Lucius Malefoy était extrêmement tendu ce jour-là lorsqu’il reçut Octavius Nott dans son salon confidentiel.
Pourquoi pas dans son bureau puisque son épouse n’était plus là depuis des jours ? Difficile à expliquer mais c’était visiblement comme cela et pas autrement. Aussi le notaire des Sang Purs se garda bien de la moindre objection.
Comme à chaque fois qu’il le recevait, Lucius Malefoy sortit une bouteille de Whisky du tiroir de son bureau ainsi que deux verres, en proposa au notaire qui accepta et, quelques instants plus tard, ils étaient assis face à face dans les fauteuils autour de la cheminée à discuter tout en buvant.
- Et votre nièce alors ? Demanda t-il comme si la question avait été parfaitement anodine.
- Toujours en Allemagne, répondit Lucius Malefoy sur un ton tendu, bien que je garde espoir de la ramener ici. Je me suis laissé dire que tout ne se passait pas forcément pour le mieux… Et elle a un souci de baguette magique…
- Un… Souci de baguette magique ?
- Oui, répondit le sorcier tandis que sa mâchoire se crispait un peu. Elle a été agressée par deux camarades et il semblerait bien que sa baguette ait pris un coup à ce moment-là. Les fabricants allemands sont incapables d’expliquer la chose, aussi je lui ait envoyé une lettre pour lui proposer de l’héberger si elle revenait la faire voir en Angleterre… Ou bien de lui en renvoyer une puisque certaines baguettes de la famille sont encore conservées au Manoir.
Octavius Nott le savait et il avait d’ailleurs deviné que son client n’avait guère bénéficié de ce stock, pour quelle raison ? Mystère. Il n’avait mis que quelques instants à se faire une idée précise de l’état d’esprit de Lucius Malefoy et ce mensonge grossier venait confirmer ses soupçons : Bien qu’il affecte de ne rien ressentir, il était profondément ébranlé par la réaction si violente de son épouse et son départ extrêmement subit du Manoir Malefoy.
Et malheureusement, Octavius Nott craignait de lui asséner encore une gifle de plus lorsqu’il lui apprendrait ce qu’il avait découvert ces deux derniers jours.
À sa grande surprise pourtant, Lucius Malefoy le devança en le questionnant directement :
- laissez-moi deviner Octavius. Elle a ses propres fonds ?
Le notaire acquiesça gravement et répondit :
- Oui Monsieur Malefoy.
- Et vous n’en aviez aucune connaisssance ?
- Nous ne l’avons pas vu car le Ministère a bien joué son rôle d’écran de fumée, répondit Octavius en pesant chacun de ses mots. Ce coffre appartient à votre épouse qui l’a probablement entretenu durant des années.
- Comment est-ce possible ?
- Le coffre de la branche aînée des Black est passé par le Décret des sept ans, il n’est pas revenu intégralement à Androméda Tonks dès la fin de la guerre, au contraire de ce que nous pensions…
- Mais c’est impossible ! S’écria Lucius Malefoy. Pourquoi donc le Ministère de la Magie aurait-il privé Androméda Tonks de son héritage ?
- Cela reste encore à établir, répondit Octavius Nott. Ce que je sais en revanche, c’est qu’il y a eu des tractations entre Androméda Tonks et votre épouse au sujet du coffre. Aujourd’hui, cette dernière en est même la propriétaire légitime et en possède la moitié du patrimoine financier d’origine, plus tous les biens de valeur qu’il contenait puisque Androméda Tonks n’a pas voulu y toucher.
C’était le coup de trop et Lucius Malefoy s’affaissa légèrement sur son siège, visiblement mal en point.
- Une belle fortune… Commenta t-il sombrement, sans parvenir à dissimuler l’effroi que lui inspirait cette découverte.
- Oui, répondit Octavius Nott. Plus de cinq mille gallions qui reviendront un jour à votre fils… Mais qui nous échappent en attendant, comme de nombreuses autres fortunes anciennes qui sont aujourd’hui détournées au profit des amoureux des moldus.
Lucius Malefoy ne formula aucune réponse articulée, mais il émit un sifflement de dégoût qui en disait très long sur le fond de sa pensée.
Pourtant, il restait plus accablé qu’en colère, ce qui était loin d’être habituel chez lui bien que cela soit compréhensible aujourd’hui. Sa propre épouse n’avait-elle pas entretenu dans son dos une fortune rien moins que négligeable ? Et cela n’indiquait-il pas sans le moindre équivoque qu’elle cherchait depuis longtemps à se soustraire à son contrôle ?
- Ai-je la possibilité de réagir ? Demanda t-il. Après tout je suis son époux et la fortune devrait donc également me revenir.
- Pas si sûr, répondit Octavius Nott sur un ton prudent. Le coffre des Black ne fait pas partie du contrat de mariage que vous avez passé avec Narcissa Malefoy. Et à vrai dire aucune disposition ne pourrait vous en faire l’héritier. Seule votre épouse en dispose.
- Pourtant il n’est devenu sa propriété qu’après notre mariage, répondit Lucius. Ce qui est supposé être à elle est à moi aussi dans ce cas.
- Monsieur Malefoy, répondit Octavius Nott, de plus en plus mal-à-l’aise. Ce coffre fait partie intégrante des biens de la famille de votre épouse. Et dans votre contrat de mariage, il est spécifié que, de tous les biens que pouvait posséder la famille Black, seule la dot de votre épouse vous revient. Les Blacks avaient pris des disposition afin que leur fortune personnelle passe à leur fille aînée dont le mariage était moins prestigieux que celui de la cadette. Ils voulaient lui donner les moyens de fonder une lignée également puissante et ils ont tout fait pour que son héritage ne puisse être entammé par autrui.
Lucius Malefoy avait compris, et à présent il paraissait encore plus accablé.
- Or, souffla t-il. Bellatrix est morte comme son mari.
- Oui, répondit Octavius Nott. Votre épouse et sa sœur ont donc hérité d’un coffre sur lequel aucun de leurs mari ne pouvait avoir de prétentions, et elles se sont empressées de le partager sans rien en dire à qui que ce soit.
- Vous êtes sûr qu’elles se sont entendues ?
- Sans aucun doute, répondit Octavius avant de sourire en jouant sa dernière carte : En revanche, et ceci est une bonne nouvelle, je ne sais pas si votre épouse a bien conscience que vous ne pouvez pas contrôler le coffre des Black. Il n’y a qu’à voir l’empressement qu’elle a eu… Et qui nous a d’ailleurs permi de la pister.
Lucius Malefoy acquiesça et ils discutèrent encore un moment, avant qu’Octavius Nott ne se décide à lui demander, juste avant de partir :
- Qu’allez-vous faire ?
- Pour commencer, répondit le châtelin. Je vais la contacter directement. Agir autrement ne serait sûrement pas très efficace, et créerait à coup sûr du désordre propre à nous faire soupçonner.
Octavius acquiesça. Il doutait que Narcissa Malefoy tombe dans le piège de son mari. Mais à bien y réfléchir la situation que vivait cette famille pouvait bien retourner n’importe lequel de ses membres.
Or, si ce qu’on lui avait dit était vrai, il y avait bien une Malefoy qui pourrait servir de moyen de pression si Narcissa se montrait trop intransigeante… Ne restait plus qu’à décider de la meilleure manière d’agir.
C’est d’une démarche victorieuse qu’il quitta le manoir, devinant que le regard accablé de Lucius Malefoy suivait chacun de ses pas.
Note de chapitre:
Bonne lecture!!! :)
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