Les jours passent puis les semaines. On approche de septembre, le mois d’août a totalement cramé la pelouse. Chacun notre tour, on s’est relayés pour espionner les entrées du ministère. Aujourd’hui, c’est à moi de le faire. Je prends la cape d’Harry, la mets pour qu’elle recouvre bien tout mon corps, ouvre la porte pour me glisser sur le perron et transplane pour une rue mitoyenne au Ministère. C’est un endroit un peu perdu où il y a une boutique de café qui sent bon. L’odeur m’accompagne alors que je me glisse au bord de la rue pour observer les gens qui passent.
Ces missions sont longues, peu intéressantes et assez ennuyeuses. Il faut une semaine de planque pour avoir quelque chose d’intéressant. Je vois souvent Mr Weasley, mais on a décidé de ne pas entrer en contact avec lui. Tout comme je ne vais pas voir George sur le Chemin de Traverse. Ça me fend le coeur de le savoir aussi proche, mais c’est pour sa sécurité. Si les mangemorts l'apprenaient, ils n’hésiteraient pas à le torturer pour nous trouver.
J’ai aussi caressé l’idée de rendre visite à mon père. De mettre les choses à plat avec lui, de revenir sur ce qu’on s’est dit. De savoir aussi s’il est retourné voir Dora…
Mais, de une c’est impossible, de deux, je ne suis pas prête.
On n’en a pas reparlé avec Hermione ou les autres, je n’en ai pas ressenti le besoin, je me sens déjà plus légère de leur avoir vidé mon sac juste après la dispute. La suite, on verra plus tard
— … donc je monte au niveau 1, Dolores veut me voir…
— La plaie…
Je scrute le sorcier barbu, tentant d’en entendre un peu plus sur sa conversation, mais rien. Dolores ? Il y en a beaucoup au Ministère ? Assez importante pour être au niveau 1, je ne pense pas. Ravivée par ce frisson d’excitation d’avoir enfin quelque chose, je reste alerte et scrute chaque visage, chaque sorcier en quête d’une information.
Mais rien ne vient, alors une fois que j’ai passé l’heure de pointe, je regarde si une Gazette du sorcier ne traîne pas quelque part. Cette fois-ci, bingo, j’en trouve une dans la poubelle. Elle est un peu tachée de café, cela fera l’affaire. Je repars au Square Grimmaurd.
Une fois arrivée, je donne mes informations à Hermione qui note tout scrupuleusement. On commence à avoir pas mal d’éléments. On sait que seuls les fonctionnaires de haut rang peuvent connecter leur maison au réseau de cheminette. On sait aussi qu’on ne peut plus y transplaner. Il faut une sorte de badge pour y accéder. On a aussi repéré des personnalités, ceux qui viennent à heure fixe chaque jour.
— Merci, dit Ron en récupérant la gazette. Tu l’as lue ?
— Pas le temps. C’est une info précieuse ce truc du niveau 1 ! On n’a pas le lieu exact de son bureau, mais c’est un début !
— Oui, approuve Hermione. Avec un peu de chance, ce sera même fléché.
— Ou il faudra suivre les chatons et rubans roses, continue Harry.
— Oh ! s’exclame Ron avant qu’on ne puisse poursuivre.
— Quoi ? on s’inquiète t-on immédiatement.
— Ils ont publié une liste des nés moldus qui ne se sont pas présentés à l’entretien obligatoire du Ministère, dit-il le nez dans le journal.
Je me penche au-dessus de lui pour lire.
— Il y a mon nom ? demande Hermione.
— Oui.
Il se redresse.
— Quand on décidera de passer à l’action, tu devrais rester ici.
Oula… Je sais déjà la réponse d’Hermione… Ça va mal finir cette histoire. Je récupère la Gazette avant qu’elle ne fasse partie des dégâts collatéraux.
— Et pourquoi ça ?
— J’ai besoin de te faire un dessin ? Ils n’ont pas l’air de rigoler avec leurs entretiens.
— Je le sais bien, mais que j’y aille ou pas, je suis recherchée.
— Ils ne savent pas que nous sommes ensemble.
— Oui, mais toi, tu es censé être en train de souffrir de l’éclabouille au fond de ton lit !
— Hermione, ils brisent les baguettes des nés moldus !
— Je doute qu’il ne réserve pas le même sort aux traîtres à leur sang, je marmonne.
— Ah ! Tu vois !
— Merci Emy.
Je me retiens de répondre.
— Hermione, c’est mieux que Harry, Emy et moi y allions…
— C’est ridicule Ron. Emy est recherchée autant que Harry. Alors si quelqu’un ne devrait pas y aller, ce serait Harry. Sa tête est mise à prix dix mille Gallions.
— Oui, moi c’est que cinq, dis-je avec un air faussement vexé.
Harry rigole.
— Très bien, dans ce cas, je resterai ici. Si jamais vous arrivez à vaincre Voldemort, n’oubliez pas de me prévenir, d’accord ?
On éclate tous de rire.
— Bon, n’insiste pas Ron, on y va tous ensemble, ajoute Hermione d’un ton ferme.
— Je pense qu’on devrait y aller demain… commence Harry.
Il esquisse une brève grimace. Tout de suite ça m’inquiète. Je sais ce que ça veut dire. Il a une vision, sa cicatrice lui fait mal et Voldemort a une forte émotion. Il tente de le masquer, mais aucun de nous trois est dupe. Il quitte la pièce précipitamment, prétextant une excuse bidon.
— Bon… déclare Hermione. On fait semblant qu’on a rien vu ou on va le voir ?
— Pourquoi s'obstine-t-il à le cacher ? ajoute Ron.
— Sirius, je réponds simplement.
Cette connexion, c’est plein de choses à la fois. C’est la mort de Sirius, le sauvetage de Mr Weasley. C’est ce qui le lie à Voldemort et fait de lui l’Élu, c’est ce qui rappelle le drame de sa vie.
Et personne n’aime l’idée que quelqu’un puisse entrer dans nos têtes.
— Tu y vas Emy ? me demande Hermione, me sortant de mes pensées.
— Je ne sais pas, je réponds en toute honnêteté.
— J’aime pas ça, marmonne Ron.
Kreattur sert du ragoût à tout le monde.
— Monsieur va revenir pour le dîner ?
Il s’adresse toujours à moi quand Harry n’est pas là. Il a toutefois changé de comportement vis -à -vis d’Hermione et Ron. Plus d’insultes insidieuses, et il est plus propre aussi.
— Oui, je réponds simplement avant de poursuivre. Je ne sais pas si on doit le forcer à nous parler. Il a besoin d’être seul pour voir ses visions, et puis on peut lui laisser une chance de nous raconter ce qu’il s’est passé.
— Et sinon tu lui parles ?
— Oui, je promets.
— Je déteste quand il fait ça, ajoute t-elle. Il nous prend pour des imbéciles. Je sais très bien qu’il ne ferme pas son esprit.
— C’est justement un comportement comme ça qui le pousse à ne pas vous parler, je réponds un peu trop sèchement.
C’est un sujet ou nous ne serons jamais d'accord avec Hermione. Il y a trop d’affect lié à ce sujet, à commencer par Sirius. Et pour elle, tout est simple, quand on veut, on peut. Je trouve que la situation d’Harry est infiniment plus complexe.
Sur ces mots, Harry revient, pâle comme la mort. Hermione n’attend pas.
— Qu’est-ce qui s’est passé ?
— À ton avis ?
Elle est furieuse, mais je sens que lui aussi commence à s’énerver.
- D'accord. Je viens de voir Voldemort tuer une femme. Au moment où je te parle, il a sans doute tué toute sa famille. Et ça ne lui était pas nécessaire. C’était comme si je revoyais le meurtre de Cedric, ils étaient juste là...
— Harry, tu ne dois plus laisser des choses pareilles se reproduire ! Dumbledore voulait que tu utilises l’occlumancie ! Il pensait que cette connexion était dangereuse.
— Voldemort peut s’en servir, Harry ! ajoute Ron. À quoi ça t’avance de le regarder tuer ou torturer, en quoi cela peut-il t’aider ?
Harry me regarde, cherche t-il un support ?
— Ça signifie que tu sais ce qu’il fait, je réponds en commençant à manger du ragoût. Alors tu as du nouveau ?
Les deux autres ne semblent pas en croire leurs oreilles.
— Alors, tu ne vas même pas tenter de le faire sortir de ta tête ?
— Je ne peux pas, Hermione. Tu sais bien que je suis très mauvais en occlumancie, je n’ai jamais réussi à assimiler la technique.
— Tu n’as jamais vraiment essayé ! Je ne comprends pas, Harry, ça te plaît d’avoir cette connexion, ou relation ou... ou je ne sais quoi...
Elle m’aurait jamais dû dire ça. Il est furieux, c’est un fait.
— Si ça me plaît ? Et toi, ça te plairait ?
— Je... non... je suis désolée, Harry, je ne voulais pas...
— Ça me rend malade, je ne supporte pas qu’il puisse entrer en moi, que je sois obligé de l’observer quand il est le plus dangereux. Mais je compte m’en servir.
— Dumbledore...
— Oublie Dumbledore. C’est moi qui décide, personne d’autre. Je veux savoir pourquoi il cherche Gregorovitch.
— Qui ?
— Un fabricant de baguettes étranger. C’est lui qui a fabriqué la baguette de Krum et Krum pense qu’il est exceptionnel.
— Mais d’après toi, Voldemort a enfermé Ollivander quelque part, fait remarquer Ron. S’il a déjà un fabricant de baguettes, pourquoi lui en faudrait-il un autre ?
— Peut-être qu’il est d’accord avec Krum, peut-être qu’il pense que Gregorovitch est le meilleur... ou alors il espère que Gregorovitch saura lui expliquer ce que ma baguette a fait d’elle-même quand il me poursuivait, parce qu’Ollivander, lui, l’ignore.
On va revenir sur le sujet de la baguette d’Harry qui a agi seule. Je ne veux pas les entendre se disputer à nouveau, alors je prends mon assiette, monte les marches et traverse le couloir pour aller dans le jardin. On sent que les derniers jours de l’été sont là. Je veux en profiter, et ça m’évite d’être dans cette baraque.
En plus, le ragoût est super bon. Ça me saoule que Kreattur soit devenu aussi bon, aussi gentil. Ça me perturbe, en fait. Il a été une enflure quand j’étais petite et pourtant j’étais aimable avec lui.
Alors pourquoi me laissait-il dépérir dans mon coin ? Pourquoi m'a-t-il laissée pour morte ? Parce qu’elle ne lui avait jamais donné l'ordre de prendre soin de moi ? Pourquoi avec Harry ça va ?
C’est ce genre de questions qui rendent mon temps au Square Grimmaurd plus difficile encore. Je ne dois pas laisser ma tête trop réfléchir, sinon je suis foutue. Le passé reste dans le passé.
Quand le soleil est couché, je retourne dans la cuisine où Kreattur m’a laissé une part de tarte à la mélasse. Ron fait comme si de rien était et m’explique les derniers détails du plan qu’on a élaboré. Je lui suis reconnaissante de ne pas me poser de questions et de poursuivre sans revenir sur ce qui s’est passé.
Hermione et Harry ne disent pas un mot.
Ce soir, je prépare mon sac comme si nous n’allions pas revenir ici. Il y a plein de manières différentes pour que le plan ne fonctionne pas. Je prends alors mes précautions et remplis le sac de ma mère, Hermione a fait de même.
Puis je me mets au lit, je suis censée dormir pour être en pleine forme demain, mais c’est peine perdue, je sais que mon cerveau va repasser en boucle le plan de demain. Au milieu de la nuit, je finis par dormir d’un sommeil agité et léger, je me réveille à chaque bruit, je ne fais que de penser… À l’aube, je décide de me lever pour prendre une douche et un café. J’aime l’idée d’avoir le temps et de ne pas devoir me presser.
Dans la cuisine, je croise tout le monde dont Harry qui est dans le même état que moi : cernes, teint pâle, traits tirés. Un peu comme avant un match de quidditch.
Qu’est-ce que ça me manque…
— Salut.
Hermione me fait un bref sourire puis retourne à son parchemin. Elle a le même air que quand elle révise pour des examens, un instant ça me fait sourire.
— Polynectar... cape d’invisibilité... Leurres Explosifs... Vous devriez en prendre deux chacun, au cas où... Pastilles de Gerbe, nougats Néansang, Oreilles à rallonge...
On grignote un peu puis on part vers le Ministère dans la même petite ruelle que d’habitude. J’ouvre la porte de sécurité du hangar où nous allons dissimuler les corps, puis on commence à attendre. La première sorcière arrive, Hermione la stupéfie, puis on attend à nouveau. Puis elle réussit à s’en sortir avec le sorcier de la maintenance qui insistait pour aller au travail, donc maintenant Ron a lui aussi son double. Puis c’est au tour de Harry, puis le mien, moi, je prends l’apparence d’une sorcière au visage froid qui est bien plus grande et costaude que moi, ça me fait tout drôle de marcher avec son corps pendant quelques instants, puis je prends mes marques et on peut enfin entrer au Ministère.
— Nom d’une gargouille, ça fait peur, s’exclame Ron à Harry.
Il est immense dans ce nouveau corps.
— Prenez un des jetons de Mafalda, dit Hermione. Et allons-y, il est presque l’heure.
On sort tous les quatre, plus loin, sur le trottoir bondé, des grilles noires et pointues encadrent deux escaliers.
— À tout à l’heure, dit Hermione alors qu’on se sépare des garçons pour descendre avec les autres « mesdames ».
Nous faisons la queue en faisant attention à ne pas trop nous parler. De ce qu’on a vu, tous les employés du ministère sont très distants entre eux, on ne veut pas attirer les regards sur nous. Ma file avance vite, je double Hermione et me retrouve devant la porte de toilettes publiques. J’entre comme si j’étais habituée et referme derrière moi. Ce sont des toilettes en apparence banale. Par où nous sommes censés passer ? Pour le savoir, je m’accroupis et espionne la personne à côté. Je comprends le système, prend une grande inspiration et disparais.
La dernière fois que j’étais ici, tout était si différent. J’essaie de ne pas y penser, mais ce n’est pas facile. Du coin de l'œil j’observe la nouvelle sécurité. Il y a des agents devant les ascenseurs, comme d’habitude, mais aussi autour des zones d’arrivées. Les gens doivent pouvoir transplaner pour partir. C’est une bonne chose à savoir. Puis je regarde la statue qui a été changée.
LA MAGIE EST PUISSANCE.
Un couple de sorciers me toisent du haut de leur trône en corps de moldus. Je retiens un frisson, c’est infâme. Aussi horrible que cela soit-il, ça met tout de suite le ton : le Ministère ne cherche même pas à cacher sa nouvelle direction.
Je me focalise à nouveau sur les ascenseurs. Ce n’est pas comme la dernière fois, il y a maintenant plein d’affiches un peu partout. Je reconnais les visages, ils sont familiers, bon il n’est pas question qu’on s’éternise, quand le Polynectar ne fera plus effet, les gens auront aucune difficulté à nous reconnaître.
Je rejoins les autres qui observent la statue et nous partons direction le premier ascenseur pour chercher Ombrage. On y était presque lorsqu’une onde de peur traverse mon corps.
— Cattermole ! s’écrie un homme en venant vers nous.
C’est Yaxley, un mangemort qui était dans la tour en juin. C’est ridicule d’avoir peur, il ne va pas me tuer au milieu de la foule. Et il ne peut pas me reconnaître. Mais malgré moi, un frisson me traverse.
— J’ai demandé qu’on m’envoie quelqu’un de la maintenance pour arranger mon bureau, Cattermole. Il pleut toujours à l’intérieur.
Ron prend un peu de temps à répondre. Il faut faire vite, Yaxkey va se douter de quelque chose sinon.
— Il pleut... dans votre bureau ? C’est... c’est embêtant, non ?
Il finit avec un petit rire nerveux.
— Vous trouvez ça drôle, Cattermole, ça vous fait rire ?
Deux sorcières devant nous quittent la file d’attente et s’éloignent précipitamment. On a saisi, il est affreux et tout le monde l’évite.
— Non, non, bien sûr...
— Vous savez que je m’apprête à descendre pour interroger votre épouse, Cattermole ? D’ailleurs, je suis très surpris que vous ne soyez pas en bas, auprès d’elle, pour lui tenir la main pendant qu’elle attend. Vous l’avez déjà passée par profits et pertes ? C’est sans doute plus sage. La prochaine fois, vous veillerez à épouser une femme de sang pur.
Quoi ? Mais on est où là ? C’est quoi ce délire ?
— Je... je…
— Si mon épouse était accusée d’être une Sang-de-Bourbe – bien qu’une femme que j’aurais épousée ne puisse jamais être confondue avec une telle vermine –, et que le directeur du Département de la justice magique me demande de faire un travail, je considérerais cette tâche comme une priorité, Cattermole. Me suis-je bien fait comprendre ?
— Oui, murmure Ron.
— Alors, allez-y, Cattermole, et si mon bureau n’est pas parfaitement sec dans une heure, le Statut du sang de votre femme deviendra encore plus douteux qu’auparavant.
Un ascenseur arrive et il part dans son coin après une sorte de hochement de tête complice avec Harry. Donc il connait Harry, il s’entendent visiblement bien. Génial, on a Harry qui est aussi horrible que ce Yaxley, puis Ron qui a une femme questionnée en ce moment même. Et moi et Hermione alors ?
Les autres sorciers ne nous suivent pas dans l’ascenseur, on est des pestiférés, ce qui est tout aussi bien pour parler.
— Qu’est-ce que je vais faire ? Si je n’y vais pas, ma femme... je veux dire la femme de Cattermole...
— On va venir avec toi, il faut qu’on reste ensemble…
— Ce serait de la folie, on n’a pas beaucoup de temps, le coupe Ron. Vous trois, vous cherchez Ombrage, moi, je vais réparer le bureau de Yaxley. Mais comment je vais faire pour empêcher de pleuvoir ?
— Finite Incantatem.
Hermione approuve d’un hochement de tête.
— Oui, ça devrait arrêter la pluie si elle est causée par un maléfice ou un enchantement. Si ça ne marche pas, c’est qu’il y a eu une anomalie dans un charme atmosphérique, ce qui sera plus difficile à réparer. Dans ce cas, comme mesure provisoire, tu peux essayer Impervius pour protéger ses affaires...
— Répète-moi ça lentement…
L’ascenseur s’arrête au quatrième et un homme entre. Il se tourne vers Harry.
— Bonjour, Albert. Dirk Cresswell, hein ? Du Bureau de liaison des gobelins ? Bien joué, Albert. Je suis presque sûr d’avoir son poste, maintenant !
Plus de doute, cet homme est un monstre !
— Niveau deux, Département de la justice magique, Service des usages abusifs de la magie, Quartier général des Aurors, Services administratifs du Magenmagot.
Ok, donc c’est là que va aller Ron. Les autres sorciers sortent, nous laissant tous les trois libres de parler.
— Ok, c’est la merde cette histoire de femme interrogée. On doit la faire sortir d’ici !
— On ne peut pas Emy, chuchote précipitamment Hermione. Le plan…
— Elle ne pourra jamais prouver quoique ce soit, leur truc est bidon.
L’ascenseur s’arrête à nouveau, nous obligeant à nous taire.
— Niveau un, ministre de la Magie et cabinet du ministre.
Les grilles dorées s’ouvrent sur Dolores Ombrage. C’est presque trop beau pour être vrai. Elle est là, devant nous. Je pourrai sentir la cicatrice sur ma main me picoter.
— Ah, Mafalda ! C’est Travers qui vous a envoyée, n’est-ce pas ?
— Ou... oui…
— Très bien, vous ferez ça parfaitement.
Elle se tourne maintenant vers moi.
— Vous avez pris Shonda, c’est bien, après l’incident d’hier, je préfère que nous augmentions la sécurité. Bonne initiative Mafalda.
— M… Merci, ajoute Hermione.
Ombrage se tourne maintenant vers le sorcier derrière elle.
— Voilà un problème résolu, monsieur le ministre. S’il est possible de transférer Mafalda pour qu’elle consigne les interrogatoires, nous pourrons commencer tout de suite. Nous avons dix personnes aujourd’hui et l’une d’elles est la femme d’un de nos employés ! Vous vous rendez compte... même ici, en plein cœur du ministère !
Elle entre, et je fais un pas en arrière, comme les autres sorciers en tenue noire que j’ai croisé. Je suis une sorte de garde du corps, très bien, ça m’évitera de trop parler et de me faire repérer. Par contre, j’aimerais trouver ce foutu collier et je doute qu’en interrogatoire on puisse le faire…
— Nous allons descendre directement, Mafalda, vous trouverez tout ce dont vous aurez besoin dans la salle d’audience. Bonjour, Albert, vous ne vous arrêtez pas à cet étage ?
— Si, bien sûr.
Il sort et l’ascenseur reprend.
Merde. Je n’aime pas que nous soyons séparés. Et la potion ne fait effet qu’une heure, c’est super court. Comment sommes-nous censés fausser compagnie aux autres, trouver le collier et repartir tous ensemble ?
De la pile de dossiers qu’Ombrage tient contre elle s’échappe un petit prospectus rose. J’ai le temps de voir son titre avant qu’elle ne le ramasse.
LES SANG-DE-BOURBE ET LES DANGERS QU’ILS REPRÉSENTENT POUR UNE SOCIÉTÉ DE SANG-PUR DÉSIREUX DE VIVRE EN PAIX
— C’est la dernière version. Nous venons de lancer le ok prod, dit-elle toute contente à Hermione. Tenez un exemplaire, j’en ai plein.
Tout le long du trajet, le même bal incessant d’ouverture de portes, de voix monotone, de sorciers continue. On descend de plus en plus bas. Jusqu’au Département des Mystères en fait. Ça me donne mal au ventre rien que de revoir la porte noire.
Ombrage commence à marcher, et tout le monde la suit docilement. Il fait froid ici, c’est un froid désagréable, un que j’ai bien trop connu. Ce n’est pas une bonne chose, un patronus est un élément facilement reconnaissable. Il est donc hors de question que j’en produise un ici.
Tout le monde s’installe dans une salle d’audience, il y a un siège au milieu, c’est sûrement ici que s’assiéront les nés moldus. Les autres sorciers comme moi, sont mains dans le dos, disposés de manière à entourer l’audience comme une aura protectrice.
Ou dominatrice.
C’est très malaisant ici, je sens que je suis nerveuse et que le loup n’aime pas la présence des détraqueurs. Moi non plus d’ailleurs.
Le désespoir n’est pas loin. Nous sommes idiots de croire réussir à trouver les horcruxes et les détruites. Vraiment, quelles sont nos chances ? Je sais que ce sont les détraqueurs qui me font penser ça. Cependant il y a un fond de vérité, Hermione et moi sommes bloquées ici et on a perdu Harry et Ron. Je ne suis pas du tout confiante pour la suite.
Je pense à Harry, Ron et Hermione, je m’accroche à leur image pour ne pas flancher. C’est difficile, mais c’est ce qui explique mes cinq premières minutes complètement déconnectées de ce qui se passe devant moi. J’ai presque oublié la mission tant le brouillard imposé par les détraqueurs est difficile à contrer. Heureusement pour Hermione elle est protégée par le patronus d’Ombrage. Mais comment font les autres sorciers gardes pour tenir ?
Le premier interrogé est un petit homme nerveux qui maltraite son chapeau en feutre. Les questions d’Ombrage sont bidons. « Qui vous a donné votre baguette ? » C’est ridicule, il l’a achetée comme tout le monde. Je déteste ça et c’est difficile de ne pas réagir quand ils annoncent qu’il est coupable.
Pas de preuves, pas de défense, dès le début il était enchaîné comme un coupable. Ils ont envoyé valser les libertés fondamentales de notre monde. Pour Sirius, c’était pareil ? Non, même pas de procès. Ça me donne envie de pleurer.
C’est comme par miracle que je vois Ombrage se mettre à bouger et tirer une chaînette de sous son chemisier. Mon pouls s’accélère alors que le médaillon de Serpentard apparaît.
Putain, il est là, devant nous. Hermione l’a vu ? Elle continue de noter ce qui se passe. Que fais-je ? Je saute sur Ombrage, lui arrache le collier puis cours pour sortir d’ici ? Plan nul, je ne ferai pas trois mètres que je serai arrêtée.
— Non, non, je suis de sang mêlé, je suis de sang mêlé, je vous le jure ! Mon père était un sorcier, vous pouvez vérifier, c’était un véritable sorcier, Arkie Alderton, un ingénieur en balais bien connu, vérifiez, je vous dis... Lâchez-moi, lâchez-moi...
— C’est le dernier avertissement. Si vous vous rebellez, vous serez soumis au baiser du Détraqueur. Emmenez-le. Suivante. Mary Cattermole.
Harry entre dans la pièce à ce moment-là. Un renouveau d’espoir m’envahit. Hermione l’a t-elle vu ? Si seulement il pouvait aller près de moi sans soulever les soupçons. On pourrait déterminer ce qu’on fait, attaquer en même temps et… Bon, on est pas télépathe Emy, tu te tiens prête. Il bouge, tu bouges.
— Vous vous appelez bien Mary, Elizabeth, Cattermole ? Épouse de Reginald Cattermole, du Département de la maintenance magique ?
Merde, c’est Ron. Où est-il ? Cette femme est désespérée et à raison. On aurait dû choisir un autre sorcier, putain, c’est un véritable bourbier.
— Je ne sais pas où il est, il devait me retrouver ici !
— Mère de Maisie, Ellie et Alfred Cattermole ?
— Ils ont peur, ils croient que je ne vais peut-être pas revenir...
Ses sanglots sont des crèves-cœur. Combien de gens sont jugés tous les jours ?
— Épargnez-nous vos pleurnicheries, lance Yaxley. La marmaille des Sang-de-Bourbe ne nous inspire aucune compassion.
Quel connard celui-là.
— Aujourd’hui, à votre arrivée au ministère, une baguette magique vous a été confisquée, Mrs Cattermole. Vingt et un centimètres huit, bois de cerisier, crin de licorne. Reconnaissez-vous cette description ?
Harry s’est placé derrière Hermione. Bien, j’ai mes doigts resserrés sur ma baguette, je suis prête.
— Pouvez-vous, s’il vous plaît, nous dire à quel sorcier, ou sorcière, vous avez pris cette baguette ?
— Je... j’ai pris ? Je ne l’ai pr... prise à personne. Je l... l’ai achetée quand j’avais onze ans. Elle... elle... elle m’a choisie.
— Non, dit Ombrage avec un petit rire.
J’ai envie de l’étrangler. Elle est dans son élément ici, abus de pouvoir à imposer des lois tordues qu’elle a rédigé elle-même. Quelle folle. Une fois que tout sera fini, elle aura un procès, et je serai au premier rang pour me réjouir de sa sentence : baiser du détraqueur.
— Non, je ne crois pas, Mrs Cattermole. Les baguettes ne choisissent que des sorcières ou des sorciers. Or, vous n’êtes pas une sorcière. J’ai ici les réponses au questionnaire qui vous a été adressé... Mafalda, passez-les-moi.
Pendant que Hermione l’interroge sur son pendentif, je surveille du coin de l'œil les différents agents de sécurité disposés autour de la salle. Il y en a peu grâce aux détraqueurs. Leur présence est tellement pressante car nous ne sommes pas protégés du patronus d’Ombrage, qu’ils seront plus lents, un peu amorphes. Ce qui est une bonne chose pour nous.
Mon attention retourne sur Harry, je ressers mes doigts sur ma baguette.
— Ah oui, c’est un vieux souvenir de famille. Le S est l’initiale de Selwyn... Je suis parente des Selwyn... En fait, il n’y a guère de familles de Sang-Pur avec lesquelles je n’ai pas de lien de parenté... Dommage, qu’on ne puisse en dire autant à votre sujet. Profession des parents : marchands de fruits et légumes.
— Stupéfix !
Dès qu’Harry attaque, je lève ma baguette et stupéfie les deux autres sorciers de sécurité. La surprise joue en notre avantage, Puis je bondis pour protéger Mrs Cattermole.
— Spero Patronum !
Je surveille du coin de l'œil Harry qui a aussi neutralisé Yaxkley. Bien, maintenant on prend l’horcruxe et on part.
— Lashlabask !
Les chaînes s’effondrent. Je tends la main pour soutenir Mrs Cattermole qui fixe Harry, interdite.
— Vous ? Mais... mais Reg m’a dit que c’est vous qui vouliez que je sois interrogée !
— Vraiment ? Eh bien, j’ai changé d’avis. Hermione, c’est bon ? On est cernés par les Détraqueurs !
— Je sais, Harry, mais si elle voit que le médaillon a disparu quand elle se réveillera... Il faut que j’en fabrique un double... Gemino ! Voilà... Elle devrait s’y laisser prendre...
Je me penche vers Mrs Cattermole qui est terrorisée par tout ce qui se passe autour d’elle. Elle a intérêt à reprendre ses esprits rapidement, je ne vais pas louper la mission pour une dame qui est un peu trop lente à la détente.
— Je ne comprends pas…
— Vous allez partir avec nous. Rentrez chez vous, prenez vos enfants et allez-vous-en, quittez le pays s’il le faut. Déguisez-vous et fuyez. Vous avez vu ce qui se passe, vous n’aurez jamais droit à une vraie justice, ici.
— Comment allons-nous sortir avec tous ces Détraqueurs qui attendent devant la porte ? demande Hermione.
— Des Patronus, répond Harry en dirigeant son cerf vers la porte.
— Accio baguettes.
Je récupère une baguette au hasard que je tends à Mrs Cattermole.
— Tenez, allons-nous en.
Il est temps de sortir. Des cris retentissent dans le couloir en voyant les trois patronus ouvrir la marche.
— Il a été décidé que vous deviez tous rentrer chez vous et vous cacher avec vos familles, annonce Harry avec sa voix de sorcier de quarante ans. Partez pour l’étranger si vous le pouvez. Éloignez-vous le plus possible du ministère. C’est la... heu... nouvelle position officielle. Si vous suivez les Patronus, vous pourrez quitter l’atrium.
Les sorciers nés moldus ne semblent pas y croire, mais finalement l’un deux se décide à nous suivre et les autres font de même. Notre petit cortège arrive sans peine aux ascenseurs. Les complications vont arriver dans l’atrium. J’allais en parler à Harry, mais l’ascenseur arrive et s’ouvre sur Ron.
— Reg !
Et Mrs Cattermole se jette dans les bras de Ron pour l’embrasser ! Je sens que j’ai la bouche ouverte bien trop longtemps, et malgré la situation urgente dans laquelle nous sommes, j’ai aussi très envie de rire.
— Runcorn m’a laissée sortir, dit-elle. Il a attaqué Ombrage et Yaxley, et a conseillé à tout le monde de quitter le pays. Je crois qu’on devrait le faire, Reg, je le crois vraiment. Dépêchons-nous de rentrer à la maison pour chercher les enfants et... Pourquoi es-tu tout mouillé ?
— C’est de l’eau, marmonne Ron en se libérant de son étreinte. Harry, ils savent qu’il y a des intrus dans le ministère, à cause d’un trou dans la porte du bureau d’Ombrage. Je pense que nous avons encore cinq minutes si...
Le patronus d’Hermione disparaît.
— Ok, tout le monde dépêchez-vous, on monte ! j’ordonne.
— Quels sont ceux qui ont une baguette ? demande Harry.
La moitié lève la main.
— Bon. Chacun de ceux qui n’ont pas de baguette se met avec quelqu’un qui en a une. Nous devrons être rapides... avant qu’ils nous arrêtent. Venez.
On échange un regard pendant le trajet.
— Harry, si jamais…
— Ne finis pas cette phrase.
— Si, écoute-moi. Tu cours, tu transplanes, tu disparais par une cheminette, mais ne regarde pas en arrière et ne nous attend pas. On se retrouve là où on a dit si jamais on ne peut pas partir avec toi.
— Ça n’arrivera pas.
Il dit ça pour se rassurer, quant à moi j’ai besoin d’anticiper le plan B si les choses tournent mal. L’ascenseur s’arrête finalement au niveau 8 : l’atrium. Dès que les portes s’ouvrent, je sens la tension monter encore d’un cran. Des sorciers sont en train de condamner l’accès des cheminées.
— STOP ! ordonne Harry toujours sous la forme de Runcorn.
Tout le monde obéit. On commence à avancer.
— Que se passe-t-il, Albert ? demande un sorcier nerveux.
— Tous ces gens-là doivent partir avant que vous fermiez les issues.
— Nous avons reçu l’ordre de sceller toutes les cheminées et de ne laisser personne...
— Seriez-vous en train de me contredire ? Vous voulez sans doute que je soumette à examen votre arbre généalogique, comme je l’ai fait pour celui de Dirk Cresswell ?
Il est fort, très fort. Je suis impressionnée. C’est super crédible, impossible de contredire son autorité. Aucun autre sorcier s’y risque en tout cas.
— Désolé. Je ne voulais rien dire, Albert, mais je croyais... Je croyais qu’ils devaient être interrogés et...
— Leur sang est pur, tranche Harry toujours avec son ton autoritaire et froid. Plus pur que celui de beaucoup d’entre vous, je n’hésite pas à l’affirmer. Vous pouvez partir.
Ils agissent vite et disparaissent deux par deux. Je me dis qu’on va s'en sortir, il ne manque plus qu’on y aille nous aussi, mais…
— Mary !
Le véritable Reg Cattermole vient de sortir d’un ascenseur.
— R... Reg ?
Elle regarde les deux Reg, confuse.
— Putain, lâche Ron.
Le sorcier devant nous est tout aussi confus, je prends le bras d’Harry, il faut partir maintenant !
— Hé... Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
— Bloquez la sortie ! BLOQUEZ TOUT !
Yaxley vient d’arriver. Il ne reste que les Cattermole et nous quatre à faire partir par cheminée. Harry a un super réflexe, il assomme le sorcier en face de nous d’un coup de poing.
— Yaxley, il a aidé des nés-Moldus à s’enfuir !
C’est la confusion, Ron entraîne Mrs Cattemole pour la faire sortir, moi, je veux que Harry parte, mais Yaxley est devant nous.
— Ma femme ! Qui était avec ma femme ? Qu’est-ce qui se passe ? braille Reg Cattermole.
Je tiens toujours Harry par le bras, alors je l'entraîne devant moi et pousse Hermione vers la première cheminée. Les sorts de Yaxley volent autour de nous, l’un frôle mon bras et je pousse un cri. On apparaît dans les toilettes où Ron se débat avec Mrs Cattermole.
— Reg, je ne comprends pas...
— Lâchez-moi, je ne suis pas votre mari, il faut que vous retourniez chez vous !
Derrière nous, Yaxley vient d'apparaître. On se jette tous les quatre les uns sur les autres pour ne pas se perdre et nous transplanons.
J’ai transplané plein de fois dans ma vie. J’ai l’habitude de cette sensation oppressante, je sais la gérer. Mais cette fois-ci, c’est plus que d’habitude, j’ai l’impression que je manque de souffle, que si ça dure une seconde de plus, je vais perdre conscience. Le contact d’Hermione semble s’éloigner, j’ai peur de la perdre, j’ai peur de ce que cela ferait si nous cessions de nous toucher. Alors je m’accroche en refermant encore plus mes doigts sur son bras et finalement, on arrive au Square Grimmaurd.
J’inspire profondément et m’apprête à la lâcher, mais elle pousse un cri et on repart. La deuxième fois est pire que la première, c’est comme si j’avais plongé sans penser à prendre mon souffle. Je manque d’air, j’ai l’impression que je vais exploser, tout tourne autour de moi et finalement nous arrivons. Quand on tombe au sol, tous secoués par une quinte de toux, je reconnais l’odeur d’une forêt. Puis il y a l’odeur du sang.
Ça me fait revenir à la réalité, je me relève à quatre pattes et avance vers Ron. C’est là que vient l’odeur de sang. J’ai peur de ce que je vais découvrir, mais je n’ai pas le temps de réfléchir que je découvre tout son côté droit trempé de rouge : il manque un bout de son épaule. Merde. J’inspire un grand coup, mais ma respiration se bloque dans ma gorge avec cette odeur très forte qui met mes sens en alerte. Il faut agir vite, Hermione est en face de moi et fait le même constat.
— Accio dictame, dis-je en dirigeant ma baguette vers mon sac caché sous ma tunique.
Je récupère la petite bouteille et finis de dégager l’épaule de Ron. Hermione m’aide, nos mains sont vite tachées de sang. C’est difficile d’en avoir autant autour de moi. L’odeur est forte, mes instincts de loups me ralentissent, je me sens lente, et pourtant, il y a Ron, et il est inconscient et il a besoin de moi.
Du sang partout, du sang de Ron. Putain, putain, putain.
— Ça va faire mal Ron, je suis désolée…
Ma voix est faible, merde Emy ressaisis-toi, c’est pas le moment de lâcher ! J’ouvre la bouteille et verse trois gouttes. Ron gémit, puis plus rien. Il s’est évanoui.
— Ça a cessé de saigner, déclare Harry d’une voix blanche.
— On pourrait faire plus, mais aucune de nous ne sait réaliser les sorts de soins. Si on se trompe, on pourrait causer plus de dégâts… Il a perdu tellement de sang… murmure Hermione.
Je cherche un bandage dans notre trousse de secours, il faut lui bander l’épaule, le dictame a fait un super travail, mais la peau reste fragile. Tant que la plaie ne s’infecte pas, on peut être optimistes.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? je demande à Hermione en tentant de reprendre mes esprits.
— Au moment où nous avons transplané, Yaxley m’a attrapé le bras et je n’ai pas réussi à me dégager, il était trop fort. Il me tenait toujours à notre arrivée au square Grimmaurd. Je crois qu’il a dû voir la porte en pensant que c’était notre destination, alors il a relâché sa prise, j’ai réussi à me libérer et je vous ai emmenés ici. On ne peut plus retourner dans la maison !
J’essaie d’enregistrer toutes les informations, mais c’est difficile avec cette odeur ferreuse qui reste imprimée dans mes narines et l’adrénaline qui redescend. J’ai maintenant les mains qui tremblent et tout mon corps est électrisé après toutes ces émotions.
— Dans ce cas, où est-il ? Attends... Tu ne veux pas dire qu’il est resté square Grimmaurd ? Tu crois qu’il pourrait entrer dans la maison ?
— Je crois que oui, Harry. Je... je l’ai forcé à me lâcher à l’aide d’un maléfice de Répulsion, mais nous étions déjà dans le champ d’action du sortilège de Fidelitas. Depuis la mort de Dumbledore, nous sommes devenus les Gardiens du Secret, je lui ai donc livré ce secret, n’est-ce pas ?
Oui, très certainement.
— Harry, je suis désolée, vraiment désolée !
— Ne sois pas stupide, ce n’était pas ta faute ! Si quelqu’un est responsable, ce serait plutôt moi...
Il sort l’œil magique de Maugrey de sa poche. On a jamais retrouvé son corps, comment son œil peut se retrouver ici ? Les informations ne percutent pas dans mon cerveau.
— Ombrage l’avait collé à la porte de son bureau, pour espionner ses employés. Je ne pouvais pas le laisser là... Mais c’est comme ça qu’ils se sont aperçus de la présence d’intrus.
— Quelle folle… je murmure.
Ron pousse un grognement et on se tourne tous vers lui.
— Comment tu te sens ? demande Hermione.
— Lamentable, croasse Ron. Où sommes-nous ?
Je me relève alors qu’Hermione lui répond. Je reconnais la clairière où nous nous étions réfugiés lors de la Coupe du Monde de Quidditch. Et je me rappelle aussi que nous étions loin d’être en sécurité. Je préfère anticiper la chose et lance quelques sorts autour de nous. Je me remémore tous les sorts qu’on a pu lire dans nos heures d’études avec Hermione.
— Salveo maleficia... Protego totalum... Repello Moldum... Assurdiato…
Je m’arrête à court de formules. Hermione se glisse à côté de moi.
— On va dormir ici avec la tente. Ron est trop faible pour voyager à nouveau.
Elle a raison. Il faut qu’on installe un camp. Je dois aussi enlever tout ce sang, il me distrait.
— Je vais chercher de l’eau, dis-je en récupérant un bidon d’eau de l’un de nos sacs.
— Prend la cape, recommande t-elle.
Me retrouver seule dans la forêt me fait du bien. Je sens que mon souffle se calme, que mon coeur reprend un rythme normal. Au début, j’ai marché sans but, mais maintenant que je suis entourée des arbres, je décide de faire confiance au loup. Yeux fermés, j’écoute.
L’humus, la terre humide, le vent dans les feuilles… Mon instinct m’indique le chemin à suivre, au bout de quelques minutes, je trouve une source d’eau et remplis mon bidon.
Quand je reviens au camp, je me sens apaisée. Le loup est dans son élément. La forêt lui appartient.
Je suis dans mon élément.