Les cris des spectateurs vont dans tous les sens. Je n’ai pas le temps de comprendre ce qui s’est passé que je vois Harry tomber au sol.
Je lâche le Souafle et vole jusqu’à lui. Angelina est déjà près de lui.
— Ça va, tu n’as rien ?
— Bien sûr que non, je n’ai rien, marmonne Harry.
On pouffe de rire et l’aidons à se relever.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? demandés-je.
— Tu avais marqué quand il a attrapé le Vif d’or ? me demande t-elle.
— Non, je l’avais encore qu’il était au sol.
— Qu’importe on a gagné. C’est ce voyou de Crabbe. Il a envoyé le Cognard sur Harry au moment où il a vu qu’il avait le Vif d’or. Mais on a gagné, on a gagné !
Les autres nous rejoignent pour célébrer cette victoire amère après toutes ces tricheries et chants absolument lamentables sur Ron. Mais Drago arrive également, il est fou de rage quand il se penche vers Harry.
— Tu as réussi à sauver la peau de Weasley, hein ? Je n’ai jamais vu un gardien aussi mauvais... Mais après tout, il est né dans un trou à rats... Ma chanson t’a plu, Potter ?
— Arrête Drago, j’interviens.
— Je n’ai pas d’ordres à recevoir de ta part Emy.
— Ferme-la, je réplique, tu n’as vraiment que ça à faire ?
— J’y peux rien si ton pote est un idiot.
— Je ne vois qu’un idiot, je réplique.
— Emy, intervient Angelina qui m'entraîne vers les autres pour célébrer.
— Où est Ron ?
— Il est rentré, répond-elle la mâchoire serrée.
Il a n’a pas été très bon.
— On voulait écrire un autre couplet ! lance Malefoy derrière nous. Mais on n’a pas trouvé de rimes à « grosse et laide »... On aurait aimé chanter quelque chose sur sa mère, tu comprends ?
— Typique des mauvais joueurs, dit Angelina.
Les jumeaux arrivent, George court et me serre dans ses bras pour me faire tourner m’arrachant quelques rires malgré les paroles de Drago.
— On a également eu du mal à caser « pauvre type » dans les paroles... à propos de son père...
Il arrête et me repose au sol.
— Putain, mais…
— Laissez tomber, dit aussitôt Angelina en prenant Fred par le bras. Laisse, Fred, laisse-le s’égosiller, il est simplement hargneux parce qu’il a perdu, cette espèce de petit parvenu à la...
— Mais toi, tu aimes bien les Weasley, Potter ? Tu passes même tes vacances avec eux, je crois ? Je me demande comment tu fais pour supporter l’odeur mais enfin, j’imagine que quand on a été élevé – si on peut employer ce mot-là – chez les Moldus, même le taudis des Weasley ne sent pas trop mauvais...
Je mets une main sur l’épaule de George. Il est tendu près à sauter sur Drago. Harry fait de même, malgré la colère qui gronde en lui.
— Non, non, ça n’en vaut pas la peine.
— Ou peut-être, ajoute Drago en rigolant, que tu te souviens de l’odeur que
dégageait la maison de ta mère, Potter, et que la porcherie des Weasley te la rappelle.
Quand je me rends compte de l’horreur de ce qu’il vient de dire, les deux garçons sont déjà en train de courir vers lui.
Le reste est flou. Tout se passe au ralenti et à la fois très vite. Je me focalise sur une seule chose : ne pas les laisser le frapper. Je n’ai aucune idée des conséquences que cela aurait, mais il ne le faut surtout pas.
Je me transforme, cours vers eux pour les dépasser et me mettre devant Drago. Sous la surprise, ils s’arrêtent et j’en profite pour me retransformer.
— Arrêtez, arrêtez bon sang ! Il ne parle que pour vous provoquer.
Je me retourne brièvement pour crier à Drago.
— Ferme-la toi !
— Ce fumier… commence George.
Mais il n’a pas le temps de finir sa phrase que Madame Bibine est là, furieuse.
— Qu’est-ce qui vous prend ?
Je ne me risque pas à bouger, je ne suis pas sûre que les garçons vont se contenir. Fred au loin, est toujours maintenu par les filles.
— Je n’ai jamais vu un tel comportement. Rentrez immédiatement au château, dans le bureau de votre directrice de maison ! Allez ! Dépêchez-vous !
Harry se recule violemment et part vers le château.
— George… je commence.
— Ça va, répond-il sèchement.
Il suit Harry, tandis que Mme Bibine me regarde froidement.
— Vous aussi Miss Lupin.
Je ne comprends pas trop pourquoi. Mais sur le moment, je suis trop perturbée par tout ce qui vient de se produire pour m’en préoccuper. Je cours chercher mon balai, puis je les rejoins, restant à une certaine distance d’eux.
Leur colère me dépasse. Moi aussi je suis en colère, souvent, même. Mais je ne cède pas à celle-ci pour tabasser un crétin. Seul contre deux en plus. Drago avait gagné, il voulait les provoquer, déclarant toutes les horreurs qui lui passaient pas la tête.
Nous ne sommes pas arrivés dans le bureau de McGonagall, qu’elle arrive, encore plus furieuse que Mrs Bibine.
— Entrez !
Je l’observe jeter son écharpe au sol alors que je m’assois à côté d’Harry et George. Je me rends compte que je ne sais pas ce que je fais là, mais elle semble si furieuse que je n’ose pas demander tout de suite.
— Alors ? Je n’ai jamais vu une exhibition aussi indigne. Deux contre un ! J’exige des explications !
— Malefoy nous a provoqués, répondit Harry.
Je passe une main sur mon visage. Tant pis, je me risque.
— Professeur, je peux…
— Je suis à vous dans un instant Emilynn, fait-elle en levant la main. Vous a provoqués ?
Et elle tape du poing sur la table.
— Il venait de perdre, non ? Bien sûr qu’il avait envie de vous provoquer ! Mais qu’a-t-il bien pu dire pour justifier que tous les deux, vous...
— Il a insulté mes parents, grogne George. Et la mère de Harry.
— Et au lieu de demander à Madame Bibine d’intervenir, vous avez décidé de vous donner en spectacle en vous livrant à un duel de Moldus ! Vous n’avez donc aucune idée de ce que…
— Hum, hum.
Nous nous figeons tous avant de nous retourner vers Dolores Ombrage. Merde. Qu’elle soit là, n’apporte rien de bon. Et ce sourire putain… Je le sens encore moins.
— Puis-je vous apporter de l’aide, professeur McGonagall ?
Je crois que McGonagall la déteste encore plus que moi en cet instant. Et oui, c’est possible visiblement.
— De l’aide ? Qu’entendez-vous par de l’aide ?
— Je pensais que vous pourriez avoir besoin d’un petit surcroît d’autorité.
Oh je la déteste, je la déteste, je la…
— Eh bien, vous pensiez mal. Et maintenant, tous les deux, écoutez-moi attentivement. Peu m’importe ce que Malefoy vous a dit pour vous provoquer. Peu m’importe qu’il ait insulté chaque membre de votre famille, votre comportement a été détestable et je vous donne à chacun une semaine entière de retenue ! Ne me regardez pas comme ça, Potter, vous l’avez mérité ! Et si l’un de vous deux s’avise...
— Hum, hum...
Le professeur McGonagall ferme les yeux comme si elle priait le ciel de lui accorder encore un peu de patience.
— Oui ?
— Je pense qu’ils méritent plus que de simples retenues.
Et si c’est possible, son sourire s’élargit un peu plus.
— Malheureusement, ce qui compte, c’est ce que je pense moi, car ces élèves appartiennent à ma maison, Dolores.
— Eh bien, en fait, Minerva, vous allez vous apercevoir que ce que je pense compte également. Voyons, où est-il ? Cornélius vient de me l’envoyer... je veux dire, le ministre vient de me l’envoyer... Ah, voilà...
Mon cœur bat la chamade tandis que je la regarde jouer son petit numéro.
— Hum, hum... Décret d’éducation numéro vingt-cinq.
— Encore un !
— Eh bien, oui.
Je l’écoute faire son petit laïus puis lire ce fameux décret vingt-cinq.
— « Le Grand Inquisiteur aura dorénavant l’autorité suprême pour infliger toute sanction, punition et retrait de privilèges aux élèves de Poudlard, ainsi que le pouvoir de modifier les sanctions, punitions et retraits de privilèges qui auraient été décidés par des membres du corps enseignant. Signé : Cornélius Fudge, ministre de la Magie, Ordre de Merlin, première classe, etc. etc. »
Puis elle range le parchemin et le sentiment de malaise grandit. Quand elle se tourne vers moi, tout sourire, mes ongles entrent dans ma paume tant je les serre fort pour ne pas perdre pied.
— Comptiez-vous parler à Miss Lupin de son attitude sur ce terrain en présence de tous les élèves ?
— Emy a… commence George, mais Ombrage lui fait signe de se taire.
— Tit, tit, je parle à votre professeur.
— Oui Dolores, j’allais y venir.
— Vous alliez lui parler du fait qu’elle a perdu le contrôle et à quel point la situation aurait pu être bien plus dramatique ?
— Je n’ai pas perdu le contrôle ! je m’exclame en me levant de ma chaise. Je voulais juste les arrêter !
Je comprends immédiatement que je viens d’aggraver mon cas.
— Voyez Minerva elle ne sait pas se contenir…
— Si elle dit ne pas avoir perdu le contrôle, je la crois. Cela fait plus d’un an qu’elle maîtrise son animagus et…
— Et elle n’a que quinze ans. Les accidents arrivent. Tous les jours. Et avec un historique comme le sien, ce n’est pas prudent de dire que…
— Emy se contrôle très bien ! s’énerve George. Elle n’a jamais perdu…
— Mr Weasley, taisez-vous ! s’exclame Ombrage.
Il tremble de rage alors que je me rassois, la boule au ventre, attendant la sentence.
— Pour le bien des élèves, je ne peux pas permettre qu’une personne aussi instable, puisse être sous une forme aussi dangereuse. Vous aurez dorénavant l’interdiction de vous transformer dans l’enceinte de cet établissement et sur les terres de la propriété de l’école.
Même le professeur McGongall semble être sous le choc de la décision. Ne pas se transformer, cela signifie la folie. Elle le sait très bien.
— Dolores, je… commence t-elle.
— Je n’ai pas fini. Je pense également que je vais devoir interdire définitivement à ces trois-là de rejouer au Quidditch.
Je n’ai plus la force de réagir. Je porte ma main à ma bouche, luttant contre les larmes, contre l’envie de crier et de partir d’ici. Je ne peux pas affronter le regard des garçons à côté.
— Nous interdire ? j’entends Harry demander. Définitivement… de rejouer au Quidditch ?
— Oui, Mr Potter, je crois qu’une interdiction à vie devrait faire l’affaire. Cette interdiction s’appliquera à vous, à Miss Lupin et à Mr Weasley, ici présent. Pour plus de sûreté, le frère jumeau de ce jeune homme devrait également être exclu. Si ses coéquipiers ne l’avaient pas retenu, je suis certaine qu’il aurait lui aussi attaqué le jeune Malefoy. Bien entendu, je veux que leurs balais soient confisqués. Je les conserverai dans mon bureau pour être sûre que l’interdiction ne sera pas contournée. Mais je reste mesurée, professeur, le reste de l’équipe pourra continuer à jouer, je n’ai vu aucun signe de violence chez les autres.
Elle se tourne vers moi.
— Miss Lupin, je vais prendre votre balai de suite puisque vous l’avez avec vous, vous autres, pensez bien à me l’amener avec celui de Mr Fred Weasley.
Elle tend sa main vers moi. Je la regarde sans comprendre.
— Miss Lupin, votre balai, tout de suite.
Je pense à tous mes entraînements, à quel point j’aime voler, combien de fois, je me suis réfugiée dans le sport pour ne pas exploser, toutes ces nuits hors du château…
J’inspire profondément pour faire partir les larmes.
D’une main tremblante, je lui donne mon précieux balai sous le regard catastrophé de George.
— C’est injuste, lâche t-il comme s’il ne pouvait pas contenir ces trois mots plus longtemps. Vous ne pouvez pas faire ça. Emy n’a rien fait de mal.
— Mr Weasley vous venez de gagner une semaine de retenue supplémentaire.
Je ferme les yeux, c’est justement ce que je voulais éviter.
— Eh bien, au revoir, je vous souhaite un bon après-midi.
Quand je rouvre les yeux, Ombrage et son affreux air satisfait sont partis. Le professeur McGonagall, est assise maintenant à son bureau, ses mains tremblent.
— Comme vous l’avez… compris. La décision du professeur Ombrage a été prise. Je… Je ne peux pas revenir dessus.
Je pose mes coudes sur mes genoux et et pose ma tête dans mes mains. Je dois reprendre le contrôle avant de faire quoique ce soit. La fureur me fait trembler, mon souffle est saccadé, alors je repense au poète et au savant. C’était si simple à l’époque, je posais des questions, m’émerveillais de tout, ne me préoccupais de rien, mon père, oncle Jo, Plume et rien d'autre.
Putain de merde.
Je sens une main sur mon dos, mais je me dégage en me levant. George a un air désolé sur le visage, ce qui me rend encore plus furieuse.
— Je…
— Non, je lâche en secouant la tête. Non.
Je pars dans le couloir, marchant comme une automate vers la salle commune. Je crois que j’ai besoin de temps pour comprendre ce qui se passe.
— Emy, fait George derrière moi. Laisse-moi te parler, je suis désolé, je…
— Désolé ?!
Je me retourne en les fusillant tous les deux du regard. À ma grande surprise, Harry est en colère.
— Il n’a pas insulté ta famille ! me crie t-il. C’est facile de faire la morale ! On ne savait pas qu’elle allait…
— Mais elle n’attend que ça depuis le début, je le coupe. Et vous lui avez donné une occasion rêvée. C’est si bête putain…
Je dois reprendre mon souffle pour réussir à articuler quelques mots.
— Vous avez agi comme des idiots, sans réfléchir, emporté dans vos ardeurs… Mais putain !
Je suis à court de mots. George fait genre de venir vers moi, alors je recule d’un pas.
— Ne t’approche pas. Foutez-moi la paix.
Et je pars.
Dehors.
Loin.
*****
Je crois que je me suis endormie dans l’herbe. Mon corps est tout rigide, gelé et difficile à bouger. Je reste encore quelques instants sous ma forme de loup. Ce sera la dernière fois avant longtemps.
Le paysage autour de moi est sublime. La neige a commencé à tomber en même temps que la nuit. Toute la nature semble s’être endormie, c’est magnifique.
Au bout d’un moment, je me décide à rentrer vers le château. Il fait nuit depuis si longtemps que j’ai faim honnêtement, et j’ai envie de me mettre près d’un bon feu.
Un instant, je caresse l’idée d’aller voir Hagrid, puis je me rappelle qu’il n’est pas là.
« Fuck. »
Je commençais à aller mieux, à accepter la présence de l’autre folle ici, régler des conflits internes que j’avais, ne plus me baser sur l’opinion inexistante de ma mère morte, et voilà que…
J’inspire. Expire.
« Fuck. »
Je ne m’attends pas à trouver la salle commune avec encore du monde. Angelina est effondrée, épaulée par Fred et Katie. George a un air morne sur le visage, ses yeux fixent le vide sans rien voir.
— Emy, fait Angelina en me voyant.
Elle semble chercher ses mots, puis opte finalement pour me prendre ses bras. Ça me surprend un peu, je n’ai jamais eu de contacts physiques avec elle hormis lors des entraînements. Mais je me laisse faire et savoure cette étreinte, comme une grande soeur pourrait réconforter sa petite soeur.
— Je suis désolée, murmure t-elle, les larmes aux yeux.
— Moi aussi, dis-je entre les larmes.
Elle me serre à nouveau contre elle, puis laisse la place à Fred.
— Je suis sincèrement désolé.
— Je sais.
— Vraiment.
J’hoche la tête. Je ne peux pas plus parler.
— On va la faire payer cette garce. Elle a été trop loin.
Mon premier sourire de la soirée.
— Ok. Oui, faisons ça.
Katie pose une main compatissante sur mon épaule, puis suit les autres dans leurs chambres. Ne reste plus que moi et George. Où sont Harry, Ron et Hermione ? Je n’ai pas le temps de me poser la question, qu’il vient vers moi et tend sa main.
Il est désolé, je le sais. Peut-être regrette-t-il, peut-être pas. Je crois que peu importe la réponse.
Alors je m’avance et le prends dans mes bras.
Ses lèvres se posent sur mon crâne, descendent vers ma joue, son souffle proche de mon oreille me fait frémir, puis je sens ses lèvres dans mon cou. Je l’attire alors un peu plus contre moi, ses bras se pressèrent autour de mes épaules, ses mains passent dans le creux de mon dos, s’arrêtent à ma ceinture.
Je ne veux pas qu’il s’arrête là. Je ne veux pas qu’il s’arrête tout court.
— Emy… murmure t-il alors que je le fais taire d’un baiser.
Sa main passe dans mes cheveux, se loge au creux de mon cou, attirant un peu plus contre lui. Nos corps sont collés, je n’ai pas assez de ses baisers, je veux plus.
— Emy… murmure t-il une nouvelle fois.
Je m’arrête, ma bouche à quelques centimètres de la sienne, attendant le cœur battant.
— Je t’aime.
— Dis-le encore.
Il m’embrasse.
— Je t’aime.
Et m’embrasse.
— Je t’aime.
Encore et encore.