Un dimanche matin de novembre, un hibou apporta un petit paquet à Hermione Granger. Elle le déballa et trouva un livre illustré, d’aspect faussement ancien. Aucune lettre ni message n’accompagnait l’envoi. Le titre Les Contes de Débile le Barde fit sourire Hermione. C’était peut-être une nouveauté de la boutique Weasley. Ron dans leur chambre dormait encore. Hermione s’installa dans son fauteuil avec une tasse de thé fumante et commença sa lecture.
Les Enfants du Roy Ronald
Il y a fort longtemps vivait un roi juste et valeureux, le Roy Ronald. Apprécié par ses amis, craint par ses ennemis, il avait malgré son jeune âge déjà vaincu un dragon, terrassé un géant, échappé à une épidémie de peste noire celle-là même qui emporta son père le Roy Arthur le Roux et survécu à une très vilaine maladie vénérienne.
Le temps vint de prendre femme. La mère du roi Dame Molly lui présenta toutes les princesses à marier des royaumes voisins, c’était l’occasion de renforcer les alliances politiques. Aucune cependant n’eut l’heur de lui plaire. Dame Molly fit alors venir au château toutes les dames de la noblesse, sottes ou spirituelles, belles ou laides, vieilles ou jeunes mais le roi n'en trouva pas une seule à son goût. Il est vrai que depuis qu’une nuit d’amour avec la Comtesse du Sussex s’était soldée par une semaine sans pouvoir uriner sans hurler de douleur, le Roy Ronald se gardait de la gente féminine et semblait ne connaître de plaisir qu’à la guerre, la chasse ou la table.
Le temps passait et les sujets s'inquiétaient. Les règles complexes des droits de succession de la Couronne faisaient que si Ronald mourrait sans héritier, la Couronne pouvait aller aussi bien aux fils du Comte Harold, dit Harry le Fidèle ou bien à ceux légitimes que ne manquerait pas de fabriquer le Duc Draguaud, car évidemment les quelques bâtards qu’il avait déjà engendré ne comptaient pas. Cela risquait de provoquer une guerre sanglante qui diviserait le beau Royaume. Les tensions s’exaspérèrent lorsqu’au cours d'une bataille contre ces maudits François mangeurs de grenouilles le bon Roy Ronald se fit transpercer la jambe par une flèche empoisonnée.
Les médecins de la Cour se pressèrent au chevet du roi mais leurs médecines, loin de guérir ou même de soulager Ronald semblaient avoir l’effet inverse. Dame Molly promit une grande récompense à qui guérirait son fils. Ce fut alors un véritable défilé dans la chambre du blessé mais entre les saignées, les lavements et les potions infectes le Roy Ronald se portait de plus en plus mal. Outrée par la cupidité des soi-disant médecins Dame Molly finit par menacer d’écartèlement le prochain qui échouerait dans sa royale mission. Ceci eut l’effet de réduire le nombre de prétendants à la récompense, surtout après le troisième écartèlement public.
Le huitième jour se présenta un bourgeois nommé Wilfrid, accompagné d’une ravissante jeune fille aux yeux noirs. L’homme, un commerçant, prétendait s’y connaître en herbes. Dame Molly désespérée accepta de le conduire auprès de son fils mourant. Ce dernier malgré son état n’eut d’yeux que pour la jeune fille, qui était la propre fille du commerçant.
- Comment vous appelez-vous chère enfant ?
- Hermione mon Roy.
- Quel drôle de nom !
- Oui mon Roy. Je ris à chaque fois que l’on m’appelle.
L’onguent à base de plantes que posa Wilfrid soulagea en quelques heures Ronald. Sa cuisse cessa de saigner, la blessure cessa de répandre cette odeur nauséabonde qui pendant des jours avait pu faire croire que la chambre royale servait de latrines à tout le château. Bientôt le Roy Ronald put se lever et prendre un bain sous la surveillance de la belle Hermione, qui avait toujours mille choses spirituelles à lui raconter.
Trois jours plus tard le Roy Ronald était guéri. Wilfrid fut récompensé au-delà de ses espérances car le roi lui demanda la main de sa fille.
La Cour qui avait pleuré bien haut les malheurs du bon Roy fut scandalisée. Le Roy après avoir refusé les meilleurs partis du Royaume et des royaumes voisins voulait d’une roturière, de la fille d’un gueux enrichi faire une Reine, leur Reine !
Le Comte Harold et le Duc Draguaud, qui passaient leur temps à se quereller et à chercher à s’empoisonner vinrent ensemble voir leur Roy pour tenter de le raisonner. Le Roy Ronald leur tint ce langage :
- Harry, Draguaud, mes chers amis, que dis-je mes frères, peu me chaud que l’on murmure au château. La vérité c’est que je suis vivant grâce aux remèdes de ce Wilfrid et aux soins de sa fille, la belle Hermione, qui trois jours durant a fait et refait mes pansements, malgré l’odeur de merde de ma blessure. Ma décision est prise, je ferai d’elle ma femme. C’est décidé. Les hérauts partiront demain à la première heure annoncer les noces sur tout le territoire. Du reste, je passerai au fil de mon épée ceux qui critiqueront mon choix.
Harold et Draguaud s’inclinèrent bien bas devant le Roy et gardèrent pour eux leurs réserves.