Les étoiles ne sont pas brillantes. Elles ne sont pas belles. Elles sont froides.
Elles sont lointaines, aussi. Et figées. Déjà-mortes mais encore lumineuses, elles sont des poussières dans le ciel bleu qui voudrait se renouveler.
Je les hais.
C’est à cause d’elles que je me cache. Que j’ai appris ce sourire qui me déchire les lèvres quand je joue leur jeu. Que je fais l’ingénue.
Quand je fais comme si j’étais une employée parfaite et pimpante et heureuse alors qu’à chaque seconde les voix hurlent dans ma tête. Leurs pensées. Leurs sales pensées. Et ce fardeau qui me broie les épaules et la santé, qui m’écrase l’esprit et s’acharne sans cesse, je dois le porter gracieusement.
On leur fait peur, nous.
Je leur fais peur. Parce que je suis une femme et que je lis les esprits.
Parce que j’ai ce don. Parce que je suis une Legilimens. Ils voudraient bien pouvoir me contrôler. Ils voudraient dire que parmi les monstres j’en suis un des pires. La magie est puissance, mais cette puissance là est trop inconnue. C’est un poignard dans le dos et une épée de Damoclès.
Alors je les rassure. Je suis une employée rieuse et je fais l’idiote. Je ris délicieusement je porte des robes charmantes je fais des sourires ravissants et j’illumine ces bureaux fades.
Mais le pouvoir ne s’éteint pas. Il est là.
Ils voudraient pouvoir tous nous contrôler. Ils font des lois et ils disent que c’est pour notre bien. Ma liberté à moi elle n’est qu’immatérielle. Dans la vie, je suis attachée.
Ma douleur, personne ne peut la comprendre. Personne ne veut la comprendre. Ils veulent que je me taise.
Vieilles étoiles figées. Je voulais les détruire, d’abord, les assommer de ma colère. Tous leurs sales secrets leurs pensées j’aurais voulu les retourner contre eux. Les transpercer de ce flot de cris qui me tuent à petit-feu.
Et puis tu es là.
Et ma colère s’oublie.
Et puis tu es là, et je suis moi. Et je t’aime. Et tu m’aimes et pour la première fois je me sens heureuse. Je me sens moi. Je me sens libre. Toi et moi, Jacob, on est différents mais on gagnera. Ils ne me prendront pas ça. Ils ne te prendront pas.
Je les hais. Insensibles acérées.
Je hais le Macusa et ses étoiles de glace.
Je hais le Macusa et ses hauts-fonctionnaires.
Mais je me fous de tout. Je serais folle, je serais libre, je ne me tairais pas plus longtemps. Je suis jeune, et je suis amoureuse, que pensez-vous faire de moi ? Vous ne m’aurez pas.
Vous voudriez que mes lèvres se cousent, que je baisse les yeux, que je fasse comme si. Vous voudriez que je le laisse partir sans un bruit.
J’échapperai à vos lois. Jacob et moi, on s’aime. On est plus forts que ça.
On s’enfuira et on s’aimera.
On se mariera.
On sera heureux.
Ce sera l’amour grand, l’amour heureux, l’amour libéré, l’amour dont bougent les étoiles.