir.
Lucius lui adressa un regard éloquent mais il n’était pas pleinement satisfait :
- Tu penses que le Conseil d’administration est au courant ? Demanda t-il à son frère.
- Certain de ses membres en tout cas, répondit Ignacius. Dumbledore ne peut pas, bien sûr, étaler ses plan à ceux qu’il considère comme des adversaires, mais je pense qu’il a prévenu ses soutiens, afin d’éviter que ceux-ci ne se désolidarisent au mauvais moment.
- C’est pour cela que, selon toi, Le Conseil d’administration ne fera pas barrage à Albus Dumbledore sur cette décision complètement irresponsable ?
- Oui, répondit Ignacius. Dumbledore a assuré ses arrières.
- La Dragoncelle l’emporte ! Ragea Abraxas Malefoy. Pour une stratégie personnelle, cet illuminé n’hésite pas à prendre en otage l’ensemble des élèves de son école. Il est la pire calamité qui soit arrivée à Poudlard depuis… Depuis…
- L’ouverture de la Chambre des Secrets ? Essaya Ignacius.
Leur père balaya sa remarque d’un revers de main :
- Non mon fils, dit-il agacé. L’ouverture de la Chambre des Secrets n’était pas, à mon sens, une calamité comparable.
- Ni une calamité tout court… Souffla Lucius dont l’esprit se mettait soudain à échafauder un plan d’action.
Car aussi naïve que puisse être la remarque de son cadet, elle venait de lui donner une idée.
Car une chose était certaine : il était hors de question de laisser Drago plus longtemps aux mains de cet… « Illuminé d’un autre temps », oui, c’était de cette manière que Skeeter avait formulé les choses.
Et en ces circonstances, il n’aurait pu trouver meilleur terme.