Halloween 1970
Andromeda est en train de cuisiner des biscuits pour ce soir car ce sera Halloween, et les gamins du quartier vont sûrement venir toquer à la porte pour réclamer des sucreries. Cela fait plusieurs semaines qu'elle habite chez les Tonks, et elle commence à s'y faire, à cette vie, bien plus simple, sans faux-semblants et courbettes. Elle est bien loin du monde des Black. Surveillant la cuisson des biscuits, elle vérifie que la bonbonnière est bien pleine avant de regarder par la fenêtre, comme par habitude. Et là, elle voit un gamin brun qui semble hésiter devant son portail. Puis il ouvre le portillon, s'avance dans l'allée et frappe trois coups secs à la porte. Andromeda se précipite dans l'entrée et éconduit Jackie, la mère d'Edouard, qui s'apprête à ouvrir. D'un sourire triste elle secoue la tête.
« C'est pour moi, Jackie. Appelle Ted. »
Jackie acquiesce, les sourcils froncés, et file dans le salon où Ted et Victor, son mari, regardent la télé. Andromeda la suit des yeux avant d'inspirer un coup et d'ouvrir la porte. Son cœur fait un tressaut étrange quand elle reconnaît Sirius, son cousin. Il a onze ans et vient de faire sa rentrée à Poudlard. La rumeur de sa répartition à Gryffondor s'est portée jusqu'aux oreilles d'Andromeda et de Ted. Walburga et Orion ont du s'étouffer de rage.
« Bonjour Sirius. »
Les yeux gris rencontrent les yeux marrons d'Andromeda. Sirius est déjà grand et dégingandé.
« Bonjour Andromeda. »
Le visage de Sirius se chiffonne, comme s'il se retenait de pleurer, et il serre les poings contre ses cuisses.
« Allez, viens à la maison. »
Le petit garçon la suit et il fait un signe de tête à Ted et Jackie qui se tiennent dans l'entrée, et Victor qui est derrière eux. Ils entrent tous dans la cuisine, et, invité à s'assoir, il grimpe sur la chaise qui est devant la fenêtre de la cuisine, et dans la lumière blafarde de cette fin de journée d'octobre, Andromeda a l'impression que la noirceur du Square Grimmaurd a suivi Sirius. Elle oublie cette impression étrange en un instant et cherche sur le visage et le corps de Sirius des traces de sévices. Parce qu'elle se doute que son oncle et sa tante sont capables, dans leur fureur, de frapper Sirius.
« C'est plus supportable à la maison. »
Sirius marmonne, les yeux résolument baissés sur la table de bois. Ted marmonne quelque chose à ses parents et les fait sortir de la cuisine avant de fermer la porte derrière eux. Il s'assied en bout de table, à l'écoute lui aussi du petit garçon.
« Père et mère n'arrêtent pas de me reprocher d'avoir été réparti à Gryffondor, alors que c'est ma plus grande fierté. Ils n'arrêtent pas de répéter à Reg qu'il doit laver l'honneur des Black et entrer à Serpentard, être un bon garçon, pas comme moi. »
Andromeda s'assied aussi, jetant un œil machinal aux biscuits qui poursuivent leur cuisson.
« Tu sais bien comme ils sont, Sirius. Ils savent où tu es ? »
Sirius a un petit sourire en coin.
« Je suis sorti par la fenêtre, et j'ai descendu la gouttière. Après j'ai pris trois bus, je crois. Vous pourrez me ramener en voiture ? »
Ses grands yeux s'illuminent à cette idée. Ted laisse échapper un rire qu'il regrette immédiatement au regard que lui lance Andromeda.
« Est-ce que tes parents savent où tu es, Sirius ? »
Le garçon secoue la tête.
« J'ai pas envie de leur parler. »
Puis il soupire.
« Mais il faudra que j'y retourne. »
Il hume l'odeur des biscuits dans l'air.
« Oh, je peux en avoir s'il-te-plaît, Andy ? J'ai à peine mangé depuis que je suis rentré de Poudlard. Mère pense que me priver de nourriture me fera réfléchir. »
Andromeda sourit tristement.
« Bien sûr que tu peux avoir des biscuits, Sirius. Et tu pourras revenir ici aussi souvent que tu veux. Et on s'écrira. »
Sirius l'écoute avec une grande attention, et ses yeux se remplissent de larmes qu'il réprime rapidement.
Les Black ne pleurent pas.