La connaissance, l’ambition, la démesure. Un cocktail ambitieux réuni sur cette plage, enserré de rochers à vifs. Tout ce dont tu as toujours rêvé, mais tu frissonnes, Albus. Tes entrailles se réveillent et te murmurent que le futur, c’est maintenant qu’il se joue. Toutes cartes sur table.
Un regard qui te perce, te met à nu. Des mains qui l’ont fait bien trop de fois pour que la sensation ne soit pas vive, encore, dans ta mémoire. Tu rêves de les caresser ; elles sont crispées sur la baguette. Ne tremblent pas : seulement la violence silencieuse. Gellert…
— Albus, mon cher Albus ! Tu auras davantage de succès que moi pour faire taire ces inanités, j’espère… Imagines-tu que tout notre labeur, toute notre sueur de cet été sont balayés sans remords ? Alors que nous pourrions accomplir tant pour le bien du monde ! Cette sottise va trop loin…
— Si tu y crois un mot, alors t’es aussi con que lui ! Ouvre les yeux, putain Albus ! Arrête de nous fuir ! Tu vas te perdre dans ces pouvoirs sans jamais avoir trouvé ce que tu cherches, on est juste là, maman était juste là ! Et t’as tout manqué…
L’air est électrique. Ariana pleure, ses pleurs résonnent dans les vagues. Tes rêves brillent dans les yeux de l’homme que tu aimes, qui reste droit. Cette famille qui te retient tempête et se défait. Ils n’ont jamais compris, leur monde est limité ; Gellert est toujours grand lui…
Abelforth fulmine. Ça ne te surprend pas tellement, il n’a jamais été timide dans son aversion pour ton amant. Mais il ne voit pas aussi loin que vous, n’est-ce pas ? Comment le pourrait-il ? Tu as passé ton été dans une bulle, vos plans sont des chuchotis.
Maintenant, votre intimité explose. Oubliés baisers, étreintes, caresses, espoirs. La colère gonfle, les bras montent avec les voix. Ton amour, Albus, ton frère, ta sœur, vous n’avez pas tous peur, une plus à raison que les autres. Les sorts fusent, tu ignores qui commence ; peut-être est-ce toi…
Du bleu, du rouge, de l’or, du violet, du bleu encore. Tant que ce n’est pas du vert, tu ne t’inquiètes pas tellement. Tu sais qu’ils en seraient capables – au fond, tu sais que tu le serais autant. Mais vous savez vous défendre. C’est excitant.
Le duel est un art fin : il n’y a pas de mal à vous entraîner. Vous êtes maîtres de votre colère. Vous l’exaltez. La bataille n’est qu’un exutoire accordé mutuellement, temporaire, nécessaire. Et pourtant, les sourcils d’Abelforth se froncent, il jette des regards de côté…
— C’est vraiment ça que tu veux ? Regarde le mal que tu lui fais ! Des années à lui dire qu’elle peut le battre, y arriver, et toi tu tombes dedans la tête la première ! Tu n’en as jamais rien eu à faire ! Regarde, maintenant, comme ça la détruit !
— Ne nous affolons pas. L’empire de ce moldu sur votre cadette sera dissipé… Cela viendra avec le monde que nous construirons. Il y a plus d’un manque, vous en conviendrez. Votre frère et moi voulons seulement la paix pour chacun, elle sera une priorité, je vous le pro…
Mais dans ton obsession, tu ne regardes pas. Tu ne vois plus rien, Albus, que ton amant, que ta gloire, que cette perfection creuse, souillée. Tu ne vois pas sa destruction. Tu ne l’as jamais vue, tu as fermé les yeux, pendant deux mois. Et tu t’en voudras…
Car Ariana tremble. Il faut que le sable tremble pour que tu te réveilles. Des gouttes de mer sont projetées dans le chaos. L’air s’agite, elle gémit, ça vibre, ça tourbillonne, ça tangue. Ta langue se colle à ton palais, un instant, tu espères, tu entends Albelforth crier…
Ta sœur, et tu auras manqué tant de moments avec elle, à courir derrière la Mort. Le conte ne t’a rien appris... C’est le regard de ton frère qui te marque, quand elle l’emmêle dans sa cape. Adieu Ariana. La baguette n’aurait rien fait pour toi.