12 Square Grimmaurd, 27 juillet 1996
La joie que Harry ressentit en sachant son parrain libre de tout soupçon, ce qui signifiait pour lui de ne plus jamais retourner à Privet Drive, fut de courte durée. En effet, il était encore sous le choc de la mort d'Arthur Weasley. Il continuait de culpabiliser à ce sujet. Il savait que Ron ne voulait pas parler de cela, lui ayant déjà dit que ce n'était pas de sa faute, mais continuait de le penser. S'il avait bien pratiqué l'occlumancie, la bataille n'aurait même pas eu lieu. S'il avait su mettre de côté sa haine envers Severus Rogue, Arthur Weasley serait vivant. S'il avait écouté Hermione lorsqu'elle suggérait que Voldemort se servait de la connexion entre lui et Harry pour mentir à ce dernier, rien ne serait arrivé. Il alla donc se confier à Sirius à ce propos. Celui-ci répondit :
«Je sais bien ce que tu ressens, j'ai ressenti la même chose lorsque tes parents sont morts. Si je n'avais pas suggéré de désigner ce sale rat comme Gardien du Secret, Voldemort n'aurait jamais trouvé leur maison. Si tu te considères responsable de la mort d'Arthur, alors tu dois logiquement me tenir pour responsable de la mort de tes parents.
-Mais ce n'est pas pareil, tu ne pouvais pas savoir que Pettigrow était le traître
-C'est exactement pareil, coupa Sirius. Ce n'est pas toi qui as tué Arthur Weasley, mais le Mangemort Lucius Malefoy, qui lui vouait déjà une haine farouche depuis des années. Arthur savait très bien quel danger il courrait à quitter son poste pour aller t'aider à combattre les Mangemorts, il en a déjà combattu de nombreux depuis qu'il a rejoint l'Ordre. Il savait que, si nous avions perdu la bataille et qu'il avait survécu, il aurait perdu son emploi, il savait que les Mangemorts pouvaient le tuer, lui ou n'importe qui d'autre, mais il a choisi d'aller se battre, car il jugeait la lutte contre les Mangemorts plus importante que le reste.»
Les paroles de Sirius lui ont fait considérer les choses sous un autre angle. Harry continuait de penser qu'il ne méritait pas l'amitié de Ron, mais celui-ci arriva à ce moment et lui confirma ce que Sirius disait. Même Molly, qui avait passé des heures entières à pleurer, ne tenait pas Harry pour responsable de la mort de son mari, le seul fautif étant Lucius Malefoy et personne d'autre.
En plus du deuil, Molly était dans une panique quant à sa propre vie et celle de ses enfants. Seule, elle était plus vulnérable aux attaques de Mangemorts qu'avec son mari en plus d'elle-même. De plus, Arthur, en travaillant au ministère, ramenait de l'argent au foyer, c'était même leur seule source de revenus. Maintenant, elle n'aurait plus de quoi vivre, d'autant qu'elle devait également nourrir Ron et Ginny jusqu'à leur rentrée à Poudlard. Harry lui avait proposé, avec beaucoup d'insistance selon elle, de lui donner tout son argent, mais Molly n'avait pu se résoudre à accepter. Ce n'était pas tant le geste, que la raison derrière qui lui déplaisait. En effet, Harry lui avait proposé en précisant que, à défaut de ramener Arthur, elle serait tranquille pour la vie «Et je vous dois bien ça, après tout, si j'avais écouté Rogue et Hermione, votre mari serait vivant». Cette dernière phrase avait conduit Molly à refuser toute aide financière de la part de Harry, pourtant bien plus riche qu'elle.
Finalement, Sirius, qui possédait l'héritage de la fortune des Black, mais aussi les dommages et intérêts de la nation, se mit à vendre les bibelots de sa famille, non qu'il ait besoin d'argent, mais simplement parce qu'il ne voulait plus voir ces objets qui lui rappelaient tant de mauvais souvenirs. Cela lui rappelait tous ses conflits avec sa famille et leur croyance en la supériorité du sang pur, qu'il avait toujours exécrées. Avec tout cela, il promit à Molly de l'aider financièrement.
Lorsque Molly ne pensait pas à tout cela, elle pensait à Percy. Comment avait-elle pu l'éduquer, pour qu'il finisse à ce point porté sur sa carrière professionnelle qu'il n'en était pas affecté par le décès de son propre père ? Comment avait-elle pu ne pas se rendre compte, lorsque Percy était encore enfant puis adolescent, qu'il était à ce point porté sur les règlements, n'hésitait jamais à dénoncer les moindres bêtises de Fred et George, comment avait-elle pu, à l'époque, le féliciter pour cela ? Et voilà le résultat, pensa-t-elle. À quel âge Percy aurait-il été récupérable, Molly ne saurait le dire, mais ce n'était certainement pas maintenant.
Ron aussi se sentait mal, très mal. Sa haine envers les Malefoy atteignit des proportions démesurées. De plus, le fait que Harry culpabilise n'arrangeait rien. En effet, Ron savait très bien que Harry n'avait jamais voulu un tel mal. Il en voulait uniquement à Lucius Malefoy, ce n'était en aucun cas de la faute de Harry. En effet, même si Harry n'avait pas eu cette vision, la guerre contre Voldemort aurait quand même eu lieu et un tel événement aurait pu se produire n'importe quand. De plus, Lucius Malefoy était un homme malfaisant, haïssant profondément les sorciers qui ne sont pas de sang-pur, mais aussi les «traîtres à leur sang», dont faisaient partie tous les Weasley. Il était le seul fautif de la mort de son père. Que Harry vienne lui dire l'inverse exaspérait Ron, qui tenait beaucoup à son amitié avec Harry. De plus, ils avaient tous les deux vu Lucius Malefoy tuer Arthur Weasley, et non Harry.
Fred et George entrèrent en dépression et fermèrent leur magasin de farces et attrapes temporairement. Ils disaient eux-mêmes qu'ils rouvriraient dès lors que leur deuil serait fini, mais actuellement, ils étaient trop affectés par le deuil pour vendre des accessoires servant à rire. Ils se mirent à rire de certaines situations, lorsque le deuil ne leur pesait pas trop, par exemple lorsque Harry leur annonça que Dumbledore devait venir le chercher 1er août, sans qu'il ne sache pourquoi.
C'est sur ce fond que Dumbledore arriva au Square Grimmaurd, le 1er août, afin d'emmener Harry avec lui.