Relevant les yeux de la missive du Français, Selena échangea un regard horrifié avec Salazar.

« Il faut lever le camp immédiatement, décida Gryffondor. Nous ne pouvons pas les laisser seuls.

— Silence ! rétorqua Salazar. Je réfléchis.

— Mais je…

— C'est déjà votre faute s'ils sont en danger. Vous avez attiré l'attention sur eux. »

Gryffondor allait protester mais réalisa que Serpentard avait raison. Il avait questionné le duc moldu au sujet des Serpentard et des Black, mais n'avait pas pris la peine de se déplacer discrètement.

« Salazar, hésita Selena. Je sais que nous haïssons tous les deux Silas, mais mon petit frère et cette guérisseuse sont…

— Prioritaires bien évidemment, la coupa Serpentard.

— Alors nous sommes bien d'accord, grogna le chevalier-mage.

— Si nous épargnons Silas, il faut prendre en compte qu'il peut frapper à son tour, objecta Salazar.

— Vous pensez qu'il pourrait nous prendre en chasse ? s'inquiéta Selena.

— Possible. Pour le moment, il ignore notre présence. Il apprendra nécessairement que nous sommes ici. Si nous repartons vers le sud, il faut le faire aussi secrètement que notre arrivée. Quand il réalisera, nous serons loin et nous reviendrons dans quelques mois.

— C'est plus prudent. Faisons comme ça. Godric ?

— Nous levons le camp sans précipitation et je rassemble mes hommes. »

Deux chasseurs quittèrent le camp pour avertir les hommes que Serpentard et Gryffondor avaient posté pour surveiller la ville.

Pendant ce temps, les trois nobles se concertèrent sur le meilleur moyen d'évacuer la région sans laisser de traces. Il fut décidé d'utiliser deux cours d'eau peu profonds pour camoufler les traces des chevaux.

Les derniers guerriers s'affairèrent à démonter le camp et de rendre une forêt intacte.

Les éclaireurs revinrent un par un. Plusieurs d'entre eux affichèrent leur déception. La prime proposée pour Silas était alléchante.

Au bout d'une heure, quatre hommes étaient toujours manquants. Salazar masqua son exaspération, mais commença à s'inquiéter. Qu'avait-il pu arriver ?

« Seigneur Salazar, vos hommes sont ici, lança enfin un chevalier de Godric. Ils veulent vous parler. »

Effectivement un guérisseur et un chasseur bousculèrent le bretteur pour s'approcher du noble.

« Nous avons un problème, déclara le guérisseur.

— À quel sujet ? demanda aussitôt Salazar.

— Les deux tueurs ont refusé de partir. Ils sont allés défier Silas. »

Serpentard réprima à grand peine ses maléfices.

« Toi ! aboya-t-il au bretteur. Va me chercher Gryffondor et dame Selena. Tout de suite. »

Le mercenaire hésita, mais se retira prudemment en croisant le regard menaçant du jeune mage.

« Vous ne les avez pas empêchés ? demanda-t-il durement à ses hommes.

— Nous ne sommes pas des combattants murmura le guérisseur.

— Mes flèches ne percent pas leurs hauberts.

— Nous pensions qu'il fallait vous avertir au plus tôt.

— Bonne décision » réussit-t-il à répondre en serrant les dents.

Les deux hommes ne parurent pas plus soulagés.

Gryffondor et Selena firent leur apparition et s'alarmèrent en apprenant la nouvelle.

La jeune femme fusilla le guerrier du regard. Lui et ses hommes lui donnaient de l'urticaire. Ils étaient décidément intenables.

« Qu'est-ce que nous allons faire de ces fichus mercenaires ! s'exclama-t-elle furieuse.

— Nous n'aurons même pas besoin de les exécuter pour insubordination. Il est peu probable que ces imbéciles survivent à Silas. Cette question étant réglée, que changeons-nous dans nos plans ?

— Si votre frère les tue, il ne saura pas que nous sommes ici.

— Silas connaît les armoiries et les couleurs des Gryffondor. Il saura que vous venez pour lui. À mon avis, il ne va pas se contenter de les tuer. Il va en interroger un pour savoir combien nous sommes.

— Donc il saura que nous fuyons vers le sud, conclut Selena. Penses-tu qu'il va nous poursuivre ?

— Pas sans minimum de préparation, mais il ne manquera pas l'opportunité. »

Un silence inquiet accueillit ses paroles.

« Il faudrait qu'il pense que nous restons, proposa Selena. Cela nous ferait gagner du temps pour fuir.

— Ou alors nous donnons l'assaut, tenta Gryffondor.

— Bonne idée. Vous vous entre-tuerez et ça en fera déjà un de moins.

— Salazar ! » s'indigna la jeune fille.

Serpentard se calma et replongea dans ses pensées. Il en émergea alors que Selena et Godric étaient penchés sur une carte grossière qui représentait la région.

« Ton idée est la seule qui soit applicable Selena, dit-il.

— Pardon ? Laquelle ?

— Lui faire croire que nous restons pour l'affronter. Nous allons ensorceler les membres des maisons nobles qui contrôlaient la région avant l'arrivée de Silas. Au milieu de la pagaille, nous aurons sûrement une chance de frapper.

— Je n'aime pas ça, intervint Gryffondor.

— Rassurez-vous, vous aurez votre part de gloire. Enfin pas ici, contre les Moldus pour défendre le jeune Alban de la maison Black. Ici, nous allons juste rassembler les anciennes maisons autour d'un valeureux guerrier, ricana Salazar. Enjolivez un peu vos duels contre les géants et ce sera parfait. »

Gryffondor grommela, mais finit par accepter malgré ses états d'âmes.