Un éclat de peur traversa les yeux des mercenaires. Il n'y avait aucune issue possible. Les mages, les guerriers et les serpents de Salazar les cernaient de toutes parts. Gryffondor aurait dû rendre les armes et plier le genou devant Serpentard.
« Maître Serpentard ? tenta-t-il. Si je vous traque avec autant d'acharnement, c'est à cause d'une promesse que j'ai faîte à mon père.
— Vous m'en voyez ravi, siffla Salazar.
— Mon père a combattu aux côtés de Caïus Black. Caïus lui a sauvé deux fois la vie grâce à ses remèdes. Quand ma famille a appris que votre comté était en guerre, mon père m'a envoyé pour évacuer la famille Black et quand je suis arrivé, Caïus avait été empoisonné et les héritiers officiellement morts.
— Comment ça empoisonné ? interrogea Selena. Il a été égorgé pour trahison, c'est ce que vous m'avez dit Salazar.
— Quand votre père vous a stupefixé et m'a ordonné de vous emmener, nous l'abandonnions au bûcher. Je lui ai laissé une fiole de poison pour mourir en douceur. Caïus était mon premier maître en magie. Il savait ce que contenait cette fiole. Il avait le choix. Je ne tenais pas à vous infliger ce genre de détail lorsque je vous ai fait évader. »
Un silence glacial accompagna l'explication mais Selena finit par opiner.
« Reprenez, ordonna-t-elle à Gryffondor.
— J'avais le choix entre traquer Silas pour avoir plongé le comté en guerre et Salazar qui avait exterminé les Black. J'ai commencé par traquer Salazar pour la mémoire de Caïus.
— Sans vérifier vos informations ? » demanda Salazar d'une voix doucereuse.
Le chevalier se raidit mais acquiesça.
« Je n'ai pas confiance en vous, asséna Selena. Vous êtes un mercenaire donc complètement corruptible. »
Gryffondor ouvrit la bouche pour protester mais Selena reprit aussitôt.
« Et je n'ai jamais entendu parler de vous jusqu'à aujourd'hui.
— Moi si, indiqua Salazar. Mais je ne pensais que les Gryffondor considéreraient cette situation comme une dette de vie. Après tout, Caïus était guérisseur avant d'être intendant.
— Ce n'était pas une dette de vie. Juste une amitié née sur le champ de bataille.
— Peu importe à vrai dire, lança Renart. Même avec une dette de vie, les primes ne portent pas sur la maison Black mais sur les frères Serpentard et moi-même. »
L'animagus français était resté silencieux jusqu'ici. Son intervention jeta un froid sur l'assemblée. Il avait raison.
« Salazar et le baron nous ont tirés des griffes des soldats moldus, indiqua Selena en posant la main sur l'épaule de son petit frère.
— Le comté de Serpentard est en guerre, c'est trop dangereux de vous laisser ici avec eux, objecta Gryffondor. Sur les terres de mon père, vous serez en sécurité. Serpentard peut très bien échouer à reconquérir son fief.
— Je renonce aux terres familiales. Elles sont ruinées de toutes manières. La seule chose qui m'intéresse c'est la tête de Silas.
— Nous aussi voulons le retrouver, expliqua Selena. C'est à cause de ce salopard que nous en sommes là.
— Alors je vous accompagne pour assurer la sécurité des Black, annonça le chevalier.
— Certainement pas ! s'exclama Renart. Il va nous assassiner dans notre sommeil pour la prime.
— J'ai de l'honneur moi ! rugit Gryffondor en semblant oublier qu'il était entouré d'ennemis. Je n'attaque que face à face et je tiens mes promesses. Qu'est-ce qu'il faut pour en convaincre ?
— Un serment inviolable » proposa immédiatement Salazar.
Gryffondor pâlit, réfléchit mais finit par hocher la tête.
« Salazar ?
— Renart ?
— Mon ami, c'est ici que nos chemins se séparent. Aussi doué que tu sois, il y a toujours moyen d'exploiter les failles d'un serment inviolable.
— Je comprends, finit par articuler Salazar. Tu rentres en France ? »
Renart hocha la tête.
« Fais en sorte d'informer le duc de Normandie sur la situation politique moldue, grogna Serpentard avec un rictus.
— Histoire qu'il se débarrasse de ton envahisseur ?
— Ça et pour t'éviter de fuir la France à la moindre empoignade.
— Ysengrin n'a pas autant de pouvoir, ricana Renart. J'avais surtout envie de voyager à nouveau quelque temps.
— Ça ne pourra pas te desservir d'en obtenir davantage mon ami.
— Quand tu en auras fini avec Silas, et probablement avec Gryffondor va en Écosse. »
Les deux hommes ignorèrent l'exclamation choquée du chevalier.
« Trouve la famille Serdaigle. Ce sont eux qui m'ont formé à la magie la première fois que j'ai été exilé par mon suzerain. Les Serdaigle sont brillants. C'est avec eux que j'ai appris la métamorphose humaine. Va voir Rowena de ma part. Je ne sais pas si elle m'a pardonné d'avoir emmené sa grande sœur en France mais Hermeline s'y plaît.
— Et il est temps que tu la retrouves, termina Serpentard.
— C'est ça. Ne te perds pas sur le chemin de la vengeance mon ami. Les enfants Black et tous ceux qui te suivent te font confiance. »
Salazar et Renart échangèrent un sourire et une accolade sincère.