Bien sûr que la terre est brûlée quand la pluie l'oublie
Bien sûr que tout est cri puisqu'on n'se l'est jamais dit
L’ambiance au sein du château était électrique, comme chaque fois qu’un match de Quidditch approchait. Elle en devenait presque malsaine lorsque les équipes qui s’affrontaient portaient les couleurs rouge et or, d’une part, et vert et argent, d’autre part. Et lorsque lesdites équipes étaient les dernières en lice pour remporter la Coupe, l’atmosphère en devenait irrespirable, insupportable.
Regulus sortait de la bibliothèque, le nez plongé dans un parchemin lorsqu’il fut témoin d’une échauffourée entre Gryffondors et Serpentards. Il aurait pu faire demi-tour, cela aurait été même une excellente idée. Mais il avait remarqué la présence de son frère dans un des deux groupes, flanqué de ses habituels comparses. Ils se faisaient appeler les Maraudeurs, il l’avait entendu une fois. Face à eux, Rosier, Wilkes, Avery et Rogue les narguaient comme ils savaient si bien le faire. Alors, Regulus resta un instant de trop.
« Reg, viens donc par ici. Je crois que tu sais comment communiquer avec cet abruti, peux-tu m’aider ? »
Le jeune homme serra les dents, mais obéit, les yeux résolument fixés sur Evan Rosier. Mais avant qu’il n’ait pu répondre quoique ce soit, Sirius avait rétorqué d’un ton glacial :
« Cela m’étonnerait qu’il te soit d’une grande aide, Rosier. Ce n’est pas comme si nous avions la moindre chose en commun, à l’exception malheureusement de notre nom. »
Regulus encaissa. Depuis des mois, les deux frères s’étaient soigneusement évités, s’arrangeant toujours pour ne pas se trouver au même endroit en même temps. Finalement, cela n’avait pas été très compliqué. Sirius était constamment accompagné, dans les endroits les plus propices à la socialisation et du grand air, loin de la bibliothèque, du terrain de Quidditch et du club de Slughorn que fréquentait Regulus.
« Il a raison, Evan. Je ne côtoie pas les traîtres à leur sang. Tu perds ton temps avec eux. »
Il fit un mouvement pour s’éloigner mais Rosier le retint par l’épaule. Dos à Sirius, il pouvait littéralement sentir son frère fulminer de rage. Face à lui, Evan esquissa un sourire malveillant alors qu’il fixait le petit groupe de Gryffondors.
« Au moins, ta famille peut compter sur toi pour redorer son blason, n’est-ce pas Reg ? », rétorqua le Serpentard. « Certains sont prêts à faire les engagements qu’il faut. »
Regulus hocha brièvement la tête et quitta le petit groupe, sans jeter un seul regard derrière lui. Il n’appréciait pas la manière dont Evan avait voulu l’utiliser pour asticoter son frère. Ce qui se passait entre Sirius et Regulus ne concernait qu’eux. C’était déjà suffisamment pénible de devoir s’engager activement auprès du Seigneur des Ténèbres, nul besoin d’en faire la publicité à tous vents. Et Sirius… Il ne pouvait pas s’empêcher de faire le coq, de jouer le martyr incompris de tous, inconscient des ravages qu’il provoquait dans son sillage. A cause de son numéro de persécuté, Regulus se retrouvait à assumer son rôle et se sacrifier pour le bien de la famille…
Bien sûr l'amour puisqu'il ne peut plus grandir, s'enterre
Mon frère
Si Sirius n’avait d’abord pas cru Rosier, le silence renfrogné de Regulus et son départ des lieux l’inquiéta. Qu’insinuait-il ? Les sourcils froncés, il fixa le dos de son frère, jusqu’à que James le prenne par l’épaule et l’entraîne à distance des Serpentards. Mais cela le tracassait bien plus qu’il ne souhaitait le montrer à ses frères adoptifs. Certains sont prêts à faire les engagements qu’il faut ? Il avait peur de comprendre… Il fit aussitôt volte face et courut, ignorant les cris des Maraudeurs qui s’engagèrent aussitôt à sa poursuite.
« Sirius ! Reviens ! »
Mais il ne les écoutait plus. Lancé à toute vitesse, il bouscula des premières années qui tombèrent au sol, si bien que les autres furent obligés de s’arrêter pour les aider. Il dépassa, sans un regard, les Serpentards qui les avait provoqués un peu plus tôt. La peur lui donnait des ailes. Mais au bout du couloir, il dut faire un choix. A droite ? A gauche ? Par où avait-il bien pu passer ? Réfléchissons… Il avait un livre dans les mains, il sortait donc de la bibliothèque qui est… à gauche. Ce fut donc à droite qu’il reprit sa course.
Bingo. Il reconnut sans mal les cheveux noirs, soigneusement coiffés, de Regulus. Ce dernier marchait vite, le livre serré dans une main aux jointures blanchies. Sirius se porta à sa hauteur. S’il fut surpris, le cadet n’en montra rien, se contentant de lever les yeux au ciel avec un soupir exaspéré. Sirius ouvrit une porte et tira son frère par la manche à l’intérieur de la salle de classe désaffectée.
« Qu’est-ce qu’il raconte, Rosier ? »
Le jeune homme ne lui répondit pas, le regardant avec une colère contenue. Sirius ne flancha pas. L’inquiétude était bien plus forte. Son cadet pouvait bien le mépriser, le rejeter, tempêter, il n’en avait cure. Il voulait une réponse. Égoïstement, il avait besoin de la réponse qui apaiserait sa conscience.
« Reg ! Réponds-moi ! », reprit-il en saisissant son frère par les épaules et le secouant.
Reg… Voilà des mois qu’il ne l’avait pas appelé ainsi. L’éclat dans les yeux de Regulus, si semblables aux siens, durcit et il se dégagea avec violence.
« À ton avis ? Si tu es là, c’est que tu as compris. Laisse-moi maintenant. »
Malgré la stupéfaction, il empêcha Regulus de sortir, pointant sa baguette sur la porte et la refermant avec violence. Il craignait le pire, mais… Cela n’était pas possible, non ? Que Regulus soit converti aux vues de leurs parents, soit. Mais qu’il devienne un Mangemort… Cela ne lui ressemblait pas.
« Ne le rejoins pas », murmura-t-il d’un ton menaçant.
Bien plus qu'un dernier regard peut décider d'une vie
Bien plus que cette fin d'espoir que le courant charrie
Regulus n’en croyait pas ses oreilles. Comment Sirius pouvait-il être aussi dupe, aussi stupide ? Il vivait dans son monde idéal, ne pensant qu’à lui. Ne pensait-il pas que s’il y avait une autre solution, les choses seraient différentes ? La colère déferlait dans ses veines. Il n’y avait vraiment que Sirius pour lui inspirer cette émotion. Regulus en voulait en son aîné. Tout était de sa faute. Et maintenant il osait porter un jugement ?
« Ce ne sont pas tes affaires. L’instant où tu as quitté la maison, ça a cessé de te concerner. »
L’aîné cligna des yeux, pris au dépourvu, mais il ne céda pas.
« Tu as raison. Plutôt mourir que de vivre sous le même toit qu’un Mangemort », cracha-t-il avec hargne.
Mais il ne bougeait pas. Ce stupide Gryffondor restait planté devant lui, l’oeil brillant de défi. Qu’attendait-il ? Qu’espérait-il ? Regulus ne comprenait pas.
« Maintenant que les choses sont claires entre nous, je vais retourner à ma salle commune », dit-il en amorçant un pas vers la sortie.
Mais Sirius le retint par le bras, une expression étrange peinte sur ses traits. Un instant, il ressembla à son frère dans l’enfance, déconfit après une bêtise. Mais aussitôt, l’expression disparut. L’avait-il rêvée ?
« Sirius, laisse-moi.
— Tu ne comprends pas, Reg. Tu ne sais pas ce qu’ils font, ils se fichent du sang pur, ils…
— C’est toi qui ne comprends pas. Tout ce qui compte, c’est ta précieuse liberté, ta popularité, tes amis. » La colère vibrait dans sa voix. « Tu te fous des conséquences.
— C’est faux, je ne dois rien à personne.
— Ça, je l’avais bien compris. Espèce de lâche. »
Sirius se figea, la bouche entrouverte, incapable de répondre. Regulus en profita pour se dégager d’un geste sec et quitter enfin la pièce. Il marcha d’un pas rapide, jusqu’à ce qu’il soit certain que Sirius ne l’ait pas suivi. Enfin seul. Il leva ses mains devant ses yeux. Elles tremblaient. Jamais encore, il ne s’était disputé avec Sirius aussi frontalement. C’était étrange, mais c’était pourtant la vérité. Jamais il ne l’avait traité de lâche. Désormais, il était impossible que Sirius lui pardonne.
La limite avait été franchie. La rupture était désormais consommée et il n’y avait plus de retour en arrière possible.
C'est un amour qui ne trouvera pas de rivière
Mon frère
Rendu aveugle et sourd par la rage, Sirius n’entendit pas la porte claquer.
« Espèce de lâche. »
Il avait osé. Les semblants de liens qui avaient continué de les unir gisaient à présent, irrémédiablement brisés. Choqué, estomaqué, énervé, insulté, Sirius se laissa tomber, ignorant ses genoux qui gémirent de douleur en rencontrant la pierre glacée. Pendant des mois, ils s’étaient soigneusement évités. Ils n’avaient plus rien à se dire, mais ils n’avaient pas non plus à s’affronter. Jusqu’à aujourd’hui. Les poings du jeune homme rencontrèrent à leur tour le sol, lui arrachant un cri. Il n’en avait cure. Cette douleur, ce n’était rien. Rien du tout.
Il avait osé. Lâche. Le pacte tacite de leur enfance avait volé en éclats. Regulus savait très bien ce qu’il faisait. Il savait qu’il appuyait là où ça faisait mal. Qu’importait que Walburga et Orion le dénomment ainsi, leurs mots n’avaient plus de valeur depuis longtemps aux yeux de leur fils aîné. Mais Regulus…
Ce qui le blessa le plus, c’est qu’il savait parfaitement que Regulus ne parlait jamais en vain. Contrairement à Rosier, contrairement à Rogue, et même contrairement à lui, il ne lançait pas des piques dans le but de provoquer. Il disait simplement la vérité, sa vérité. Il le voyait ainsi. Un lâche.
Non. Il se trompe, se révolta-t-il. Le cadet pensait n’avoir pas le choix ? Il avait tort. Il existait toujours un autre chemin, une alternative. Lui seul était assez courageux pour saisir sa chance, s’affranchir de son existence toute tracée. Regulus, lui, avait toujours été étroit d’esprit. Alors s’il avait décidé de rejoindre Vous-Savez-Qui, c’est qu’il le voulait vraiment. Toute autre interprétation des faits n’est que poudre aux yeux. Qu’il assume.
Bluffait-il ? Sans doute pas. Il se remémora amèrement la détermination qui brillait dans ses yeux orages, le dégoût aussi. Si Regulus était aussi coincé qu’il le sous-entendait, il n’avait qu’à s’en prendre à lui-même. Sirius n’avait pas à culpabBien sûr que la terre est brûlée quand la pluie l'oublie
Bien sûr que tout est cri puisqu'on n'se l'est jamais dit
L’ambiance au sein du château était électrique, comme chaque fois qu’un match de Quidditch approchait. Elle en devenait presque malsaine lorsque les équipes qui s’affrontaient portaient les couleurs rouge et or, d’une part, et vert et argent, d’autre part. Et lorsque lesdites équipes étaient les dernières en lice pour remporter la Coupe, l’atmosphère en devenait irrespirable, insupportable.
Regulus sortait de la bibliothèque, le nez plongé dans un parchemin lorsqu’il fut témoin d’une échauffourée entre Gryffondors et Serpentards. Il aurait pu faire demi-tour, cela aurait été même une excellente idée. Mais il avait remarqué la présence de son frère dans un des deux groupes, flanqué de ses habituels comparses. Ils se faisaient appeler les Maraudeurs, il l’avait entendu une fois. Face à eux, Rosier, Wilkes, Avery et Rogue les narguaient comme ils savaient si bien le faire. Alors, Regulus resta un instant de trop.
« Reg, viens donc par ici. Je crois que tu sais comment communiquer avec cet abruti, peux-tu m’aider ? »
Le jeune homme serra les dents, mais obéit, les yeux résolument fixés sur Evan Rosier. Mais avant qu’il n’ait pu répondre quoique ce soit, Sirius avait rétorqué d’un ton glacial :
« Cela m’étonnerait qu’il te soit d’une grande aide, Rosier. Ce n’est pas comme si nous avions la moindre chose en commun, à l’exception malheureusement de notre nom. »
Regulus encaissa. Depuis des mois, les deux frères s’étaient soigneusement évités, s’arrangeant toujours pour ne pas se trouver au même endroit en même temps. Finalement, cela n’avait pas été très compliqué. Sirius était constamment accompagné, dans les endroits les plus propices à la socialisation et du grand air, loin de la bibliothèque, du terrain de Quidditch et du club de Slughorn que fréquentait Regulus.
« Il a raison, Evan. Je ne côtoie pas les traîtres à leur sang. Tu perds ton temps avec eux. »
Il fit un mouvement pour s’éloigner mais Rosier le retint par l’épaule. Dos à Sirius, il pouvait littéralement sentir son frère fulminer de rage. Face à lui, Evan esquissa un sourire malveillant alors qu’il fixait le petit groupe de Gryffondors.
« Au moins, ta famille peut compter sur toi pour redorer son blason, n’est-ce pas Reg ? », rétorqua le Serpentard. « Certains sont prêts à faire les engagements qu’il faut. »
Regulus hocha brièvement la tête et quitta le petit groupe, sans jeter un seul regard derrière lui. Il n’appréciait pas la manière dont Evan avait voulu l’utiliser pour asticoter son frère. Ce qui se passait entre Sirius et Regulus ne concernait qu’eux. C’était déjà suffisamment pénible de devoir s’engager activement auprès du Seigneur des Ténèbres, nul besoin d’en faire la publicité à tous vents. Et Sirius… Il ne pouvait pas s’empêcher de faire le coq, de jouer le martyr incompris de tous, inconscient des ravages qu’il provoquait dans son sillage. A cause de son numéro de persécuté, Regulus se retrouvait à assumer son rôle et se sacrifier pour le bien de la famille…
Bien sûr l'amour puisqu'il ne peut plus grandir, s'enterre
Mon frère
Si Sirius n’avait d’abord pas cru Rosier, le silence renfrogné de Regulus et son départ des lieux l’inquiéta. Qu’insinuait-il ? Les sourcils froncés, il fixa le dos de son frère, jusqu’à que James le prenne par l’épaule et l’entraîne à distance des Serpentards. Mais cela le tracassait bien plus qu’il ne souhaitait le montrer à ses frères adoptifs. Certains sont prêts à faire les engagements qu’il faut ? Il avait peur de comprendre… Il fit aussitôt volte face et courut, ignorant les cris des Maraudeurs qui s’engagèrent aussitôt à sa poursuite.
« Sirius ! Reviens ! »
Mais il ne les écoutait plus. Lancé à toute vitesse, il bouscula des premières années qui tombèrent au sol, si bien que les autres furent obligés de s’arrêter pour les aider. Il dépassa, sans un regard, les Serpentards qui les avait provoqués un peu plus tôt. La peur lui donnait des ailes. Mais au bout du couloir, il dut faire un choix. A droite ? A gauche ? Par où avait-il bien pu passer ? Réfléchissons… Il avait un livre dans les mains, il sortait donc de la bibliothèque qui est… à gauche. Ce fut donc à droite qu’il reprit sa course.
Bingo. Il reconnut sans mal les cheveux noirs, soigneusement coiffés, de Regulus. Ce dernier marchait vite, le livre serré dans une main aux jointures blanchies. Sirius se porta à sa hauteur. S’il fut surpris, le cadet n’en montra rien, se contentant de lever les yeux au ciel avec un soupir exaspéré. Sirius ouvrit une porte et tira son frère par la manche à l’intérieur de la salle de classe désaffectée.
« Qu’est-ce qu’il raconte, Rosier ? »
Le jeune homme ne lui répondit pas, le regardant avec une colère contenue. Sirius ne flancha pas. L’inquiétude était bien plus forte. Son cadet pouvait bien le mépriser, le rejeter, tempêter, il n’en avait cure. Il voulait une réponse. Égoïstement, il avait besoin de la réponse qui apaiserait sa conscience.
« Reg ! Réponds-moi ! », reprit-il en saisissant son frère par les épaules et le secouant.
Reg… Voilà des mois qu’il ne l’avait pas appelé ainsi. L’éclat dans les yeux de Regulus, si semblables aux siens, durcit et il se dégagea avec violence.
« À ton avis ? Si tu es là, c’est que tu as compris. Laisse-moi maintenant. »
Malgré la stupéfaction, il empêcha Regulus de sortir, pointant sa baguette sur la porte et la refermant avec violence. Il craignait le pire, mais… Cela n’était pas possible, non ? Que Regulus soit converti aux vues de leurs parents, soit. Mais qu’il devienne un Mangemort… Cela ne lui ressemblait pas.
« Ne le rejoins pas », murmura-t-il d’un ton menaçant.
Bien plus qu'un dernier regard peut décider d'une vie
Bien plus que cette fin d'espoir que le courant charrie
Regulus n’en croyait pas ses oreilles. Comment Sirius pouvait-il être aussi dupe, aussi stupide ? Il vivait dans son monde idéal, ne pensant qu’à lui. Ne pensait-il pas que s’il y avait une autre solution, les choses seraient différentes ? La colère déferlait dans ses veines. Il n’y avait vraiment que Sirius pour lui inspirer cette émotion. Regulus en voulait en son aîné. Tout était de sa faute. Et maintenant il osait porter un jugement ?
« Ce ne sont pas tes affaires. L’instant où tu as quitté la maison, ça a cessé de te concerner. »
L’aîné cligna des yeux, pris au dépourvu, mais il ne céda pas.
« Tu as raison. Plutôt mourir que de vivre sous le même toit qu’un Mangemort », cracha-t-il avec hargne.
Mais il ne bougeait pas. Ce stupide Gryffondor restait planté devant lui, l’oeil brillant de défi. Qu’attendait-il ? Qu’espérait-il ? Regulus ne comprenait pas.
« Maintenant que les choses sont claires entre nous, je vais retourner à ma salle commune », dit-il en amorçant un pas vers la sortie.
Mais Sirius le retint par le bras, une expression étrange peinte sur ses traits. Un instant, il ressembla à son frère dans l’enfance, déconfit après une bêtise. Mais aussitôt, l’expression disparut. L’avait-il rêvée ?
« Sirius, laisse-moi.
— Tu ne comprends pas, Reg. Tu ne sais pas ce qu’ils font, ils se fichent du sang pur, ils…
— C’est toi qui ne comprends pas. Tout ce qui compte, c’est ta précieuse liberté, ta popularité, tes amis. » La colère vibrait dans sa voix. « Tu te fous des conséquences.
— C’est faux, je ne dois rien à personne.
— Ça, je l’avais bien compris. Espèce de lâche. »
Sirius se figea, la bouche entrouverte, incapable de répondre. Regulus en profita pour se dégager d’un geste sec et quitter enfin la pièce. Il marcha d’un pas rapide, jusqu’à ce qu’il soit certain que Sirius ne l’ait pas suivi. Enfin seul. Il leva ses mains devant ses yeux. Elles tremblaient. Jamais encore, il ne s’était disputé avec Sirius aussi frontalement. C’était étrange, mais c’était pourtant la vérité. Jamais il ne l’avait traité de lâche. Désormais, il était impossible que Sirius lui pardonne.
La limite avait été franchie. La rupture était désormais consommée et il n’y avait plus de retour en arrière possible.
C'est un amour qui ne trouvera pas de rivière
Mon frère
Rendu aveugle et sourd par la rage, Sirius n’entendit pas la porte claquer.
« Espèce de lâche. »
Il avait osé. Les semblants de liens qui avaient continué de les unir gisaient à présent, irrémédiablement brisés. Choqué, estomaqué, énervé, insulté, Sirius se laissa tomber, ignorant ses genoux qui gémirent de douleur en rencontrant la pierre glacée. Pendant des mois, ils s’étaient soigneusement évités. Ils n’avaient plus rien à se dire, mais ils n’avaient pas non plus à s’affronter. Jusqu’à aujourd’hui. Les poings du jeune homme rencontrèrent à leur tour le sol, lui arrachant un cri. Il n’en avait cure. Cette douleur, ce n’était rien. Rien du tout.
Il avait osé. Lâche. Le pacte tacite de leur enfance avait volé en éclats. Regulus savait très bien ce qu’il faisait. Il savait qu’il appuyait là où ça faisait mal. Qu’importait que Walburga et Orion le dénomment ainsi, leurs mots n’avaient plus de valeur depuis longtemps aux yeux de leur fils aîné. Mais Regulus…
Ce qui le blessa le plus, c’est qu’il savait parfaitement que Regulus ne parlait jamais en vain. Contrairement à Rosier, contrairement à Rogue, et même contrairement à lui, il ne lançait pas des piques dans le but de provoquer. Il disait simplement la vérité, sa vérité. Il le voyait ainsi. Un lâche.
Non. Il se trompe, se révolta-t-il. Le cadet pensait n’avoir pas le choix ? Il avait tort. Il existait toujours un autre chemin, une alternative. Lui seul était assez courageux pour saisir sa chance, s’affranchir de son existence toute tracée. Regulus, lui, avait toujours été étroit d’esprit. Alors s’il avait décidé de rejoindre Vous-Savez-Qui, c’est qu’il le voulait vraiment. Toute autre interprétation des faits n’est que poudre aux yeux. Qu’il assume.
Bluffait-il ? Sans doute pas. Il se remémora amèrement la détermination qui brillait dans ses yeux orages, le dégoût aussi. Si Regulus était aussi coincé qu’il le sous-entendait, il n’avait qu’à s’en prendre à lui-même. Sirius n’avait pas à culpabiliser. Non. Il n’était pas lâche. Les muscles raides, le Gryffondor se releva péniblement. Un lourd fardeau se posa sur ses épaules, le faisant suffoquer. Impossible de s’en débarrasser.
« Espèce de lâche. »
Alors, c’était ça, perdre un frère ? Une larme solitaire s’écrasa au sol. Pour la dernière fois, se promit-il. Une telle trahison ne se pardonnait pas. iliser. Non. Il n’était pas lâche. Les muscles raides, le Gryffondor se releva péniblement. Un lourd fardeau se posa sur ses épaules, le faisant suffoquer. Impossible de s’en débarrasser.
« Espèce de lâche. »
Alors, c’était ça, perdre un frère ? Une larme solitaire s’écrasa au sol. Pour la dernière fois, se promit-il. Une telle trahison ne se pardonnait pas.