L'esprit de Noël frappeur
Nous sommes en l’année
Neuf cent quatre-vingt-treize ;
Perché sur les falaises,
Un château enchanté
Domine le domaine
Recouvert par la neige
Qu’aucun sortilège
N’effacerait sans peine.
C’est donc à Poudlard,
L’école des sorciers,
Vous l’aurez deviné,
Que se joue cette histoire.
Au milieu des jeunes gens
Étudiant la magie
Assiste un esprit
À un drôle d’évènement :
Le soleil n’est point
Encore vraiment levé
Mais une bande de mouflets
Traîne un énorme sapin.
« - Voilà qui est peu banal »
Le poltergeist se dit,
Et ni une, ni deux, les suit
Jusque dans la Grande Salle.
Les gamins redressent l’arbre,
Y ajoutent des bougies.
S’en est trop pour Peevy,
Qui ne peut rester de marbre :
« - Dites-moi, petits novices »,
Demande l’esprit frappeur.
« Est-il encore bien l’heure
De célébrer le solstice ? »
« - Que nenni, maître du chaos,
Ce n’est nullement Yule
Qu’en ce jour on adule »,
Répond l’un des marmots.
Piqué dans sa curiosité,
Peeves demanda encore :
« - Qu’est-ce que vous faites alors ?
Bande d’empotés ! »
« - L’enfant divin est né »,
Explique l’un des mioches
En sortant de sa poche
Une petite croix sculptée.
« Puisqu’il nous a sauvé,
Nous fêtons sa naissance.
Serait-ce là une croyance
Inconnue des sorciers ? »
Non dépourvu de malice,
Peeves sourit au gamin,
Car il voit là un moyen
D’en tirer bénéfice :
« - Bien sûr que je la connais ! »,
Assure-t-il d’un ton courtois.
« Puisque c’est de moi
Que sont inspirés les faits »
Les mômes ouvrent grand les yeux,
Hébétés, abrutis.
Qui eut cru que cet esprit
Pourrait être leur Dieu ?
« - Euh, je ne suis pas certain »,
Reprend l’un des sales gosses.
« Si j’en crois votre sacerdoce
Vous êtes un malandrin »
« - Mais comment osez-vous »,
S’exclame Peeves, outré,
« De la sorte m’accuser
D’être un simple voyou ? »
Comprenant quelle erreur
Il venait de commettre,
Le môme va pour promettre
Une main sur le cœur :
« - Loin de moi l’intention
De vous manquer de respect.
Si je vous ai blessé
Je vous demande pardon.
En cette trêve de Noël
L’heure est à la paix »,
Poursuit le blondinet
De sa petite voix de crécelle.
Peevy ne l’entend pas de cette oreille :
« - La paix, c’est l’enfer ! »,
Crie-t-il, rouge de colère,
Plus luisant que le soleil.
C’est alors que le non-être
Plonge vers le sapin,
Le saisit à deux mains,
Puis le jette par la fenêtre.
« - Pourquoi avoir fait ça ? »,
S’insurge l’un des gosses
« Voilà qui est atroce !
Vous êtes sans foi ni loi ! »
Le poltergeist rigole,
Content de son méfait,
Et soudain disparaît
Dans une cabriole.
Depuis lors, chaque année,
Comme d’un commun accord,
Noël plante son décor
Pour se faire renverser.
Quarante générations
Se sont depuis succédées,
Mais Peeves, lui, est resté
Transmettant la tradition.
De la morale, il est l’heure
Écoutez-moi, j’insiste :
« À Poudlard, l’esprit de Noël existe :
C’est celui de l’esprit frappeur ! »