14 h. Le coucou de l’horloge envahit le manoir silencieux. Ce son du quotidien résonne comme un compte à rebours dans le cœur d’Andromeda. C’est un livre qui se termine, une page qui se tourne et d’une certaine façon ça la terrorise. Sa valise est déjà prête et n’attend plus qu’elle, mais au fond de son âme un léger doute subsiste. Ses yeux se posent sur une photo de ses sœurs. Une main de fer enserre son estomac d’une poigne d’acier. Sur le papier glacé, le rire de Bella et le sourire de Narcissa transpercent sa poitrine telle une flèche empoisonnée. Il est encore temps de changer d’avis, de revenir dans sa chambre de petite fille et de déballer ses affaires. Personne n’en saura rien. Personne, sauf elle. Et ça, Andromeda le sait, c’est déjà trop.
Au fond, elle sait que sa décision est irrévocable. Rien ne pourrait la retenir ici. Pas même l’amour inconditionnel qu’elle voue à ses deux sœurs. Cet amour de toute façon n’a déjà plus la même saveur qu’autrefois. Il s’est fané et a perdu les couleurs chatoyantes de l’enfance pour se parer de nuances de gris.
Aujourd’hui le rire de Bella ne la fait plus sourire, il lui fait peur même parfois. Le sourire de Narcissa, quant à lui, a perdu toute sa chaleur pour devenir un masque de glace. Un sourire poli. Un sourire de Black. Parce qu'être une Black, c’est cela. C’est sourire à tout moment, mais sans se dévoiler, sans montrer qui l’on est au fond de soi. C’est étouffer la petite étincelle qui illumine votre âme. Être la même copie pâle et fade que toutes ces femmes qui vous ont précédé.
Mais Andromada refuse d’être tout ça. Elle veut exister tout simplement. Ne pas vivre à travers le regard tronqué de sa famille, ne pas être considérée comme une jolie plante, tout juste bonne à être mariée au plus offrant. Par-dessus tout, Andromeda ne veut pas vivre dans les ténèbres. Elle veut la lumière, l’amour et le bonheur. Tout ce qui, ici, est inaccessible. Alors elle descend les escaliers, traînant derrière elle sa valise.
15 h. Le regard de ses ancêtres pèse sur ses épaules, réprobateur. Mais cela ne l’empêche pas de suivre du bout des doigts les ramifications de l’arbre généalogique. La tapisserie, exacte réplique de celle de son oncle et de sa tante, est aussi vieille est vénérable que la famille Black. Un rictus de dégoût plisse le beau visage de la jeune fille. Ce nom, elle l'exècre de tous les pores de sa peau. Pour elle, il est synonyme de brimades et d’intolérance. D’ailleurs une partie d’elle déteste sa famille et tous leurs maudit principes qui les étouffent. Ces principes qui font que jamais ils n’accepteront son choix. Alors Andromeda lève sa baguette,cette fois-ci elle est décidée, son cœur est verrouillé.
-Incendio
Le murmure déchire le silence quasi-religieux du salon. La jeune fille n’est déjà plus là. Elle se détourne et une larme solitaire coule sur sa joue. Dans son cœur, un petit trou se forme, comme un écho du trou qu’elle vient de faire sur la tapisserie familiale, car peu importe qu’une partie d’elle les déteste, renier sa famille n’est jamais anodin.
16 h. Andromeda est assise sur la première marche du grand escalier, ses yeux sont rivés sur la porte d’entrée. Elle pourrait partir là maintenant, sans se retourner, sans avoir à affronter sa famille, mais elle ne le fera pas. Même si elle n’y croit plus vraiment, elle veut leur laisser une chance. La chance de remiser au placard toutes leurs idées arriérées, de briser le carcan familial. Parce que l’amour devrait être plus fort que la haine. Parce que l’amitié et la tolérance devraient être plus fortes que les préjugés. Parce qu’Andromeda est amoureuse tout simplement et que pour la première fois de sa vie elle a l’impression d’être aimée entièrement pour ce qu’elle est au fond d’elle. Pour l’amour de sa vie, elle est prête à tout, même affronter sa famille si délicate.
Les secondes passent, implacables. Le temps s'écoule lentement, mais inexorablement. Le coucou sonne de nouveau.
17 h. Les bruits de pas montant les marches du perron, font ralentir les battements de son cœur. La peur lui noue les entrailles. Le battant de la porte s’ouvre avec fracas. Andromeda saute sur ses pieds, une main posée sur sa valise et l’autre agrippant fermement sa baguette. Son père, sa mère et Bellatrix se figent de surprise en la voyant. Narcissa, elle se précipite vers sa sœur en criant :
-Andy ! Qu’est-ce que tu…
La blonde se tait, clouée sur place par le regard glacial de sa mère. Il faut respecter les convenances en toute occasion, même chez soi entouré de sa famille. Le silence s’épaissit, des regards vides sont échangés. Andromeda regarde la bague de fiançailles qui scintille à son doigt. Elle prend une grande inspiration et finalement trouve le courage de dire :
-Je vais me marier.
Soudain, le rire fou de Bella éclate dans le hall d’entrée. Les grands yeux noirs de sa sœur, la fixent avec haine. Elle crache :
-Pas avec cette vermine, j’espère. Quoi ? Tu pensais que je ne le découvrirais jamais. Petite idiote.
Le cœur d’Andromeda sombre dans sa poitrine. Elle sait que tout est fini. Ils se sont enfoncés trop loin dans les ténèbres pour pouvoir revenir un jour dans la lumière. Alors, elle s’avance le regard résolu
-Si ! Je vais devenir Andromeda Tonks et vous ne m'en empêcherez pas. Cette famille m’a gardé prisonnière trop longtemps. C’est terminé. J’aime ce né-moldu et je vais l’épouser. Ce n’est pas la peine d’effacer mon nom de la tapisserie mère, je l’ai déjà fait. À partir d’aujourd’hui, je ne suis plus une Black.
Son petit discours provoque des remous, Elle le sens. Son père veut la retenir, mais elle le repousse violemment. Un sort fuse dans son dos, mais Androméda l’arrête d’un coup de baguette rageur. Elle se précipite dehors, là dans la rue, elle est en sécurité.
17h30. Andromeda regarde la maison de ses parents et prends le temps de faire défiler ses souvenirs une dernière fois. Au fond de son coeur il n'y a plus aucun regret. Cette fois-ci, les liens sont définitivement rompus. Elle n’a plus rien à faire ici. Andromeda lève les yeux sur la façade, en se faisant la promesse que ses enfants n’auront jamais à subir le poids de la famille sur leurs épaules.
Soudainement, elle transplane, laissant le vent emporter ses derniers mots :
-Adieux.
cc tout le monde.
J'ai eu un mal fou à écrire ce texte et je ne suis pas tout à fait persuader d'avoir réussi à retranscrire ce que je voulais, mais voilà.
Ceci est mon premier texte particpants au concours "Les ombres du manoir".
Pour ce premier texte le théme à respecter était délicate ascendance.
Les contraintes : écrire un texte se déroulant l'après-midi.
Et voilà. N'hésitez pas à donner votre avis. Je vous remercie d'avoir pris le temps de lire ce texte.
Morganel