Enfin toute cette folie semblait s’être calmée… Que ce soit la sienne ou celle qui avait agité les lieux durant l’après-midi.
Il n’y avait plus âme qui vive dans la rue et les aurors s’étaient enfin éloignés, considérant le désordre comme réglé ou poursuivant les derniers manifestants. Cela dit, l’affrontement avait laissé des traces : mobiliers urbain endommagé ou renversé, déchets au sol et cette peinture verte légèrement luminescente que les manifestants répandaient partout pour rappeler le maléfice Avada Kedavra qu’avait reçu leur idole.
Cachée derrière la devanture encombrée d’un magasin de décoration magique où elle s’était réfugiée en prétextant l’effroi au moment où l’émeute avait éclaté, après avoir participé à la manifestation dans un premier temps, Narcissa s’autorisa un soupir de soulagement tout en rajustant son chapeau sur sa tête.
Heureusement qu’elle s’était entraînée à changer de tenue en un seul coup de baguette en prévision de cette escapade ! Grâce à cela elle venait d’échapper de peu à une arrestation durant l’après-midi. D’ailleurs son cœur battait encore à tout rompre sous l’effet de l’excitation.
En vrai, la sensation était presque grisante et elle en était à se demander si elle n’allait pas recommencer dès la première occasion…
Non mais vraiment ! Il fallait vraiment qu’elle se reprenne et de toute façon soutenir de telles idées ou démarches en étant celle qu’elle était restait totalement surréaliste. Après-tout, elle avait modifié son apparence pour participer sans risquer le lynchage. Et même si depuis quelques années elle se sentait de plus en plus proche de la cause que soutenait la victime, son passé qui jouait en sa défaveur ne pouvait que la faire passer pour une moucharde au sein de ce milieu ;
Et puis d’un côté, quelle mauvaise idée elle avait eu d’attirer Lucius sur le chemin de Traverses alors même qu’une action coup de poing y était menée : un hommage à Seamus Finnigan pour tout dire.
Elle ne pouvait pas le nier, ce qu’elle avait fait était de très mauvais goût voire carrément cynique.
Lucius n’était pas venu bien entendu et Narcissa s’avouait à présent qu’elle ne pouvait que le comprendre. Il était littéralement l’un des derniers à avoir vu le jeune journaliste, peu avant qu’il ne se constitue prisonnier au Ministère et qu’il n’y soit abattu par un des ripoux qui hantaient les lieux.
Une sordide affaire de règlements de comptes et de dissimulation de preuves qui les avait tous les deux terriblement secoués.
Alors bien entendu, elle aurait du y penser tout de suite : Lucius était beaucoup trop impliqué dans cette affaire pour prendre ne serait-ce que le quart d’un risque en venant à sa rencontre ici, en pleine manifestation d’hommage à Seamus. Cela aurait été un coup à se faire lyncher.
C’est lui en effet qui avait accusé le jeune homme du meurtre de Nephtis, lui qui l’avait menacé et même lui qui avait entretenu si longtemps une relation avec Ernan Cirventès, le véritable coupable qui purgeait à présent une peine de prison à vie à Azkaban.
Plus Narcissa réfléchissait, plus elle avait envie de se morfondre et plus elle se sentait coupable vis-à-vis de son mari à présent. Cela dit, le temps n’était pas à se recroqueviller et pleurer dans un coin. En effet derrière elle, dans l’échoppe, les vendeuses commençaient à plier boutique et il allait falloir qu’elle quitte les lieux.
Soupirant d’accablement et de résignation, Narcissa regarda sa montre. Celle-ci indiquait cinq heure, sachant qu’avec Gribouille elle avait la permission de six heure avant qu’il ne se mette à démonter la maison.
Les vendeuses du magasin de décoration pliaient un peu tôt certes, mais cela n’était guère étonnant si l’on considérait le fait qu’après la tempête de l’après-midi et l’intervention des aurors, le Chemin de Traverse s’était totalement vidé. Autant rentrer plus tôt en effet et Narcissa quitta les lieux après avoir salué poliment les employées de la boutique qui lui répondirent par un sourire compréhensif.
Elle transplanna directement à Hastings, dans une zone isolée des colines surplombant la ville qu’elle appréciait pour sa discrétion et dans laquelle elle savait pouvoir apparaître sans craindre d’être vue par des moldus. Il faisait soleil et le temps plutôt doux pour la saison invitait à une balade même si le jour tirait déjà vers sa fin.
Autant en profiter rapidement alors.
Narcissa descendit jusqu’au quartier du minigolf par le sentier qui y menait, traversa prudemment la route et se rendit directement sur la plage où le roulis de l’eau sur les galets l’appaisa un peu. Elle aimait bien ce bruit, autant que flâner ici en cette soirée de début d’hiver et, à pas lents, commença à remonter en direction du boulevard qui la conduirait chez elle, loin de l’agitation et du désordre qui avaient perturbé le Londres sorcier ce jour-là.
Une brise légère faisait onduler ses cheveux et elle sentait l’air marin qui pénétrait dans ses narines. Il n’y avait pas mieux pour achever de la détendre...
Un crac sonore la stoppa net et son coeur se remit immédiatement à battre fort lorsqu’elle aperçut la silhouette de celui qui était l’un de ses pires ennemis.
Narcissa se raidit en même temps qu’elle s’arrêtait de marcher. Octavius Nott venait en effet d’apparaître juste devant elle et il était probablement la dernière personne qu’elle avait envie de croiser.
- Mrs Malefoy, dit-il sur un ton neutre.
- Bonjour, répliqua t-elle froidement en le dépassant sans faire mine de lui accorder la moindre attention.
Pourtant son coeur cognait contre sa poitrine et, tandis qu’elle se dirigeait en hâte vers une boutique non loin de la plage, juste de l’autre côté de la route, elle pouvait distinctement entendre le son des pas de l’homme derrière elle.
Par Merlin, cet enfoiré la suivait !
Paniquée, elle transplanna aussitôt et atterrit sans la moindre précaution juste devant chez elle, grimaçant de douleur en sentant son estomac se tordre dans la manœuvre. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre sa respiration normalement et l’angoisse n’arrangeait rien.
Après avoir cherché ses clefs d’un geste fébrile, elle ouvrit enfin la porte et pénêtra à l’intérieur de sa maison, le souffle court. A l’intérieur elle ne risquait rien ou presque puisqu’elle l’avait ensorcelée.
Alors seulement, elle s’autorisa à respirer tandis que Gribouille lui sautait dessus en miaulant.
- J’ai vraiment l’impression d’être traquée, souffla t-elle tristement en attrapant le chaton qui se mit à ronronner contre sa poitrine. Mais il faut bien que je sorte un peu…
Narcissa regardait à présent le soleil qui brillait de ses derniers rayons dehors, oui il fallait qu’elle en profite, traque ou non. Aussi après une brève hésitation, elle reposa Gribouille par terre et ressortit de la maison d’où elle transplanna directement à Londres, plus précisément aux alentours d’Oxford Street.
Après avoir visité le quartier avec Eris et ses amies durant le printemps précédent, lorsque celles-ci avaient décidé de lui faire découvrir le Londres non-magique, elle avait bien envie de refaire les boutiques moldues et commença par entrer dans un magasin de prêt-à-porter qu’elle avait repéré durant les grandes vacances. Ici, une femme de son âge pouvait bien trouver de quoi se vêtir et elle avait à présent la ferme intention de compléter sa garde-robe moldue afin de passer inapperçue tout en étant à l’aise.
Heureusement que ce matin-là, elle s’était justement habillée de la robe noire et discrète qu’elle avait achetée quelques semaines plus tôt dans une boutique bas de gamme de Hastings, et non d’une robe de sorcière qui l’aurait immédiatement affichée.
Déambulant dans le rayonnage, Narcissa fut cependant rapidement confrontée à une petite difficulté : en effet elle ignorait totalement comment fonctionnait le système de tailles chez les moldus et tâtonna donc un peu lors de ses premier essayages.
Toutefois, lorsqu’elle sortit de la boutique une heure plus tard, elle avait trouvé son bonheur et s’offrit même le luxe de changer de tenue d’un coup de baguette afin de se vêtir d’une robe un peu moins noire. Le résultat fut à la hauteur et c’est dans un ensemble bleu plutôt chic qu’elle continua ses emplettes, avant de s’asseoir dans un salon de thé.
Mais lorsque Octavius Nott vint s’installer juste en face d’elle à table et commanda d’une voix totalement décontractée, elle crut véritablement qu’elle allait s’évanouir.
- Je disais donc au moment où vous m’avez quitté, expliqua l’homme en la fixant d’un air doucereux. Qu’il nous fallait parler affaires, et qu’il nous fallait le faire rapidement…
- Quittez ma table, répliqua froidement Narcissa.
- Non, répondit l’homme. Il n’en est pas question…
Ils se défièrent un instant du regard, avant qu’il n’ajoute :
- Mr Malefoy ? Vous vous joignez à nous ?
Note de chapitre:
Coucou à tous!
Après une petite absence, voici la suite de cette fic qui, je l'espère, vous plaira! N'hésitez pas à laisser vos impressions!
Bonne lecture!!!
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