« Allez ce sera fun !» lui avait promis Albus. Mais Rose aurait du se douter qu'une phrase commençant par « Allez ce sera fun ! », suivie d'un « En plus, tu n'as rien de mieux à faire », n'annonçait rien de bon. Elle était quand même partie en même temps qu'Albus, qui avait rejoint Scorpius et quelques amis à eux dans le sud de l'Italie, dans un domaine appartenant à la famille Greengrass depuis la nuit des temps. La mère de Scorpius était au moins aussi riche que celle des Malfoy… Rose disait souvent de Scorpius qu'il était né avec une petite cuillère en platine sertie de diamants et pleine de caviars dans la bouche. Elle avait l'art des hyperboles, Rose…
Elle était arrivée avec un gros sac de voyage que Scorpius lui avait tout de suite arraché des mains. Comme s'il avait eu peur qu'elle ne s'enfuit immédiatement, et que pour l'en empêcher, il lui avait confisqué toutes ses affaires.
Rose s'était promis de ne pas craquer. Alors, elle s'était concentrée sur ses amis, sur Lola, une de ses anciennes camarades de Serdaigle, qu'elle adorait. Rose voyageait tout le temps, grâce ou à cause de son métier. Elle explorait les tombeaux, chassait les malédictions et étudiait les trouvailles qu'elle faisait. Scorpius disait constamment qu'elle vivait parfois trop dans le passé. C'était vrai. Elle était une archéologue. Elle ne vivait que pour fouiller le passé après tout…
Et là, elle comprenait ce que devait ressentir ses trouvailles, les tombeaux qu'elle explorait quand elle posait ses yeux sur eux. Parce que Socrpius la regardait comme ça, comme la plus belle des découvertes, alors qu'elle tirait nerveusement sur le bas de son maillot de bain. Elle s'avança seule vers la mer, en frissonnant et Scorpius, derrière elle, l'entraîna avec lui dans l'eau en la tirant par la main. Elle hurla.
- Ne fais pas ta chochotte Weasley ! La nargua-t-il.
- Les gens qui sont morts noyés dans le naufrage du Titanic ont du barboter dans une eau mille fois plus chaude que celle-ci ! Siffla-t-elle entre ses dents.
L'art des hyperboles, d'exagérer toujours tout… Merlin que Rose avait manqué à Scorpius, pendant ces quelques jours…
Il explosa de rire, et la prit dans ses bras. Elle se sentit chez elle. Il fallait qu'elle s'éloigne de lui. Mais elle n'y arrivait jamais.
- Tu m'as manqué.
- Menteur, chuchota-t-elle.
- Non, je suis sincère.
- Mais je te déteste…
Elle plongea dans l'eau, pour ne pas entendre la suite et goûta l'eau salée sur ses lèvres. C'était toujours mieux que de goûter à ses baisers. Elle le sentit, plonger à son tour et la rejoindre sous l'eau. Elle remonta à la surface avant lui, et l'observa remettre ses cheveux blonds en place, alors qu'ils étaient devant ses yeux.
- Et c'est jusqu'à ce que je trouve mieux, murmura-t-elle.
- Mais tu ne trouveras jamais mieux que moi Rose, chuchota-t-il.
Sa main commença à descendre le long de son ventre. Ses doigts se mirent à courir, et tracèrent des lignes imaginaires, reliant ses grains de beauté, et ses tâches de rousseurs. Elle se rapprocha, se lova presque contre lui. Si elle avait été un chat, elle aurait ronronner et Scorpius s'en rendait parfaitement compte.
- Je t'ai manqué moi aussi.
- Toi, pas vraiment. Les trois orgasmes par nuit, peut-être, le taquina-t-elle.
Il éclata de rire et son nez frôla le sien. Il la regarda fermer les yeux, ses cils caressant son menton à lui. Elle tira encore une fois sur son maillot de bain et tenta de mieux attacher le cordon de son haut, légèrement distendu. Scorpius l'aida, ses mains parcourant sa nuque. Il fit un nœud et le tour de son corps, frôlant ses seins, le sourire aux lèvres.
Puis elle s'éloigna.
Elle nagea jusqu'au rivage et enterra ses pieds dans le sable en le laissant se faire bercer par les vauges. Elle parlait avec Lola, quand elle remarqua un nouvel fois son regard sur elle, plus brûlant que le soleil. Elle ne savait pas depuis combien de temps il était sortit de l'eau. Leurs yeux se croisèrent et Scorpius mordilla ses lèvres, le souffle court. Il lui lança un tube de crème solaire, qu'elle dédaigna, juste parce qu'elle voulait l'emmerder.
Le soir-même, Rose avait des coups de soleil dans le dos, sur les épaules et était incapable de faire un geste sans grimacer de douleur. Elle n'avait pas réussis à dormir et s'était levée, sans prendre la peine d'enfiler un t-shirt, parce que sa peau ne supportait plus rien, pas même le plus fin des tissus. Rose ne portait qu'un short, ses mollets étant tout aussi victimes des brûlures que ses épaules et son dos. Elle s'était roulée en boule dans le patio quand elle entendit des pas. Scorpius s'assit à côté d'elle, et elle se mit à rougir, en tentant de cacher un peu plus sa nudité.
- Qu'est-ce que tu veux me cacher ? Se moqua Scorpius. J'ai déjà tout vu.
Ça l'énervait. Parce qu'il avait raison et qu'elle n'avait jamais ressenti le besoin de lui cacher quoique ce soit. Il l'avait vu nue, plus d'une fois, mais plus que ça, il connaissait chaque facettes de sa personnalité et en elle avait pleinement conscience. Il l'avait vu en colère, pleurer, hurler de joie, travailler, s'épuiser, il connaissait la Rose taquine, maline, la Rose colérique et la Rose charmante et charmeuse…
Elle n'avait jamais eu la moindre insécurité avec lui. Jamais. Avant, elle trouvait ses seins trop petits , ses cuisses trop grosses, elle détestait ses dents du bonheur, ses tâches de rousseurs et ses pieds un peu étranges. Quand il lui disait qu'elle était belle, elle ne le croyait pas. Pourtant, il le lui disait tout le temps, juste avant de ne faire plus qu'un avec elle. Scorpius, il l'avait embrassé partout, il connaissait chaque centimètres carré de sa peau, et elle, aussi elle connaissait chaque centimètres carré de sa peau à lui. Il était beau. Il n'aimait pas son nez. Trop aquilin, trop Malfoyen. Mais elle, l'adorait. Il n'aimait pas ses lèvres trop fines et ses épaules un peu frêles. Elle les aimait pour lui.
Elle lui faisait confiance. Donc non, elle n'avait rien à lui cacher.
Et pourtant, elle lui cachait le plus important. Combien elle l'aimait. Juste pour se protéger, parce qu'elle savait, que lui, il ne l'aimerait jamais comme ça, qu'elle n'était que son plan cul du moment…
- Détend-toi, Rose. Et relâche les épaules, soupira-t-il.
Il passa ses mains sur ses bras, pour la forcer doucement à prendre une position confortable et elle lui tourna le dos. Elle sentit ses doigts, délicieusement glacés, courir sur son dos, ses épaules et sa nuque, après qu'il ait relevé ses cheveux. Il étalait une crème sur sa peau, presque religieusement, et elle en soupirait presque d'aise.
- Ma mère a toujours de quoi calmer les coups de soleil dans l'armoire à pharmacie. Elle en préparait en grosse quantité quand j'étais petit. Je manquais de patience et je courrais toujours à l'eau sans me soucier des UVs.
Elle l'imaginait sans peine faire ce genre de choses. Scorpius était un éternel impatient. Même s'il adorait prendre son temps, il vivait tout à fond et savourait chaque seconde, en n'en faisant toujours qu'à sa tête.
- Tu m'as manqué, avoua-t-il encore une fois.
Elle ferma les yeux. C'était plus facile de lui parler quand elle lui tournait le dos. Il embrassa son épaule et si Rose avait pu tatoué à même sa peau la sensation que ça lui procurait chaque fois qu'il le faisait, elle n'hésiterait pas un seul instant.
- Tu n'as pas trouvé quelqu'un pour me remplacer ? Demanda-t-elle amèrement.
Scorpius se retint de sourire, parce qu'il savait que lorsqu'elle se sentait blessée, vulnérable, Rose crachait son venin pour se défendre et se protéger. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle se sentait obligée de le faire avec lui. Il pensait sincèrement construire quelque chose avec elle. Mais Rose, elle était si froide avec lui, si … Si sèche. Il avait beau la connaître par coeur depuis le temps, parfois, il tuerait père et mère pour avoir une notice « Rose Weasley ». Quand il faisait un pas, elle en reculait de dix.
- Je ne veux pas te remplacer. C'est toi, qui cherches à me remplacer.
Rose se retourna vers lui, les yeux brillants.
- Je te déteste.
Plus elle le disait, moins elle y croyait. Plus il l'entendait, moins il en était convaincu.
Ils se jetèrent l'un sur l'autre, parce qu'au final, ils étaient faibles, incapables de se résister, toujours à se chercher sans le savoir. Cette fois-ci, Rose s'attarda à quelques millimètres de ses lèvres, en hésitant. Deux jours après leur première nuit, Scorpius avait tambouriné à sa porte en lui demandant pourquoi elle l'ignorait. Elle s'était retenue de lui répondre à « A ton avis, connard ? ». Sauf qu'elle avait ouvert sa porte. Qu'ils s'étaient une fois de plus retrouvés nus. Juste après, Rose avait énoncé les règles : du sexe, rien que du sexe, garder le secret, ne rien dire à personne, ne pas s'embrasser…
- Tu ne me détestes pas vraiment, murmura Scorpius alors qu'elle s'agrippait à ses cheveux.
- Bien sûr que si.
- Pourquoi tu me détestes alors ?
- Parce que ça ne veut rien dire…
Au fond, Rose avait juste peur d'être abandonnée, de n'être qu'un nom, ce qu'elle avait toujours été aux yeux de tous les sorciers, l'héritière de deux héros de guerre. Elle avait peur que tout redevienne comme avant, quand Scorpius faisait tout pour l'énerver, quand il ne la prenait pas dans ses bras, quand il se contentait de lui sourire mesquinement sans la suivre dès qu'elle partait fâchée. Elle avait peur d'être seule. Elle ne voulait pas qu'il l'abandonne, alors elle lui avait donné ce qu'il voulait, juste assez pour qu'il reste, du sexe, parce que pour lui « ça ne veut rien dire ». Mais elle s'y était totalement perdue…
- C'est faux, objecta Scorpius.
- C'est toi même qui l'a dit pourtant, chuchota-t-elle.
Cette fois-ci, elle résista pour de bon. Elle s'extirpa de son étreinte parce que, même si le bonheur qu'elle ressentait quand ils ne faisaient plus qu'un la faisait planer pendant des heures, ce n'était rien, qu'en comparaison de la redescente émotionnelle qu'elle avait, une fois qu'il fermait la porte derrière elle, après qu'elle soit partie.
Scorpius, il avait toutes les filles à ses pieds. Elle n'avait jamais souhaité rivaliser avec elles. Elle ne s'en sentait même pas capable.
Elle claqua la porte avant de partir. Elle commanda un portoloin et s'enfuit, laissant ses affaires derrière elle.
« Ce sera fun » avait dit Albus.
Rose avait juste le coeur en miettes, et parfois elle se disait que Scorpius le picorait tout entier. Elle l'avait laissé faire. Mais elle n'avait plus de temps à perdre. Plus d'énergie à dépenser… Il fallait que tout s'arrête…
Elle en avait marre de ce jeu du chat et de la souris. Marre d'essayer d'être le chat, de faire semblant, quand elle savait pertinemment qu'elle était la souris.
Tant pis pour la solitude.