Le baron Renart de la Maison Maupertuis se demanda une énième fois ce qu'il faisait encore en Angleterre à pratiquer une guerre de harcèlement contre une armée moldue au lieu d'asticoter son vieil ennemi le baron Ysengrin.
Il comptait justement rejoindre le royaume franc, sa douce terre natale, quand il avait eu vent de l'armée qui remontait en direction du bois de Poufsouffle. Quelques incursions sous sa forme de goupil lui avait confirmé ses pires craintes. Les soldats remontaient la trace des mercenaires menés par Gryffondor.
La piste les conduirait au bois de Poufsouffle chez la guérisseuse. Alban Black serait assassiné, puis viendrait le tour des vengeurs partis vers le nord. Le Français avait rédigé à la hâte des messages pour avertir la guérisseuse et ses alliés au nord.
Il fallait ralentir l'armée moldue, suffisamment pour que Salazar rejoindre les exilés du comté et les mener à la victoire.
Plusieurs visites dans les rangs ennemis s'étaient soldées par des empoisonnements, des accidents et des ensorcellements. Les moldus s'étaient désorganisés, les chevaux aliénés étaient à l'arrêt et leur armée était revenue à la marche forcée.
Ensuite, Renart était revenu – au grand galop – à la chênaie de Poufsouffle. Les exilés du comté et la communauté d'Helga terminaient à peine leurs préparatifs de voyage pour rejoindre Salazar et Gryffondor.
Eux aussi étaient à pieds, mais la cadence militaire ne serait pas à l'avantage des sorciers. C'était trop lent, bien trop lent, songeait Renart avec horreur.
Les mercenaires laissés à la protection d'Alban étaient parvenus à la même conclusion. Il avait proposé à l'enfant de fuir à cheval, mais celui-ci avait refusé d'abandonner la guérisseuse et surtout les mages de son comté.
Renart avait pris la tête des opérations malgré les réticences d'Helga et des mercenaires. Ils mèneraient une guerre de harcèlement pour retarder les soldats moldus afin de maintenir l'avance des fugitifs et laisser le temps aux vengeurs revenir de les secourir.
Le compagnon d'armes et adjoint de Gryffondor, le chevalier-mage Peverell, avait tout d'abord protesté contre les techniques de maraude sans honneur. L'animagus lui avait promis de les envoyer au combat au minium à un contre dix, ce qui avait sérieusement refroidi les élans guerriers des mercenaires.
Renart proposa de former trois groupes armés. Les cavaliers-mages sous les ordres de Peverell pour attaquer l'avant-garde. Un groupe mené par les chasseurs de Poufsouffle mènerait des opérations pour compliquer l'approvisionnement des moldus, saboter les ponts et inonder certains passages. Lui-même prendrait la tête d'une équipe de chasseurs-magiciens pour saper le moral des troupes ennemies.
Helga et Peverell avaient refusé. Alban Black, en revanche, était reconnaissant envers Renart et surtout de son retour inespéré. Il lui confia l'autorité symbolique qu'il détenait encore sur les exilés du comté de Serpentard. Les mages de Poufsouffle se rallièrent à eux. La guérisseuse et les mercenaires durent céder à leur tour.
Renart se sentit mal en observant la petite vingtaine de mages et de chasseurs qui plaçaient sa confiance en lui. Saurait-il les mener au combat ?
Contrairement à Peverell et aux autres combattants qui étaient partis immédiatement, L'animagus tint à questionner soigneusement chacun de ses « hommes ». Il voulait connaître les capacités de chacun pour mieux les utiliser et surtout savoir leurs noms pour se remémorer de ceux qui tomberaient à ses côtés.
Le baron français fut quelque peu rassuré en découvrant qu'il avait à sa disposition des sorciers maîtrisant la magie de l'eau. Voici qui permettrait de transformer les cours d'eau et les mares en pièges mortels.
La seule femme qui s'était portée volontaire pour combattre possédait une affinité avec les esprits et la possession.
Plusieurs chasseurs pouvaient mettre à contribution des flèches enchantées. Finalement des possibilités commençaient à naître dans l'esprit de l'animagus.
Lui-même mettrait son esprit de tactique, son arc en if, sa magie et son affinité avec les goupils pour affronter l'ennemi.
Renart se souvint du nombre de soldats ennemis avec inquiétude, mais il masqua soigneusement son appréhension. Il termina ses entretiens en résumant à ses guerriers les avantages de leur escouade et ce qu'il estimait possible de réaliser. Le Français parla avec assurance, d'un ton ferme et en se tenant droit. Les mages moroses commencèrent à reprendre confiance et se mirent en route pour tenir tête à l'ennemi.
Tout au long du chemin, Renart déploya sa magie pour dialoguer avec les goupils et les mobilisa pour rechercher les soldats ennemis. En parallèle, il s'entretint avec les chasseurs locaux pour localiser les points d'eau et les autres passages propices aux embuscades.