Je suis partie bien en avance de l’orphelinat. Adele m’a conduite jusqu’à King’s Cross, puis elle m’a laissée ici comme Madame Firmin lui a demandé..
Ok, voie 9 3/4, je m’avance et attends que les moldus ne soient plus trop dans les parages. Je n’attends pas longtemps avant d’appliquer les instructions de mon père.
S’appuyer sur la barrière ?
D’accord.
Je retiens mon souffle quand je me sens partir en arrière.
Le Poudlard Express est là devant moi. Si grand, si imposant, je sens mes lèvres s’étirer en un grand sourire.
Enfin.
Il y a du monde sur le quai. Des adultes qui embrassent leurs enfants, des frères et sœurs qui se saluent. Parfois, la famille entière est venue dire au revoir à leur proche. Le train part dans une bonne vingtaine de minutes, je me dirige donc tout au fond du train, le compartiment le plus éloigné sera sûrement celui où les gens viendront en dernier. Je préfère rester seule. Une fois que je parviens à charger ma valise, je m’assois confortablement sur le fauteuil et prends le livre de Newt Scamander. J’adore sa façon de décrire les modes de vie des animaux fantastiques, c’est comme s’il les comprenait. Je me demande ce qu’il pensait des loups-garous.
— Emy !
Je relève la tête, tirée de ma lecture par Harry.
— Je peux venir ?
— Bien sûr.
— C’est incroyable, me dit-il en s’asseyant le plus éloigné de la fenêtre. Tu as vu la barrière pour passer sur le quai ? C’est génial, non ?
— Oui, souris-je en refermant mon livre.
— Des sorciers m’ont aidé. Heureusement, sinon je n’aurais jamais pu trouver comment faire. C’était gentil de leur part, j’espérais tomber sur toi.
Je souris une nouvelle fois et on entend une famille de sorciers se dire au revoir, je suis gênée de les écouter malgré moi, alors je regarde mes pieds. Je ne sais pas non plus quoi dire à Harry… Socialiser, c’est vraiment nouveau pour moi. Quand la mère de famille leur dit de monter dans le train, il vient s’asseoir en face de moi.
— Comment c’était ton mois d’août ?
— Trop long, et toi ?
— Pareil. Je ne sais pas à quoi m’attendre, mais j’ai très hâte.
— Ça ne peut pas être pire que l’école moldue…
— Tu as été en école moldue ? se réjouit-il.
Il semble content que nous partagions quelque chose, même si je vois qu’il a plein de questions sur moi, il ne me les pose pas.
— Tu avais éducation sportive ?
— Oh oui… J’avais tout le temps « mal au ventre », dis-je en mimant des guillemets. Et puis ils ont trouvé bizarre que ce soit tous les mardi matin.
Il rigole.
— J’ai tenté une ou deux fois, mais mon oncle et ma tante on fini par l’apprendre. J’ai dû arrêter.
La porte du compartiment s’ouvre et l’un des garçons de la famille qui était sur le quai entre.
— La place est-elle libre ? Les autres compartiments sont pleins.
On échange un regard avec Harry avant d’hocher la tête. Il s’assoit à côté de moi, évitant soigneusement de nous regarder tous les deux avant de se tourner vers le couloir où une fenêtre montre le paysage londonien défiler à une vitesse ahurissante.
— Hé, Ron.
Deux garçons entrent. Des jumeaux. Tous les deux aussi roux que leur frère. L’un d’eux parle à son frère tandis que l’autre a ses yeux braqués sur moi. C’est étrange, la plupart du temps, les gens me fixent pour mes yeux vairons. Mais lui, on dirait que non, qu’il voit au-delà de ça.
— Pas vrai George ? lui demande son frère.
— Oui, Harry, je ne sais plus si nous nous sommes présentés. Fred et George Weasley. Et lui, c'est Ron, notre frère. Et tu es ?
Mince, c’est à moi qu’il parle.
— Emy Lupin.
— Enchantés, reprend l’autre frère tandis que l’autre détourne son regard de moi. À plus tard.
Ils repartent. Ron commence à parler à Harry, je reste silencieuse, tournée vers la vitre. À côté, ils évoquent la nuit où tout à basculé, chamboulant le cours de la guerre, je ne veux pas l’entendre. Je pourrai prétexter d’aller aux toilettes, mais croiser d’autres personnes encore me terrifie.
Puis finalement, j’écoute la conversation, ose parler une ou deux fois, mais pas plus. Salue Croutard, son rat, une fois qu’il nous le présente. Puis retourne à écouter leur conversation.
- Et toi Emy, tu viens d’où ?
— D’un orphelinat moldu. C’est loin d’être aussi horrible qu’Harry bien sûr, mais on s’ennuie beaucoup.
- Vous vous connaissiez avant de monter dans le train ?
— Hagrid est venu nous chercher, explique Harry. Il nous a emmenés sur le Chemin de Traverse pour faire nos achats.
— Vous n’y étiez jamais allés ?
Je préfère ne pas répondre, Harry le fait pour moi.
— Non. C’est incroyable, je ne savais pas qu’il y avait ça au cœur de Londres.
— Tu voulais que ça soit où ? demande Ron avec un sourire.
Sa remarque me fait sourire, puis Harry à son tour. Bien vu. J’aime bien voir les deux mondes se confronter.
Puis vient l’heure de manger et en voyant que Ron collectionne les cartes chocogrenouilles, je me rappelle que j’en ai une avec moi.
— Merlin, je l’ai déjà.
— Tiens Harry, tu veux faire la collection ?
Il me remercie tandis que je déguste une patacitrouille. Le temps passe vite quand on est avec des gens sympas, peut-être même des copains, mais je ne veux pas trop m’avancer. Puis la porte du compartiment s’ouvre.
— Vous n’auriez pas vu mon crapaud ?
On fait non de la tête, et alors qu’il retourne dans le couloir, je quitte les garçons pour le rejoindre.
— Excuse-moi, tu es Neville Londubat ?
Il hoche la tête.
— Ma grand-mère m’avait prévenu que tu serais là, dit-il avec un sourire discret. C’était facile de te reconnaître avec tes yeux.
Oui, c’est sûr.
— Elle a toujours dit qu’elle te soutenait toi et ton père et que c’est inadmissible ce qui s’est passé.
— Oui, je me rappelle d’elle…
- Évidemment, dit-il avec un sourire.
— Je ne suis pas trop à l’aise pour en parler… Ça remonte maintenant.
— Ne t’inquiète pas, je n’en parlerais à personne, ça ne les regarde pas.
— Merci. Heureuse de faire ta connaissance Neville. Tu veux de l’aide pour trouver ton crapaud ?
— Je veux bien merci…
On ne sait pas vraiment par où commencer, une fille arrive vers nous, marchant d’un pas énergique.
— Neville, on devrait remonter le train en cherchant tous les compartiments.
— Heu… Oui, je viens de passer…
Elle ne l’écoute pas et ouvre la porte du compartiment de Ron et Harry.
— Vous n'auriez pas vu un crapaud ? Neville a perdu le sien.
— On n'a rien vu du tout.
— Tu étais en train de faire de la magie ? On va voir si ça va marcher.
— Bon, allons y : « Soleil, jonquille et canari, que ce gros gras rat gris en jaune soit colorié, de la tête jusqu'aux pieds. »
Quand il a fini, je manque d’éclater de rire. Je ne sais pas où il a entendu ça, mais la personne qui le lui a dit lui faisait très clairement une blague. Au moins, il y a des rimes.
— C'est ça que tu appelles jeter un sort ? Pas très brillant, comme résultat. Moi, j'ai essayé de jeter des sorts pour m'entraîner et à chaque fois, ça a marché. Personne n'est sorcier dans ma famille, j'ai eu la surprise de ma vie en recevant ma lettre, mais j'étais tellement contente ! On m'a dit que c'était la meilleure école de sorcellerie. J'ai déjà appris par cœur tous les livres qui sont au programme, j'espère que ce sera suffisant pour débuter. Ah, au fait, je m'appelle Hermione Granger, et vous ?
Elle m’intrigue. C’est une née moldue, mais au contraire, venir d’un monde différent ne semble pas lui faire peur. Ou pas. Pour apprendre tous les livres scolaires par cœur, il faut une sacré motivation.
— Bon, je retourne chercher ton crapaud, dis-je à Neville. Tu peux rester, ajoutais-je en le voyant hésiter à me suivre.
Être un peu seule me fait du bien. Je regarde au sol, tends l’oreille, puis finalement des cris dans un compartiment attirèrent mon attention.
— Ah, mais il est dégueulasse ce crapaud !
— C’est le mien, merci.
Je me précipite et retire ledit crapaud d’un tas de capes dans un compartiment. On ne me remercie même pas, et je sens des regards peser sur ma nuque. Je les oublie en me concentrant sur ma tache. Je n’ai jamais porté de crapaud, et passé le léger dégoût de ce corps visqueux sur mes mains, ça va. Je reprends ma route vers le fond du train.
— Emy ?
Je me retourne vers Drago qui referme la porte derrière lui pour me rejoindre dans le couloir. En voyant le crapaud, il fait une légère grimace.
— Ce n’est pas le mien.
— Tu me rassures.
Malgré moi, cette phrase me fait sourire. On s’est vus, il y a si longtemps et avec cette simple phrase, typique de lui, je me retrouve plongée il y a un an, lors de cet été et de ces quelques journées passées ensemble.
— Ça va ? Tu as pu avoir toutes tes fournitures ?
— Oui, oui.
— Mes parents peuvent t’aider s’il faut.
— Ce dont j’ai besoin, ils ne peuvent pas me l’apporter.
Mon ton est plus dur que je ne l’aurai voulu. Mais ses parents n’ont jamais rien fait pour m’aider moi et mon père, et je leur en veux un peu.
— Désolé que tu aies dû passer cette journée avec ce gros lourdeau.
— Ne l’insulte pas s’il te plaît…
— Emy, tu vaux mieux que ça, me coupe t-il.
Ok. Inspire, expire.
— Arrête Drago. Oui, ça va, et non je n’ai pas besoin de votre aide.
Je tourne les talons et pars avant qu’il ne puisse poursuivre. Quand Neville me voit finalement arriver avec son crapaud, un grand sourire fend son visage.
— Trévor ! Merci Emy !
Hermione derrière lui me sourit poliment.
— Je m’appelle…
— Hermione Granger, je t’ai entendue tout à l’heure. Moi, c’est Emy.
— Enchantée Emy, on se retrouve à Poudlard alors.
J’hoche la tête et part rejoindre les garçons dans le dernier compartiment pour pouvoir me changer. Je prends mes affaires et part aux toilettes pour pouvoir le faire en toute intimité. Je ne suis pas mécontente de quitter cet affreux uniforme de l’orphelinat. En revenant, je croise Drago qui sort de notre compartiment. Il me jette un regard, deux autres garçons l’accompagnent, puis il me contourne et poursuit son chemin.
- Qu'est-ce qu’il faisait là ? dis-je en entrant.
Ron et Harry sont morts de rire.
— Croutard ! Je pensais qu’il ne servait à rien, mais il nous a débarrassés d’eux !
Je m’efforce de sourire.
— Je crois bien qu'il est assommé, répond Ron qui tient Croutard par la queue. Ah non ! Ça, c'est incroyable ! Il n'est pas assommé, il s'est tout simplement rendormi !
*****
La traversée du lac qui borde Poudlard est magnifique et j’en oublie de me préoccuper de ce dont Harry m’a raconté concernant Drago. S’ils ne s’entendent pas, ce n’est pas mon problème. Je veux juste apprendre des choses et ne pas me préoccuper du reste. Il y a aussi cette histoire de cambriolage à Gringotts. Bien sûr, ça m’intrigue, mais je ne vais pas me mêler de ça. Non. Mon but est de faire une année scolaire normale sans personne qui découvre mon secret.
Je dois admettre que je suis un peu stressée par ce choix de maison. Quand la porte du château s’ouvre après que Hagrid ait frappé, je sens la Bête au fond de moi tenter de prendre le contrôle.
J’inspire, expire, tout en suivant le flot d’élèves à la suite du Professeur McGonagall. J’entends les autres qui parlent autour de moi, la professeure, Harry, Ron, Hermione Granger aussi. Les fantômes ne m’impressionnant pas, je suis dans ma bulle. Je me concentre sur moi, ma respiration. Ne pas fléchir. Mes poings qui tremblent sont cachés dans les poches de mon uniforme. C’est mon premier jour, je dois le faire, pourtant, je ne pensais pas que me contrôler serait si difficile.
Je suis terrifiée. Si je n’arrive pas à tenir, devrais-je retourner à l’orphelinat et être condamnée à ne jamais aller à l’école ? Ce serait trop bête. Mon père a réussi à tenir, alors moi aussi, je dois y arriver.
C’est dans cet état d’esprit que je traverse la Grande Salle. Je suis déterminée. Je vais faire sept ans d’étude à Poudlard, jouer au Quidditch et sortir d’ici avec la liberté de faire ce que je veux, à commencer par revoir mon père.
Dans ma tête, la cérémonie de répartition avait tout sauf l’air d’être un moment aussi simple que mettre un chapeau sur sa tête. Mais visiblement la professeure McGonagall ne plaisante pas. Quand elle appelle les premiers sur la liste fixée dans l’ordre alphabétique, je me répète la chanson du Choixpeau dans ma tête.
Je n'suis pas d'une beauté suprême
Mais faut pas s'fier à ce qu'on voit
Je veux bien me manger moi-même
Si vous trouvez plus malin qu’moi…
J’ai une très bonne mémoire. J’ai toujours vite compris à l’école et m’ennuyais donc beaucoup. Alors en attendant, je lisais les manuels d’école, apprenais des trucs, inventais des choses…
J’en suis à ma deuxième répétition de la chanson quand on appelle mon prénom.
— Emilynn Lupin.
Si vous allez à Gryffondor
Vous rejoindrez les courageux,
Les plus hardis et les plus forts
Sont rassemblés en ce haut lieu.
Je continue de chanter dans ma tête et quand on me pose le Choixpeau sur la tête.
— Aucun doute pour toi. Ce sera GRYFFONDOR !
Je sens mes lèvres s’étirer en un grand sourire. Je me tourne vers la table des professeurs où Hagrid me fait un grand sourire. Rogue est égal à lui-même, ou peut-être pas, en tout cas, il applaudit poliment. Portée par tant de soulagement et de bonheur, je pars rejoindre la table des rouge et or.
— Bravo ! me dit Hermione Granger.
L’un des jumeaux, George, me fait un sourire également. Je murmure un pâle merci avant de me tourner vers le Choixpeau. Harry lève un pouce en l’air dans ma direction auquel je réponds d’un sourire. Finalement, je n’ai pas à m’inquiéter, lui aussi est réparti à Gryffondor et même Ron Weasley.
—Bienvenue, nous dit Dumbledore. Bienvenue à tous pour cette nouvelle année à Poudlard. Avant que le banquet ne commence, je voudrais vous dire quelques mots. Les voici : Nigaud ! Grasdouble ! Bizarre ! Pinçon ! Je vous remercie !
*****
C’est étrange de se balader dans les couloirs de ce château dont j’ai tant entendu parler. Je me l’étais imaginé tant de fois, et la réalité est tout autre. C’est drôle comment l’esprit peut créer des choses. Je finis par trouver le bureau du professeur McGonagall. Les instructions qu’elle m’avait données en plus de ma lettre de rentrée étaient très claires, je savais exactement où aller en quittant la Grande Salle. Échapper à la surveillance des préfets ne fut pas difficile, et comme l’heure du couvre-feu n’était pas arrivé, les élèves que j’ai croisés dans les couloirs ont sûrement cru que j’étais en deuxième ou troisième année.
— Emilynn ? Parfait, entrez, dit le professeur McGonagall en ouvrant la porte après que j’ai frappé.
Dans la pièce, se trouve Severus Rogue, Albus Dumbledore et une femme que je ne connais pas.
— Vous connaissez le professeur Rogue, dit-elle. Voici le professeur Dumbledore et Madame Pomfresh, l’infirmière de Poudlard.
- Bonsoir Emilynn, me dit-elle avec un sourire bienveillant.
— Bonsoir.
— Comment s’est passé ce jour de rentrée ? demande Dumbledore.
McGonagall m’invite à m’asseoir, avant qu’elle ne fasse de même.
— Bien.
— Pas de difficultés pour te contrôler ?
J’hésite à répondre la vérité. Je ne veux pas qu’on me renvoie à l’orphelinat.
— C’est totalement normal d’avoir parfois besoin de concentration pour garder le contrôle. C’est un travail fatiguant qui requiert une grande constance, avec une journée aussi stressante, j’imagine que tu as dû avoir des périodes plus difficiles. N’est-ce pas ?
Il a des yeux bleus qui pétillent d’intelligence. Mais aussi de gentillesse et je me dis que s’il a donné sa chance à mon père, il sait quelles sont les conditions d’accueillir un loup-garou dans son école. Je décide de lui faire confiance.
Un peu.
— Oui, j’ai eu un moment plus difficile.
— Quand exactement ?
— Juste avant la répartition.
— Tu étais stressée ?
— Oui, et de voir autant de monde, en revoir certains… Ça faisait beaucoup d’un coup.
— Comment as-tu fait pour reprendre le contrôle ?
— J’ai respiré.
Ça parait ridicule comme ça, mais c’est la vérité.
— Je me suis un peu isolée et me concentrais uniquement sur ma respiration.
— C’est bien, me dit Dumbledore avec un sourire. Tu peux être fière de toi.
— Merci, dis-je un peu gênée.
— Severus, voulez-vous lui expliquer comment se déroulera l’année ?
— Oui, bien sûr. J’ai préparé de la potion Tue-loup. Tu devras en prendre tous les jours, la semaine avant la pleine lune. Il est impératif que tu n’oublies aucune dose. Puis, le jour de la pleine lune, Mme Pomfresh t’attendra dans son bureau où une salle a été aménagée pour que tu sois enfermée. Nous allons voir comment tu réagis à la potion et si c’est… Favorable, tu pourras en bénéficier durant toute ta scolarité.
C’est inespéré. Cette potion, je n’en ai jamais pris, je me suis transformée uniquement cinq fois et c’est très éprouvant. Un agent du ministère m’emmenait dans un endroit fermé, une cellule, et quand je reprenais conscience, j’étais pleine de blessures. Certaines ont totalement cicatrisées, d’autres pas encore. J’ai déjà de pâles cicatrices. Pour que Madame Firmin, la directrice de l’orphelinat ne se pose pas de questions, ils lui ont jeté un sort de confusion.
Voilà comment se sont passées mes premières pleine lune. La potion tue-loup n’empêchera pas la transformation, mais je serai un loup inoffensif. Peut-être même que je ne louperai pas les cours.
— Sinon, nous procéderons comme pour ton père, explique Mme Pomfresh. Je t’accompagnerais au Saule Cogneur puis à la Cabane Hurlante.
Afin de ne pas être un danger pour les autres.
— As-tu des questions Emilynn ?
— Non, c’est très clair. Merci.
— Le professeur Rogue confiera les potions au professeur McGonagall. Tu auras une autorisation pour être hors de ton dortoir afin de les chercher ici chaque début de semaine de pleine lune.
Il est temps pour moi de prendre congé. Le professeur McGonagall m’accompagne sur un bout de chemin en silence. Elle m’impressionne un peu.
— Voilà, vous continuez ici, au bout du couloir à gauche. Le mot de passe est Caput Draconis, je ne peux pas vous accompagner jusqu’au portrait qui garde l’entrée de la salle commune, car je ne voudrais pas que l’on se pose des questions. Dépêchez-vous, l’heure du coucher est arrivée. Bonne nuit.
— Merci professeur, bonne nuit.
Elle me fait un bref sourire puis tourne les talons. Je commence à me diriger vers la salle commune de Gryffondor, joyeuse de cette liberté d’être dans les couloirs alors qu’il n’y a personne. Je ne suis pas obligée de rentrer maintenant, je pourrais aller au parc, visiter les mille et un recoins du château. Tout en veillant à ne pas me faire choper par le concierge bien sûr.
— Intrépide pour une première année. Et un jour de rentrée en plus.
Je me détends immédiatement en reconnaissant la voix de l’un des jumeaux. Je me retourne pour voir sortir Fred de sous une tapisserie, puis George apparait à son tour.
— Je pourrai en dire de même de vous deux.
Fred s’esclaffe.
— Viens Miss Intrépide.
Il retourne derrière sa tapisserie et je le suis, nous retrouvant dans un autre couloir, désert lui aussi, mais plus sombre où une seule torche éclaire le chemin. Puis il marche un peu, vers une intersection. George n’a pas dit un mot. Parfois, il me regarde, mais détourne le regard dès que je me retourne.
— On ne risque pas de tomber sur Rusard ici. Tu faisais quoi seule dans les couloirs après l’heure de couvre-feu ?
Fred n’a pas un air menaçant, il est juste curieux. Il s’appuie contre le mur, les mains dans les poches, il attend ma réponse. George tient un bout de parchemin dans ses mains qu’il plie soigneusement.
— Je visitais.
Fred sourit.
— Et vous ?
— Tout pareil.
— Évidemment.
De ce que j’ai saisi, ils sont habitués à ne pas respecter les règles. Je pourrais leur parler de mon problème concernant le quidditch. Avec un peu de chance, ils m’aideront.
— Les premières années n’ont pas le droit d’intégrer une équipe de quidditch ?
— C’est la règle oui…
Je souris, oui bien sûr.
— Mais disons que si je voulais outrepasser cette règle. Auriez-vous une idée de comment faire ?
— Tu joues au quidditch ? demande George.
J’hoche la tête.
— À quel poste ?
— Poursuiveuse.
— Tu es forte ?
— Je me débrouille.
Ils échangent un regard, j’assiste à un dialogue silencieux entre eux. C’est drôle, ils se ressemblent beaucoup, mais je vois aussi beaucoup de différences entre eux.
— Ce serait une première…
— On ne l’a jamais fait…
— Un challenge…
— Entraide…
Je reste bien silencieuse, leur laissant le temps de décider.
— Nous sommes les batteurs de l’équipe, m’explique George. Depuis notre deuxième année. Et de ce que l’on sait, ça fait un moment qu’on se fait laminer par les autres équipes chaque année. Une bonne poursuiveuse, qu’importe son âge, ça peut changer le cours d’un match.
J’ai le cœur qui bat la chamade, va t-il dire ce que je crois ?
— La semaine prochaine, nous avons des sélections à faire. C’est Dubois le chef d’équipe, il nous manque deux postes dont un poursuiveur ou une poursuiveuse.
— Et l’autre ?
— Attrapeur. On te propose de faire un test avant, on voit comment ça se passe, puis, si tu as les compétences pour, on va s’arranger pour te faire entrer dans l’équipe.
Je ne peux m’empêcher de leur faire un grand sourire.
— Merci.
— On n’a rien promis, répond Fred. Pas de faux espoirs Miss Intrépide.
J’ai envie de leur demander pourquoi ils font ça, mais ils se dirigent déjà vers la tapisserie pour retourner dans le couloir principal. George m’attend un peu et je m’empresse de les rejoindre. On marche en silence jusqu’au fameux portrait qui garde la salle commune.
— Vous deux… soupire- t-elle.
— Bonsoir, et oui, nous sommes toujours là ! se réjouit Fred.
— Caput Draconis.
Elle ne peut pas ne pas nous faire entrer, même si elle le voulait, George vient de lui donner le mot de passe, alors le portrait pivote et la salle que je découvre me fait me sentir chez moi immédiatement. Chaleureuse, ronde, confortable, accueillante, je me sens vraiment heureuse. Comme rarement je ne l’ai été depuis ces trois dernières années.
— On se retrouve demain après les cours dans cette salle, dit Fred. Ok pour toi ?
— Oui bien sûr.
Il part vers un escalier qui doit être l’accès aux dortoirs garçons puisqu’un autre escalier est juste à côté. George reste à côté de moi, ses yeux marrons me troublent. J’hausse un sourcil.
— Bonne nuit, finit-il par dire.
Je le regarde partir.
Ok, calme toi Emy…
Je prends l’autre escalier et arrive au premier étage où des noms sont indiqués sur les portes. Je suis dans la même chambre qu’Hermione Granger, les deux autres filles, je ne les connais pas. Je me glisse silencieusement dans la chambre, tout le monde dort, alors je me mets en pyjama et me blottis dans le lit moelleux.
C’est un peu comme à l’orphelinat, j’ai ma malle au pied de mon lit, des sanitaires partagés, une salle commune et un réfectoire… Mais ici, tout est différent. Je me sens chez moi. J’avais peur d’avoir idéalisé Poudlard, mais finalement, je suis plus agréablement surprise qu’autre chose.
Je repense à cette journée folle, les retrouvailles avec Harry. La rencontre avec tous ces élèves, les jumeaux, leur aide, des yeux marrons…
Au bout d’une heure, je finis par m’endormir, un sourire aux lèvres.