Scorpius chercha son corps à tâtons par réflexe, parce qu’il avait froid et que Rose lui donnait toujours étrangement chaud. Juste assez pour qu’il se sente bien et confortable. Mais Rose n’était plus là. Il était toujours mi-admiratif mi-dépité en constatant comme il était effarant pour Rose d’apparaître et de disparaître du lit qu’ils partageaient souvent ces derniers temps. Elle ne le réveillait jamais et parfois Scorpius faisait tout pour ne pas s’endormir, juste pour la surprendre lors de ce moment. Il n’y était jamais parvenu…
Scorpius passa une main sur son visage, en grommelant, avant d’enfouir la tête dans son oreiller. Grave erreur. Parce qu’il sentait un peu comme Rose, un peu comme lui et que ce mélange d’odeurs lui donnait toujours le tournis. Il se leva, et se dirigea dans la cuisine. La rousse était en train d’y boire son thé, déjà douchée et habillée. Il déposa un baiser au niveau de sa nuque et elle recula.
– Ne fais pas ça, grogna-t-elle.
Scorpius haussa les épaules et lui fit face, indifférent. Cependant au fond de lui, son ventre grondait de ne pouvoir étancher la faim qui le tiraillait de l’intérieur : il voulait la toucher. Mais elle, ne le voulait pas.
– J’étais venue récupérer mes plantes.
– Et tu as finis par les chercher dans mon lit ? se moqua Scorpius.
– Ferme la Malefoy, bougonna Rose.
Il la vit rougir. De honte peut-être … Souvent il avait l’impression d’être la dernière part de gâteaux qu’elle ne pouvait s’empêcher de dévorer en le regrettant tout de suite après.
Scorpius fit quelques pas dans le salon et prit l’une des plantes que Rose avait confié à son cousin Albus, le temps de son voyage en Éthiopie pour explorer des tombeaux sorciers. Albus étant parti à son tour une semaine en vacances avec les Potter, c’était Scorpius qui en avait eu la charge. Rose inspecta la plante et fronça les sourcils, avant d’ouvrir la bouche et de la refermer. Il savait ce que ça voulait dire…
Dans peu de temps, Scorpius allait subir la tempête « Rose Weasley », celle qui ravage tout sur son passage, même son cœur.
– Tu ne l’as pas arrosée tous les jours, commenta calmement Rose.
– Bien sûr que si.
– Bien sûr que non ! s’offusqua Rose, les poings sur les hanches.
Il avait oublié un jour, juste un. Mais ça, jamais il ne lui avouerait. Puis, c’était si marrant de contredire Rose. Si Scorpius ne faisait pas autant d’efforts depuis des années pour la mettre en colère, elle l’ignorerait totalement. Scorpius ne voulait ça pour rien au monde. Alors il l’énervait. Il aurait troqué mille ans de silence contre des cris et hurlements de sa part.
– Tu ne fais jamais attention à rien ! l’accusa-t-elle.
Ça lui fît mal.
Parce qu’il faisait attention à elle.
Il veillait à ce que son thé préféré soit dans les placards, parce qu’il savait qu’elle venait au moins deux fois par semaine pour voir Albus, son colocataire. Il achetait toujours ces gâteaux épicés qu’elle aimait, parce qu’il savait qu’elle avait rarement le temps de manger le midi, et qu’elle s’en goinfrait. Chaque fois qu’elle entrait dans l’appartement, Scorpius retenait son souffle et comptait jusqu’à trois pour s’empêcher de la regarder, elle et ses grands yeux, elle et ses lèvres toutes roses, elle et ses cheveux qui partaient dans tous les sens, elle et ses sourires, ses tâches de rousseurs sur ses bras, ses jambes, son nez, celles qui parsemaient son décolleté.
La vérité, c’était que Rose ne supportait pas Scorpius et qu’il ne le comprenait pas. Il ne le comprenait, parce que ça faisait six mois qu’ils couchaient ensemble. Scorpius avait embrassé chacune de ses tâches de rousseurs depuis le temps, et avait compris qu’il n’en serait jamais rassasié.
Les règles étaient simples. Pas de baisers, pas de câlins, juste du sexe, un petit-déjeuner et une douche.
Ça avait commencé un soir, où ils avaient un peu trop bu. Ils s’étaient engueulés et Rose l’avait embrassé. C’était la première et la dernière fois. Et c’était ce baiser, qui lui avait donné soif de tous les autres. Ça lui avait fait peur. Horriblement peur. Parce que Rose était cette petite emmerdeuse de première qui avait toujours son mot à dire, cette fille autoritaire, un peu coincée et franchement déterminée à lui pourrir la vie parfois.
Il soupira.
– Albus ne rentre pas avant deux jours…
– Et alors ?
– Et alors on pourrait en profiter.
Elle haussa les épaules à son tour et s’approcha de lui. Il passa les mains sur ses hanches et commença à caresser le creux de ses reins. Il se jura la sentir frissonner. Quand il déposa un baiser au coin de ses lèvres, elle détourna la tête, par réflexe.
– N’oublie pas les règles.
Pas sur la bouche.
Alors il picora son cou et l’entendit gémir :
– Je te déteste.
Étonnant, quand ils savaient l’un comme l’autre ce qu’ils étaient capable de s’offrir, en termes de plaisir.
– C’est jusqu’à ce que je trouve mieux, se rappela Rose à voix haute.
– Un meilleur quoi ?
– Un meilleur coup.
– T’es pas ce genre de fille Rose…
Elle ne répondit pas et mordilla ses lèvres. Il n’y résista pas et se jeta sur elle en même temps qu’elle se jeta sur lui.
– Je te déteste, insista-t-elle. Et tu n'es personne pour me dire ce que je suis et ce que je ne suis pas.
Et elle se déshabilla elle-même.