Les joues en feu, le souffle coupé, Gilderoy fixait celui qui lui faisait face. Ses yeux n’étaient pas assez grands pour contenir la beauté vigoureuse et la grâce virile de son vis-à-vis.
Les pâles flammes des flambeaux scintillaient sous l’effet de l’or de la chevelure soyeuse. Sous les cils noirs qui ourlaient délicatement les lumineuses prunelles, le textile grossier des robes d’uniforme n’était qu’un gris blafard et triste. La silhouette élancée à la taille noble sublimait l’informe coupe de la réglementaire tenue.
Aucune langue n’avait de mots pour décrire la divine apparition. Gilderoy était né pour contempler cette merveilleuse beauté. C’était pour lui et pour aucun autre, qu’il était sur cette terre.
« Gilderoy, qu’est-ce que tu fais encore là ? Les Autres sont déjà descendus. Tout le monde doit être présent pour le festin. »
L’ordre du préfet en chef avait claqué dans la salle, mais était moins douloureux que la terrible épreuve à laquelle Gilderoy était contraint. Avec un incommensurable déchirement, il se détourna du miroir qui contenait encore pour quelques instants son désormais unique et éternel objet d’adoration, qui lui aussi s’éloignait l’échine courbée et frémissante.