— Tu devrais avoir honte.
La froideur mortelle qui émane d’Albus paralyse Lily. Le coeur au bord des lèvres, elle en est presque à regretter les esclandres enfiévrés de James et sa présence. Au moins, lui, il aurait défendu leur mère. Ou, en tout cas, il aurait essayé. Lily est incapable de sauver Ginny et son corps qui tremble. Elle lui en veut beaucoup trop pour oser prendre la parole en sa faveur. Elle lui en veut, oui, mais pas autant qu’Albus. Alors, Lily garde le silence.
Son frère a toujours pris le parti de leur père. Aujourd’hui n’y fera pas exception. Surtout pas aujourd’hui, non. Surtout pas après le scandale que leur mère vient de provoquer. Un scandale qui n’épargne personne au sein de leur famille, qui les éclabousse et les noie sous un flot de rumeurs nauséabondes. Ces mensonges, leur père a également sa part de responsabilité. Peut-être moins que leur mère, mais quand même. Lui aussi mérite la froideur d’Albus. Mais il n’est pas là pour répondre à leurs questions. Il a déserté la maison. C’est trop facile. Il a fui, et Lily lui en veut de ne penser, comme à son habitude, qu’à lui.
Sur la table de cuisine s’étale la une de la Gazette. Sur la première page, un titre que Lily ne peut s’empêcher de scruter et de relire. Encore et encore. Comme pour se persuader que c’est bel et bien la réalité. La vérité toute nue. La photographie, juste-en-dessous du titre, ajoute une autre dimension à son malaise, à sa colère, à toutes ces émotions qui menacent de déborder pour dévaler ses joues pâles. Albus, debout face à leur mère, serre les poings et la rage avale son visage. C’est si rare chez lui que ça lui tord le ventre, à Lily.
— Tu n’es qu’une traînée.
La gifle est brutale, sèche, et résonne longuement dans l’atmosphère lourde de la cuisine où ils sont tous les trois réunis. Albus, la joue rouge et endolorie, ses yeux du même vert que son père mue par une colère sans nom. Ginny, les yeux débordants de larmes et la main encore tremblante. Et Lily, la bouche grande ouverte, sans savoir que dire ni que faire. Finalement, c’est Ginny qui reprend conscience la première. Elle fait un pas en avant pour s’excuser envers son fils cadet, mais celui-ci recule vivement.
— J’espère que tu es fière de ce que tu as fait, crache-t-il, récupérant sa veste posée sur le dossier d’une chaise.
Sans un regard en arrière, il passe la porte d’entrée. Il la claque violemment, et le bruit de son départ fait longtemps trembler les murs de la maison. Lily baisse les yeux tandis que sa mère essaie de trouver un soutien dans ses prunelles. Un soutien qu’elle ne trouve pas.
Sur la table de la cuisine, un journal. Sur ce journal, une photographie de Ginny Weasley-Potter et de Drago Malefoy, enlacés sous un porche. Visiblement, ils ne se sentaient pas observés et l’angle de vue est loin de laisser le moindre doute sur leur relation. Le titre enfonce le clou : « Scandale : la femme du héros et le mangemort repenti aperçus dans les bras l’un de l’autre ! Comment réagira le Survivant à cette imposture ? ».
Lily a déjà la réponse à cette question. Il s’en ira. Le héros du monde sorcier, celui qu’elle a tant admiré enfant, est un lâche qui les abandonnera en plein naufrage. Sa mère, évidemment, ne pourra pas éviter que le bateau prenne l’eau de toutes parts. Et Lily essayera, du mieux qu’elle le peut, de garder l’équilibre pour ne pas sombrer.
— Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? murmure Ginny, la voix brisée.
Lily pousse un long soupir et remonte dans sa chambre, laissant sa mère seule dans la cuisine.
Hello !
J'avais dans l'idée, depuis un petit moment d'un Drinny. Et comme cette idée s'est amplifiée, elle a fait germé une autre idée qui m'a menée à un Scorlily. Enfin, disons que c'est un Drinny ET un Scorlily du coup avec, en toile de fond, ma Next-Gen très (trop) torturée. Accrochez vos ceintures, ça va secouer !
Prologue plutôt court pour commencer cette fiction.