Salazar Serpentard jura en silence. Ils étaient arrivés trop tard encore une fois. Certes, il n'était pas pressé de faire la rencontre avec ce satané vampire, mais les morts commençaient à s'accumuler. Depuis que la créature était arrivée dans la région, elle semait la terreur. Le vieux baron de Serpentard et ses deux fils avaient rapidement conclu qu'il était de leur devoir d'exécuter la menace.
Sigmund avait désigné son cadet Salazar pour cette dangereuse mission sous prétexte qu'il était le tacticien familial. L'argument était juste puisque Silas, son ainé, n'avait que des compétences commerciales. Et encore Salazar n'était pas d'accord. Sauf qu'il ne pouvait s'ôter de l'esprit que son frère avait peut-être intrigué pour se débarrasser de lui. Après tout, avoir un cadet rusé et ambitieux était assez risqué en ce bas monde.
Salazar avait rassemblé une petite troupe composée de soldats, de chasseurs, de bretteurs de passage grassement payés et heureusement de deux autres mages. Ils étaient en tout une trentaine. Depuis, ils sillonnaient le nouveau territoire du vampire. Ce dernier n'avait aucune raison d'en bouger tant qu'il avait des proies à disposition et que personne ne l'en chassait.
Cette fois-ci ils n'avaient manqué la créature que d'une bonne heure. Le sang des victimes n'avait même pas encore figé. Une famille complète y était passée. C'était une véritable boucherie, ils devaient être quatre peut-être cinq. Difficile à dire tellement les corps démembrés étaient éparpillés dans la pièce principale. Salazar ramassa une main blême, exsangue puis la jeta un peu loin avec dégoût.
« Quelle idée d'habiter dans une ferme isolée. N'importe quoi peut vous tomber dessus » commenta-t-il à un soldat qui semblait sur le point de rendre son repas.
Le maitre d'arme des Serpentard revint auprès de Salazar.
« Messire, la ferme a été fouillée et sécurisée. Il n'est plus ici. Quels sont vos ordres ?
— Empiler les corps. Enfin ce qu'il en reste et brûlez-les.
— C'est risqué messire. Le feu pourrait attirer l'attention du monstre.
— Précisément, murmura Salazar.
— Je ne comprends pas. Je ne pense pas que…
— Vous n'êtes pas ici pour penser, interrompit Salazar agacé. Je m'en charge déjà.
— Bien messire. Puis-je tout de même demander pourquoi ?
— Nous avons toujours une longueur de retard sur lui. Il faut qu'il revienne à nous.
— Vous voulez l'appâter ?
— Le feu, quel meilleur marqueur de la présence humaine ? »
Le maître d'armes resta pensif.
« Comment devons-nous organiser la défense ? Ceux qui alimenteront le bûcher seront en grand danger.
— Exact. Ces mercenaires nous lâcheront à la première occasion alors autant qu'ils servent.
— Même les serfs sont plus dignes de confiance, confirma le maitre d'arme avec mépris. Ils cherchent à protéger leurs familles eux au moins.
— Organisez le bûcher et la défense. Je me charge de coordonner les reptiles des environs pour qu'ils nous alertent du retour de ce buveur de sang. Les deux autres sorciers m'aideront à tisser les protections.
— Nous l'attendrons de pied ferme messire.
— Je n'en doute pas. »
L'attente dura plusieurs heures. Le combat contre la créature fut aussi bref que brutal. L'excellent repas qu'il avait fait plus tôt dans la soirée lui avait hélas donné des forces. Quand l'aube arriva la créature était tombée. Le prix à payer avait été terrible. Des trente ils n'étaient plus que six mais ils étaient vainqueurs. Même Silas avait dû louer les talents de stratège de Salazar.