Bogrod day 1er mai 1998
Cling cling. Le bruit de l'or résonnait dans toute la pièce. Bogrod leva la tête un instant pour regarder devant lui, la banque n'était ouverte que depuis quinze minutes, et pourtant, devant les comptoirs se pressaient déjà, tous types de sorcières et sorciers venus retirer ou déposer leur argent. Poussant un petit soupir agacé, il se remit à trier le sac de pièces posé sur son bureau. Il en avait vu passé des pièces durant ses Septante-quatre années passées chez Gringotts : des noises, des mornilles, des gallions ainsi que toutes sortes d'autres pièces. Il lui était même déjà arrivé de tomber sur de la monnaie moldue, trouvaille rare qu'il avait bien pris la peine de cacher à ses collègues et s'était empressé de ramener chez lui.
Avec l'aide d'une loupe, il inspectait une pièce d'or, puis d'un geste presque machinal, il fit glisser celle-ci vers le tas déjà formé sur sa gauche. Il s'apprêtait à inspecter la pièce suivante quand il entendit prononcer son nom. Devant lui se tenait un autre gobelin, il paraissait beaucoup plus jeune et portait un costume complet de couleur bordeau, une cravate noire, de courts cheveux noirs et large ventre qui, au vu de sa petite taille, lui donnait une forme étrange.
- Je vous rappelle que c'est vous qui avez été désigné pour cette semaine Bogrod, il serait temps d'aller vous en « occuper », ne croyez-vous pas ?
- Bien sûr, monsieur Ventoc, je me préparais justement à descendre. En disant ces mots, il ne put s'empêcher de ressentir une certaine appréhension.
Il prit son trousseau de clés, se leva de son siège et salua son patron. Bogrod commença à marcher vers l'arrière salle réservée uniquement aux gobelins. Il passa devant le réfectoire et plusieurs autres portes fermées, et arriva rapidement devant une petite salle. En rentrant, il constata qu'elle ne comportait qu'une chaise et ce qui semblait être un grande placard. Il trouva rapidement ce qu'il cherchait. Le gobelin se mit devant le meuble et l'ouvrit. Il était vide, mais au fond de celui-ci se trouvait une tapisserie. Elle représentait une cascade. Bogrod entra dans l'armoire, et du bout du doigt, il toucha plusieurs points différents au sein même du dessin. Après la quinzième pression du doigt, il recula d'un pas.
La tapisserie se mit alors à se séparer en deux et une petite ouverture se créa au centre de la cascade. Bogrod se laissa glisser vers l'avant et entra au sein de l'ouverture, et se retrouva dans un ascenseur. C'était un secret connu seul des gobelins, mais il était possible d'accéder aux souterrains sans avoir à passer par les wagonnets. Il toucha un point précis entre les murs de l'ascenseur avec son ongle crochu et fit diriger l'engin vers les profondeurs de Gringotts. Les portes se refermèrent, et l'ascenseur, grâce à la magie, descendit très rapidement, en direction de sa destination. Bogrod n'aimait pas descendre aussi loin car les coffres se trouvant au dernier étage étaient bien souvent remplis d'objets desquels émanaient des vagues de magie noire mais il y avait autre chose que Bogrod redoutait encore plus.
L'ascenseur atterri avec douceur sur le sol et Bogrod sorti et fit quelques pas. Il faisait très calme. On pouvait percevoir le son émanant de la cascade des voleurs. Elle projetait des gouttelettes d'eau sur son visage. Il marcha ainsi durant un temps à demi pas pendant quelques instants, puis il se figea. Il était venu de nombreuses fois et pourtant cette vision l'avait toujours impressionné. À une vingtaine de mètres de lui, se reposait un immense dragon à la peau pâle. Ses pattes arrière étaient attachées à une lourde chaîne. L'immense créature avait beau dormir paisiblement à une distance raisonnable du gobelin, on pouvait sentir la caresse de souffle chaud sur plusieurs mètres.
Bogrod ramassa un objet disposé à l'entrée de la salle où dormait le dragon. On aurait dit une sorte d'haltère. Cet objet devait être conçu pour produire un bruit bien particulier.
Il passa devant la bête en essayant de faire le moins de bruit possible et alla de l'autre côté de la salle où se trouvait une sorte de gigantesque réservoir accroché au sein même du mur. Il en tapota l'extrémité avec son doigt fin, et le réservoir s'ouvrit pour laisser tomber sur le sol l'immense carcasse de ce qui semblait être un éruptif, avant de se refermer à nouveau sur lui-même. Au même moment, Bogrod remarqua qu'il ne percevait plus aucun bruit autour de lui. Un silence pesant se faisait lourdement ressentir. Il n'entendait plus les ronflements du dragon, et d'instinct, il agita le tintamarre qu'il tenait toujours fermement dans la paume de sa main, ce qui provoqua un énorme vacarme. C'était la seule façon de pouvoir repasser devant la créature, maintenant réveillée, sans risquer une mort atroce. Il s'empressa de quitter la pièce, sans oser croiser le regard du dragon qu'il entendait hurler de douleur, et stoppa son geste une fois qu'il fut en sécurité. Il remit alors le tintamarre à sa place et se retourna pour regarder le dragon manger son repas. Maintenant qu'il ne risquait plus rien, il se laissa même aller à admirer quelques instants la majestuosité de cette créature ailée.
Puis, il reprit finalement le chemin de l'ascenseur et remonta à la surface. Il retourna à son bureau, et repris la vérification des pièces là où il l'avait laissée, et en inspecta une nouvelle. Il ne lui fallut que quelques instants pour comprendre que c'était une fausse pièce de farfadet, il la jeta alors derrière lui tout en marmonnant dans sa barbe. Bogrod se relança dans une autre expertise sans poser le regard sur les sorciers qui venaient de faire leur entrée dans la banque. Il ne s'était pas rendu compte que les nouveaux arrivants s'étaient avancés jusqu'à lui, ce n'est que lorsque qu'il entendit un raclement de gorge qu'il leva la tête.
Une grande femme, pale avec d'épais cheveux noirs, et un homme roux lui faisait face.
- ah madame Lestrange...
Face à Bellatrix Lestrange, Bogrod pensa que cette longue journée ne faisait donc que commencer.