En marchant vers le pub, les inquiétudes d’Harry me trottent dans la tête. Je me demande si oui, Sirius va venir. Je n’espère pas. Je ne veux pas le voir partir pour Azkaban à nouveau. Le savoir fâché me désole, mais je préfère ça que de le savoir entouré de détraqueurs.
La Tête de Sanglier ne paie pas de mine. C’est franchement sale et pas du tout accueillant. Je suis nerveuse jusqu’à ce que tout le monde arrive enfin. À un moment, Lavande et Parvati entrent.
— Je lui ai parlé, me dit Hermione à l’oreille.
Ça me surprend, Lavande doit le savoir puisqu’elle vient me voir.
— Je veux voir ce qu’il a à dire. Je ne pense pas qu’il soit fou ou quoique ce soit… J’ai juste besoin de comprendre.
— Ok.
— J’aime pas qu’on soit fâchées.
Je souris.
— Moi non plus.
Après tout, personne ne veut le retour de Voldemort. L’accepter peut demander du temps. Il faut que je sois plus patiente, je pense, avec les autres. Ils n’ont pas grandi avec les drames de la première guerre.
— Sans rancune ? demandés-je.
— Sans rancune.
On entend Parvati et Hermione soupirer.
— Quoi ? on fait toutes les deux en même temps.
— Vous êtes de vraies têtes de mules, voilà, tout, fait Parvati.
— Avec un caractère de cochon, ajoute Hermione.
— On ne peut pas être une mule et un cochon en même temps, fait Lavande très sérieusement, ce qui nous fait toutes rire.
Nous ne sommes pas les meilleures amies du monde, mais on passe tellement de temps ensemble, qu’on a appris à s’apprécier. Je me réjouis de ne plus être en froid avec Lavande. Maintenant que tout le monde est là, je pars avec George chercher des Bièraubeurre.
— Bravo, fait-il impressionné en voyant la vingtaine de personnes réunies.
— Le bouche à oreille à fait effet, dis-je heureuse.
Il rigole doucement.
— Une vraie révolutionnaire, toi.
— Hermione et Ron…
— Oui, mais… Tu vois ce que je veux dire, fait-il en m’embrassant rapidement.
Le barman se racle la gorge et on récupère les bouteilles pour les distribuer une à une. En me rasseyant, Harry me fait un regard catastrophé.
— On ne pensait pas qu’il y aurait autant de monde, mais c’est bien, dis-je avec un sourire pour tenter de le rassurer.
— C’est ce que je lui ai dit, fait Hermione à voix basse.
— Qu’est-ce que vous leur avez raconté ? Qu’est-ce qu’ils veulent de moi ?
— Je te l’ai dit, ils veulent simplement écouter ce que tu as à leur dire. Tu n’as pas besoin de faire quoi que ce soit pour l’instant, c’est moi qui leur parlerai d’abord.
— Salut, Harry, dit Neville, le visage rayonnant, ce qui empêche Harry de poursuivre avec ses inquiétudes.
Outre le fait que nous sommes nombreux, il y a Cho dans l’assemblée. Je préfère ne pas encore en parler à Hermione, on débriefera ce soir.
*****
— Elle le dévorait des yeux.
— Mais, oui, c’est évident, et lui, dès qu’il posait ses yeux sur elle…
On rigole bêtement, avachies dans mon lit à manger du chocolat pour ma part. J’ai eu le temps de passer à Honeyduke avant de rentrer.
— Bon, c’est plutôt une réussite, poursuit Hermione.
— Tant qu’on arrive à trouver un soir qui ne bloque pas avec les entraînements de quidditch.
— Oui, voilà.
Je rigole, impossible pour Hermione d’oublier ce détail, Angelina et les autres n’ont pas cessé de le répéter.
— Nous sommes nombreux, mais Harry saura les discipliner. Les gens l’écoutent naturellement.
C’est assez vrai.
— Et c’était une bonne idée le parchemin, je lui dis.
Je la vois rougir légèrement.
— C’était si évident ?
— Non, je ne pense pas que les gens ont compris.
— Avoir son nom, c’est déjà compromettant.
— Alors qu’est-ce qui se passe si quelqu’un cafte ?
Je m’allonge sur le dos et la regarde jouer avec ses cheveux.
— Disons que nous le saurons tout de suite. J’espère ne jamais le voir.
J’espère aussi.
*****
Depuis la réunion, nous ne sommes portées avec Hermione que par ce projet de réunions secrètes. Nous réfléchissons à un lieu, à un moyen de communiquer entre nous… Je pense aux objets moldus qui existent déjà, mais aucune mécanique ne peut fonctionner à Poudlard. Je perdrais trop de temps à trouver un contre-sort, autant inventer un truc similaire.
— Bon, récapitulons, il faut que ça indique la date et l’heure, fait Hermione.
Nous sommes entourées de parchemins, Ginny est avec nous. Elle a noué ses longs cheveux roux en un chignon lâche. Elle a beaucoup grandi ces derniers temps. Michael Corner n’est pas le seul à se retourner sur son passage.
— Pas forcément, je réponds. Si on indique l’heure le matin du jour du rendez-vous, ça fonctionne.
— Pas faux.
— Pour le lieu, commence Ginny. Les jumeaux m’ont donné la liste de cinq pièces les moins fréquentées par Rusard.
— Du coup si on change à chaque fois de lieu, il faudrait qu’on indique laquelle de ces pièces à chaque fois, je remarque. On ne peut pas prendre le risque d’aller toujours dans la même salle.
— Oui… marmonne Hermione. Si le professeur Ombrage nous suit…
Devant la charge de choses à faire et à penser, je soupire profondément, vite rejoins par Ginny et finalement Hermione. On se regarde toutes les trois avant d’éclater de rire de fatigue et de nervosité.
Ce n'est pas gagné.
*****
Je n’ai pas eu de nouvelles de Sirius depuis longtemps. De mon père, si, mais ce sont des informations banales, on échange des livres, des idées, des découvertes. J’ai les magazines Rolling Stones et Attrapeur tous les mois grâce à lui. Par contre, c’est frustrant de ne pas lui parler de notre idée d’organisation. Je ne lui ai pas parlé également de ce qu’Ombrage m’a fait en retenue. De toute manière, ma main est presque guérie, je peux toujours jouer même si elle me fait mal.
Les cours de Binns sont soporifiques, je ne fais plus aucun effort pour écouter. La plupart du temps, je regarde par la fenêtre et pense aux entraînements. En ce moment, il fait beau, je m'entraîne presque tous les jours profitant du fait qu’il ne neige pas encore.
— Hedwige ? je murmure.
Elle vient d’arriver au bord de la fenêtre. Hermione à côté de moi, l’a remarquée aussi et fait des coups de coude à Harry pour le sortir de sa léthargie.
— J’y vais, je murmure. Je suis la plus près.
Binns est imperturbable, je me glisse de ma chaise, me transforme et traverse la salle silencieusement. Puis je me transforme à nouveau, ouvre la fenêtre, récupère Hedwige qui semble me reconnaître, et je repars à quatre pattes, la tenant précieusement contre moi. Quand je retourne à ma place, Binns n’a rien vu, mais tout le monde me regarde.
Ouf.
Demandez-leur ce qu’on étudie en ce moment, je serai surprise de les voir répondre. Mis à part Hermione bien entendu.
Cachée derrière la table, je tends Hedwige à Harry. Elle hulule en le voyant, mais heureusement Binns ne réagit pas.
— Elle est blessée, souffle Harry.
Ses plumes de l’une de ses ailes sont ébouriffées. Il a raison. Merde… Heureusement, il parvient à sortir de classe pour la faire soigner. Pendant tout le reste du cours, nous sommes préoccupés avec Ron et Hermione.
Quelqu’un a voulu vérifier le courrier qu’elle transportait. C’est la seule explication. Et cette personne n’a clairement pas été délicate.
Pourvu que Sirius l’a joué fine dans son choix de mots.
Et pourvu qu’Ombrage n’ait pas compris ce qui se passait.
*****
— Même heure, même endroit, ça veut dire la cheminée de la salle commune ?
— Bien entendu. J’espère que personne n’a vu ça...
— Le rouleau était bien scellé. D’ailleurs, si on ignore l’endroit où nous lui avons parlé, personne ne peut comprendre de quoi il s’agit, non ?
Harry se tourne vers moi, dans un espoir vain que je le réconforte.
— Je n’ai pas eu de lettre de mon père, donc ce n’est pas une décision jointe, c’est juste Sniffle qui s’est décidé à nous parler. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
Il est surpris de ma réponse tout autant que Ron et Hermione. D’habitude, je suis la première à me réjouir de voir Sirius. Mais pas cette fois.
— Ce ne serait pas très difficile de sceller le parchemin une deuxième fois en appliquant une formule magique... murmure Hermione. Et si le réseau des cheminées est surveillé... mais je ne vois pas comment on pourrait lui écrire de ne pas venir sans que la lettre soit elle aussi interceptée !
Je sens un goût métallique dans ma bouche, c’est à ce moment là que je me rends compte que je mordais ma lèvre depuis le cours de Binns. Je suis si préoccupée, que je n’écoute même pas Drago se vanter de je-ne-sais-quoi.
— Ne vous énervez pas. C’est exactement ce qu’il cherche.
— De quoi il parle ?
— Des équipes de quidditch autorisées à jouer, m’explique Hermione tout bas.
Ah oui, j’avais oublié ça. Un énième problème sur une liste déjà volumineuse.
— …Mon père dit que ce n’est plus qu’une question de temps avant que le ministère l’expédie à Ste Mangouste... Il paraît qu’ils ont un service spécial pour les gens qui ont le cerveau ramolli par un excès de magie.
C’en est trop, je sors ma baguette et m’avance vers eux, mais une personne me devance et fonce sur eux.
— Neville, non !
Je me jette sur lui, accompagnée d’Harry pour l’empêcher d’aller plus loin. Mais il se débat et ce n’est pas évident de le retenir. Ron vient à notre rescousse, et on parvient enfin à le faire reculer. Je ne l’ai jamais vu aussi énervé.
— Pas... drôle... ne jamais... Mangouste... lui... montrer...
— Bande d’abrutis, je m’énerve.
Je n’ai pas le temps de poursuivre. Rogue arrive, ce qui a le don de me faire taire immédiatement.
— En pleine bagarre, Lupin, Potter, Weasley, Londubat ? Dix points de moins pour Gryffondor. Lâchez Londubat, Potter, sinon c’est la retenue. Entrez, tout le monde.
Je rentre furieuse dans la salle. L’idée de réclamer justice n’effleure plus mon esprit, je sais que c’est peine perdue. Et je tombe nez à nez avec…
Ombrage.
— Mmmh, encore à jouer la petite rebelle, n’est-ce pas ? Votre impertinence causera votre perte, allez vous asseoir.
Heureusement qu’Hermione me prend la main pour m’emmener à notre place. Je pense que j’aurais perdu le contrôle.
— Merci.
Elle me répond d’un sourire.
Durant le cours, je suis concentrée sur ma potion. Pas pour les bonnes notes, non, juste parce que j’aimerais améliorer mes compétences dans tous les domaines. Si on veut se préparer à ce qui nous attend, ça commence aussi par ça et pas juste les sortilèges.
— Emy, me dit Hermione à un moment, me tirant de ma bulle.
D’un mouvement de tête, elle me désigne Ombrage qui est en train d’interroger Rogue.
— Je crois que vous avez d’abord posé votre candidature au poste de professeur de défense contre les forces du Mal ?
— Oui.
— Mais sans succès ?
— De toute évidence.
Je me retiens de pouffer de rire. Comme McGonagall, il lui rappelle que ses questions sont idiotes. J’adore, je ne m’en lasse pas. Je devrais faire de même.
— Et, depuis que vous êtes entré dans cette école, vous avez régulièrement renouvelé votre candidature à ce poste, je crois ?
— Oui.
Il semble de plus en plus furieux.
— Avez-vous une idée de la raison pour laquelle Dumbledore vous a systématiquement refusé cette matière ?
Quel est le rapport avec ses méthodes d’enseignement ?
— Je vous suggère de lui poser la question vous-même.
— Je n’y manquerai pas.
— Il était vraiment indispensable d’évoquer ce sujet, j’imagine ?
Ah, il pense comme moi.
En fait Ombrage, c’est une petite fouine qui veut tous les potins de l’école. Si on caricature, c’est totalement ça. Il faut que j’en parle à Hermione, ça la fera rire. Ou pas. Ginny c’est sûr par contre.
— Oh oui. Le ministère souhaite connaître le mieux possible les... heu... différents éléments de la personnalité des enseignants.
Bien voyons.
*****
J’observe Hermione tricoter un énième bonnet pour les elfes de maison. La regarder comme ça, créer quelque chose de ses mains m’apaise. Et avec la chaleur du feu, je me retrouve à somnoler, blottie dans le canapé, Pattenrond à ronronner sur mes genoux. Ron à mes côtés est dans le même état. Je me réveille en sursaut quand il s’écrit :
— Sirius !
— Salut.
Pattenrond s’approche pour saluer son vieil ami, mais Hermione le retire pour ne pas qu’il se brûle les moustaches.
— Salut.
— Comment ça se passe ?
Comme toujours quand nous sommes avec Sirius, je me retiens de trop prendre la parole. Il est ce qui se rapproche le plus d’un parent pour Harry. Je ne veux pas leur voler ces précieux moments.
— Pas trop bien.
J’ai ma main qui me démange, c’est sûrement la cicatrisation.
— Le ministère a passé un nouveau décret qui nous interdit d’avoir notre équipe de Quidditch...
— Ou de former un groupe de défense contre les forces du Mal ? finit Sirius.
Hein ?
— Comment tu sais ça ? je demande.
— Vous devriez vous montrer plus prudents dans le choix de vos lieux de rendez-vous. La Tête de Sanglier ! Non mais vraiment !
— Mais c’était une très bonne idée, je m’indigne.
— En tout cas, c’était mieux que Les Trois Balais ! réplique Hermione. Là-bas, c’est toujours plein de monde...
— Ce qui signifie qu’il aurait été plus difficile d’entendre ce que vous disiez. Tu as encore beaucoup à apprendre, Hermione.
— On aurait jamais pu tous se réunir, je réplique, un peu vexée de la critique.
— Vous étiez tant que ça ? demande t-il - il me semble - impressionné.
— Qui nous a entendus ? demande Harry.
— Mondingus, bien sûr.
— Bien sûr, qui d’autre ? je ricane, faisant rire Ron.
— La sorcière voilée, c’était lui, m’explique Sirius.
En vrai, je suis vexée de ne pas l’avoir remarquée. J’aurais dû m’en douter.
— Il était là pour surveiller Harry, je devine.
Le sourire de Sirius s’élargit.
— Absolument.
— Je suis toujours suivi ? s’énerve Harry.
— Oui, et ça vaut mieux si la première chose que tu songes à faire, c’est constituer un groupe illégal de défense.
Je me perds dans mes pensées et tout ce qui nous reste à faire pour nos réunions. Sirius pourrait nous aider avec cette histoire d’heure de rendez-vous.
— …comme elle était de service ce soir, elle n’a pas pu venir vous en parler de vive voix, finit Sirius sans que je n’ai écouté un traître mot de ce qu’il a dit.
— De service pour faire quoi ? demande Ron.
— Ne t’inquiète pas de ça, ce sont des choses qui concernent l’Ordre. J’ai donc été chargé du message et n’oublie surtout pas de dire à ta mère que j’ai bien rempli ma mission parce que je crois qu’elle se méfie aussi de moi. Quand à toi Emy, au delà des recommandations de Molly, Remus m’a demandé de te dire de faire attention à toi. N’oublie pas qu’Ombrage est dangereuse et qu’elle peut facilement te faire du mal.
Il ne pense pas si bien dire.
— Mais il me charge également de te dire que tu ne dois pas t’inquiéter pour lui. Il a dit un truc de savant et poète, mais je serai incapable de répéter.
Ça me fait sourire.
— Bref, que tu sais au fond de toi ce qui est juste de faire.
— Merci Sirius.
Typique mon père. Il sait qu’il n’a pas toutes les informations sur ce qui se passe ici. Et il a confiance en mon jugement. Il a raison, je dois peser le pour et le contre.
— Comment va ton bras ?
Je retourne à la réalité.
— Ça va.
— Aucune nouvelle sensation ? Douleurs ? Visions ?
— Non, rien du tout.
Son soulagement est visible.
— Bien, je suis content.
— Et ce groupe, commencés-je. Tu en penses quoi ?
Le visage de Sirius s’étend en un grand sourire.
— Je crois que c’est une excellente idée !
— Vraiment ? dit Harry.
— Bien entendu ! Tu crois donc que ton père et moi, on se serait couchés et qu’on aurait obéi aux ordres d’une vieille harpie comme Ombrage ?
C’est exactement ce que je voulais entendre.
— Mais l’année dernière, tu n’as pas arrêté de me dire que je devais être prudent et ne pas prendre de risques...
— L’année dernière, nous avions tout lieu de penser que quelqu’un, à l’intérieur de Poudlard, essayait de te tuer, Harry ! Cette année, nous savons qu’il y a quelqu’un, à l’extérieur de Poudlard, qui aimerait bien nous tuer tous et voilà pourquoi apprendre à vous défendre efficacement me semble être une très bonne idée !
— Et si on se fait renvoyer ? intervient Hermione.
— Hermione, c’est toi et Emy qui êtes à l’origine de cette idée ! s’exclame Harry.
— Ça ne veut pas dire que c’est une idée parfaite sans risques, je réplique.
— Je sais bien. Je me demandais simplement ce qu’en pensait Sirius, ajoute Hermione.
— Il vaut mieux être renvoyé et capable de se défendre que de rester tranquillement assis dans une école sans avoir aucune idée de ce qui se passe dehors.
Je comprends pourquoi Sirius a été envoyé à Gryffondor. La force et la détermination que je perçois dans sa voix ne font aucun doute. Ma mère avait-elle cette même intonation ?
— Ça va ? me murmure Hermione.
J’hoche la tête, au même moment, elle reprend les garçons qui s’emportent sur l’idée de se réunir à la Cabane Hurlante.
— À votre époque, Sirius, vous n’étiez que cinq à vous réunir. Vous aviez tous la faculté de vous métamorphoser en animaux et j’imagine qu’en vous serrant un peu, vous auriez pu tenir sous une seule cape d’invisibilité en cas de besoin. Mais nous, nous sommes vingt-neuf et aucun d’entre nous - mis à part Emy - n’est un Animagus, alors ce n’est pas une cape, mais un chapiteau d’invisibilité qu’il nous faudrait.
— Tu as raison. Mais je suis sûr que vous trouverez un endroit. Il y avait un passage secret assez spacieux derrière le grand miroir du quatrième étage, vous auriez peut-être assez de place pour y pratiquer des maléfices.
— Il n’existe plus, je réplique. Les jumeaux l’ont essayé.
— Ah… murmure Sirius. Bon, je vais y penser et je reviendrai...
Il s’interrompt avant de disparaître brusquement.
— Sirius ?
— Pourquoi est-ce qu’il... ?
Je sursaute en voyant une main apparaître dans l’âtre. C’est la main d’Ombrage.
— Allez dans vos chambres, je murmure.
— Mais…
— Harry, elle a lu la lettre, ça ne fait aucun doute, je chuchote déjà debout. On doit se mettre dans nos lits au cas où elle débarque.
Hermione se lève aussitôt et les garçons se joignent à tout. En un rien de temps, nous sommes en pyjama dans nos lits. Je sais que je ne trouverai pas le sommeil, mon cerveau tourne en boucle sur Sirius, notre projet d’entraînements et puis sur Ombrage.
Quand le rideau s’ouvre sur Hermione, je ne suis pas surprise de la voir apparaître.
— Je peux ?
Pour toute réponse, je me décale pour lui faire une place. Il commence à faire bien froid dans le château. Elle est gelée.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? chuchote t-elle.
— Tu parles de quoi ?
— De Patmol. À un moment, tu semblais ailleurs.
— Oui, je pense à plein de trucs…
— Oui, j’ai vu. Tu veux en parler ?
J’adore que ce soit simple de parler avec elle. Elle est si intelligente, si juste. Parfois, j’ai l’impression qu’elle lit en moi comme dans un livre ouvert.
— Je me demande si l’avis de Sirius est bien sage. Je me demande aussi si ma mère était comme lui… je murmure doucement. Aussi rebelle, aussi insouciante du règlement. Que penserait-elle de tout ça ?
— Sûrement comme ton père.
— Vraiment ?
— De ce que j’ai compris, ils se ressemblaient beaucoup, mais pas sur tout. Elle semblait plus modérée tout de même.
— Peut-être oui.
— Pourquoi cela aurait de l’importance ? demande t-elle doucement.
Oui, pourquoi ? Parce que ma mère n’a jamais existé, je n’ai aucun souvenir d’elle. J’ai ce sentiment de devoir me construire dans ma vie avec la moitié des informations nécessaires. Je cherche l’impossible. Je n’aurais jamais la réponse à toutes mes questions. Et je pourrais faire sans.
Mais je n’y arrive pas.
J’explique à Hermione ma confusion d’émotions.
— T’en a parlé à Harry de tout ça ?
— Mmmh, non pas vraiment, on en a un peu parlé cet été, mais il est tellement sous l’eau que je ne veux pas en rajouter.
— Parce que s’il y en a un qui peut te comprendre, c’est lui. Et ton père, tu lui as dit ?
— Non.
Elle n’insiste pas. Je repense à Sirius.
— En fait, j’ai peur que Patmol ne sache pas s’arrêter à temps. Qu’il vienne un jour à Pré-au-lard, que les détraqueurs tombent sur lui et que ce soit la fin.
— Je comprends oui…
Je réfléchis en silence, puis Hermione reprend.
— Tu sais, je pense qu’il saura s’arrêter.
J’espère.
— Et puis, il a ton père. Lui, il l’écoute, tout comme Dumbledore.
Oui, c’est vrai.
— Oui… je murmure tout bas. Il faisait ça aussi quand j’étais petite. Il me demandait si je jugeais que telle ou telle chose était bien pour moi et quelles seraient les conséquences. Si oui, je pouvais la faire, mais pas avant d’y avoir réfléchi. C’est comme ça, que je me suis baignée dans la mer en plein hiver.
— En plein hiver ?
— Oui, je souris. Et j’ai chopé la crève.
Elle rigole doucement.
— C’est pour ça qu’il me laisse sécher une classe si je ne veux pas y aller, ou avoir des retenues. Il sait que j’ai pesé le pour et le contre.
— Le contre étant les retombées que toi ou lui pourraient subir.
— Oui.
Elle soupire.
— J’ai hâte de faire avancer les choses pour les elfes, les loups-garous et toutes créatures magiques. Déjà, j’ai bien envie d’abolir ce terme.
Je me remets à rire.
— Quoi ? commence t-elle à s’indigner.
— Non, rien. Ne change pas.
Je la vois sourire dans le noir.
*****
Ombrage a validé la présence de l’équipe de Quidditch Gryffondor. Savoir que l’on peut enfin reprendre les entraînements me porte sur un petit nuage. J’ai envie de voir George et de lui annoncer moi-même la nouvelle, mais il ne se trouve pas dans cette salle de classe où nous nous sommes réfugiés pendant la récré pour éviter la pluie.
— J’espère que ça va se lever, fait Ron. On ne voit rien du tout. Qu’est-ce qu’il y a, Hermione ?
Elle semble ailleurs.
— J’étais simplement en train de penser...
— À propos de Sir... de Sniffle ? intervient Harry.
— Non... pas exactement... Je me demandais plutôt... J’imagine que nous avons raison de faire ce que nous faisons... Enfin, je crois... Non ?
Mes doutes l’ont touchée elle aussi. Je suis contente qu’on puisse en parler, on va pouvoir peser le pour et le contre. Je m’apprête à répondre, mais Ron me prend de court.
— On comprend mieux, maintenant. Ça nous aurait déçus si tu ne t’étais pas expliquée clairement.
J’esquisse un sourire.
— Tu te demandes si c’est vraiment sage de faire ça et d’impliquer autant de personnes.
Les garçons ne comprennent pas. Mais je vois où elle veut en venir. Elle y pense depuis hier soir.
— Hermione, c’est toi qui as eu l’idée ! s’exclame Ron.
— Je sais. Mais après avoir parlé avec Sniffle...
— Il est tout à fait d’accord, fait remarquer Harry.
— Oui. Oui, c’est justement pour ça que je me demande si c’est une bonne idée, après tout...
Je me mords la lèvre et en oublie Peeves qui passe avec une sarbacane juste au-dessus de ma tête.
— Bah, ça va pas la Miss ? s'étonne-t-il avant de me jeter une boulette.
— Putain, je marmonne avant de la lui renvoyer en pleine figure.
De lui faire traverser sa figure serait plus juste.
— Explique-moi ça, reprend Harry. Sirius est d’accord avec nous et donc, tu crois que nous ne devrions plus le faire ?
Je n’ai pas envie d’entendre la suite. Pas envie de voir Harry s’énerver et écarter tous jugements. Pas envie de voir Hermione malheureuse.
— Tu as vraiment confiance en son jugement ?
— Absolument ! Il nous a toujours donné d’excellents conseils !
— Tu ne crois pas qu’il aurait pu devenir un peu... disons... téméraire... depuis qu’il est enfermé square Grimmaurd ? Tu ne crois pas que... il aurait tendance à vivre... à travers nous ?
— Qu’est-ce que tu veux dire par vivre à travers nous ? Emy, tu comprends ce qu’elle veut dire ?
— Oui. Il faut qu’on saisisse toutes les conséquences de ce que l’on s’apprête à faire. Je pense qu’ils seraient capables de nous renvoyer. Pensez-y bien, êtes vous capable d’assumer les conséquences.
Tous réfléchissent.
— Je commence, dis-je alors que Peeves embête des troisièmes années au loin. Oui, je suis prête. Je finirai mes études à Beauxbâtons s’il faut, mais je sais que cette idée, c’est ce qui me fait tenir en ce moment. Ça et le quidditch. Ce sont les seules choses qui me permettent de rester assise dans la même pièce qu’elle pendant ses cours. Je ne peux pas rester sans rien faire.
— Oui, fait Hermione, oui, c’est ça qui m’anime, c’est de savoir que si on ne fait rien, on ne se préparera jamais à ce qu’il y a dehors.
Ron approuve d’un hochement de tête.
— Ma mère me tuerait bien sûr, mais c’est notre forme d’Ordre. C’est ce que nous on peut faire, et depuis l’été, c’est le premier truc où je me sens vraiment utile. Vraiment vivant.
C’est la première fois qu’il parle de quelque chose d’aussi intime en ma présence. Hermione aussi semble l’avoir remarqué, elle le regarde différemment de d’habitude.
— Et puis si la bouffe française est bonne, c’est pas si grave.
On rigole tous.
— The cream of the crop. La cerise sur le gâteau, je traduis immédiatement.
— Reste toi, mon vieux, fait Ron en se tournant vers Harry.
— Je n’ai plus aucuns doutes, dit-il simplement. On le fait.
On échange tous un sourire. Jusqu’au bout, tous ensemble.
*****
L'entraînement est un enfer. Je suis gelée, le vent est vraiment vicieux et ma main à cause du froid me lance terriblement. Pour ne rien aider, les jumeaux ne font que de se plaindre suite à leurs derniers tests d’invention.
Quand je m’assois enfin sur le banc pour me changer, je me sens vide d’énergie. Tout le monde est dans le même état de fatigue. Cet entraînement ne servait à rien, on pouvait à peine voler.
— J’en ai plusieurs qui ont éclaté, dit Fred en bougeant très précautionneusement.
— Pas les miens, répond George avec une grimace, mais ils me font un mal de chien... J’ai l’impression qu’ils sont de plus en plus gros.
— Berk, je dis pour tout le monde.
— J’avais pas la force de le dire, soupire Katie. Mais oui, berk, c’est le seul mot qui me vient.
On se tappe la main.
— AÏE ! s’exclame Harry à côté de moi.
Il presse sa serviette contre son visage. Je comprends immédiatement et me précipite vers lui pour le soutenir. Au visage de Ron, je vois que lui aussi a compris.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demande Katie.
Tout le monde s’est rapproché.
— Rien, marmonne Harry, je me suis mis la serviette dans l’œil, c’est tout.
Il reprend comme si de rien était. Alors je me bouge pour me changer et sors l’attendre. Quand Angelina et Fred sortent, ils se disputent.
— Je ne dis pas d’arrêter. Je ne te commande rien. Je te demande juste de faire un effort pour montrer un peu de passion et d’implication dans nos entraînements !
— J’ai un mal de chien.
— Et alors ?! Prend un peu sur toi putain, je porte cette équipe à bout de bras, j’espérais un peu de soutien de ta pa…
Le vent emporte ses derniers mots. George sort à son tour et m’embrasse.
—Ça va ? Désolé, je suis un peu pris avec nos expérimentations. Vous avancez comme vous voulez avec Hermione ?
— On s’en sort, je le rassure d’un sourire.
Heureusement qu’on dort souvent ensemble, sinon on ne ferait que se croiser avec nos emplois du temps ultra chargés.
— Tu rentres avec moi ?
— J’attends Harry.
— Oui, je comprends. Bonne nuit, dit-il avant de m’embrasser une dernière fois.
Je le laisse partir à contre-cœur.
Bon…
— Qu’est-ce qui s’est passé ? C’était ta cicatrice ?
Je me retourne pour voir Harry approuver d’un hochement de tête.
— Mais… poursuit Ron. Il ne peut pas se trouver à proximité ?
— Non. Il est probablement à des kilomètres d’ici. Ça me fait mal parce qu’il est... en colère. Tu as senti quelque chose Emy ?
— Non, rien, dis-je inquiète. Ça veut dire que tu ressens ses émotions fortes. On doit trouver un moyen d’arrêter ça.
— Il veut que quelque chose soit fait et ça ne se passe pas assez vite à son goût, reprend Harry.
— Tu pourrais remplacer Trelawney, murmure Ron sous le choc.
— Je ne lis pas l’avenir, réplique Harry.
Je sens que l’attitude de Ron l’agace, qu’il souhaiterait qu’il ne soit pas si inquiet, qu’il ne dise surtout pas la phrase qui va suivre.
— Il faut que tu le dises à quelqu’un.
— J’en ai parlé à Sirius la dernière fois.
— Parle-lui-en encore !
— Je ne peux plus. Ombrage surveille les hiboux et la cheminée.
— Alors, va voir Dumbledore.
— Je viens de te dire qu’il est déjà au courant. À quoi bon le lui répéter ?
— Emy tu en penses quoi ? Il ne peut pas rester comme ça sans rien faire !
Harry me jette un coup d'œil, il cherche à savoir s’il me racontera la prochaine fois que ça arrive. Et je partage son avis, il n’y a rien à faire de plus.
— J’en sais rien Ron.
Il soupire, agacé par sa non-implication.
— Harry, on note quand ça se produit, si ça se refait, on en parle à Dumbledore. Il aura une vision avec des dates des émotions de Voldemort. Ça vous va ?
— Oui, fait Harry.
Je coupe la poire en deux.
Ron ne répond pas, il n’est pas d’accord. Mais on ne peut pas forcer Harry, sinon on peut être sûr qu’il ne nous en parlera pas la prochaine fois. Il ne faut pas qu’on perde sa confiance.
*****
Toute la semaine, je poursuis mes entraînements de sport le matin, puis m’effondre de fatigue le soir après de longues heures d’études. Je gère bien les pleines lunes, mais ce n’est pas une partie de plaisir pour autant. Quand je suis seule dehors, je cours, je saute, je crie dans la pluie, dégageant toute ma colère et ma frustration. Personne ne m’entend de toute façon.
— Emy ?
George est là, emmitouflé dans sa cape, une écharpe colorée tricotée par sa mère autour du cou. Je viens le voir et tombe dans ses bras pour qu’il me sert fort contre lui.
— Tu veux faire une pause ?
— Allons dans le vestiaire.
Je le suis, un peu amorphe par le froid et le vent. Le vestiaire n’est pas chauffé, mais au moins, nous sommes à l’abri.
— Enlève tes vêtements.
— Quoi ?
— Tu es trempée, tu vas prendre froid si tu ne te sèches pas.
Il fouille dans mon casier et me jette un vieux survêtement qui devait sûrement lui appartenir avant. Alors je m’exécute, finis en culotte et en brassière devant lui qui détourne le regard pendant que j'enfile le reste.
— C’est comment avec Ombrage ?
— Je prends sur moi.
D’où ma colère et ma frustration.
— Pour ne pas qu’elle s’en prenne à mon père.
— Il ne se passera rien. Et il est grand, il sait se débrouiller. Et puis, ce n’est pas si simple de faire une loi.
C’est pas faux.
— Tu as raison, je stresse pour rien. Je préfère tout de même en parler avec lui avant de faire quoique ce soit.
Il fronce les sourcils.
— Comment ça ?
— Je ne sais pas. Mais ne pas la laisser gouverner comme elle l’entend. C’est de l’abus.
Ce que je lui dis lui plaît, il a un grand sourire sur le visage.
— On t’aidera avec Fred.
— Vous avez déjà bien assez à faire avec W&W. Je suis en retard d’ailleurs sur les calculs que vous m’avez demandés, je suis désolée.
— Emy, tu rigoles, tu nous fais gagner plein de temps. Tu as tes BUSES, les entraînements et ces réunions, on ne pensait pas que tu aurais le temps de continuer. Et non, je pense qu’il sera aussi chaud que moi pour t’aider à faire payer le crapaud. Ça fait longtemps qu’on n’a pas fait les 400 coups. Ça me manque honnêtement. Et puis, ça pourra nous donner des idées et en tester d’autres.
Je suis trop contente, savoir que je ne serai pas seule dans mes idées folles me rassure beaucoup. J’ai un grand sourire quand je l’embrasse contre les casiers. Il est tout contre moi, je sens son corps toucher le mien, comme si on ne pouvait pas vivre séparés. Nos baisers sont de plus en plus passionnés, ma main est au creux de son cou, l’autre et au bord de son pull. Mais j’ai les mains gelées, je ne peux pas lui faire ça. Lui, par contre, je sens sa main à la limite de mon dos. Il n’ira pas plus loin si je ne lui dis pas de le faire, je le sais.
J’ai envie qu’il aille plus loin, qu’on soit seuls, qu’il n’y ait pas de guerre pour qu’on puisse se perdre dans les bras l’un de l’autre.
— J’aimerais qu’on soit seuls… murmure George contre mes lèvres. Qu’on soit tranquilles…
— C’est exactement ce que je me disais, je murmure à mon tour.
Il pose ses lèvres sur les miennes, glisse dans mon cou et effleure du bout des doigts la peau de ma taille.
— Dis-moi d’arrêter…
— Je ne veux pas que tu t’arrêtes.
Il recule.
— Ne me dis pas ça Emy.
— Tu ne crois pas que je suis prête ?
Il secoue la tête.
— Pas maintenant, c’est trop tôt.
— J’en ai envie.
Il se mord la lèvre.
— Arrête de le répéter. Je… Je ne veux pas maintenant. Je veux que tu attendes un peu.
— Je ne suis pas une gamine.
— On a deux ans et demi de différence. C’est pas rien. Je ne veux pas tout foutre en l’air parce que j’étais impatient.
Je recule à contre coeur.
— Tu vas en avoir marre d’attendre à un moment.
Il esquisse un sourire moqueur.
— Jamais de la vie.
Je me rapproche pour l’embrasser une dernière fois. C’est plus fort que moi, quand nous sommes seuls, je ne pense qu’à ça. Quand ses bras m’entourent pour m’attirer un peu plus contre lui, je sens mon coeur partir en freestyle.
— Bon, fait-il en se reculant. On s’arrête là, c’est bien qu’il pleut, ça va me calmer. On rentre ?
Je souris en enfilant ma capuche.
— Ok, allons-y.
Il ensorcelle mes vêtements pour qu’ils nous suivent et nous quittons le vestiaire.
*****
Le positif attire t-il le positif ? Plus d’une fois, je me suis posée la question, aujourd’hui, c’est de nouveau le cas. Dobby nous a trouvé une salle pour nous entraîner : la Salle sur Demande.
Je resserre mon gros pull sur mes épaules. J’ai cessé de porter des jupes, il fait bien plus froid, j’ai donc opté pour un pantalon en laine. Mes boots dans le couloir font des « tap tap » étouffés sur le tapis. C’est parfait, je veux être discrète même si sortir le soir dans les couloirs avant neuf heures n’est pas interdit.
— C’est là, dis-je en m’arrêtant. Voilà la tapisserie de Barnabas.
— D’après la carte, on peut y aller, Rusard, Miss Teigne et Ombrage sont loin, ajoute Harry.
Je me tourne vers le mur lisse qui fait face à la tapisserie. Du bout des doigts, je frôle la pierre à la recherche d’un indice qui indiquerait ce qui se cache derrière. Je ne sens rien.
— Dobby m’a dit de passer trois fois devant ce morceau de mur en pensant très fort à ce que nous voulons.
Je me tourne vers eux avec un sourire.
— Et bien commençons avant que quelqu’un arrive et se demande pourquoi nous tournons tous les quatre en rond.
J’arrive à leur arracher un sourire malgré leur stress. Nous nous mettons tout de suite à exécution, les yeux fermés, marmonnant pour nous même notre souhait d’avoir une salle pour pouvoir apprendre à nous battre.
— Harry !
J’ouvre les yeux pour découvrir une grande porte à la poignée de cuivre.
— Ça alors… je murmure.
— Tu crois que nos pères la connaissaient ? me demande Harry.
— Aucune idée. Je lui demanderai. C’est génial…
Tous nos yeux brillent d’excitations, quand nous entrons, je suis bouche bée par ce que je découvre. C’est déjà très grand, plus que je l’imaginais. Et puis, il y a un coin salon, des objets sur des étagères dont certains que je reconnais comme étant des Scrutoscopes. Et bien sûr il y a une bibliothèque.
— Ça, ce sera bien quand on s’entraînera à la Stupéfixion, dit Ron en désignant les coussins.
— Et regardez tous ces livres !
La joie d’Hermione fait plaisir à voir.
— C’est merveilleux, dit-elle, il y a tout ce qu’il nous faut, ici !
Et elle part directement lire.
— Emy, me fait Harry avec un sourire. Tu veux essayer le premier sort ici ?
Je fronce les sourcils sans comprendre.
— Un patronus, tu serais capable d’en refaire un ?
— Je pense oui.
— Ça te dit ?
Pas besoin de me le dire deux fois. Je sors ma baguette avec le souvenir de l’autre soirée avec George en tête.
— Prête ?
J’hoche la tête.
— Spero Patronum !
Le cerf et le loup apparaissent. Tels de vieux amis, ils se saluent et nous tournent autour. J’échange un grand sourire avec Harry, je suis si heureuse de pouvoir toujours pratiquer ce sortilège.
« Toc, toc. »
Je sursaute et mon loup disparaît. D’un coup de baguette, Harry fait de même pour son cerf et part ouvrir à Ginny, Neville, Lavande, Parvati et Dean. Pendant qu’ils découvrent les lieux, je pars m’asseoir sur les coussins.
— C’était impressionnant, me fait Ron.
— Oh, je rougis, ce n’est rien, on s’est beaucoup entraînés en troisième année.
— Tu peux être fière, fait Hermione sans lever le nez de son livre.
Je ne savais pas qu’elle nous avait vus.
— J’ai hâte de tester la suite, dis-je pour changer de sujet.
— Un peu d’exercice ne me fera pas de mal, ajoute Ron. Expelliarmus par exemple, ça fait un moment qu’on ne l’a pas utilisé.
J’approuve d’un hochement de tête. Nous l’avions appris en deuxième année. En cours, maintenant, nous travaillons sur les sorts de disparition et mutisme, c’est pratique, mais pas autant qu’un sort de désarmement lors d’un combat.
— Et j’aimerais apprendre à ne plus formuler les sorts à voix haute, dis-je. Les jumeaux deviennent vraiment bon à ça, j’adorerais le faire.
— Ça viendra après, fait Ron, déjà si j’arrive à faire un patronus, je serais content.
— Tu y arriveras, j’assure, confiante.
Autour de nous, tout le monde est arrivé et regarde la salle avec émerveillement.
— Bien, dit Harry, qui semble un peu nerveux. Voici donc l’endroit que nous avons trouvé pour nos séances d’entraînement et heu... apparemment, il vous convient.
— C’est fantastique ! dit Cho.
Ahlala, ces deux là…
— C’est bizarre, dit Fred, un jour, on s’est réfugiés ici pour échapper à Rusard, tu te souviens, George ? Mais, à l’époque, c’était un simple placard à balais.
Harry prend place également et nous pouvons commencer.
— J’ai réfléchi à ce qu’on devrait faire au début et... heu...
Hermione lève la main. Ça me fait mourir de rire avec Ron, ce qui nous attire un regard noir.
— Quoi ? fis-je. Désolée, mais j’avais un sentiment de déjà-vu.
Le rire de Ron ne m’aide pas à reprendre mon sérieux.
— Que se passe-t-il ma chère ? fait-il dans une parfaite imitation d’Ombrage.
Tous les cinquièmes années en classe avec nous en DCFM éclatent de rire, même Hermione.
— Je pense qu’il faudrait commencer par élire un chef, dit Hermione quand nous avons repris notre sérieux.
— C’est Harry, le chef, dit aussitôt Cho comme si Hermione était folle.
Non mais Harry, fonce, ne te pose pas de questions. Elle est déjà totalement accro.
— Oui, mais je pense qu’il faudrait procéder à un vrai vote. Ça officialise la fonction et ça lui donnera l’autorité nécessaire.
— Très bonne idée, dis-je pour la soutenir.
On échange un de nos regards télépathes de copines qui se comprennent sans parler, à savoir « merci » et « de rien ».
— Alors, ceux qui pensent que Harry doit être le chef de ce groupe, levez la main.
Voté. À l’unanimité.
— Bon, heu... Très bien, merci, dit Harry qui se met à rougir. Et... Quoi, Hermione ?
— Je pense que nous devrions aussi nous donner un nom. Ce serait une façon de créer une unité et un esprit d’équipe, vous ne croyez pas ?
— On n’a qu’à s’appeler la Ligue des champions anti-Ombrage.
— Ou alors le Front de libération contre les crétins du ministère.
J’aime bien l’idée d’Angelina, mais je préfère celle de Fred.
— Moi, je pensais plutôt à un nom qui ne dévoilerait pas tout de suite ce que nous faisons, reprend Hermione. Comme ça, on pourrait en parler sans risque en dehors des réunions.
— L’Association de défense ? En abrégé, ça donnerait A.D., personne ne saurait de quoi il s’agit.
Malheureusement, je trouve que c’est une bonne idée de la part de Cho.
— Oui, c’est pas mal l’A.D., approuve Ginny. Mais ce serait mieux si ça voulait dire l’armée de Dumbledore, puisque c’est la pire crainte du ministère, non ?
J’éclate de rire. C’est génial. Et on part sur ça.
ARMÉE DE DUMBLEDORE