« A vrai dire messire je ne pensais pas que nos armes seraient connues aussi loin au nord, répliqua l'homme qui avait commandé la nourriture. Godric de la maison Gryffondor, se présenta-t-il. Chevalier d'Angleterre dédié à traque des menaces d'origines magiques. A qui ai-je l'honneur ? »
Salazar réfléchit à toute vitesse. Ce maudit mercenaire les avaient retrouvés. Il fallait absolument se sortir de cette situation, sans quoi leurs têtes tomberaient. Les mercenaires ne reculeraient devant rien pour obtenir la prime. D'ailleurs Godric et les deux autres suintaient la magie. Ils étaient nécessairement des mages. Sale traitre à la sorcellerie, songea Serpentard.
« Votre réputation vous précède, flatta Salazar pour gagner du temps. J'ai entendu parlé vous lorsque votre escouade de bretteurs a exterminé un clan de trolls dans le sud-ouest de la Grande Bretagne. »
Les trois étaient des guerriers. Salazar et Selena n'avaient aucune chance contre eux. En plus, elle protègerait son petit frère. Quand à l'archer, il n'aurait le droit qu'à un seul coup de dague avant de succomber. L'aubergiste était aussi un magicienne mais il ne savait pas ce dont elle était capable et encore moins si elle se rangerait à leurs côtés. D'ailleurs celle-ci s'éloignait prudemment vers les cuisines pour aller rassembler les restes demandés par les chevaliers.
« Une magnifique charge ! s'exclama joyeusement le guerrier roux. Ces trolls menaçaient la région depuis bien trop longtemps.
— J'imagine que ce conflit a été rentable, ricana Salazar.
— Effectivement messire mais je ne fais pas la guerre pour m'enrichir, expliqua le guerrier un brin contrarié. Je combats pour l'honneur. Je mets mon courage, ma vaillance et ma rapière au service de la justice. Mais vous ne vous êtes toujours pas présenté.
— Je suis impardonnable. Maître Tibérius représentant de la compagnie des apothicaires du sud. Voici mon intendante…
— Votre intendante ? Une femme ?
Selena ne masqua pas son agacement. Elle allait ouvrir la bouche mais Salazar lui intima le silence d'un regard menaçant.
« Une intendante très dévoué » confirma-t-il au chevalier avec un clin d'œil salace.
Les chevaliers ricanèrent. Salazar se retint de lever les yeux au ciel. Il savait que la jeune fille était douée et intelligente. Certainement plus que les imbéciles qui leur faisait face mais au moins ils ne poseraient pas de questions.
« Mon jeune apprenti, poursuivi Salazar en désignant le petit Alban Black. Et notre guide sur ces terres, en pointant le chasseur.
— Vous êtes bien éloigné du siège de votre coopérative maître Tibérius, qu'est-ce qui vous amène jusqu'ici ? »
Le sourire de Salazar s'élargit. Heureusement que cette coopérative était renommée. C'était le moment d'en profiter.
« Je viens réclamer des comptes à un fournisseur qui nous a fait défaut, expliqua-t-il. C'est bien dommage d'ailleurs. La maison Serpentard n'est plus ce qu'elle était.
Selena et le faux guide se raidirent. L'appât était tendu. Est-ce que le chevalier allait y mordre ?
« Vous êtes à la recherche des frères Serpentard ? » se rembrunit Gryffondor.
Il ne devait pas apprécier d'avoir de la concurrence pour la prime. Sacré gaillard. On reconnaissait bien là le fier glaive de la justice.
« Uniquement l'aîné Silas, le rassura Salazar. Le vieux baron Sigmund ne nous a jamais fait défaut. Les plantes aquatiques des marécages et les autres produits animaux nous sont toujours parvenus en temps et en heure. Le fils cadet Salazar avait élargit les produits à plusieurs préparations. Malheureusement son départ forcé nous a posé quelques soucis.
— Pourquoi est-il parti ? Il a fui pour vous avoir fourni des remèdes de piètre qualité ?
— Vous pensez bien qu'avec notre rayonnement, il n'aurait jamais pu survivre en liberté aussi longtemps. Même sur le continent. »
Gryffondor frissonna. La réputation impitoyable de la compagnie des apothicaire n'était plus à faire. Ce n'était pas pour rien qu'elle faisait trembler plusieurs maisons nobles.
« Comme le cadet était fiable et ses produits intéressants, nous avions même cédé et accordé des financements par avance à la maison Serpentard. »
Salazar était encore fier du contrat qu'il avait réussi à négocier peu de temps avant son départ. Les versements correspondaient parfaitement au cycle de travail saisonnier de l'activité familiale. Leur situation n'en avait été que renforcée.
« Et le cadet a volé l'argent et fui sur le continent, compléta Gryffondor.
— Si seulement, grogna Salazar agacé. Nous aurions récupéré l'or grâce à nos mercenaires du continent. Mais non ! Cet imbécile de Silas a utilisé cet argent pour mener la grande vie et faire la guerre à un aristocrate moldu. C'est à ce moment que nous avons perdu l'appui de Salazar qui a été exilé par sa famille. Les cargaisons de Serpentard ont été retardées par la guerre et certaines ont été interceptées par les moldus. Le duc a sauté sur l'occasion pour accuser Sigmund et Silas de sorcellerie et acquérir le fief des Serpentard.
— Silas vous doit beaucoup ?
— Cette information est confidentielle. Je suis navré chevalier.
— Donc Salazar ne vous intéresse pas, seulement son frère, déduisit-il.
— Effectivement. Par contre j'ai du mal saisir pourquoi vous le traquez le cadet. J'ai ouïe dire qu'il était revenu depuis peu certes mais qu'a-t-il donc fait ?
— Toute la famille est accusée de pratiquer la magie noire.
— Vous faites confiance à un moldu pour faire la différence ? Ce même moldu qui a doublé la taille de son fief en récupérant le comté de Serpentard, en le pillant et rapatriant les activités marchandes sur son bastion ? Vous êtes bien naïf messire Gryffondor. J'espère que la prime est suffisamment élevée pour vous faire oublier vos belles valeurs de justice et d'honneur. »
Les trois soldats se raidirent. L'un d'eux posa même la main sur le pommeau de son épée mais Godric le foudroya du regard.
« Vous me prenez pour un assassin ? grommela-t-il dangereusement. Cet homme a massacré la famille Black qui restait fidèle à Silas.
— De qui tenez-vous cette information ? » l'interrompit Salazar avec un sourire narquois.
Godric se mit à réfléchir. Il commençait à comprendre que tout n'était pas net dans son histoire. Le duc était le vrai gagnant de ce conflit.
« Il a entrainé une quarantaine de soldats dans les marécages pour les assassiner.
— J'ai appris le drame pour les soldats moldus, rétorqua Salazar. C'est aussi désolant que le sort du clan de trolls que vous avez anéanti.
— Ces trolls étaient agressifs et dangereux, objecta Godric. Ils traquaient les habitants…
— Précisément » l'interrompit Salazar.
Godric allait répliquer quand Helga revint avec les reliefs des repas de la soirée. Il n'en fallait pas plus pour restaurer la bonne humeur de trois chevaliers. Ceux-ci invitèrent même les autres voyageurs à se servir.
Salazar proposa aux chevaliers de faire alliance contre Silas. Pour les faire céder, il inventa que la prime sur la tête de Silas ne correspondait qu'à un quart de la somme restant due à la compagnie des apothicaires.
Le faux représentant expliqua qu'il voulait se reposer quelques jours car le voyage avait été harassant. Et surtout, il attendait des renforts de la compagnie. Un coup d'œil à Helga lui fit comprendre qu'il espérait bien revoir les mages exilés de son comté. Elle hocha la tête. Certes elle désapprouvait la mascarade mais cela lui semblait à peu près juste.
De son côté, Godric voulait se renseigner un peu plus sur les prétentions du duc et sur les accusations à l'égard du mystérieux Salazar. Le jeune mage restait toujours introuvable. La seule chose de sûre c'est qu'il continuait à fuir vers l'ouest avec son compagnon d'armes français et quelques hommes. Il semblaient presque narguer le grand traqueur de la maison Gryffondor. Quelle frustration !