— Teddy ? Tu descends, s’il te plaît ? Harry et Ginny sont arrivés !
— J’aaarrive !! hurlé-je à l’attention de ma grand-mère en tassant mes dernières affaires dans la lourde valise qui m’accompagnera pour ma dernière année à Poudlard.
Mon parrain et Ginny m'accueillent en bas de l’escalier que je descends à toute vitesse, en faisant léviter ma valise derrière moi, après tout j’ai 17 ans depuis plusieurs mois, alors autant en profiter pour utiliser la magie à des fins utiles.
Je prends Ginny dans mes bras et la serre avec force, si bien qu’elle me repousse en mimant de suffoquer.
— Teddy ! Tu n’as plus quatre ans ! Regardes-toi un peu, tu me dépasses de plus d’une tête ! me dit-elle alors que je lui vole un baiser sur sa joue remplie de taches de rousseur pour me faire pardonner.
Harry me tend une main, l’air bien solennel.
Je le regarde perplexe. Quelque chose le tracasse ? Une affaire au Bureau des Aurors ?
Mais un sourire se dessine très rapidement sur son visage et il me prend à son tour dans ses bras protecteurs.
— Tu es prêt, mon grand ? me demande-t-il avec malice, fier d’avoir réussi à me faire flipper quelques secondes.
— Plus que prêt ! Poudlard nous voilà, leur réponds-je pendant que mon poing fermé s’écrase contre celui de mon cousin James, qui fait sa première rentrée à Poudlard aujourd’hui.
J’en profite pour saluer également Albus en ébouriffant ses cheveux bruns.
— Maaais !! peste mon jeune cousin en passant à son tour sa main dans sa tignasse brune indomptable.
— Quand est-ce qu’on y vaaaaaa ? entends-je de la petite voix étouffée de Lily qui ne s’était pas faite prier pour se goinfrer d’un chausson à la citrouille que Grand Mère avait préparé.
Mon parrain lance un regard en coin à sa femme, qui hausse les épaules en guise de réponse.
Après 20 ans ensemble, leur complicité était la même qu’au premier jour, je les enviais !
Et puis avec quatre enfants comme nous, il leur fallait au moins ça pour nous supporter !
— Allez en route, mauvaise troupe ! direction King’s Cross ! s’écrie Harry en levant les bras au ciel.
— Bonne journée, Andromeda ! Vous passerez au Terrier dimanche ? demande Ginny qui attrape Lily avant qu’elle ne s'empiffre d’un troisième chausson.
— Oui, bien sûr ! j’ai l’impression que ça fait des lustres que je n’ai pas vu Molly et Arthur ! Ron et Hermione seront là ?
— Oui ! ainsi que Bill et Fleur, ajoute Ginny.
J’embrasse tendrement ma grand-mère pour lui dire au revoir. La quitter à chaque nouvelle rentrée me brise le cœur ; je sais qu’elle est bien entourée par la grande et joyeuse famille Weasley, mais à la maison elle se retrouve souvent bien seule.
Pour la taquiner, je vole un chausson à la citrouille au passage avant de m’engouffrer dans la vieille Ford Anglia de la famille Potter.
Tous les quatre entassés sur la banquette arrière de la voiture agrandie par les talents d’Arthur il y a de ça plusieurs années, nous nous mettons donc joyeusement en route en direction de Londres.
Nous aurions pu tous transplaner directement dans l’aire sécurisée prévue à cet effet au sein même de King’s Cross, mais le rituel du voyage dans la Ford s’était installé malgré nous depuis maintenant sept ans.
Harry et Ginny passaient me chercher chez ma grand-mère et nous allions en famille sur la voie 9 , c’était ainsi depuis ma première rentrée.
Arrivés aux abords de la gare, Ginny peste, car comme d’habitude le trafic est dense et que trouver une place pour garer la voiture est toujours un vrai problème. Si ça ne tenait qu’à elle, nous aurions sûrement abandonné la vieille Ford depuis bien longtemps !
Pressés par l’heure, Harry nous jette devant la gare. C’est presque la voiture elle-même qui nous met dehors en ouvrant les portes avec violence.
En quelques secondes, valises, femme, enfants, chouettes et balais se retrouvent sur le trottoir sous l’œil des passants interloqués.
Je ne sais pas si c’est la couleur de mes cheveux bleus électrique ou le fait qu’une chouette soit posée sur mon chariot qui les choque.
Je regarde la voiture partir, en espérant que mon parrain trouve rapidement une place pour garer la Ford. Je n’ose même pas imaginer faire ma dernière rentrée à Poudlard sans lui.
J’aide James à mettre sa lourde valise sur le chariot pendant que Ginny tient d’une main Albus et de l’autre Lily qui est surexcitée à l’idée de passer à travers le mur qui mène à la voie 9 ¾ .
Nous déambulons tous ensemble dans la gare en direction du quai sur lequel se trouvent les voies 9 et 10.
Je jette un œil vers mon cousin qui semble tout à coup pétrifié par la peur.
— Allez mon grand ! tu l’as déjà fait pourtant ! lui dis-je pour le rassurer
— Oui, mais là, c’est pas pareil... c’est pour moi...
Je ne peux que comprendre son appréhension, alors je lui tends le bras l'invitant à s’y agripper, et dans un clin d’œil je lui lance :
— A 3 on y va ?
Il me regarde de ses grands yeux marrons qu’il a hérités de sa mère, je cligne des yeux et fais passer mes iris grises dans la même teinte que les siennes.
Nous ne sommes pas frères, mais c’est tout comme.
Il pose sa petite main sur mon avant-bras et fixe promptement le mur de briques qui nous fait face.
— On y va, me dit-il d'une voix presque affirmée.
— Et c’est partiiiii ! hurlé-je en poussant avec force le chariot devant nous.
En une fraction de seconde nous nous retrouvons sur la voie 9 ¾. Le Poudlard Express ronronne déjà et nous envoie ses vapeurs en plein visage, je toussote et agite ma main devant mon visage pour m’en débarrasser.
James est toujours agrippé à ma chemise à carreaux, et ne semble pas vouloir me lâcher.
Nous nous faisons pousser par une famille qui arrive précipitamment à notre suite, je tourne la tête espérant voir arriver mon parrain après eux, mais le mur magique se referme tout de suite après leur passage.
La déception est visible sur mon visage et Ginny s’approche de nous pour me dire de ne pas m’inquiéter, que pour rien au monde Harry ne raterait ma dernière rentrée, quitte à faire voler la Ford Anglia et à se lancer à la poursuite du train !
Nous rigolons tous en imaginant la scène, ce qui détend un peu James que je sens petit à petit relâcher sa prise sur ma manche.
Ginny jette un regard noir vers son fils ainé :
— Je t’interdis d’en avoir, ne serait-ce que l’idée James ! Ton père et ton oncle ont eu une sacrée punition pour avoir fait ça ! Sache que ma Beuglante sera bien pire que celle que Mamie Molly leur avait envoyée ! lui dit-elle en faisant les gros yeux.
James se décompose. J’ai l’impression qu’il va vomir tellement il est pâle...
Je lui mets un petit coup de coude dans les côtes pour le sortir de sa torpeur. Il tente un sourire, mais son visage est toujours contracté.
— T’inquiètes pas James, je serais là pour te sauver les miches ! lui dis-je pour le rassurer.
Ginny s'apprête déjà à me mettre une petite tape derrière la tête pour me punir d’inciter son fils à faire des bêtises, quand je sens une main chaude se poser sur mon épaule.
Je me retourne et à mon plus grand bonheur mon parrain se dresse face à moi, il est arrivé à temps !
Il a ce sourire... ce sourire en coin qu’il arbore lorsqu’il a fait une bêtise...
Quel mauvais coup m’a t-il préparé... un bizutage de dernière année ?
Il s’écarte un peu, je tends alors le cou pour voir ce qu’il cache dans son dos et un à un chaque membre de ma famille apparaît du mur !
J’en ai presque les larmes aux yeux.
Hermione pleure déjà ! Elle me tend les bras la première pour m’enlacer et je ne me fais pas prier pour me blottir contre elle. J’apprécie son odeur de violette pendant quelques secondes, qui me renvoie automatiquement aux livres de contes qu’elle me lisait quand j’étais petit.
C’est le raclement de gorge de Ron me tire des bras de son épouse.
— Et moi alors ? me dit-il en m’ouvrant à son tour les bras. Bonne rentrée, Teddy ! Tu vas voir la 7e année, c’est la meilleure.
— Hum hum... lance Ginny en levant les yeux au ciel.
— Oui bon, il parait que la 7e année est la meilleure ! répond son frère en relâchant son étreinte autour de mes épaules.
Neville s’approche à son tour, et me tend solennellement sa main que j’attrape en nous échangeant un clin d’œil.
— A partir du 1er septembre, je suis ton professeur, Teddy, ne l’oublie pas, me lance t-il avec tout le sérieux dont il est capable. Bonne rentrée mon grand !
Je sais qu’au fond de lui, il meurt d’envie de me prendre dans ses bras, mais sa fonction au sein de Poudlard l’en empêche durant la période scolaire.
Puis c’est le visage de la petite Rose qui apparaît derrière sa mère, je me baisse pour me mettre à sa hauteur et à mon plus grand bonheur, elle se jette dans mes bras pour me faire un méga câlin accompagné d’un bisou sur la joue.
— Tu vas me manquer, Teddy !! Dis, tu vas m’envoyer des lettres hein ?! me demande-t-elle de sa petite voix tremblante.
— Oui ma puce, pleeeein promis !! Tu connais le deal de toute façon ?
— Oui ! me répond-t-elle fièrement.
— Une lettre pour une Chocogrenouille ! pas de Chocogrenouille... pas de lettre... la taquiné-je
Elle lève les yeux vers ses parents :
— Papa, Maman, vous achèterez plein de Chocogrenouilles hein ?
Hermione et Ron pouffent de rire, visiblement ils viennent d’apprendre qu’ils vont me nourrir toute l’année.
Je dépose un baiser sur le front de Rose, qui rougit immédiatement.
Je crois que cette petite est amoureuse de moi. Je n’ose pas lui briser le cœur...
Son petit frère Hugo me tend le poing pour que j’y écrase le mien.
— Salut mon pote ! dis-je au petit rouquin dont les yeux brillent d’émerveillement.
Je me rapproche de mon parrain pour le prendre à son tour dans mes bras.
— Tu croyais qu’on allait t’abandonner sur le quai de la gare, comme ça ? me dit-il en me serrant fort.
— J’espérais oui !! le taquiné-je
Harry oriente son regard vers mes cheveux.
— Tu feras attention, tu vires au mauve... ajoute-t-il en haussant les épaules.
Je sais que c’est faux, mais instinctivement je passe la main dans mes cheveux pour l’air gêné.
— Merci, lui dis-je la gorge nouée.
Je me tourne vers ma famille, je sens que mes yeux s’humidifient dangereusement, je ne vais quand même pas me mettre à pleurer, alors je secoue vivement la tête pour reprendre mes esprits.
Mais les voir tous présents pour moi aujourd’hui...
A mon âge, ils n’avaient pas eu la chance de vivre dans un monde en paix, ils sont les Survivants, alors leurs regards posés sur moi et ma jeunesse insouciante en disent long.
Ils sont fiers de moi, je le sais.
Nous n’avons pas de lien de sang, mais ils sont ma famille.
— Et moiiiii ?! s’écrie une petite voix aiguë parvenant derrière Ron, une voix que je reconnaîtrais entre mille.
— Grand-mère ?!!! crions-nous tous d’une même voix.
— Et bien oui ! En vous voyant partir ce matin j’ai eu un coup de cafard ! Je ne pouvais pas louper la dernière rentrée de mon petit-fils tout de même !
Je me précipite vers elle et la serre si fort que ses pieds décollent du sol.
Elle est si petite et légère comparé à moi maintenant.
— Mais Grand-mère comment es-tu venue ?! lui demandé-je.
— En Magicobus pardi !! répond t-elle en riant, comme si la réponse était évidente !
— Andromeda, vous nous étonnerez toujours ! lui lance Ginny, amusée par le caractère indomptable de ma grand-mère.
Ma grand-mère est une Black après tout, ne l’oublions pas !
— Et puis... roooh... mais où est-ce que... peste-t-elle en farfouillant dans son grand cabas.
Nous la regardons tous, s'interrogeant sur ce qu’elle va bien pouvoir sortir de son sac.
— Ah ils sont là ! dit-elle en extirpant du cabas un plat entouré d’un torchon à carreaux rouges et blancs.
Elle nous regarde et lance très naturellement :
— Qui veut un chausson à la citrouille ?? propose-t-elle en défaisant d’une main le nœud qui maintient le torchon.
Une douce odeur de beurre embaume quelques instants le quai de la gare, rendant jaloux les autres parents et élèves présents sur la voie.
Ron se précipite vers ma grand-mère et se saisit d’un chausson sans se faire prier, sous les yeux ronds d’Hermione qui ne comprend toujours pas après toutes ces années de mariage comment son mari fait pour avoir tout le temps faim !
Je prends à mon tour un chausson encore chaud et dépose un baiser sur la joue fripée de ma chère grand-mère, son sourire va tant me manquer...
James qui a repris des couleurs, Albus, Rose, Lily et Hugo se servent à leur tour.
Le coup de sifflet du chef de gare, nous indique qu’il est temps pour James et moi de monter à bord.
Un dernier tour de câlins et d’embrassades et je pousse délicatement mon cousin vers les marches qui mènent au train. Le savoir avec moi cette année, me rend moins triste de tous les quitter pour de longs mois.
La locomotive se met doucement en marche, je sens alors la petite main de James se glisser dans la mienne. Je la serre fort, et me baisse pour me mettre au niveau de ses oreilles.
— Ça va aller James, je te le promets.
Nous regardons notre famille s’éloigner au loin en agitant nos mains pour répondre à leurs aurevoirs.
— Teeeeddyyyyy ! entends-je hurler en cœur derrière moi.
Je me retourne et mon visage s’illumine immédiatement en voyant les bouilles bronzées de Julian, Charlie et Lila sur lesquels je m’empresse de me jeter !
— Oh, mais c’est James ?! demande Charlie en s’approchant joyeusement de mon cousin intimidé.
— Oui ! Allez viens par là nigaud, et détends-toi un peu ! dis-je en invitant James à s’approcher de nous d’un geste de la main.
Il s’avance l’air penaud, les mains profondément enfoncées dans les poches dans son jean.
Charlie ne le ménage pas et lui colle un baiser sur la joue, le pauvre... je pouffe rire en voyant son visage d’enfant virer immédiatement au rouge écarlate.
Faut dire, pour la défense du petit brun que Charlie en plus d’être la fille la plus gentille et drôle du monde est aussi carrément canon !
Le genre de nana, qui se lève le matin et qui illumine la pièce, elle rayonne ! et le pire... c’est qu’elle ne fait rien pour !
Cette fille, c’est une beauté naturelle qui se cache sous des airs de garçon manqué.
Je suis presque sûr qu’elle joue au poste de Batteur dans l’équipe pour être sûre de ne pas se faire embêter par des mecs qui ne chercheraient pas plus loin que son visage toujours souriant, ses grands yeux bleus et ses cheveux blonds.
Ma meilleure amie s’éloigne de James pour laisser la place à Julian qui lui tend la main en lui souhaitant la bienvenue, mon cousin y répond par un timide remerciement tout juste audible.
Puis, à son tour, Lila s’approche.
Lila c’est tout l’inverse de Charlie, en tout cas niveau caractère, parce qu’elle aussi c’est une jolie fille... Lila c’est la douceur incarnée, elle ne hausse jamais la voix, elle est délicate, et sa timidité maladive lui donne un certain charme.
La brune s’adresse à James dans un simple :
— Salut, ça va ?
— Je... oui... ça va et euuh toi ? bafouille-t-il les pommettes toujours rougies.
J’interromps leur début de conversation, je sens que sinon le petit James va défaillir, en proposant d’aller nous trouver un compartiment vide dans lequel nous installer pour le voyage
Julian me passe le bras autour du coup pour me taquiner, je me stoppe un instant, m’écarte de lui et me mets à le jauger de la tête aux pieds.
— Ju... lian ?!
— Quoi ?! me répond-t-il surpris par mon regard presque jugeur.
— Tu as subi un sort de Pouss’vite pendant l’été ou bien ?
— Bah quoi ? me répond-t-il en enfonçant lui aussi ses poings au fond de ses poches, l’air gêné.
— On s’est quittés, tu avais la taille d’un deuxième année et là tu me dépasses presque ! lui dis-je. J’attrape le bras de mon ami et fais mine de tâter ses muscles. Ton cocktail magique... tu y as mis de la potion de Force aussi ? Regardez-mooooi ça... !!! M. Dragooonneeeeau, vous allez me faire de l’ombre !!
Julian est super gêné, ses tâches de rousseur sont en train de disparaître dans ses joues rosées.
— Arrêtes, tu veux. Je n’ai pas changé... tu dis n’importe quoi ! se défend-t-il.
— Laisse-moi rire un peu ! Tu t’es vu ? insisté-je.
— Hé Charlie ! Je crois qu’on a trouvé notre nouveau Batteur ! lancé-je en aidant James à faire passer sa valise au-dessus des filets du compartiment.
— Humm... fais voir ça Julian, lui dit-elle en attrapant son bras pour appuyer sur son biceps.
— Oh lâchez-moi ! ça va...
Julian a toujours été un petit gabarit, et en était très complexé d’ailleurs.
Déjà qu’il est de nature plutôt timide, nous voir tous le dépasser d’une tête ces dernières années ne l’avait pas aidé à prendre confiance en lui.
Et pourtant, Julian c’est un gars en or !
Toujours prévenant, pas un mot plus haut que l’autre, même s’il ne faut pas trop le chercher... le bougre est passionné depuis toujours par la botanique et les créatures magiques, en même temps avec un arrière grand-père au nom de Norbert Dragonneau, il avait eu matière à étudier. En troisième année il avait introduit un niffleur dans le bureau du Professeur Lazar... parce que celui-ci avait mis une mauvaise note injustifiée à Julian sur son devoir d’Astronomie... la bestiole avait littéralement retourné le bureau rempli d’objets brillants en tous genres !
James est mort de rire devant nos pitreries et semble un peu plus détendu qu’à son arrivée dans le train.
Très vite, j’entame une conversation passionnée avec Charlie sur l’éventuelle nouvelle composition de l’équipe de Quidditch, dont je suis le Capitaine cette année, en plus d’être aussi Préfet-en-Chef des Poufsouffles en binôme avec... Charlie !
Au bout d’une heure d’échanges de souvenirs de vacances, et de taquineries mutuelles, nous devons quitter nos amis pour nous rendre dans le compartiments des Préfets pour le petit brief annuel auprès des nouveaux Préfets.
James a pris ses aises et discute avec Lila depuis un moment, mais je le sens me suivre du regard lorsque j’annonce mon départ imminent.
Contre toute attente, il se lève à son tour, salue Lila et Julian et nous suit dans les couloirs du train.
— James, je suis désolé, mon pote, mais sur ce coup là, tu ne vas pas pouvoir me suivre.
— Je sais ! me dit-il fièrement.
Il a retrouvé son regard pétillant et son petit sourire en coin me fait comprendre que ça y est James Sirius Potter est dans la place ! Il a terminé son numéro de timide et je sens que sa vraie nature de démon va vite reprendre le dessus.
— Je me suis dit que je pourrais peut-être aller rejoindre les autres premières années ?
— Go mec ! amuses toi bien ! on se retrouve dans la Grande Salle pour le festin, lui réponds-je en écrasant mon poing contre le sien.
Il s’approche de Charlie, se hisse sur la pointe des pieds et lui dépose un baiser sur la joue, avant de partir dans la direction opposée.
— Ce p’tit mec va nous en faire voir de toutes les couleurs ! Je crois bien que le nom de Charlie Bones est le premier de la longue liste des conquêtes de James Potter !
Nous sommes toujours en train de nous marrer quand la porte du compartiment des préfets s’ouvre devant nous.
— Vous êtes en retard.
— Toujours aussi sympa McLarren ! T’as passé de bonnes vacances ? Moi, oui je te remercie, dis-je pour répondre au Serpentard qui nous regarde l’air furieux à cause de nos 12 secondes de retard.
Charlie s'esclaffe et prend tout son temps pour dire bonjour aux autres avant de s’installer à côté des nouvelles recrues qui arborent fièrement leur badge en forme de P.
Nous nous présentons chacun notre tour, comme à mon habitude je ne passe pas inaperçu avec mes cheveux bleus, au moins j’attire l’attention des plus jeunes, contrairement au discours de McLarren qui nous plonge tous dans un demi-sommeil.
La nuit est presque tombée quand la réunion se termine. J’entraîne Charlie dans les couloirs pour retourner en vitesse récupérer nos valises et passer nos robes de sorcier avant que la locomotive n’arrive à son terminus.
Julian et Lila nous attendent les poches pleines de friandises que nous dévorerons à coup sûr dans la soirée affalés sur un canapé douillet de la Salle Commune des Poufsouffles, le ventre pourtant déjà bien plein par le festin d’arrivée.
J’avais si hâte de retrouver cette ambiance ! Le château, le coin du feu, les longues soirées d’hiver dans notre chaleureuse Salle Commune, les entraînements de Quidditch, les week-ends à Pré-au-Lard, les cours de Métamorphose où j'excellais grâce aux aptitudes que ma mère m’avait léguées, mais aussi les balades dans le parc, nos discussions à deux avec Julian dans les serres de Botanique...
Cette année, c’était la dernière et je comptais bien en profiter à fond !
Nous sortons en trombe du Poudlard Express pour être les premiers à fouler le sol de la gare de Pré-au-Lard.
Les premières années sont accueillis par Neville qui avait repris le poste de Hagrid depuis maintenant deux ans.
Le vieil homme avait enfin daigné prendre sa retraite, mais vivait toujours dans sa cabane au milieu du parc, je me promis d’aller lui rendre visite dès le lendemain.
Je vois la tête brune de mon cousin se diriger vers les barques, il ne m’adresse même pas un regard, cet ingrat ! Je suis tout de même rassuré de voir discuter avec ses nouveaux camarades. Je ne me fais pas trop d’idées sur sa future Maison... même si j’aurais aimé qu’il soit avec moi chez les Poufsouffles, James est un Potter et donc un Gryffondor !
Avec un peu de chance, il se fera sélectionner dans l’équipe de Quidditch et je pourrais lui rappeler que c’est moi le chef lors du prochain match !
— Qu’est-ce qui te fait rire Teddy ? me demande Lila.
— Oh rien... je nous revois juste à leur place, lui réponds-je en montrant du menton les petites têtes blondes apeurées se diriger vers le Lac, avec une pointe de nostalgie.
Personne ne me répond. Mes trois amis ont le regard rivé vers le château et sont sans voix.
Je joins mon regard aux leurs, et me laisse porter par l'émerveillement que m'offre la vieille bâtisse.
Punaise, et dire que c’est la septième fois que je lui fait face un 1er septembre, et pourtant chaque année la vision du château me file les mêmes frissons.
Charlie enroule son bras autour du mien et pose sa tête sur mon épaule en poussant un soupir d'émerveillement.
Je tourne les yeux vers Lila dont les lumières émanant des nombreuses fenêtres se reflètent dans ses iris couleur noisette.
— Vous vous souvenez ? demande Julian à son tour pris dans la nostalgie de notre première rentrée.
— Comment oublier... répond Charlie dans un murmure.
***
J’avais presque passé tout le voyage jusqu’à Poudlard seul.
Certains élèves s'étaient assis dans mon compartiment mais aucun d’entre eux ne m’avait réellement adressé la parole.
Ils avaient tous rivés leurs yeux sur mes cheveux qui avaient été d’un bleu éclatant depuis mon réveil.
J’avais rêvé de ce moment si souvent que j’étais surexcité par ce voyage ! Enfin j’allais aller à Poudlard !
Je m’imaginais déjà m’asseoir et rencontrer mes nouveaux amis pour la vie en quelques secondes, comme Harry, Ron et Hermione l’avaient fait.
Mais à la place, j’avais plutôt passé mon voyage le nez collé contre la vitre froide à regarder les gouttes de pluie couler le long de celle-ci.
Certains élèves étaient passés devant mon compartiment, exprès pour me voir, comme si j’étais une bête de foire... et je les avais entendu ricaner quelques pas plus loin.
— Tu te rends compte, des cheveux comme ça !
— Il a dû trop manger de Fizbizz lui !
— Le Choixpeau va fondre en se posant sur sa tête !
Voilà le genre de remarques que j'avais entendues.
Et encore, ils ne connaissaient pas mon nom...
Alors je m’étais réconforté en achetant quelques Chocogrenouilles. La vendeuse de friandises n’avait, elle, pas tiqué sur la couleur de mes cheveux, certainement parce qu’elle n’y voyait plus très clair...
Le sourire de mon parrain sur la carte à collectionner m’avait mis un peu de baume au cœur. Je l'avais alors glissée dans ma poche pour l’ajouter à ma collection essentiellement composée de cartes à l'effigie de membres de ma famille. Celle que je chérissais le plus était évidemment celle représentant mes parents disparus lors de la Bataille de Poudlard alors que je n’étais qu’un bébé de tout juste deux mois.
La nuit était tombée rapidement, et un Préfet était passé dans les allées pour indiquer qu’il était l’heure de se changer et de mettre sa robe de sorcier.
A cause de ma petite taille, j’avais peiné à attraper ma valise coincée dans les filets au-dessus de la banquette.
Un garçon, plus âgé, s’était approché de moi et m’avait gentiment proposé de m’aider.
— Un coup de main ? m’avait t-il demandé avec un sourire
— Euh... oui s’il te plait, lui avais-je répondu un peu gêné.
Le garçon avait soulevé ma valise d’une main, alors qu’elle devait peser pas loin de mon propre poids ! J’avais été impressionné par sa force.
— Ça ira ?
— Oui je te remercie !
— Moi c’est Thomas McKinnon, je suis Préfet chez les Poufsouffles et aussi Capitaine de l’équipe de Quidditch, au poste de Batteur ! Les sélections ont lieu à la fin de la semaine, n’hésite pas à participer !
— Je... euh... merci.
Cet échange m’avait réchauffé le cœur, et c’est la tête un peu plus haute que j’étais descendu du Poudlard Express au milieu de la foule d’élèves surexcités.
— Les premières années, par ici s’il vous plaît !
La voix réconfortante de Hagrid résonnait sur le quai de la gare de Pré au Lard.
— Teddy ! Bonjour mon bonhomme ! m’avait-il lancé alors qu’il tentait de rattraper un groupe de première année qui partait dans le mauvais sens.
Je lui avais timidement répondu d’un signe de la main.
— Rendez-vous sur le ponton, et personne ne monte dans la barque tant que je n’en ai pas donné l’autorisation !! avait-il ordonné de sa grosse voix impressionnante.
Je me dirigeais parmi les élèves, nous avions tous l’air un peu perdus.
Perdus mais surtout impressionnés par ce qui se dressait sous nos yeux d’enfants.
La pluie avait cessé et avait fait place à un ciel dégagé dans lequel des milliers d’étoiles brillaient, les plus hautes tours du château se détachaient alors dans la nuit claire.
Quelques fenêtres étaient éclairées, laissant deviner que quelques portraits devaient nous observer de loin.
Nous étions tous subjugués par le spectacle.
Le Château de Poudlard.
J’y étais.
Devant nous, la surface lisse du Lac Noir sur lequel refletait des chandelles qui flottaient, nous indiquant la route à prendre pour arriver jusqu’aux imposantes portes du château.
Une petite brise m’avait fait frissonner. J’avais alors remonté le col de ma veste pour me garder au chaud.
Plusieurs élèves avaient déjà formé des groupes, et étaient déjà à bord des barques.
Je faisais partie des trois derniers à monter, un garçon châtain clair avec de grands yeux verts fixait la surface du Lac sans cligner des yeux, et une fille blonde dont la bouche ne s’était pas refermée depuis qu’elle avait posé les yeux sur le château.
Maladroitement nous sommes montés tous les trois à bord de la dernière barque qui tanguait au gré des vaguelettes qui perturbaient la surface de l’eau sombre.
Aucun de nous ne disait un mot.
C’est l’autre garçon qui brisa le silence installé, lorsqu’il leva enfin les yeux vers l’horizon.
— Vous saviez qu’il y avait dans le Lac plus de 150 espèces différentes ? Dont certaines sont mêmes uniques !
La blonde me regardait avec un air affolé.
— Comment ça... des espèces uniques ? Il n’y pas que des poissons dans ce lac ?
J’avais essayé de retenir un fou rire devant la remarque de ma camarade, mais le garçon avait pris les devants et s'esclaffa :
— Tu ne connais pas le Calamar Géant ?!
— Le quoi ? avait-elle répondu en se rapprochant du centre de la barque, venant presque se coller à moi pour se rassurer.
— Je... non... je... je sais que je suis une sorcière que seulement depuis quelques semaines en fait... je m’appelle Charlie.
— Moi c’est Teddy, lui avais-je répondu avec un sourire engageant.
— Et moi, je m’appelle Julian ! et n’aies pas peur Charlie, le Calamar Géant vit dans les profondeurs, il n’a pas mis une tentacule à la surface depuis des centaines d’années !
Il se rapprocha de nous, et baissa la voix :
— Et il paraîtrait que Hagrid l’aurait même dompté... dit-il en montrant du menton le vieux Gardien des Clefs de Poudlard.
— Avant ou après le dragon tu penses ? avais-je demandé à Julian en riant.
— Le drag...on ? Vous parlez de vrais dragons ? avait demandé Charlie dont le visage était d’un coup devenu très pâle.
— Oui ! Mon oncle s’en occupe en Roumanie ! avais-je répondu fièrement.
La blonde était horrifiée par nos propos.
J’adressai un clin d'œil à Julian, qui me le renvoya.
Nous avions passé le reste du voyage en barque à rassurer Charlie et à lui parler aussi de licornes et de centaure, de Botruc, de potions magiques, de sortilèges...
Nous nous étions tus seulement arrivés devant les portes de la Grande Salle.
Une femme aux cheveux grisonnants attachés dans un chignon strict et dont les lèvres étaient pincées avait fait son entrée.
— C’est la Directrice Mc Gonagall, m’avait soufflé Julian en me donnant un coup de coude.
La Directrice m’avait adressé un regard discret.
— Ah ! Merci, avais-je répondu à mon nouvel ami, feignant de découvrir l’identité de la sorcière avec qui j’avais pourtant passé de nombreuses après-midis étant plus jeune dans sa maison en bord de plage.
Les portes s’étaient ouvertes devant nous, j’avais alors pris le bras de Charlie qui tremblait comme une feuille pour l’encourager à avancer vers les tables.
Nos yeux ébahis observaient le plafond magique à l’image de la voûte céleste, des centaines de chandelles flottaient au-dessus des élèves déjà assis qui nous regardaient avec attention.
Nous nous étions tous avancés timidement. Sur mon passage j’avais entendu quelques remarques sur mes cheveux, qui je l’espérais étaient toujours bleus...
Le Choixpeau magique était posé sur un tabouret au centre la grande Salle, tout près de la table de Professeurs.
La Directrice nous expliqua rapidement son rôle, et chacun notre tour nous fûmes appelés à nous asseoir sur le-dit tabouret et à placer le vieux chapeau rapiécé sur notre tête.
— Charlotte Bones ! Approchez-vous, je vous prie.
Charlie m’avait jeté un regard paniqué, auquel j’avais répondu par un sourire d’encouragement.
La blonde s’était assise et quelques secondes après, la table des Poufsouffles s’était exclamée en l’honneur de leur nouvelle recrue.
— Julian Dragonneau ! c’est à vous.
Dragonneau ? Comme Norbert Dragonneau ?!
Les joues de mon nouvel ami s’étaient empourprées à l’entente de son nom, faisant disparaître ses taches de rousseur.
Des murmures s’étaient fait entendre parmi les tablées, Dragonneau était un nom bien connu chez les sorciers !
En observant Julian assis devant tout le monde, il était évident qu’il était bien l’arrière petit-fils de l’illustre et célèbre écrivain adorateur de créatures fantastiques.
La ressemblance physique avec son aïeul était d’ailleurs frappante.
Sans surprise, Julian avait été envoyé chez les Poufsouffles et avait rejoint Charlie qui l’avait accueilli à ses côtés avec un sourire jusqu'aux oreilles.
Puis était venu mon tour...
— Ted Lupin !
Je m’étais avancé à mon tour, la tête basse. Faisant le maximum pour feindre ne pas entendre les murmures à mon passage.
J’avais posé le Choixpeau sur ma tête, en serrant les dents et espérant ne pas le faire fondre.
— Hum... un grand courage... un ami loyal... vous pourriez faire un parfait Gryffondor, comme votre père... mais vous ressemblez beaucoup à votre mère... POUFSOUFFLE !!
Des acclamations avaient accompagnée mon arrivée à la table décorée de jaune et de noir, alors que Charlie discutait déjà avec une petite brunette aux yeux couleur noisette.