Hermione se réveilla en sursaut, la baguette à la main. Attentive aux moindres sons, elle vérifia rapidement que personne ne s’était introduit dans la pièce sombre. Rassurée de savoir la porte toujours verrouillée, elle étira rapidement son dos endolori. Dormir sur les dalles de pierre d’une salle de classe désaffectée ne l’avait pas aidée à se reposer. Continuant ses étirements, elle regarda Ron toujours allongé près d’elle, enviant presque son apparente tranquillité.
BOOM !
Le cœur d’Hermione se serra.
Elle ne supportait plus les bruits de cette guerre qui régnait autour d’eux. L’assaut de Poudlard avait commencé depuis déjà deux jours… Voldemort se plaisait à faire durer la bataille pour terrifier la communauté sorcière repliée dans l’enceinte du château.
Hermione cacha son visage dans les paumes de ses mains, essayant de faire abstraction de ce qui se déroulait à Poudlard. La pression sur son épaule lui fit cependant relever la tête. Ses prunelles se perdirent dans celles de Ron qui la prit dans ses bras dans un geste maladroit.
BOOM !
— Ils nous ont laissé dormir combien de temps cette fois ?
— Deux heures. Même pas, répondit Hermione.
— Vivement qu’on soit dans un bon lit. Après toutes ces histoires, me faire réveiller par les grommellements de Kreattur me paraîtrait presque agréable. Tu ne trouves pas ? demanda Ron dans une tentative d’humour.
Hermione esquissa un faible sourire, mais le cœur n’y était pas.
— Je ne suis pas sûre qu’on retourne à Square Grimmaurd un jour Ron.
— Je sais, admit-il en resserrant son étreinte autour des épaules de la jeune femme.
— Harry me manque.
— Moi aussi. Tu crois qu’il est… Enfin il était quand même parti voir Voldemort, non ?
— Je ne sais pas. Il est parti il y a si longtemps maintenant… Je ne comprends pas. Si Voldemort l’avait tué, tu ne crois pas qu’il nous l’aurait fait savoir ?
Ron hocha légèrement de la tête.
— Oui, tu as raison, mais s’il va bien, pourquoi ne nous rejoint-il pas ?
— Aucune idée Ron. Peut-être qu’il est blessé.
Ron grimaça à cette idée.
— Dommage qu’il ne nous ait pas laissé la cape d’invisibilité. S’il est dans la forêt interdite, nous n’avons aucune chance de le retrouver sans nous faire repérer.
Hermione laissa échapper un soupir. Harry lui manquait beaucoup. Il était parti avant le lever du jour, le premier soir de la bataille, sans rien leur dire. Tout le monde en avait d’abord conclu que Harry était parti se rendre à Voldemort… Elle se rassurait aujourd’hui en se disant que si c'était le cas, Harry avait dû changer de plan. Il n’était sûrement pas arrivé jusqu’à Voldemort, sans quoi ce dernier se serait fait un plaisir de jeter un nouvel élan de désespoir en leur apprenant sa mort. A moins que…
Hermione réprima un nouveau frisson. Voldemort attendait-il le dernier moment pour leur annoncer la mort du Survivant ? Attendait-il que l’Ordre et le reste des résistants soient suffisamment anéantis pour que cette annonce soit le coup de grâce ? Rassemblant ses dernières forces, Hermione s’efforça de ne pas y penser. Si telle était la stratégie de Voldemort, alors elle savait qu’elle s’effondrerait, mais pour l’instant, elle se devait de tenir.
BOOOOOOM !
L’explosion était plus proche cette fois et les deux sorciers se relevèrent en un même mouvement.
Sans même se concerter, ils sortirent de la pièce et se mirent à courir. Les armures, habituellement placées de part et d’autre du couloir, avaient été appelées à se battre. Les tableaux, eux, étaient vides depuis que leurs occupants avaient fui, terrifiés par les évènements.
Ils ne tardèrent pas à découvrir le lieu de la bataille, retrouvant Ginny, Georges, Percy, Neville et Luna, qui avaient tenté de trouver le sommeil dans une des salles un peu plus loin. Depuis la nuit précédente, des groupes de six sorciers, constitués de Rafleurs guidés par un Mangemort, parcouraient les couloirs, cherchant à déloger les sorciers cachés dans Poudlard.
Ron et Hermione se lancèrent dans la bataille, Ron se dépêcha de rejoindre ses frères qui se battaient tant bien que mal contre trois adversaires. Ginny brandissait sa baguette vers le Mangemort tandis que Neville et Luna affrontaient les derniers membres de la patrouille.
Convaincus de leur prochaine victoire, plus aucun Mangemort ne prenait la peine de revêtir sa cagoule. Hermione se joignit donc à Ginny en reconnaissant le visage de Yaxley.
— Stupéfix !
Le Mangemort n’eut aucun mal à éviter le sortilège.
— Contente de te voir, lui sourit Ginny.
— Moi de même.
— Que dirais-tu de faire de la purée de Mangemort ? ajouta-t-elle avant de lancer à son tour un sortilège de stupéfixion.
— Avec joie ! répondit Hermione.
Le sarcasme était leur seule arme pour donner le change car Ginny souffrait au moins autant qu’Hermione. Son frère ainé, Fred, était mort au début de la bataille et avait été rejoint le lendemain par Bill, assassiné par Dolohov, du même sortilège qui avait failli avoir raison de Hermione au Département des Mystères deux ans plus tôt.
Yaxley ne se laissa pas perturber par l’échange entre les deux jeunes femmes et attaqua.
La vitesse du sortilège prit Hermione au dépourvu et elle sentit une douleur aigüe se propager dans sa cuisse, comme si une flèche venait de se planter dans son corps. Elle étouffa tant bien que mal un gémissement et riposta. Redoublant d’efforts suite à la blessure d’Hermione, les deux jeunes femmes finirent par prendre l’avantage sur le Mangemort.
— Ahhhh !
Hermione fit volte-face en entendant le hurlement de Luna. Elle venait de s’écrouler, le bras ensanglanté et la baguette à terre, un mètre plus loin. Ginny s’était retournée elle aussi et accourait vers sa camarade de classe. Hermione n’eut pas le temps de reprendre le combat qu’un jet de lumière la frappa en pleine poitrine.
Elle sentit son esprit s’embrumer, mais eut le temps de reconnaître la sensation que lui procurait le sort. On le lui avait jeté à plusieurs reprises lors de sa quatrième année, mais, pas une fois, elle n’avait été capable de repousser le sortilège. En un instant, elle sentit ses soucis s’envoler et son corps se détendre.
— Tue-la ! Tue la rousse.
L’ordre était simple et clair. Juste un sort à lancer, pas de questions à se poser. Alors pourquoi avait-elle senti son coeur se tordre à cette idée ?
Son esprit semblait lutter, comprenant enfin la portée de l’ordre que la voix lui répétait sans cesse. Mais c’était inutile. L’Imperium agissait trop fort pour qu’elle puisse le contrer. Hermione obéit et commença à lever sa baguette, doucement. Il fallait qu’elle le repousse, c’était vital. Harry en avait été capable. Elle devait en faire autant…
Malgré sa volonté, sa baguette était maintenant pointée vers sa meilleure amie. Hermione se mit à trembler, mais elle n’arrivait toujours pas à faire abstraction de la voix dans sa tête qui continuait de répéter « tue-la ».
Elle s’apprêtait à formuler l’incantation lorsqu’elle sentit une larme couler le long de sa joue. Hermione profita de l’instant de lucidité que cela lui apporta et hurla :
— Ron !
La bataille les avaient forcés, lui et ses frères, à se déplacer. Ils étaient maintenant à une vingtaine de mètres de leurs amis et n’affrontaient plus que deux adversaires.
Hermione luttait toujours pour ne pas succomber aux ordres, mais elle n’avait plus le choix. Son instant de lucidité n’avait pas duré et la voix lui semblait de plus en plus forte.
— Tue-la ! Maintenant !
Elle vit Ginny se retourner et croisa son regard. Malgré la chaleur rassurante qu’elle ressentait d’habitude en se noyant dans les pupilles de sa meilleure amie, elle savait qu’il était trop tard pour repousser l’Imperium.
— Ava…
Le coup qu’elle reçut sur la tête l’empêcha de finir.
— Je sais bien qu’elle n’y est pour rien. N’empêche qu’elle aurait pu la tuer !
— Georges, elle était sous l’influence de l’Imperium. Estimons-nous déjà heureux qu’elle ait eu la force de vous prévenir.
Hermione connaissait cette voix, mais n’était pas capable d’y mettre un nom. Si seulement elle avait moins mal à la tête. Elle essaya d’ouvrir les yeux, mais la douleur dans ses tempes lui intima la patience.
— Tu aurais quand même pu lui envoyer un sort plutôt que de l’assommer.
Alors c’était ça. Georges l’avait frappée pour qu’elle ne tue pas Ginny. Malgré la douleur, elle lui en était reconnaissante. Mais comment la bataille s’était-elle terminée ? Est-ce que tous ses camarades avaient survécu ?
— Ron, tenta-t-elle dans un souffle.
En une poignée de secondes, il fut à ses côtés.
— Hermione, comment vas-tu ?
— Mal à la tête.
— Désolée Hermione, dit Georges, penaud.
— Tu… tu as fait ce qu’il fallait, réussit-elle à murmurer.
Hermione entendit Ron émettre un grognement.
— Comment vont les autres ? demanda Hermione.
— Ne t’inquiète pas, ils vont bien, lui répondit la troisième voix.
Hermione se redressa rapidement, lui causant un léger étourdissement, et remarqua que la troisième interlocutrice n’était autre que Mme Weasley. Ainsi Arthur et Molly avaient reçu leur message par Patronus et avaient pu les rejoindre, permettant aux Weasley survivants d’être enfin réunis. Il ne manquait que Charlie, qui était parti chercher des renforts avec le professeur Slughorn peu après le départ de Harry. Sans nouvelles de lui, ils craignaient tous le pire.
Hermione se força à ne pas y penser et se concentra sur l’instant présent. Elle adressa un regard interrogateur à Ron, qui lui fit part des derniers évènements.
— Lorsque tu m’as appelé, Georges, Percy et moi venions de mettre à terre deux de nos adversaires. Nous avons donc laissé Percy finir le travail et t’avons rejoint. Pendant que j’occupais le Mangemort, Georges t’a assommé. Mes parents sont arrivés à ce moment-là, mais Neville et Ginny s’étaient aussi bien battus de leur côté et il ne restait plus grand chose à faire. Yaxley s’est enfui, suivi par l’adversaire de Percy.
— Et Luna ? demanda Hermione, inquiète.
— Elle n’est pas dans un état terrible, mais, grâce à l’essence de dictame, ses blessures se sont refermées. Neville l’a fait sortir de Poudlard pour la mettre à l’abri, elle pourra s’y reposer.
— Sortir de Poudlard ? Comment ?
— Le passage secret de la Tête de Sanglier. Neville le connaît comme sa poche et je ne doute pas qu’il réussisse à l’y faire passer pour la mettre en lieu sûr.
Hermione hocha la tête de soulagement, ce qui eut pour effet de déclencher à nouveau les lancinements dans son crâne. Elle posa doucement la tête sur le sol froid, espérant pouvoir s’assoupir de nouveau, mais elle sentit une main s’enrouler autour de son poignet.
— Merci d’avoir résisté Hermione. Repose-toi maintenant.
Les paroles rassurantes de Mrs Weasley l’accompagnèrent jusqu’à ce qu’elle trouve le sommeil.
Trois heures plus tard, Hermione se réveilla en voyant les lueurs du soleil percer à travers la fenêtre. Comment avait-elle pu dormir malgré la dureté du sol et les bruits de la bataille qui résonnaient toujours autour d’elle ?
— Potion de sommeil, lui indiqua Mrs Weasley comme si elle avait lu dans ses pensées.
Mrs Weasley avait dû la lui administrer par magie une fois endormie car elle ne s’en rappelait pas et n’aurait de toute manière jamais accepté de la boire. Leurs réserves de potion étaient minces et Hermione se doutait que la fiole était maintenant vide ou presque. Elle lui adressa cependant un sourire reconnaissant et se leva.
— Hermione ! J’ai eu si peur !
La tornade rousse qui avait parlé l’enlaçait à présent.
— Oui, excuse-moi Ginny, dit Hermione en baissant les yeux. L’Imperium n’est pas une excuse, je suis désolée.
— Tu rigoles j’espère ! C’est vrai, tu aurais pu me tuer, mais tu ne l’as pas fait.
— Grâce à Georges !
— Non Hermione, pas que. Tu ne t’en es peut-être pas aperçu, mais tes mouvements étaient extrêmement lents. Tu luttais contre l’Imperium ! Vraiment ! C’est pour ça que j’avais si peur. Papa m’a dit que repousser ce sortilège est extrêmement éreintant, au point même que cela peut endommager ton cerveau si tu forces trop. Je suis rassurée que tu ne sois pas devenue un légume, ajouta-t-elle avec un grand sourire.
— Tout de même Ginny, j’étais sur le point de lancer le sortilège.
— A cette vitesse, je n’aurais eu aucun mal à l’éviter tu sais, rit-elle.
— Alors pourquoi Georges a-t-il agi ? demanda Hermione avec sarcasme.
Malgré les paroles de sa meilleure amie, Hermione ne pouvait taire sa culpabilité.
— Au cas où, répondit-elle simplement.
Hermione fit une moue dubitative.
— De toute façon, même si le sort m’avait atteint, je doute qu’il m’aurait tué.
— Pourquoi ?
— Le sort de la mort est trop puissant pour être lancé dans cet état. Enfin, je pense que ça fonctionne un peu comme le Doloris, non ? Si tu ne veux pas vraiment faire de mal, les douleurs sont moins importantes. La haine est le vecteur principal de ces sortilèges.
— Tu as sûrement raison, dut admettre Hermione bien que moyennement convaincue. Mais si c’est vrai, alors Yaxley ne m’aurait pas demandé de te tuer. Il devait savoir que je n’y arriverai pas.
— Ne cherche pas à comprendre les Mangemorts ma chérie, les coupa Mrs Weasley.
— Il a dû trouver très amusant de te voir souffrir, expliqua Mr Weasley. Et rassure-toi, je pense que Ginny a raison : ton sortilège n’aurait sûrement pas eu l’effet escompté. Il aurait fait pas mal de dégâts certes, mais… n’y pense plus, d’accord ? Tu n’as rien à te reprocher.
— Merci, je… je vais essayer.
Hermione demanda à nouveau des nouvelles de Luna dont le transfert s’était effectué sans encombres. Ils en avaient été informés par le Patronus de Neville, qui avait promis de revenir avant dix heures. Ron, Percy et Georges, chargés de l’attendre au septième étage, ne devraient plus tarder à arriver
Et en effet, quelques minutes plus tard, le silence qui s’était installé dans la pièce sombre fut brisé par un cri.
— Hermione, Ginny ! Hermione !
La voix de Ron résonnait dans le couloir et se rapprochait un peu plus à chaque appel. Lorsqu’il entra, un grand sourire s’étendait sur son visage.
Alors que Hermione s’apprêtait à réprimander Ron pour son manque de discrétion, celui-ci prit la parole.
— Venez ! Vite !
Les jeunes femmes sortirent, accompagnées des parents Weasley.
— Où est-ce que tu nous amènes Ron ? demanda Mrs Weasley, soucieuse.
— Vous verrez.
Arrivés au bout du couloir, Ron s’arrêta net et fixa le tableau. Georges, Percy et Neville se trouvaient quelques mètres plus loin, vérifiant de tous les côtés qu’aucun Mangemort ne se trouvait dans le périmètre.
— Et qu’est-ce qu’on doit voir ? se moqua Ginny en regardant le tableau vide.
— Mais je ne comprends pas, il était là tout à l’heure.
A peine Ron eut-il dit ces quelques mots qu’un homme recouvert d’une armure apparut lentement sur les bords du tableau. Une fois sûr d’être en sécurité, le chevalier du Catogan se mit au centre de la toile, bomba le torse et s’exclama.
— Quelle noble quête ! s’écria-t-il, espérant capter l’attention de son public.
— Quelle quête ? demandèrent Hermione et Ginny d’une même voix.
— Une quête importante, demoiselles, qui m’a été confiée cette nuit par un jeune homme brun aux yeux d’émeraude.
Hermione et Ginny échangèrent des regards où l’incompréhension fut très vite remplacée par une lueur d’espoir.
— Harry ? Que vous a-t-il demandé ?
— De parcourir les tableaux à votre recherche pour vous faire parvenir un message. J’ai sauté de toile en toile, risquant ma vie pour vous apercevoir, devant abandonner mon fidèle destrier au détour d’une rivière, perdant mon heaume en passant le tableau du troll au deuxième étage. Je me suis finalement restauré dans la toile du mariage de Germaine la Démente, essayant de me cacher de ses invités peu recommandables. Le gâteau n’était d’ailleurs…
— Abrège tableau ! Quel est le message ? le pressa Ginny.
— Quelle honte demoiselle de me parler de la sorte. Je suis…
— Pardonnez-la chevalier, s’il vous plaît, l’interrompit Hermione. Mon amie est pressée car la personne qui vous a confié ce message nous est chère et nous n’avons pas de ses nouvelles depuis deux jours.
— Soit, je vous confierai le message et achèverai ainsi ma quête. Mais votre attitude me déçoit... Après tout ce que j’ai subi pour vous retrouver. Et encore je ne vous ai pas tout dit : le gâteau était particulièrement infect…
Ginny réprima un soupir d’impatience, mais le chevalier continua.
— Toujours est-il que votre ami m’a demandé de vous informer qu’il est vivant. Il recherche en ce moment le serpent qui a disparu et sera de retour cet après-midi, à la lisière de la forêt.
— Merci monsieur le chevalier. Vous a-t-il dit autre chose ? questionna Hermione.
— Non demoiselle, ma quête s’achève ici. Je vais maintenant retrouver ma monture si vous le voulez bien.
A peine le chevalier eut-il disparu que Percy, Georges et Neville arrivaient en courant.
— Vite, une patrouille arrive, les pressa Georges dans un murmure. Ils ne nous ont pas repéré pour l’instant, alors restez discrets.
Le groupe qui n’avait même pas eu le temps de discuter de la nouvelle annoncée par le chevalier, courrait à présent à la recherche d’une salle de classe plus éloignée où ils pourraient se mettre à l’abri.
Hermione essayait de courir aussi vite que possible tout en restant discrète, mais elle avait du mal à tenir l’allure. Le sortilège qu’elle avait reçu quelques heures plus tôt lui était complètement sorti de l’esprit. A présent, elle ne pouvait l’ignorer car sa cuisse la brûlait énormément. Heureusement, elle vit Arthur Weasley bifurquer brusquement pour entrer dans la salle de métamorphose.
Etant la dernière à entrer, Hermione referma rapidement derrière elle et se laissa glisser le long de la porte en soupirant. Ils étaient en sécurité pour l’instant, mais la course-poursuite reprendrait bientôt et elle ne pouvait s’empêcher de penser que, un par un, chacun des sorciers dans la salle allait périr. La seule lueur d’espoir était le message de Harry. Il était vivant, mais que pouvaient-ils faire si Nagini, le dernier des Horcruxe, avait été mis en sécurité ?
— J’irai rejoindre Harry cet après-midi, déclara Ginny pour briser le silence qui s’était installé.
— Non ! cria sa mère. Je t’interdis de faire ça.
Alors que Ginny allait répliquer, son père prit la parole calmement.
— Ginny, je… nous nous sommes enfin tous retrouvés et nous aimerions rester en famille, aussi longtemps que possible. Comprends que ta mère ne veuille pas être séparée de toi.
— Je comprends. Moi aussi j’aimerais rester avec vous, mais il faut qu’on retrouve Harry ! On ne peut pas le laisser seul et il ne pourra jamais nous rejoindre au château sans aide. Il ne sait même pas pour les nouvelles protections !
Hermione se crispa, se remémorant les quelques personnes qui s’étaient vues désintégrer simplement en essayant de quitter le château. Une idée de Bellatrix Lestrange… Seule la porte principale n’était pas concernée par le maléfice, mais les Mangemorts et les géants qui la gardaient risquaient de donner l’idée à Harry d’essayer de passer par derrière. Hermione frissonna. Et pas question de le prévenir en lui envoyant un Patronus alors qu’il était dans le parc. Ils risqueraient d’attirer l’attention sur Harry si un Mangemort apercevait la lueur argentée. Ils n’avaient pas le choix. Quelqu’un devait y aller !
Hermione sortit de ses pensées pour remarquer que Ginny tentait toujours de convaincre sa mère, qui semblait elle-même en proie à un énorme dilemme.
— Et même une fois dans le château, il n’a pas la moindre idée d’où on peut se cacher. Alors que si je suis avec lui et qu’on a un point de rendez-vous, je pourrais le ramener. Je vous rejoindrai dès que possible, je vous le jure, ajouta-t-elle d’un air suppliant en direction de ses parents.
Les yeux de Mrs Weasley brillaient des larmes qu’elle retenait.
— Je ne veux pas te perdre Ginny, s’il te plaît, murmura-t-elle. Ma petite fille…
Ginny vint se blottir contre sa mère et lui prit la main.
— J’irai, annonça Hermione
Tous les visages se tournèrent vers la jeune femme.
— Je viens avec toi, dit Ron, sans la moindre hésitation.
Mr et Mrs Weasley se tendirent immédiatement. Ginny aussi. Hermione savait qu’elle s’apprêtait à dire que si Ron y allait, rien ne l’empêcherait de les suivre.
— Non Ron, j’irai seule. Tu dois rester avec ta famille. Je ne serai pas longue, je t’assure, lui confirma Hermione en le fixant des yeux. Et une fois que j’aurai retrouvé Harry, avec la cape, on ne risquera rien. A deux, on tient très bien dessous.
Elle n’était pas sûre que cela suffise à convaincre Ron. Cependant, après un moment de réflexion qui lui parut durer une éternité, parsemé de regards en coin vers sa mère, Ron prit la parole.
— D’accord, mais tu reviendras après, n’est-ce pas ? Quoi qu’il arrive ? Vous ne partirez pas à la recherche de Nagini sans moi ?
— Non, je te le promets. Je ramènerai Harry dans un premier temps et on décidera après. Ensemble.
Ron acquiesça et la serra dans ses bras une nouvelle fois. L’étreinte chaleureuse que lui adressait le garçon lui donna le courage de relever la tête.
— Hermione, murmura Mrs Weasley en s’approchant d’elle. Je… Je ne sais pas quoi te dire. J’aimerais te dire de rester avec nous. Je… Mais…
— Mais il faut que quelqu’un retrouve Harry. Ne vous inquiétez pas Mrs Weasley, c’est ma décision et uniquement la mienne. J’y serais allée, dans tous les cas.
Mrs Weasley fut sur elle en deux pas et la prit dans ses bras comme une mère l’aurait fait. Elle murmura à son oreille un remerciement étouffé par l’émotion puis s’écarta en serrant une dernière fois son épaule pour lui apporter du réconfort.
— Quand comptes-tu partir ? demanda Percy
— Le plus tôt sera le mieux. Le chevalier n’a pas précisé à quelle heure Harry sera là et s’il arrive en début d’après-midi, je veux y être. Si je suis ralentie en chemin, il veut mieux ne pas perdre de temps.
— Je t’accompagnerai, mais seulement jusqu’au bas des escaliers, dit Georges en jetant un coup d’oeil rassurant à sa mère, qui finit par acquiescer à contre-coeur. Percy ?
— J’en serai aussi.
— Moi de même, ajouta Neville, qui était resté silencieux jusque-là.
Mrs Weasley avait de plus en plus de mal à retenir ses larmes et ni Ginny ni Ron n’ajoutèrent un mot, bien qu’il était évident qu’ils voulaient accompagner leurs frères et amis.
Hermione respira un grand coup et se contenta de faire un signe de la main pour dire « au revoir » aux Weasley. Elle ne voulait pas sembler défaitiste en partageant de grandes accolades. Si tout se passait bien, ils se reverraient bientôt.
— Fais attention à toi, lui dit Ginny en se forçant à afficher un sourire rassurant.
Elle acquiesça, mais, avant de se détourner, elle croisa le regard de Ron. Il lui attrapa la main, la serra fort dans la sienne quelques instants avant de laisser la jeune femme libre de franchir la porte.
— Reviens-moi vite…