Coucou,
Je rajoute ce chapitre que j'ai écrit lorsque MadameMueller m'a fait remarquer que le suivant manquait un peu d'action!
J'espère qu'il vous plaira et je vous souhaite bonne lecture.
Petite note: je l'ai écrit en prenant pour inspiration la chanson "à la manifestation" des Cowboys fringants!
A treize heure pile les manifestants étaient arrivés, criant tous d’une même voix "S.O.S Liberté" puis « vive la diversité! », surgissant en quelques secondes de tous les côtés du Chemin de Traverse. Cela dit, on ne pouvait nier que l’action avait été préparée avec beaucoup de soin.
Comme Narcissa, tous avaient pris soin de se vêtir de manière neutre pour venir sur le Chemin de Traverse et de se changer d’un coup de baguette au dernier moment, avant de converger très vite vers le lieu du rassemblement…
A savoir entre la librairie Fleury et Bott et Weasley Farces et Attrapes, les deux enseignes connues pour soutenir leur cause politique.
Très rapidement, la rue s’étaient retrouvée remplie d’une foule de gens venus de tous les horizons. A présent la foule des manifestants qui continuaient de s’attrouper dans l’espace relativement exigu du Chemin de Traverses devenait de plus en plus multicolore. Ils étaient accoutrés comme des hippies moldus, portant des robes ou des pantalons sans véritable distinction de sexe…
Non, en vrai Narcissa avait l’impression de se retrouver au milieu d’un groupe de hooligans tandis qu’elle scrutait toujours la boutique de l’herboriste dans l’espoir très mince d’apercevoir Lucius.
Non mais sérieusement, quelle idée avait-elle eue là ? Il était clair que, dans de telles circonstances, il ne risquait pas de venir !
D’ailleurs à côté d’elle, un type patibulaire avec les yeux rougis par elle ne voulait pas savoir quoi était en train de hurler comme un perdu… Vociférant des slogans plutôt agressifs :
« Niquez les Sang-Purs! »
Aussi Narcissa s’éloigna t-elle prudemment de lui, reculant de manière à ne pas être prise au milieu de la mêlée. Elle se retrouva bientôt à côté d’une jeune femme tout en cheveux longs et surplus d'armée qui tenait la main à un type en bedaine jouant du tam-tam et chantant à tue-tête.
Visiblement il s’agissait d’airs moldus très connus car nombre de nés-moldus qu’elle voyait autour d’elle les reprenaient en chœur.
Mais pourquoi chantaient-ils tous « Don’t worry, be happy » ????
Narcissa soupira et sourit tristement en pensant à Androméda, à présent endeuillée depuis presque huit ans et qui ne s’était jamais vraiment remise de la mort de son mari.
Franchement, on se serait cru trente ans plus tôt, alors qu’elle pistait sa sœur aînée en train de manifester avec les moldus pendant la guerre du Viet-Nam. Elle retrouvait tous les clichés des manifestations de cette époque, même s’il lui semblait que l’ambiance était encore plus électrique.
Oui, le rappel n’était qu’une illusion pensa t-elle avec anxiété. De l'époque des hippies et autres pacifistes qu’elle avait tant épiés, des chemises en macramé, des filles poilues en dessous des bras se baladant de manière totalement décomplexée dans la rue, il ne restait plus que l’apparence.
Une colère monstre et le sentiment d’être concernés de beaucoup plus près bouillait chez les manifestants.
De ce qu’elle pouvait en voir, ils venaient d’horizons très divers : nés-moldus, cracmols, sang-mêlés, vieilles familles même, puisqu’elle apercevait Smith, Londubat et Macmillan.
Tous étaient là pour manifester contre la suprématie des vieilles familles conservatrices. Une foule bien mince pour la cause qu’ils défendaient et la plupart des manifestants grelottaient à cause de la pluie fine et froide qui tombait depuis le début de la mâtinée.
En ce froid jeudi de fin d’hiver, c’était surtout d’anciens étudiants désœuvrés qui battaient le pavé, auxquels s’ajoutaient quelques passants intéressés et membres de leurs familles…
D’ailleurs, n’était-ce pas Augusta Londubat qu’elle apercevait tenant la pancarte tout devant, marchant d’un bon pas et chantant comme tous les autres ?
Cette vieille les enterrerait tous décidément !
Narcissa songea douloureusement que si Nephtis Malefoy avait encore été de ce monde, elle aurait apprécié de participer à l’événement aux côtés de sa vieille amie… Mais d’un côté, si Nephtis avait encore été de ce monde, Seamus Finnigan également et il y avait donc fort à parier que cette manifestation n’aurait jamais eu lieu.
Pour le reste, la foule se composait essentiellement des contestataires historiques, qui avaient d’ailleurs largement investi le spot, familles Weasley et Macmillan en tête mais pas seulement… Tout ce qui restait de l’Ordre du Phénix semblait aussi avoir répondu à l’appel…
A présent, Narcissa écoutait avec surprise Sirius, son vieux cousin cinglé qui parlait à la tribune et semblait se prendre pour un grand général révolutionnaire avec son képi d'officier et le (faux?) pistolet accroché à sa ceinture de Rambo.
Narcissa, elle, songea qu'il lui manquait sûrement une case, surtout lorsqu’il répliqua à l’interdiction faite par deux aurors d’approcher un trottoir à plusieurs manifestants en proposant d’une voix provocante de « faire un concours de limbo ».
- Rend le micro par Merlin… Marmonna t-elle exaspérée, mais aussi vaguement inquiète.
Le reste de l’assistance pourtant ne fit qu’en rire et, comme la foule s’agitait un peu, Narcissa eut un sacré choc en apercevant Androméda juste de l’autre côté de la rue… Ainsi que Nymphadora qui tenait la main de son fils…
À la manifestation!
Mais elles étaient folles ou quoi ?! C’était tout sauf un endroit pour les gamins !
Alors peut-être que tout le monde rêvait de révolution ici, Narcissa elle-même pouvait bien le comprendre après tout… Mais un enfant au milieu de ce qu’il n’allait pas manquer de tourner à l’émeute dans les minutes à venir…
- Irresponsable… Souffla t-elle tout bas.
- Fuck ! On s’gèle le cul là… Marmonna à côté d’elle une adolescente qui, à n’en pas douter, sortait droit de l’allée des Embrumes et qui montait visiblement la garde à côté de la réserve d’alcool de sa bande avec une poignée de comparses.
Narcissa se ravisa juste à temps, évitant de justesse de se retourner pour la réprimander. Ce n’était clairement pas la chose à faire si elle voulait continuer à passer inaperçue.
Enfin le cortège s’ébranla sous la pluie froide du mois de décembre... Même si la chose se déroulait pacifiquement et que la foule scandait seulement de beaux slogans contre les conservateurs, Narcissa redoutait l’instant où les aurors perdraient le contrôle du rassemblement et où celui-ci virerait à l’émeute dans le chemin de Traverse. Il faut dire que le quartier sorcier tenait davantage de la ruelle médiévale que du grand boulevard, même si des aménagements y avaient été réalisés et qu’il avait été modernisé depuis sa création, des siècles plus tôt.
Si tout dégénérait, cela tournerait très vite à la journée des barricades…
Narcissa ne croyait pas si bien dire. Il fallut moins d’une vingtaine de minutes pour que la rue sorcière s’embrase, au sens figuré dans l’ensemble mais ce qui suivit fut tout de même particulièrement effrayant.
Les casseurs jaillirent de nulle-part, bravant l’impossiblilité de transplanner (mais comment?), à moins qu’ils ne se soient dissimulés avec on ne sait quoi.
Sweats de ninjas moldus, cagoulés et gantés, bandanas colorés devant le visages, ils jetèrent plusieurs projectiles explosifs dans deux vitrines du Chemin de Traverse probablement prises au hasard qui s’enflammèrent aussitôt.
Attend une seconde… Prises au hasard ? Narcissa n’en était pas si sûre à présent qu’elle voyait Monsieur Fleury et Gilda Marty se battre contre les flammes qui menaçaient les rayonnages de leur librairie, aidés de deux clients.
Quant-aux aurors, ils s’étaient précipités vers la boutique de Madame Guipure, beaucoup plus sévèrement touchée, tandis que d’autres tentaient de maîtriser les casseurs et de les éloigner des zones sensibles.
Un combat acharné s’engagea aussitôt tandis que la foule s’écartait en hurlant dans la panique la plus totale. Narcissa fut prise dans le mouvement et se retrouva soudain totalement au milieu de la foule en colère.
- Les "boeufs" sont rentrés dans l'tas ! Hurla quelqu’un en riant à gorge déployée.
- Non mais vous êtes complètement frappés ! S’écria en réponse un des frères Weasley, Narcissa ne vit pas lequel, seulement la tignasse rousse.
À cet instant, non loin d’elle, Nymphadora Tonks stupéfixia l’un des casseurs tandis que Filius Flitwick qui se tenait à ses côtés en terrassait un autre. Narcissa étouffa un hoquet de stupeur en réalisant qu’il portait les habits du jeune Teddy, le petit garçon de Nymphadora…
- Les aurors avaient prévu le coup… Souffla t-elle en comprenant le stratagème utilisé par la jeune femme pour surveiller de l’intérieur la manifestation, tandis qu’elle essayait de s’éloigner du cœur de l’affrontement.
- Pis j'te jure qu'y ont pas veillé tard... murmura avec jubilation une jeune fille pourtant plutôt distinguée qui se tenait juste à côté d’elle.
Mais les aurors reprenaient-ils véritablement le contrôle des événements ? Narcissa comprit que non au moment où tout dégénéra de nouveau :
En guise de protestation, plusieurs manifestants se déshabillèrent entièrement et se mirent soudain à danser tous nus entre les aurors et le reste de la foule, provoquant agitation, éclats de rires et un regain de révolution. Tout cela bien sûr, en plus de permettre au gros des troupes de casseurs de s’évaporer...
Voilà donc en quoi consistait « l’action coup-de-poing » du jour ? Se mettre en tenue d’Eve et danser devant le Ministère ? Mais c’était complètement horrible !
Non, en fait c’était parfaitement débile
Narcissa s’assura d’un regard que le professeur Londubat et sa grand-mère avaient eu le bon sens de ne pas céder à cette nouvelle mode…
… Non, et heureusement d’ailleurs autrement le scandale aurait été terrifiant.
En revanche, Ernie Macmillan et elle ne savait encore quel Weasley, sans doute le second, ne s’étaient pas encombrés d’autant de considérations et la sorcière détourna les yeux, franchement gênée.
Cela dit, la tête que faisaient les aurors était à mourir de rire, même si elle soupçonnait que certains affectaient seulement d’être choqués et qu’ils auraient soutenu le mouvement du moment que les casseurs auraient été maîtrisés…
Sauf que là, ils ne l’étaient pas encore et l’agitation provoquée par les manifestants permit à l’un d’eux de frapper la boutique Ollivander…
Narcissa en resta choquée. Elle ne comprenait pas, pourquoi un tel choix de leur part ? C’était à croire que les casseurs poursuivaient un but inverse à celui des manifestants.
Les aurors chargèrent aussitôt, cette fois-ci pour de vrai et ce fut le chaos total.
On entendait les chiens de la rue japper, ainsi que les chats, les hiboux et même les crapauds de l’animalerie tandis que la foule en colère devenait de plus en plus fébrile et incontrôlable.
Narcissa comprit que c’était dangereux et elle commença à s’éloigner, craignant d’être bousculée car la bagarre entre aurors et manifestants avait à présent bel et bien commencé. Des pavés volaient, de même que des livres, des chaudrons et même… Un assortiment de citrouilles ?
Du coin de l’œil, elle aperçut Androméda qui s’enfuyait également de l’autre côté de la rue et se maudit de n’avoir pas essayé de se rapprocher d’elle lorsqu’il en était encore temps.
Pendant ce temps, et totalement indifférente à la panique, l’équipe de joyeux lurons qui dansaient à nus sous la pluie faisait l’effet d’une mauvaise parodie des Opéras sorciers du début du siècle précédent.
C’est ce moment précis que le ciel choisit pour se déchaîner à son tour.
Narcissa fut trempée en quelques secondes, alors qu’elle tentait désespérément d’atteindre l’extrémité de la rue pour se mettre à l’abri autant des projectiles que de la pluie battante.
Elle avait froid, elle était effrayée, mais sa fascination était telle qu’elle ne pouvait pas détacher ses yeux de la manifestation.
Tant pis pour Lucius, jamais encore elle n’avait vu une telle chose !