« Le code de la route, ce n’est pas pour les chiens ! »
Agressif et virulent, l’homme derrière son volant klaxonne vocifère. Sa moustache grise d’une taille impressionnante tremble sous la colère et la femme assise à côté du conducteur lui intime de se calmer, une main posée sur son bras, à coups de «Vernon, calme-toi !», à peine audible entre deux braillements du conducteur.
Avec une irrésistible envie de rire devant le comique de cette scène, Dean attrape la main du Luna et l’entraine sur le trottoir, en sécurité.
L’indifférence de la jeune sorcière face au danger de s’arrêter net dans la rue pour voir les nuages, face à l’agressivité du conducteur est risible. Ils sont pourtant dans une rue pavée où les véhicules roulent au pas.
Sauf pour Monsieur Moustache, qui est bien colérique à une heure aussi matinale. Dean lui adresse un signe pacifique de la main et le conducteur repart en trombe, bien loin de la limitation indiquée à plusieurs endroits de la rue.
« Tu devrais faire attention, Luna.
- Mais il m’a vue, non ? »
De nouveau, la Serdaigle tourne sur elle-même, faisant virevolter sa robe jaune et entrechoquer les breloques achetées au cours de la nuit sur un marché nocturne artisanal.
La nuit a été belle, entre les rues bondées et les parcs plongés dans l’obscurité. Entre les bars déversant des flots de musique et de chaleur humaine et le calme absolue des quartiers résidentiels où le temps semble suspendu.
« La route est faite pour les voitures, pas pour les piétons, Luna.
- Cet homme devrait marcher au lieu de crier comme ça. En plus, il effraie sa femme.
- Viens, on n’est plus très loin. »
Dean ne lâche pas la main de Luna. En d’autres lieux, en d’autres temps, ce geste aurait eu toute autre signification. Aujourd’hui, Dean ignore le regard des autres quand il est avec Luna et qu’elle s’offre la fantaisie de danser en plein milieu de la rue ou de s’enthousiasmer à voix haute.
Qu’elle parle de ses créatures, elles existent au moins dans son imagination, qu’elle s’étonne de l’ingéniosité des moldus, beaucoup trop, comme le chauffard, sont blasés et ne voient plus leur propre magie.
Les jambes lourdes, sentant poindre la somnolence de leur nuit blanche, Dean n’a pourtant pas envie de rentrer dans leur appartement sous les mansardes et de dormir. Il ne veut pas voir les jours défiler sur le calendrier, ni les jours qui le rapprochent de la fin août et de son retour à Poudlard.