Albus Dumbledore était inquiet. Très inquiet. Le plan ne fonctionnait pas comme prévu. Pour une raison inconnue, Harry ne parvenait pas à apprendre l’Occlumencie et le vieux directeur en subissait les conséquences sous la forme des geignements du redoutable professeur de potion.
- Je ne peux pas continuer ainsi Albus, nous perdons tous notre temps ! Pénétrer son esprit sera un jeu d’enfant pour le Seigneur des Ténèbres. C’est comme essayer d’apprendre à voler à un singe ! rugit-il.
Dumbledore gloussa :
- Le Magicien d’Oz, j’ignorais que vous disposiez de telles références Moldues, mon ami.
Le regard noir de l’ancien Mangemort ne se fit pas attendre, refroidissant légèrement l’éternelle bonne humeur du directeur qui se racla la gorge et poursuivit :
- Est-il possible que votre haine pour lui altère… l’efficacité de votre enseignement, Severus ?
La protestation ne se fit pas attendre :
- Ne reportez pas la faute sur moi ! Je vous ai prévenu dès le début que ce garçon n’avait pas la discipline pour les arts de l’esprit.
- Sans être des maîtres, James et Lily étaient tous deux de bons Occlumens. Le fait que Harry ne parvienne pas à acquérir ne serait-ce que les bases me semble étrange, répondit Dumbledore, sceptique.
Rogue se tut quelques instants avant de reprendre d’un ton prudent :
- Peut-être que Potter n’est pas entièrement à blâmer. J’ai vu dans son esprit, il pratique ses exercices tous les soirs, comme je le lui ai ordonné. A ce niveau de l’apprentissage, des barrières mentales naturelles auraient déjà dû commencer à se former. Il est possible que son… incapacité à utiliser l’Occlumencie provienne de cet étrange lien qu’il partage avec le Seigneur des Ténèbres.
Dumbledore hocha la tête, pensif :
- C’est totalement sans précédent dans l’histoire de la magie. Il est donc bien difficile de déterminer ce qui est possible de ce qui ne l’est pas. Mais Harry est loin d’être un sorcier faible. Votre théorie pourrait s’avérer juste, Severus.
- La question est : que faisons-nous maintenant ?
Le directeur poussa un profond soupir :
- Ce n’est pas tant dans sa baguette que dans son esprit que réside le véritable pouvoir de Lord Voldemort. On en a clairement eu la démonstration au Ministère. Si Harry est incapable de s’en prémunir… les conséquences pourraient être désastreuses.
Rogue eut un rictus et répondit avec une pointe de sarcasme :
- L’amour ne le sauvera-t-il pas ?
Il reçut un regard ennuyé en guise de réponse.
- Vous ne devriez pas prendre cela autant à la légère, Severus. La prophétie est formelle à ce sujet, c’est entre les mains de Harry que se trouve notre avenir à tous. Il est important, et de notre devoir, qu’il soit prêt et dispose de toutes les armes nécessaires.
Le professeur de potion balaya la remarque d’un revers de la main :
- L’Occlumencie n’en fera certainement pas partie, en tout cas.
Le silence régna quelques instants avant que Dumbledore ne reprenne :
- Il y a peut-être un moyen. Il existe une autre forme de magie de l’esprit.
- Je n’en ai jamais entendu quelconque référence.
- En êtes-vous certain, Severus ? questionna Dumbledore d’un ton amusé. Pourtant, elle existe bien. Elle est entre les mains d’une famille très puissante, à laquelle même votre ancien maître n’a jamais osé s’attaquer.
- Magie familiale, lâcha Rogue d’un ton incrédule. Parlez-vous des… ?
- Oui, je parle d’eux. Les dernières se trouvent dans votre maison, je crois. Il me semble que l’aînée a l’âge d’Harry.
- Pourquoi accepteraient-ils d’aider ? Jusqu’à maintenant, ils ne se sont jamais mêlés de ce genre d’affaires.
Dumbledore eut un sourire paternaliste :
- Erreur, Severus. Ce sont certains d’entre eux qui, les premiers, mirent en déroute mon vieil ami Gellert… avant que je ne prenne la suite. Ils l’ont fait non pas parce que Gellert les avait attaqués, mais parce qu’il représentait un danger pour les fondements de notre société. A l’instar de Voldemort, à l’heure actuelle.
Du haut de son perchoir, Fumseck poussa un petit cri, comme pour confirmer les paroles du directeur. Rogue sembla cependant sceptique :
- Je doute qu’ils aillent jusqu’à dévoiler les secrets de leur magie familiale à un parfait étranger, objecta-t-il. D’ailleurs, même s’ils le voulaient, le pourraient-ils seulement ? Ce type de magie est vraiment particulier…
- Je suis d’accord avec vous, Severus. Mais à tout problème existe une solution.
Il sembla réfléchir quelques instants avant de reprendre :
- Le mieux est de se montrer totalement franc avec Jonathan en lui dévoilant la prophétie. C’est un risque, bien sûr. Mais peut-être notre seule chance de le convaincre de venir en aide à Harry. Si ce plan fonctionne, notre position aura grandement gagné en puissance. Après tout, Lord Voldemort lui-même ne pourrait pénétrer l’esprit d’un membre de cette famille. Les avoir de notre côté pourrait faire une grande différence par rapport à la dernière fois.
Le directeur de Poudlard prit une plume et écrivit un court mot dans un silence quasi absolu, uniquement bouleversé par les crépitements des flammes dans la cheminée. Fumseck voleta jusqu’au bureau où Dumbledore lui remit la lettre, glissée dans une enveloppe, en murmurant le nom du destinataire. La créature disparut dans un éclair de lumière.
- Pourquoi envoyer le phénix ? Un hibou n’aurait-il pas suffit ? Demanda Rogue.
Dumbledore fit un petit sourire malicieux :
- Un hibou peut être intercepté, contrairement à Fumseck. Et cela accentuera le caractère urgent de ma demande.
L’inquiétude accumulée les dernières heures par Albus laissa place à une excitation nouvelle, due à la mise en place de son nouveau plan. Il savait que les chances de réussite étaient minces, mais pas nulles. Il était dommage qu’Harry n’ait jamais surmonté sa rivalité avec Draco Malefoy et pris le temps de forger des amitiés avec certains de ses condisciples Serpentard. Mais peut-être que cela pouvait encore être arrangé.
Albus Dumbledore était certain qu’il venait de prendre la bonne décision en contactant Jonathan Greengrass.