Metal
Scorpius détestait ce genre d'endroit. En fait, il détestait être enfermé entre quatre murs ou de se sentir oppressé, coincé entre plusieurs personnes. Mais Rose l'avait presque supplié de venir. En fait, elle n'en avait pas vraiment eu besoin : elle avait juste commencer à battre des cils et s'était tout de suite proposé. Hugo, son frère, ne pouvait pas venir à un concert pour lequel lui et Rose avaient pris des billets. Du coup, Rose en avait boudé toute une journée. Une Rose qui boudait, c'était une Rose morne et silencieuse. Scorpius détestait ça. Alors qu'il vérifiait les constantes d'un patient dont ils avaient la charge en tant qu'interne à Sainte-Mangouste, il avait finit par craquer et par proposer de prendre la place d'Hugo. Elle avait tout de suite sauté de joie.
Mais là Scorpius regrettait. Albus, qui avait lui aussi pris un billet, se moquait sans aucune gêne du blond qui se bouchait les oreilles.
– Je savais pas qu'elle aimait le hard rock, siffla Scorpius.
Albus effaré, lui corrigea immédiatement :
– Ne dis surtout pas ça devant Rose, malheureux ! Francine Zombi est un groupe de heavy metal, pas de hard rock ! Si elle t'avait entendu…
Scorpius fronça les sourcils.
– Ça, c'est du heavy metal. C'est ce que préfères Rose, insista Albus en hurlant par-dessus la musique. Ne confonds pas. Première règle si tu veux être dans ses bonnes grâces.
– Je te demande pardon ?
– Ne confonds pas !
– Non pas ça !
– C'est ce que Rose préfère ?
– Oui ça ! Opina Scorpius.
Albus sourit et désigna Rose, ce petit bout de femme, en train de sautiller, comme montée sur des ressorts. Elle hurlait, les bras en l'air et se déchaînait. Scorpius n'aurait jamais soupçonné que son corps si frêle contienne autant d'énergie. Il la regarda, suivit les mouvements de ses cheveux, qui semblaient presque doués de leur propre volonté, en suivant les courbes de son corps. Qu'est-ce qu'elle était belle…
– Je croyais qu'elle adorait la musique classique ? Fronça des sourcils Scorpius.
– Oh oui. Comme elle adore le jazz, le blues, et plein d'autres styles et genres. Mais ce qu'elle préfère, c'est le métal, réaffirma Albus.
– C'est très particulier …, bredouilla Scorpius.
– T'aimes pas ? Rit Albus alors que le solo de guitare s'était enfin tût.
Il grimaça.
– C'est très fort …
– C'est du heavy metal, haussa les épaules le brun.
Albus leva les yeux au ciel. Juste parce que Rose était une fille douce et délicate, les gens avaient du mal à l'imaginer hurler comme une truie. Mais Albus, lui, connaissait la vérité : Rose était une véritable furie quand elle s'y mettait.
– Dans quoi tu t'es embarqué mon vieux…, siffla le brun.
Il tapota son dos, amicalement. Albus était toujours amical de toute façon. Ils n'étaient pas particulièrement proches, lui et Scorpius. Ils avaient partagé quelques conneries, s'étaient amusés, mais n'avaient jamais pris le temps de devenir amis. Ils étaient surtout devenus alliés dans leurs farces contre les Gryffondor… Albus était un merveilleux complice, mais n'avait, malheureusement, jamais été plus.
– T'aimes pas les espaces clôt, se rappela le brun.
– Non ça va, je t'assure, fit-il.
Rose s'était retourné pour le regarder. Ses yeux étaient pétillants, brillants et si vivants… Il lui avait offert le même regard, quand elle l'avait vu arriver débarquer à Sainte-Mangouste, le premier jour de formation à la profession de guérisseur. Elle s'était plantée devant lui, et lui avait avoué l'attendre. Ils s'étaient inscrits ensemble, juste avant la remise des ASPICS… Scorpius lui avait avoué à son tour, l'avoir attendu tout l'été. Elle avait sourit, et ils s'étaient installés au premier rang, alors qu'il détestait être aussi prés. De toute façon, il serait aller n'importe où pour elle. Même à un concert de métal. Un concert qui se termina après plus de deux heures, pendant lesquelles les oreilles de Scorpius bourdonnèrent, même longtemps après être sorti de la salle.
– Tu me fais de la peine, grimaça Albus.
– Pardon ?
– Tu sais, Rose ne t'en aurait pas voulu … C'est pas du goût de tout le monde.
Un chanteur qui s'égosillait à pleine voix, c'était certain que ce n'était pas du goût de tout le monde. Par contre, une Rose habillée d'un t-shirt à l'effigie dudit chanteur dix fois trop grand pour elle, ça, c'était assurément au goût de Scorpius.
– T'es pas de service en plus demain ?
Rose était un peu devant eux, toute joyeuse, encore pleine d'énergie.
– Si. J'ai encore échangé mes heures avec Parkinson pour pouvoir venir ce soir, s'esclaffa-t-il.
– Y'a vraiment des choses qui changent pas, se moqua Albus.
Albus l'observa, en train de regarder Rose. Au début, il avait pensé que le blond était fasciné par sa cousine. Il fallait bien l'avouer : Rose était fascinante. Elle souriait tout le temps, parlait peu, était amicale avec tout le monde, bien que très réservée, elle était intelligente, mais mystérieuse, très secrète. On ne savait jamais où était Rose, ni ce qu'elle faisait de son temps libre.
Albus était là, quand Scorpius avait entendu Rose jouer pour la première fois. Les notes avaient traversé le mur qui séparait la salle des potions à la salle de musique. Albus avait lancé une remarque, comme quoi c'était sûrement Rose qui pratiquait son piano. Il avait fermé les yeux, pour mieux apprécier la musique, parce que même pour lui, son cousin, c'était une chose rare de pouvoir l'entendre. Quand il avait rouvert les yeux, Scorpius n'était plus dans la réserve des potions, mais devant la porte de la salle de musique, totalement envoûté. Albus l'avait ramené à la réalité, et l'avait prévenu que si Rose savait qu'il l'avait entendu, elle serait mal-à-l'aise.
Albus l'avait remarqué, les semaines suivantes, en train de reluquer sa cousine. Il savait qu'ils étaient plus ou moins amis. Mais le regard de Scorpius avait changé, et il avait longtemps pensé qu'il changerait avec le temps… Scorpius était le genre de personne a toujours avoir ce qu'elle désirait et à très vite perdre de l'intérêt quand l'objectif était trop dur à atteindre. Rose, en l'occurrence, était carrément inatteignable. Pourtant, Scorpius avait toujours ses mêmes yeux de merlan-frit.
Peut-être que ce n'était pas de la fascination. Peut-être était-ce autre chose.
– Faudrait vraiment que tu lui dises !
– De quoi ? Couina Scorpius.
– Que t'es littéralement prêt à te faire saigner les oreilles pour elle ! Plaisanta-t-il.
– N'importe quoi ! Grogna-t-il.
Rose se retourna pour accourir vers eux des bouteilles d'eau dans les mains.
– J'ai adoré ! Fit-elle d'une voix rocailleuse.
– C'était génial, approuva Albus.
– Hugo aurait aimé la performance ! Il va être tellement déçu quand je vais tout lui raconter !
Elle leva les yeux vers Scorpius :
– Tu as aimé ?
Il resta silencieux un petit moment.
– Beaucoup.
Il ne voulait pas la décevoir. Elle le devina, mais ne dit rien. Elle accrocha son coude au sien :
– Il est temps de rentrer ! On doit être à Sainte-Mangouste pour sept heures, ce qui nous laisse très exactement cinq heures de sommeil si on est chez nous d'ici un quart d'heure !
– Tu ne travailles pas demain Rose. On sera samedi…
Elle était si tête-en-l'air parfois… Souvent, il devait lui-même aller lui chercher ses cafés, lui rappeler leurs horaires de travail, quand il fallait qu'elle mange et dorme… Rose vivait tellement dans son monde qu'elle en oubliait même son sommeil ou sa faim. Il connaissait l'emploi du temps de la rousse aussi bien que le sien.
– J'ai échangé avec Donatelo. Même s'il a « l'haleine d'un scrout-à-pétard qui aurait mangé du boursin ail et fines herbes », le cita-t-elle en lui offrant un clin d'oeil.
Il ne résista pas à l'envie de replacer l'une des ses mèches rousses derrière son oreille. Il aurait été capable de l'embrasser, ici et maintenant, malgré ses oreilles à moitié sourdes et sa tête endolorie. Mais il ne le fit pas, parce que Rose s'échappa pour courir jusqu'au portoloin, qu'ils les ramenèrent à Londres.