Mr Phineus Black vit Miss Lizbeth Lux tourner les talons. Merlin, qu’avait-il fait ? Il avait essayé de lancer un trait d’esprit, une plaisanterie, pour détendre l’atmosphère étrange qui les entourait, elle, jeune moldue dont les mains étaient griffées jusqu’au sang, et lui, qui l’avait malencontreusement bousculée. Et voilà qu’elle l’avait mal pris, ou plutôt qu’ils ne s’étaient pas compris. Il avait voulu lui lancer un sortilège de confusion, histoire de ne pas mettre le Secret Magique en danger, mais il n’avait pas été assez rapide et elle était partie, furieuse et en l’insultant.
Il lâcha sa baguette au fond de sa poche et se passa une main nerveuse et embarrassée dans ses cheveux noirs et mi-longs. Qu’avait-il pu lui dire qui la mit dans un tel état ? Il ne l’avait pas insultée, il…
Sa corbeille. Merlin, elle avait oublié sa corbeille de linge. Il souleva le panier et poussa sa porte d’entrée d’un coup d’épaule. Il la vit rapidement, au bout de la rue, un chignon de cheveux blonds entourés d’un foulard.
« Miss Lux je… »
Elle tournait déjà au coin de la rue, alors il se hâta de la rejoindre, essayant tant bien que mal de caler la panière sous son bras comme les lingères le faisaient. Il abandonna quand il manqua de renverser le panier sur les pavés pour la seconde fois.
« Miss Lux je…
— Mais ça va pas ! hurla-t-elle en faisant un bond d’un mètre sur le côté, son visage énervé l’instant d’avant à présent complètement en colère. C’est pas permis d’apparaître comme ça à côté des gens et de leur hurler aux oreilles ! Surtout quand on a dit qu’on voulait plus les voir !
— Mais je… bafouilla-t-il de plus en plus perdu.
— Et vous m’avez volé mon panier de linge en plus ! dit-elle carrément offusquée en tirant sur son panier en osier. Rendez-moi ça ! Vous êtes quoi ? Un magicien ? Vous faites peur aux gens et vous leur volez des choses ?
— Mais non ! Je suis… je… magie… bafouilla-t-il, atterré, en tirant sur le panier pour le garder.
— Allez, arrêtez ça ! La magie, monsieur, ça n’existe pas ! Arrêtez de…
— Pourquoi parlez-vous de magie ? demanda-t-il à présent affolé. »
S’il avait trahi le secret magique, par Merlin, comment… Il était au Magenmagot en plus, si les juristes et les hommes de loi ne respectaient même pas cette loi essentielle à la communauté sorcière comment…
« Mais c’est quoi votre problème ? La magie remplira pas mon assiette… PUISQU’ELLE N’EXISTE PAS ! s’écria-t-elle en réussissant à lui arracher la corbeille. »
Mais la Magie ne pouvait pas créer de la nourriture puisque les Cinq Lois de Gamp…
« Et puis zut, cessez de m’embêter, je vais finir par me faire renvoyer avec vos ennuiements ! Vous voulez que je sois à la rue, c’est ça ? s’exaspéra-t-elle parce qu’il continuait de la suivre sans doute. Eh quoi ? Vous avez peut-être du travail pour moi ? Je vous l’ai dit, j’ai rien à faire avec les détraqués.
— Mais je ne suis pas un Détraqueur, bredouilla-t-il. »
Il la rattrapa alors qu’elle loupait le trottoir. Elle se dégagea d’un coup sec de ses mains.
« Bah vous ressemblez bien à un détraqué, si. Qu’est-ce que vous me voulez ? J’ai besoin de la recommandation de la vieille Tilda pour trouver une place de gouvernante, alors si vous pouviez…
— Je vous embauche, bafouilla-t-il avec embarras. »
Elle s’arrêta enfin. Il la regarda cligner des yeux, des yeux qu’elle avait bleus, et froncer ses sourcils, des sourcils tout aussi blonds que ses cheveux.
« Hein ? grogna-t-elle en tournant la tête vers lui.
— Je… je ne suis pas un détraqué, je ne voulais pas vous mettre dans l’embarras, je voulais seulement soigner vos mains, je… je cherche quelqu’un, alors je vous embauche. »
Merlin, lui, sorcier, toujours méfiant vis-à-vis de sa famille, cette idiote de Maison des Black, employer une moldue chez lui, dans une maison ensorcelée ?
Il avait un grain.