Le renvoi de Trelawney a fait beaucoup de bruit. J’ai l’impression qu’en ce moment à Poudlard, c’est potin sur potin. Personne ne se lasse de tout ce drama. Je n’ai jamais eu d’affect particulier pour cette professeure, ni pour sa matière d’ailleurs, mais je dois dire que c’était particulièrement violent cette scène avec Ombrage qui jubilait de tant de pouvoir.
— Je parie que tu regrettes d’avoir laissé tomber la divination, maintenant, dit Parvati à Hermione.
C’est Firenze, un centaure qui remplace Trelawney. Plein de filles trouvent qu’il est beau, Parvati est carrément en train de se recourber les cils pour lui.
— Pas vraiment, répond Hermione. Je n’ai jamais beaucoup aimé les chevaux.
— J’adore les chevaux, je fais remarquer.
Hermione me regarde comme si j’étais une étrangère. On ne se ressemble pas sur tout.
— Ce n’est pas un cheval, c’est un centaure ! proteste Lavande.
— Et un très beau centaure... soupire Parvati.
— En tout cas, il a toujours quatre jambes, réplique Hermione. Et, au fait, je croyais que vous étiez bouleversées par le départ de Trelawney, toutes les deux ?
— C’est vrai ! Nous sommes montées la voir dans son bureau, nous lui avons apporté un bouquet de jonquilles, des vraies, des belles, pas celles qui font un bruit de klaxon comme chez Chourave.
— Comment va-t-elle ? demande Harry.
Ron me tend un plat avec un gâteau au chocolat.
— Du brownie, goûte.
— … Moi, je trouve qu’elle a raison, Ombrage a été horrible avec elle, non ? finit Parvati.
— J’ai l’impression qu’Ombrage ne fait que commencer à être horrible, dit Hermione.
Dès qu’on parle d’Ombrage, je bouge les doigts de ma main droite. Juste pour vérifier que tout fonctionne bien. Les filles savent maintenant ce qui se passe en retenue.
— Impossible, fait remarquer Ron. Elle ne peut pas être pire que maintenant.
— Souviens-toi de ce que je te dis, elle va vouloir se venger de Dumbledore pour avoir nommé un nouveau professeur sans la consulter. Et un autre hybride, en plus. Vous avez remarqué son expression quand elle a vu Firenze ?
Elle me regarde.
— Pas étonnant en fait qu’elle a une telle dent contre toi. Je viens de le réaliser.
— Ça et le fait que les cachots des Serpentard ainsi que le couloir de DCFM ont miraculeusement été recouverts de savon, rigole Lavande.
Notre dernier coup avec les jumeaux. Tout le monde sait que c’est nous, mais personne n’a de preuves. C’était assez drôle, j’ai même pu voir Ombrage se casser la figure en glissant. Elle aurait pu prendre un balai pour éviter tout ça. Ce n’est pourtant pas compliqué. Peut-être qu’elle a le vertige.
Je réfléchis tout en étant occupée à me lécher les doigts plein de chocolat.
— Ron, ce gâteau est incroyable. C’est un mix moelleux et brownie. J’adore.
— Tu vois ? dit-il en en reprenant. J’en étais sûr que tu aimerais.
Tout le monde nous regarde avec un sourire.
— De vrais critiques culinaires, s’amuse Harry. On ne vous arrête plus.
— Jamais de la vie, fait Ron en prenant une grosse bouchée.
*****
Les réunions de l’AD sont toujours un grand plaisir. Je sens que je m’améliore, tout le monde d’ailleurs. Nous sommes plus prêts à ce qui nous attend. Ça me fait du bien, je suis rassurée et je pense que mon père aussi. C’est subtil, mais c’est ce que je lis entre les lignes de nos nombreuses lettres.
La pleine lune qui suit. George m’accompagne dans la Salle sur Demande. L’AD était la veille, Harry avait fait exprès pour que nous ne soyons pas dérangés. Quand on entre dans la salle, elle est la même que d’habitude excepté une porte au fond dont je devine la raison.
— Si ça ne va pas, tu m’enfermes là-dedans.
— On en aura pas besoin.
Je me tourne vers lui, légèrement en colère.
— George, j’ai accepté que tu viennes parce que je te fais confiance. Si je te dis “pars”, tu pars.
— Je sais dans quoi je m’engage.
— Non, je ne suis pas une loup-garou comme les autres. Ce que je vis, c’est même pas un tiers de ce que mon père vit depuis petit.
Cette fois-ci, c’est lui qui s’énerve.
— Emy, je sais dans quoi je m’engage ! Depuis le début ! Qu’est-ce que je peux faire pour te prouver que c’est le cas ?
J’en sais rien. Est-ce que c’est la lune qui me rend encore plus nerveuse ? Je n’arrive pas à prendre du recul pour le savoir. Tout mon corps est tendu par la lune, la frustration, le loup.
— J’ai parlé à ton père cet été. Je lui ai demandé ce que c’était les pleines lunes. J’ai posé toutes les questions que je pouvais poser. Puis j’ai vu Sirius. Il m’a expliqué comment en maîtriser un, quels sorts étaient utiles, et lesquels ne servaient strictement à rien. Je sais que je ne peux pas t’immobiliser, je le sais, ok ? Je sais que tu peux me tuer. Il m’a tout dit. Alors oui, oui, je ne saurais pas tant que je ne l’aurais pas vécu, mais arrête de me repousser bon sang!
Il n’en a pas fini. Il me rejoint en deux grandes foulées et se plante devant moi.
— Cet été, j’étais là quand Sirius est parti, je t’ai maintenue alors que tu hurlais de douleur. Fais-moi confiance…
Je n’ai pas la force de répondre, il faut que je réfléchisse. Je m’assois lourdement sur un des poufs près du feu et ferme les yeux. J’entends George faire de même, puis il y a le silence interrompu par quelques craquements du feu de temps à autre.
— Ok, je finis par lâcher. Ok.
Il sourit. Impossible de rester fâchés longtemps.
— Mais je ne connais pas encore mes limites. J’ai peur de ne pas savoir m’arrêter à temps.
C’est à lui de ne pas répondre tout de suite.
— Alors je resterai en arrière. Mais ne me demande pas de partir.
— Bien.
— Marché conclu ? s’amuse t-il.
Je rigole et il me rejoint sur mon pouf pour m’embrasser.
— Tu veux te transformer ?
— Oui, dis-je en me levant.
Je m’étire, la lune est là, elle m’appelle. Alors je retire mes chaussures et reste debout, yeux fermés à sentir le loup revenir. Je n’ai pas besoin de réfléchir pour me transformer, c’est instinctif, un peu comme serrer le poing ou cligner des yeux.
Un instant sorcière, un instant loup.
Je rejoins George assis contre le pouf, sans chaussures, les yeux fermés alors que les lumières des flammes caressent son visage. Je me couche contre lui et ferme moi aussi les yeux. Sa main se pose sur mon flanc, on ne perd pas le contact. Jamais.
*****
Le rythme des révisions s'enchaîne. J’arrive à mieux gérer la frustration du loup depuis que je passe les pleines lunes dans la Salle sur Demande. Depuis plus d’un an, je faisais taire le loup, préférant rester sous ma forme humaine pendant les pleines lunes puisque j’en avais le choix.
Je m’étais trompée. Je ne peux pas renier l’un des deux. Ils doivent vivre ensemble. Nous devons vivre ensemble.
Avec l’AD, nous apprenons maintenant les Patronus, j’arrive toujours autant à faire le mien, alors Harry m’a demandé de l’aide pour accompagner les autres à faire apparaître le leur. On passe entre les élèves et honnêtement, je ne fais pas grand chose, Harry est un bien meilleur pédagogue que moi.
— Hermione a réussi, je me réjouis.
- Évidemment, s’amuse t-il.
— Les Patronus c’est différent de tout le reste.
— Oui, mais les souvenirs heureux, elle en a plein, surtout depuis qu’elle nous connaît.
— Bien sûr, je rigole.
On est riche que de ses souvenirs ou de ses expériences, je ne sais plus où j’ai vu ça. À l’époque où on apprenait à en faire, Harry et moi, récoltions les beaux souvenirs religieusement. Lui plus que moi d’ailleurs. C’était une drôle de période.
Quand Dobby débarque, une pile de bonnets sur la tête, mon ventre se noue en devinant que la suite ne va pas être plaisante.
— Salut, Dobby. Qu’est-ce que tu... ? Qu’est-ce qui se passe ?
Les Patronus disparaissent.
— Harry Potter, monsieur... Harry Potter, monsieur... Dobby est venu vous avertir... Mais on a ordonné aux elfes de maison de ne rien dire...
Harry le retient avant que Dobby se jette contre l’un des murs.
— Qu’est-ce qui se passe, Dobby ?
— Harry Potter... Elle... elle...
— Qui ça, elle ?
— Ombrage, je devine.
Dobby acquiesce, tremblant de la tête aux pieds.
— Et alors, Dobby ? Dis-moi, elle n’a quand même pas découvert ce qui se passe ici ? Elle n’a pas découvert l’A.D. ?
— Elle arrive, dis-je.
Harry me regarde effaré. Puis il se tourne vers tout le monde.
— Qu’est-ce que vous attendez ? Filez !
C’est la folie, tout le monde se précipite vers la sortie. Pas le temps pour les recommandations de sécurité. George frôle ma main du bout des doigts avant de disparaître dans le couloir.
— Dobby, c’est un ordre : va tout de suite retrouver les autres elfes dans la cuisine. Si elle te demande si tu m’as prévenu, n’hésite pas à mentir et réponds-lui que non ! Et je t’interdis de te faire du mal !
— Merci, Harry Potter.
On part avec Hermione vers les toilettes des filles juste à côté. C’est la meilleure option. Ce serait utopique que d’aller dans notre salle commune. Ginny et Luna sont là également, d’un commun accord, on se disperse comme si on ne se connaissait pas bien. Hermione tente de reprendre son souffle, la montée d’adrénaline et la course font battre son cœur plus fort, je le sens d’ici.
La porte s’ouvre d’un coup sur Pansy qui me regarde avec un sourire vicieux.
— Lupin, évidemment.
Puis elle regarde Hermione.
— Et la…
— Stupéfix !
Elle tombe au sol.
— Pardon, dis-je en me tournant vers Hermione. C’était plus fort que moi. Elle t’appelle encore une fois Sang de Bourbe devant moi et je vais la pulvériser.
Hermione me fait un sourire crispé.
— On va tellement se faire renvoyer…
— Ginny, Luna, partez vite d’ici.
— Mais…
— Barrez-vous ! je m’exclame.
Elles obéissent et on sort avec Hermione pour surveiller le couloir.
— Elle nous a vues Emy, elles nous a vues. C’est mort, elle va prévenir Ombrage.
Je ne veux pas y croire. Il doit y avoir une solution.
— Emy !
Drago arrive.
— Merde, merde, merde, je murmure.
Il voit Pansy allongée au sol.
— Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Elle était chiante, je réponds.
— Annule le sort.
— Ou quoi ?
— Emy putain, arrête de faire ta rebelle !
Je croise les bras.
— Emy, mets ta fierté de côté, murmure Hermione. On est déjà assez en galère.
Crabbe et Goyle arrivent, ils tiennent Ron, Neville, Seamus et Dean en joue avec leurs baguettes. C’est bel et bien perdu.
— Finite.
*****
Je pensais que j’avais tout vu avec Ombrage. Je ne pensais pas qu’Hermione avait réellement raison en disant qu’elle pouvait encore plus nous faire baver.
J’avais tellement tort.
Déjà, elle a remplacé Dumbledore après sa fuite pour éviter Azkaban. Fudge est convaincu qu’il a monté une armée dirigée contre lui.
Puis elle a monté une brigade inquisitoriale.
— Tu ne peux pas enlever des points aux autres préfets, Malefoy.
Drago, comme à son habitude, est exécrable. Et Ernie a une foi indéfectible envers les règles.
— Je sais bien que les préfets ne peuvent pas s’enlever de points entre eux.
Crabbe et Goyle ricanent. Par Merlin, ce sont de vrais abrutis sans cervelle.
— En revanche, les membres de la brigade inquisitoriale...
— La quoi ? je le coupe sèchement.
— La brigade inquisitoriale, Emilynn. Il s’agit d’un groupe d’élèves triés sur le volet, qui soutiennent le ministère de la Magie et sont spécialement choisis par le professeur Ombrage. Or, les membres de la brigade inquisitoriale ont le droit d’enlever des points... Donc, Granger, je t’enlève cinq points pour avoir été grossière avec notre nouvelle directrice. Macmillan, cinq points pour m’avoir contredit. Potter, cinq points parce que je ne t’aime pas. Weasley, il y a un pan de ta chemise qui dépasse, ce qui te coûtera également cinq points. Ah, et puis, j’oubliais, tu es une Sang-de-Bourbe, Granger, ça vaut bien dix points de moins.
Ron sort sa baguette pour l’attaquer, mais Hermione le retient. Pas une fois Drago a osé me regarder dans les yeux. Je boue au fond de moi, la colère sort d’un coup.
— And me absolute asshole ? Can’t even look me in the eye after insulting my friend !
** Et moi enfoiré ? Tu ne peux même pas me regarder dans les yeux après avoir insulté mon amie ? **
— Shut up. It’s twenty points less for you.
** Tais toi, c’est vingt points en moins pour toi. **
J’éclate de rire.
— Twenty, yeah, go ahead, use your little power on me. As if I cared.
** Vingt, ouais, vas-y, abuse de ton petit pouvoir sur moi. Comme si j’en avais quelque chose à faire. **
— Shut up or I take forty points from Gryffindor.
** Tais-toi ou je t’enlève quarante points. **
— Coward.
** Lâche. **
— And you’re a pretentious bitch ! Acting as if you were perfectly right to be that arrogant. Stop it for one second and go back on earth !
** Et tu es une pétasse prétentieuse ! À agir comme si tu avais le droit d’être aussi arrogante. Arrête une seconde et reviens sur Terre ! **
Il part avec Crabbe et Goyle.
— Qu’est-ce que tu lui as dit ? me demande Hermione.
— Je l’ai insulté.
Elle me jette son regard de préfète. Ça n’aide pas à me calmer.
— Il bluffait, dit Ernie. Il ne peut pas avoir le droit d’enlever des points... Ce serait ridicule... Ça détruirait complètement le système des préfets.
Je regarde les sabliers. Seul celui de Serpentard est rempli de petites pierres, les autres sont vides. Je sens que je tremble de colère, mes poings se serrent alors que je tente de me calmer, mais je n’ai aucune issue de secours. Je ne peux pas sortir et me transformer. Aller à la Salle sur Demande n’est même pas une option depuis le fiasco de l’autre jour.
Je suis bloquée.
— Vous avez vu ça ? dit Fred en nous rejoignant avec George.
— Malefoy vient de nous enlever une trentaine de points en tout, répond Harry encore furieux.
— Cinquante, je corrige.
Nouveau regard de préfète de la part d’Hermione.
— Ouais, Montague a essayé de nous faire le même coup pendant la récréation, dit George.
— Qu’est-ce que tu entends par « essayé » ? demande Ron.
— Il n’a pas réussi à prononcer sa phrase en entier, expliqua Fred, pour la simple raison qu’on l’a forcé à entrer tête la première dans l’Armoire à Disparaître du premier étage.
Hermione est choquée. Moi, franchement, j’en ai rien à faire, ce mec est un gros tricheur au quidditch. Bien fait.
— Mais vous allez vous attirer de terribles ennuis !
— Pas tant que Montague ne sera pas réapparu, ce qui pourrait prendre des semaines. Je ne sais pas où nous l’avons envoyé, dit Fred. De toute façon, on a décidé qu’on s’en fiche désormais de s’attirer des ennuis.
— Parce qu’avant, vous ne vous en fichiez pas ? demande Hermione en me mettant un coup d’oeil à la dérobée.
— Je ne m’en moque pas, je vais retourner en cours de DCFM, je réplique nerveusement. J’ai pas le choix avec le départ de Dumbledore.
Ses lèvres pincées pourraient être traduites par un « c’est tout comme ».
— Non, bien sûr, dit George. La preuve, on ne s’est jamais fait renvoyer.
— On a toujours su où était la limite, dit Fred.
— On a peut-être posé un orteil dessus, à l’occasion.
— Mais nous ne sommes jamais allés jusqu’au vrai grand chambardement.
— Et maintenant ? demande Ron.
George pose un bras autour de nos épaules.
— Eh bien, maintenant…
— ... après le départ de Dumbledore…
— ... nous avons pensé que notre nouvelle directrice…
— ... méritait bien un peu de chambardement.
— Attendez, ça veut dire quoi ça ? je demande en me reculant du bras de George.
— Tu n’es pas au courant ? s’étonne Ron.
— Bien sûr que non, fait George. On ne veut pas qu’Emy soit renvoyée.
— Vous allez faire quoi ?
Il ne quitte pas son sourire. Mon cœur se sert en comprenant que c’est fini. Ils vont partir. Je le voyais venir. L’AD, c’était la seule raison qu’ils avaient de rester. Maintenant que c’est fini, ils vont partir.
— Ne faites surtout pas ça ! dit Hermione. Surtout pas ! Elle serait ravie d’avoir une bonne raison de vous renvoyer !
— Je crois que tu ne nous as pas très bien compris, Hermione, répond Fred. Nous n’avons plus envie de rester. Nous partirions volontiers à l’instant même si nous n’étions pas décidés à faire un petit quelque chose en hommage à Dumbledore.
Il regarde sa montre.
— La phase un ne va pas tarder à commencer. Si j’étais vous, j’irais tout de suite m’installer dans la Grande Salle pour déjeuner, comme ça les profs verront que vous n’êtes pas dans le coup.
— Non, dites-moi, je murmure.
— Je ne veux pas qu’elle t’interroge, dit George. Qui sait de quoi elle est capable. Et tu as tellement travaillé pour tes BUSES, ce serait dommage de les rater.
Je les déteste. Je les déteste et je les adore à la fois. Peut-être que George aime mon côté passionné qui ne fait rien à moitié. Mais moi aussi j’aime ça de lui. Je l’embrasse passionnément avant de partir avec les autres.
— Bravo, il va être incapable de réfléchir maintenant ! me crie Fred.
Ça m’arrache un sourire malgré l’inquiétude.
On va dans la Grande Salle, mais Harry est interrompu par Rusard.
— La directrice voudrait vous voir, Potter.
— Je n’y suis pour rien, réplique-t-il.
— Mauvaise conscience, hein ? Suivez-moi.
Ils partent alors que mon inquiétude grandit encore.
— Qu’est-ce qu’il lui veut ? demande Ron.
— J’en sais rien, mais ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas de bonnes nouvelles.
— Allons manger, je réponds.
On s’assoit, regardant autour de nous nerveusement.
— Ça ne va jamais s’arrêter… murmure Hermione. Je vais finir l’année avec un ulcère à ce rythme.
— Désolée, je murmure.
— C’est pas ta faute. Je comprends, elle te pousse à bout, mais les jumeaux et leurs bêtises…
« Bam ! »
On sursaute tous les trois alors que d’autres bruits sourds retentissent. Je quitte mon assiette et cours dans le hall d’entrée qui est illuminé de lumières multicolores. Soleils, serpentins, animaux colorés et magiques, étoiles, fusées… Je ne sais plus où regarder tant il y a à voir. Les élèves et les professeurs m’ont rejoint, nous sommes tous ébahis par ce spectacle qui est absolument magique. C’est vraiment tout ce que j’aime. Dès que quelque chose explose en une myriade de couleurs, la foule murmure un « oh » admiratif.
— C’est de la belle magie, fait Hermione tout bas à mes côtés, les yeux brillants d’admiration. Ne leur répète surtout pas.
Les professeurs nous renvoient à table alors que des chauve-souris lumineuses parsèment une nuée d’étoiles multicolores en passant au-dessus de nous. On obéit et nous allons même en cours dans ces conditions.
Je parviens à voir les jumeaux avant d’aller en Métamorphose. Mon sourire parle pour moi, ils ont réussi à me faire oublier Drago et ses stupides points de maison. Cette énergie me transporte, j’embrasse George à pleine bouche, ivre de toutes ces lumières. J’ai envie de dire des choses que je n’ai jamais osé prononcer, alors je l’embrasse, encore et encore.
— On recommence quand tu veux, souffle t-il à mon oreille, me donnant des frissons absolument partout dans le corps.
Puis il recule.
— Allez, va en cours, on a à faire. Oh, et n’essaie pas de sortilèges sur le feux d’artifices, tu auras de mauvaises surprises.
— Vous avez réussi à placer des sorts de multiplication ?
Il hoche la tête. Fred est parti depuis longtemps.
— Merci à toi.
— Vous avez fait tout le travail.
Il m’embrasse.
— Sans toi, je n’y arriverai pas.
J’aimerais rester pour plus de baisers, mais il est l’heure et il repart déjà je-ne-sais-où.
En Métamorphose, un dragon de lumière entre dans la classe en crachant des jets de flammes. On se lève tous pour les éviter, et je m’attends à ce que McGonagall râle contre cette interruption de cours. Mais pas du tout.
— Tiens, tiens, voyez-vous ça. Miss Brown, voulez-vous bien courir prévenir Madame la directrice qu’un feu d’artifice est venu se réfugier dans notre classe ?
Et toute la fin de journée se produit de cette façon. Ombrage est poussée à bout par les professeurs qui ne semblent pas vouloir l’aider le moins du monde. En sortilège, Flitwick me fait mourir de rire alors qu’elle vient pour repousser des cierges magiques.
— Merci beaucoup, professeur ! Certes, j’aurais pu me débarrasser moi-même de ces cierges magiques, mais je n’étais pas sûr d’avoir l’autorité nécessaire pour cela.
Il me donne même cinq points pour avoir donné une bonne réponse, bref, c’est une bonne journée. Ce soir, dans la salle commune, les jumeaux sont acclamés. Même Hermione finit par le reconnaître.
— Ces feux d’artifice étaient une merveille.
— Merci, répond George qui paraît à la fois surpris et content. Ça s’appelle les Feuxfous Fuseboum, qualité Weasley. Le seul ennui, c’est qu’on a utilisé tout notre stock. Il va falloir recommencer la fabrication depuis le début, maintenant.
— Mais ça valait la peine, dit Fred. Si tu veux ajouter ton nom à la liste d’attente, Hermione, c’est cinq Gallions la boîte Flambée de Base et vingt pour la Déflagration Deluxe...
George me prend par la main et m’attire un peu à l’écart.
— Viens, fait-il en m’emmenant vers les dortoirs.
— Mais Fred et les commandes de W&W ?
— T’inquiète.
Ses yeux brillent de cette lueur devenue si familière. Je n’hésite pas plus et le suis jusqu’à dans sa chambre où on tombe sur son lit en s’embrassant. Ses mains sont déjà dans mon dos et sont passées sous ma chemise. Ses doigts froids m’arrachent quelques frissons alors qu’il frôle mes côtes. Mais il s’arrête là, m’arrachant un grognement de frustration.
— Tu n’en as pas envie ? je demande en me mettant à côté de lui.
— C’est plutôt évident que oui, me répond-il avec un de ses sourires dont lui seul à le secret.
Ça veut tout dire, rire, joie, désir…
Je rougis violemment et me lève pour faire les cent pas.
— Vous partez quand ?
— Je ne sais pas trop, on attend le bon moment, si on part, autant que ce soit utile à la communauté. Ce matin, il y a eu cet abruti de Serpentard qui a voulu nous retirer des points et on s’est dit que c’était la goutte de trop.
L’AD était leur seule raison de rester.
— Je ne voulais pas partir pour ne pas te laisser, murmure t-il.
J’ai envie de retourner l’embrasser quand il dit des choses comme ça.
Focus Emy, tu peux encore avoir une conversation entre personnes civilisées ?
— Je ne sais pas quand on part. On va continuer sur notre lancée, on a deux trois trucs en réserve pour la faire chier et puis quand elle voudra nous punir, on partira.
— Ok.
— Tu es fâchée ?
— Non.
Mon ton était peut-être un peu sec.
— Non, je répète plus doucement. Je suis juste un peu sur les nerfs en ce moment.
— J’ai senti oui.
— Désolée.
— Ne t’excuse pas, c’est normal. Tu es une loup-garou après tout ou je-ne-sais quoi.
— Ça n’excuse pas que je m’énerve tout le temps pour un rien.
Il me fait à nouveau son sourire.
— Tu te jettes aussi sur moi et ça, j’aime bien.
Je rigole et m’avance pour me placer à califourchon au-dessus de lui. Nos mains jouent ensemble, je sens qu’il est excité, il faut que je parte de cette chambre, les autres vont arriver d’un moment à l’autre. Il se redresse pour m’embrasser, ça reste un baiser chaste puis que je me lève à nouveau.
— Bonne nuit.
Un instant, je crois qu’il va céder, me demander de revenir, passer sa main sous ma chemise, mais non. On a plus de deux ans d’écart. On a dit cet été, ce sera cet été.
— Bonne nuit Emy.
Je pars et retourne dans ma chambre où les filles étaient en pleine discussion.
— Oh, miss Lupin, cheveux en bataille et c’est un pan de chemise que je vois dépasser ? rigole Parvati.
— Ha ha, je réplique.
Je suis frustrée, je n'y peux rien.
— Et il ne s’est rien passé, je réplique en enfilant mon pyjama.
Lavande soupire.
— Moi aussi, j’aimerais avoir un copain.
Hermione ne participe jamais à ce genre de conversations. Elle entretient son image de fille juste intéressée par les cours, je crois que ce que pense les gens l’atteint de moins en moins. Tant mieux.
— Il pourra m’emmener en date au salon de Mrs Pieddodu, on s’embrasserait sous les arches de la cour, je trouve que c’est super beau là-bas…
— Il fait surtout froid, je réponds. Il y a des courants d’air.
— Ah oui ?
Je ne tomberai pas dans le piège, j’en ai déjà assez dit.
— C’est aussi beaucoup de galères, intervient Parvati. Ginny Weasley a tout le temps Michael Corner sur son dos, il est jaloux.
— George n’est pas jaloux, rétorque Lavande, n’est-ce pas Emy ?
— Mmmh, non.
— Et toi non plus, ajoute t-elle. C’est tant mieux quand tu te dis que vous allez passer deux ans sans vous voir tous les jours. Je ne pense pas que je pourrai faire ça.
Je n’ai pas vraiment pensé à ça. Mais elle a raison. On va passer deux ans sans se voir.
— Comment tu peux savoir ça ? rigole Parvati. Tu n’as pas de mec.
— Mais je sais que je ne supporterai pas de le savoir éloigné de moi.
— Je vais me brosser les dents, dis-je en partant dans les sanitaires.
Je croise Angelina qui révise en même temps un cours d’Histoire de la magie. Les jumeaux sont en septième année, mais j’en oublie qu’ils ont les ASPICS en fin d’année. Enfin, bon, ils ne les passeront pas.
— Cha va ? me demande-t-elle, sa brosse à dents encore dans la bouche.
J’hoche la tête et commence moi aussi en fuyant son regard dans le miroir en face. Les paroles de Lavande résonnent dans ma tête. Devrais-je être jalouse ? Devrais-je avoir peur ? Avec tout ce qui se passe, je ne pensais pas devoir autant me prendre la tête.
— Qu’est-ce qui se passe ? demande Angelina.
— Cha va.
— Arrête, je commence à te connaître. Tu es comme Harry, toute renfermée, mais on peut percer cette carapace. J’ai deux minutes, je suis incapable de retenir une quelconque autre date aujourd’hui. Ces NEWT me rendent folle.
Je finis rapidement et nous nous décalons dans le couloir qui est bien plus privé que des sanitaires à l’heure du coucher.
— Tu es avec Fred ?
Elle pince les lèvres.
— Non, pas vraiment. Pas en ce moment.
Mince, elle aurait pu me donner son avis.
— Mais raconte, pourquoi tu me demandes ça ?
Par où commencer ?
— Tu vas te moquer de moi…
— Pas du tout.
Je lui fais confiance et lui raconte ce qui s’est passé à l’instant. Quand j’ai finis, elle a un grand sourire.
— Je suis ridicule, je sais.
— Pas du tout. Tu sais Emy, j’aime bien que tu sois aussi toi.
Heu… Merci ?
— Tu fais ce que toi, tu as envie, peu importe ce que les autres pensent. La norme, tu t’en fous. Si tu n’es pas jalouse, ne sois pas jalouse.
C’est aussi simple que ça ?
— Et puis, George est fou de toi. Dès qu’il est avec toi, il est radieux, franchement, tu n’as rien à craindre.
Elle pose sa main sur mon épaule.
— Rassurée ?
— Oui, merci.
— Ne te prends pas la tête avec ce que les autres font, ajoute t-elle avant de repartir vers sa chambre.
— Merci, je répète.
Elle fait un salut de la main et je retourne dans ma chambre où tout le monde est couché. Je monte dans mon lit et prends directement un livre. Je ne peux pas me coucher sans lire avant.
— Emy ?
J’ouvre mes rideaux et Hermione se glisse sous ma couette.
— Ça va ? murmure t-elle pour ne pas que les filles nous entendent.
— Ça va.
— Tant mieux, je les aime bien, mais elles peuvent avoir une vision archaïque de certaines choses parfois. Enfin, c’est surtout Lavande.
— J’ai croisé Angelina dans les vestiaires, on a parlé, elle m’a rassurée, ça va mieux.
— Qu’est-ce qu’elle faisait dans les sanitaires alors qu’ils ont des douches dans leurs chambres ?
J’hausse les épaules.
— Tous les septièmes années sont complètement retournés. J’ai vu des filles manger en révisant, elles trempaient leurs toasts dans le jus d’orange et buvaient de la confiture.
Elle sourit.
— Elle révisait en se brossant les dents.
— Je comprends, je stresse tellement pour les BUSES, j’ai l’impression d’être complètement à la ramasse.
Je lui fais mon regard sérieux.
— Quoi ?
— Tu es loin d’être en retard Hermione. Tu as déjà eu 120% de bonnes réponses à un examen, tu…
— C’était en première année. Et c’était 112%.
— Rassure-toi, tout va bien. Pourquoi tu te mets autant la pression ?
Elle n’a pas plus la réponse que quand je lui ai demandé quand on était plus jeunes.
— Aucune idée. J’essaie de me retenir d’être trop agaçante. Les garçons ne vont plus me supporter.
— Ça n’arrivera jamais.
Elle fait la moue.
— Ça n’arrivera pas, je répète.
Sentant une grosse baisse de confiance, je passe un bras autour de ses épaules et l’attire contre moi.
— Tu peux me dire de réviser autant que tu veux, je ne me lasserai pas.
— Et tu ne réviseras pas surtout, murmure t-elle en rigolant.
*****
En vrai, je me suis mise aux révisions. J’ai commencé des fiches, annoté les pages de mes manuels les plus importantes, et je suis le planning d’Hermione. Je veux des bonnes notes, aucune idée de ce que je vais faire dans ma vie, c’est trop flou pour l’instant, mais je veux m’assurer un maximum de bonnes notes. J’ai déjà assez avec le bagage « loup-garou » pour ne pas me rajouter des barrières.
— Emy.
Harry ne semble pas aller bien du tout. Il était en occlumencie.
— Ça va ?
— Viens.
Il part en direction de la sortie. Le couvre-feu est bientôt passé, ça ne semble pas le préoccuper. Il part vers la prochaine cachette qu’il trouve, elle se situe juste derrière une tapisserie un étage plus bas. Là, il s’arrête et s’assoit au sol pour souffler.
— Raconte, je dis en m’asseyant à côté de lui.
— Rogue met toujours ses souvenirs dans une Pensine. Et il n’était pas là, je venais de me disputer avec Cho, j’étais en colère, je suis tout le temps en colère en ce moment, tu sais…
Oui, je sais.
— J’ai atterri dans la Grande Salle, c’était les BUSES, ils avaient quinze ans. Il y avait ta mère, elle était belle, très belle, et elle le savait. Des garçons la regardaient, sans qu’elle leur accorde un regard. Ils échangeaient des sourires avec mon père. Puis elle est partie avec ma mère. Elles étaient amies, mais je ne les ai pas suivies. Et puis, elle avait le bras bandé, je le voyais sous sa manche. Ton père était super pâle, la pleine lune venait de se passer, c’était aussi le sujet de leur examen.
— Attends, attends, ralenti, je ne comprends rien.
Alors il me raconte comment après un examen, les Maraudeurs s’en sont pris à Rogue. Puis Lily qui a pris sa défense, criant sur James qui visiblement trouvait ça normal de faire léviter quelqu’un pour l’humilier.
— C’était pathétique, nul. Rogue n’arrêtait pas de me dire que je suis un gamin arrogant comme mon père. Et il avait raison. Toutes ces années, où je croyais que mon père était cette sorte de héros… Et ma mère, comment a-t-elle pu finir avec lui ?
— Ils avaient quinze ans, je murmure.
— Oui, notre âge.
Ça ne fait aucun sens.
— Et mes parents, ils faisaient quoi ?
— Ton père était ennuyé, ça se voyait, mais il n’a rien dit. Et ta mère était avec ma mère, elle a commencé à intervenir, mais ma mère lui a dit qu’ils le faisaient depuis toujours sans qu’elle ne lève le petit doigt, un truc comme ça. Puis quand ma mère est partie, mon père a voulu parler à ta mère, mais elle l’a envoyé baladé et ils se sont disputés.
Je suis choquée. Déjà par la violence de l’acte, ensuite par la présentation qu’il me fait de mes parents. Je ne les imaginais pas comme ça, plutôt tous soudés, tous amis. Harry a raison, comment ses parents ont pu finir ensemble après ce qu’il m’a raconté ?
— Je suis désolée Harry.
— On ne peut pas demander à ton père ou à Sirius avec l’autre folle… C’est chiant putain…
Quand il est très énervé, il devient vulgaire. Là, il est visiblement très très énervé. Il n’aurait jamais juré comme ça devant Hermione.
— Et la leçon ensuite ? Ça n’a pas dû être facile de faire le vide dans ta tête.
Il s’esclaffe.
— Il m’a viré. Il m’a demandé d’en parler à personne et il m’a demandé de partir.
— Mais les cours ?
— Laisse tomber les cours. Il ne veut plus avoir à faire avec moi et moi non plus. Je sais, c’est la merde putain, c’est la merde…
Je ne sais pas trop quoi dire. J’ai aussi besoin de digérer tout ça.
— Désolé, je te balance tout ça sans que tu aies demandé quoique ce soit.
— Ne t’excuse pas, je suis là pour ça.
— Au début, j’étais content de les voir. J’ai ce manque… Rien ne le comble.
Sans crier gare, je me mets à pleurer.
— Emy ? Mince, non désolée, je ne voulais pas…
— T’inquiète Harry, c’est la lune, les hormones ou…
Je me force à inspirer profondément. La fatigue qui s’abat sur moi est immense.
— Ça va pas fort en ce moment, dit-il.
— Non, pas plus que toi.
Il me serre la main.
— Désolé.
— Arrête de t’excuser.
— J’aurais aimé que tu les voies toi aussi.
J’hausse les épaules. Oui, j’aimerais les connaître, mais ils sont morts, ou alors ils ne sont plus les mêmes. Ça ne sert à rien de remuer autant le passé. On reste en silence un moment le temps que je me calme.
— Je ne comprends pas, des personnes comme Hagrid ou Sirius disent que mon père était exceptionnel. Sirius s’est aussi comporté de manière odieuse, il a dit qu’il s’ennuyait, tu crois qu’il aurait pu faire ça juste pour l’occuper ?
— Il doit y avoir autre chose…
— Quand ma mère lui a demandé ce qu’il lui avait fait pour mériter ça, il a dit que c’était le simple fait qu’il existe.
— Merde j’en sais rien Harry, je murmure.
— Un jour, McGonagall m’a dit que mon père et Sirius avaient causé bien des ennuis à l’école. Un peu comme les précurseurs des jumeaux.
— Fred et George ne suspendraient jamais quelqu’un la tête en bas simplement pour s’amuser...
— Même à quelqu’un comme Malefoy ?
— Non, je réplique fermement. Ils le feraient s’il les provoquait ou s’il s’en prenait à quelqu’un. Pas pour s’amuser.
Le silence revient. Le sentiment de malaise grandit en moi. Je suis mal à l’aise d’avoir eu cette ouverture sur un moment de la vie de mes parents qui est aussi honteux. J’aimerais avoir autre chose pour contrebalancer.
— Ma mère avait un bandage, tu dis ?
— Hein ? Oh, oui. Ton père avait l’air fatigué, la pleine lune venait de se faire, je pense.
— Oui, c’est ça, c’est cette fois-là où il l’a mordue.
Harry me regarde en pinçant ses lèvres.
— S’il ne l’avait pas fait, tu en aurais été une ?
J’hausse les épaules.
— J’en sais rien.
— Ils n’étaient pas encore ensemble.
Je fixe le bout de mes chaussures usées. Ce sont celles de ma mère, son histoire me parle, j’aimerais tout savoir d’elle. Comprendre ce qui s’est passé dans sa tête pour accepter un loup-garou comme ami.
— Emy, ça va ?
— Oui, dis-je en me levant. Le passé…
— Je sais bien, marmonne t-il en prenant le chemin de la sortie. Je sais bien…
*****
Je passe l’entièreté de mes vacances de Pâques à travailler mes examens. Je me plonge à fond dessus, ne m’arrêtant que pour continuer mes exercices physiques. Ginny a dit qu’aucun prof de DCFM a duré plus d’un an. Je me raccroche à cette pensée en espérant que l’année prochaine, je pourrais voler à nouveau. Ce rythme est intense, je suis la première levée pour aller courir, puis la dernière à partir de la bibliothèque. Je vais donc dans la salle commune, et continue de travailler jusqu’à ce que mes yeux me piquent trop pour que je puisse continuer de lire.
L’avantage avec ce rythme, c’est que je tombe d’épuisement le soir et que je m’endors rapidement sans trop penser à ce qu’Harry m’a raconté ou Ombrage ou la guerre ou quoique ce soit. Hermione m’a demandé s’il m’avait parlé suite à son arrêt des cours avec Rogue. J’ai menti en disant que non. Ça le regarde s’il veut lui dire la vérité. Et puis, je ne sais pas si elle comprendrait. Je crois que je préfère suivre Harry et garder ça pour nous.
J’ai cessé d’écrire à mon père. Je meurs d’envie de lui parler de ce qu’Harry a vu. Mais Ombrage… Alors j’ai dit que j’avais mes examens et il a dit qu’il comprenait. J’ai eu un colis plein de chocolat également. Ça, c’était chouette. Je me sens toujours mieux quand je mange un peu de chocolat.
George, quant à lui, s’est plongé dans W&W, il s’installe même parfois à côté de moi pour travailler. J’aime bien quand on est ensemble, comme ça. Parfois, je prends sa main tout en relisant un cours. Je crois qu’il aime bien, il a toujours un petit sourire quand je le fais.
Puis les cours reprennent, nous avons un rendez-vous de planifié pour parler de notre avenir. J’essaie de ne pas laisser mon angoisse prendre le dessus, alors je décide de ne pas lire les prospectus d’information et de continuer mes révisions. Je verrai bien.
— Tu devrais te renseigner Emy, me dit Hermione en reposant une fiche rose.
— Je rejoindrai l’Ordre, je marmonne en continuant un calcul d’arithmancie.
— C’est pas un plan de carrière. Une fois que la guerre sera finie, tu…
— J’en sais rien, je réplique un peu trop sèchement. Elle n’est pas finie là ? Pas plus qu’elle ne l’était il y a dix ans ou même vingt.
Je sais qu’ils s’échangent des regards, mais je préfère les ignorer et retourner à mes calculs. Harry a dû lui faire comprendre de ne pas me pousser sur ce sujet.
— Ta mère a étudié quoi ? me demande-t-elle doucement.
— Briseuse de sorts.
— Et ton père ?
— Rien. Il ne pouvait pas. Et il avait l’Ordre.
— J’ai envie d’aller au Ministère et de régler toutes ces injustices.
Ron rigole.
— Tu t’en rends compte que maintenant ?
Je lève la tête pour la voir lever les yeux au ciel.
— Entre dire et faire, il y a une différence. Maintenant, je suis sûre que c’est ce que je veux faire.
Ils poursuivent leur discussion sur les différentes options qui se présentent à eux. Moi, je bloque avec une inconnue. Mon résultat me parait impossible. J’ai dû faire une erreur quelque part, mais je ne trouve pas où. Mon manuel de septième année d’arithmancie est ouvert sur mes genoux, je regarde en même temps leur exemple pour trouver ce qui cloche…
— Hé.
George dépose un baiser sur ma joue alors que Fred est penché vers Harry.
— Ginny nous a parlé de toi. Elle nous a dit que tu voulais parler à Sirius ?
— Quoi ? dit Hermione.
— Ouais, répond Harry. Oui, j’aimerais bien...
— Ne sois pas ridicule. Avec Ombrage qui se promène dans les cheminées et passe tous les hiboux à la fouille ?
— Vous pouvez le faire ? dis-je interrompant Hermione.
— Nous, on pense pouvoir contourner la difficulté, me répond George. Il s’agit simplement de provoquer une diversion. Vous aurez peut-être remarqué que nous nous sommes faits discrets sur le front du chambardement, pendant les vacances de Pâques ?
— À quoi pouvait bien servir, nous sommes-nous demandés, de perturber les moments de détente ? poursuit Fred. À rien du tout, nous sommes-nous répondus. En plus, nous aurions empêché les gens de réviser et c’était quelque chose que nous ne voulions surtout pas faire.
George dépose un nouveau baiser sur ma joue.
— Merci, marmonne Hermione touchée par cette délicatesse.
— Mais à partir de demain, les affaires reprennent. Et si nous devons créer un peu de désordre, pourquoi Harry et Emy n’en profiteraient-ils pas pour avoir leur petite conversation avec Sirius ? En plus Emy, ça évitera de te trouver sur les lieux du crime et donc d’être accusée d’être notre complice.
Les yeux de George sourient pour lui. Je lui fais confiance, je le suivrai partout.
Cette fois-ci, c’est moi qui dépose un baiser sur sa joue.
À demain.