Le 31 août 1995
Lily Potter, grande figure de la société sorcière, était assise dans le canapé de son salon, s'amusant à donner toutes les formes possibles au feu qui crépitait (grâce à elle) dans la cheminée. Elle ne faisait pas vraiment attention à ce feu ; c'était devenu une habitude d'animer ces flammes quand elle était sans ses enfants et qu'elle devait réfléchir.
A quoi Lily pouvait-elle bien réfléchir ? A sa vie, tout simplement…
Ou plutôt à la vie de ses enfants. Elle avait la joie de voir ces quatre magnifiques êtres naître et grandir dans sa maison. En fait, elle se rendait compte qu'elle avait toujours du mal à réaliser que ses quatre enfants étaient la chair de sa chair, le mélange équitable d'elle et de l'homme qu'elle aimait et admirait depuis plus de quinze ans : James Potter.
Seulement, malgré tout l'amour qu'elle portait à ses enfants, elle ne pouvait s'empêcher d'être déçue par le comportement de ses trois ainés. Evidemment, elle était fière de voir son fils fêter ses quinze ans avec ses deux meilleurs amis, Ethan Brook et Ronald Weasley et jouer au quidditch avec son père. Elle savait qu'elle n'était pas très subjective mais elle trouvait que son fils s'était considérablement embelli depuis l'année dernière. Ils semblait sortir de sa puberté : sa voix était nettement plus grave et son corps presque adulte. Il mesurait maintenant un bon mètre quatre-vingts et devait faire chavirer des cœurs à Poudlard, comme son père avant lui. D'ailleurs, Harry avait toujours cette admiration folle pour James Potter, son père et lui ressemblait tant qu'on pouvait les confondre sur les photos de jeunesse de James. Le même visage fin, les mêmes sourires fiers et séducteurs et les mêmes cheveux en bataille et la même habitude d'y passer la main avec fierté…
Quant à ses filles, elles la faisaient tant rire avec leur complicité inexplicable. Leurs rires et leur bonne humeur à la maison. Certes, elles avaient été réparties à Serpentard, mais elles ne s'étaient pas éloignées réellement de leur famille, juste un peu de Harry, mais ce n'était rien comparé aux enfants Black. Elles s'étaient immédiatement intégrée dans leur nouvelle maison et s'étaient fait de bons amis dont une super meilleure amie : Ginny Weasley. Les trois rousses s'étaient vraiment trouvées et après le soutien des jumelles à la troisième qui avait été appelée dans une maison adversaire, elles ne s'étaient plus lâchées et faisaient avec fierté les quatre cents coups à Poudlard.
Finalement, Lily relativisa rapidement. Ses enfants se parlaient et s'entendaient bien quand ils étaient avec eux, comme en avait témoigné ces vacances où ils avaient invité Ethan, Ron et Ginny qui s'étaient relativement bien passés. En y repensant, elle avait passé de très bon moment avec les parents Weasley et Mrs. Books dont ils étaient devenus de bons amis.
Elle fut sortie de ses réflexions par des coups résonnant à sa porte et une pensée insistante :
*LILY ! Ouvre nous ! On a besoin de te parler !*
Lily sourit en captant la pensée de ses trois meilleures amies et se dépêcha d'aller les accueillir.
« -Salut, les filles, que se passe-t-il ? S'inquiéta-t-elle.
-Rien de plus que d'habitude ! Soupira Ambre, un peu désespérée, July passe son temps à quémander des hiboux pour communiquer avec ses amis, depuis son retour de ses vacances chez les Malefoy.
-Ses amis lui manquent, c'est tout ! La rassura Alice pour ce qui semblait être la deuxième ou troisième fois.
-Mais elle nous ignore trop souvent ! Se plaignit la mère triste.
-Stop ! Calma Lily. July nous pose le même problème depuis sa première année. Elle se sent différente et a toujours voulu se démarquer réellement en accentuant sa différence. Mais ce n'est pas parce qu'elle n'est pas aussi attentive et à ton écoute que Jane ou aussi affectueux que Hugo qu'elle ne t'aime pas. Elle ne montre juste pas ses sentiments, je pense. Elle est une vraie Serpentard, ne l'oublie pas.
-Tu sais, Ambre, lui expliqua Dora. Roxane et Teddy ne parlent pas trop d'eux à la maison. Certes, ils montrent un peu plus d'enthousiasme à l'idée de nous retrouver chaque été, mais on sent bien que l'on n'est pas dans leur monde. Je suis fière de mes enfants. Ils semblent bien s'entendre avec tout le monde ; ils ont compris ce qu'était l'amitié inter et intra maison… Mais ils ont évidemment leurs défauts. Teddy est toujours aussi secret et cache vraiment trop ce qu'il pense. Quant à Roxane, elle est toujours pareille : elle ne veut jamais montrer qu'elle est triste et affiche un sourire et une bonne humeur permanente même quand elle ne devrait pas. C'est assez perturbant. Comme quoi, nos enfants ne sont pas parfaits…
-M'en parle pas ! Renchérit Alice. Neville est perdu quand il n'est pas derrière Ethan ou Harry. Il a pris l'habitude d'être toujours avec eux et ne sais pas comment faire quand il est seul. Mais ça ne l'empêche pas d'être tellement touchant dans ses gestes et ses comportements. Il est tellement volontaire et essaie toujours de faire mieux qu'il ne peut. Elsa, elle, n'arrête jamais. Elle est très honnête mais sa franchise vire souvent au cauchemar parce qu'elle ne met aucune barrière entre ce qu'elle pense et ce qu'elle dit. Elle est aussi bornée que July… Impossible de la faire changer d'avis.
-Tu vois, Ambre. Ta fille est loin d'être un cas désespéré. Tu dramatises tout à cause de ton hyper sensibilité.
-Vous avez raison ! Mais c'est dur de la voir aussi proche de ces jeunes. Ca me fait un peu peur… D'autant plus que nos enfants grandissent et commencent à avoir d'autres idées en tête, les rapports amicaux qu'ils avaient avec certains vont évoluer. »
Les trois femmes acquiescèrent en réalisant qu'à quatorze, quinze et presque seize ans, leurs enfants allaient faire des ravages à Poudlard. D'abord, elles abordèrent Harry, qui n'allait pas tarder à suivre les traces de son père. Puis passèrent tous leurs enfants en revue.
« -Neuville devrait être plus timide ! Rit Dora. Je vois bien ton fils gêné dès qu'une fille l'approche, intriguée par ses yeux bleu océan et ses cheveux plus noirs que noirs.
-Et Teddy, Rétorqua Alice, il a beau être un des plus grands et avoir des traits si fins qu'ils ne semblent pas réels. Il n'adressera même pas un regard à ses prétendantes.
-Finalement, remarque Lily, c'est peut-être ton fils, Ambre, qui ira le plus loin… Toutes les adolescentes rêvent d'avoir un garçon mignon à leur écoute et je vois bien Hugo, tout tendre et silencieux, s'attirer les plus sensibles… »
Elle n'eut pas le temps de continuer puisque une main frappa à la porte :
« -On sait que nos femmes sont là… Et ça fait une heure que l'on vous cherche ! Appela la voix grave de Sirius Black.»
Ambre se leva aussitôt et alla ouvrir la porte à son mari, tandis que Lily appelait le sien pour qu'il descende voir ses amis. Quand ce dernier arriva, il constata que les sept personnes qui, en dehors de ses enfants, comptaient le plus à ses yeux étaient assises dans son salon en discutant joyeusement.
« -C'est quoi ce rassemblement improvisé ? Demanda-t-il en s'asseyant à côté de sa femme pour pouvoir lui passer son bras par dessus l'épaule, la faisant sourire.
-On parlait de nos enfants, et des ravages qu'ils vont faire à Poudlard, surtout au niveau de leurs histoires de cœur…
-Mais ils sont encore jeunes ! S'étonna James. Les plus vieux n'ont que quinze ans.
-On te rappelle à quoi tu pensais à quinze ans… Souligna Sirius, moi je vais te le dire. Tu pensais au quidditch, à nos blagues, à comment être le plus beau pour plaire aux filles et, surtout, à Lily ! ça te revient maintenant ? »
James grommela quelques mots incompréhensibles et resserra son étreinte autour de sa femme qui lui sourit de plus belle.
« -Bon, j'admets qu'il est possible que Harry commence à s'y intéresser à son tour. Il doit être, en plus, un des plus beaux élèves de Poudlard, mon fils.
-Ouais, ouais ! Fit Sirius en soupirant. Moi je pense à nos jumelles, je n'aimerais pas qu'un Serpentard tourne autour de July… Ni personne d'autre, d'ailleurs. Je me demande pourquoi elle n'est pas comme Jane, sérieuse et travailleuse et sûrement pas intéressée.
-Tu n'en sais rien, Sir' ! Lui fit remarquer Alice.
-C'est vrai mais j'espère ! J'espère parce que je sais que, pour un élève de Poudlard, il est difficile de ne pas craquer devant leurs cheveux blonds et leurs yeux bleus si magnifiques, comme ceux de leur mère.
-Pff… Soupira Dora. Plus de quinze ans de mariage et encore dragueur. »
Les huit amis explosèrent de rire avant de reprendre leur conversation.
« -J'espère juste qu'Hugo sera vigilant au sujet de ses sœurs, ou au moins de Jane, à qui il lui arrive de parler. Avec un peu de chances, Eliott entrera à Serpentard et surveillera sa sœur.
-Je n'aurais jamais pensé t'entendre dire ça, un jour. Fit remarquer Rémus.
-Ne rigole pas parce que tu as de la chance. Teddy est toujours avec Roxane. Il ne peut donc rien lui arriver.
-Comme à Elsa parce qu'il y a Neville. Rajouta Frank, fier de son fils.
-Ne t'avance pas trop, cher ami. L'inquiéta Sirius. Ton fils est peut-être plus âgé que sa sœur mais elle a un fort caractère et saura dissuader Neville de l'empêcher de vivre sa vie.
-Quoi ?! S'écria James. Mais Elsa n'a que quatorze ans, comme les jumelles, elles ne peuvent pas s'intéresser à ça… Pas mes petites Chloé et Juliette.
-Stop ! Nos filles feront ce qu'elles veulent. Aucune de nous n'a eu de père trop présent pendant notre adolescence et je suis sûre que vous en avez été plutôt content. Frank, les moments où tu étais chez Alice et où son père l'appelait pour rien t'ont énervé, alors ne fait pas comme lui. Sirius, tu te souviens des premiers dîners avec les parents d'Ambre. Tu étais déjà très gêné par tout ce que disait sa mère, mais je pense que tu n'aurais pas apprécié que son père en rajoute, donc ne le fais pas. James, on sait tous que tu aurais tout fait pour que Lily ait un père plus présent, mais tu étais tellement heureux d'être enfin avec elle que tu aurais très mal réagi si quelqu'un vous avait empêché de vivre votre histoire. Donc vous allez laissez vos filles tranquilles. Si elles ont un problème, elles vous en parleront. C'est d'accord. »
Les trois hommes acquiescèrent face à cet ordre de Dora, sous le sourire en coin de Rémus.
Ils se turent tous les huit et réfléchirent à ce qu'allait être les années à venir pour leurs enfants qui grandissaient et qui, bien plus tôt qu'ils ne le pensaient, seraient face, à leur tour, à la prophétie.