Au bout d’une semaine, on a fini de mettre les affaires en ordre chez Hermione. « En ordre », c’est étrange comme manière de dire, on dirait que je parle d’une défunte. Qu’elle se prépare à faire le grand voyage, et qu’elle ne reviendra pas.
On fait tout comme en tout cas.
J’ai eu Harry au téléphone. Il m’a dit que lui aussi, il faisait ça. Il fait un grand tri de ses affaires en espérant qu’on pourra tout prendre avec nous.
Ron est venu une ou deux fois nous aider à tout ramener chez moi, puis il est resté au Terrier. Mrs Weasley a commencé à poser des questions. Beaucoup de questions. On a encore rien lâché, mais ça ne sera pas évident de tenir jusqu’au mariage comme ça.
— She’s determined to find what’s going on, me dit Fleur.
** Elle est déterminée à savoir ce qui se passe. **
Oui, je vois ça. Alors gentiment, Fleur accepte de tenter de la distraire avec les préparatifs du mariage. On a vite appris que ça ne suffisait pas. Mrs Weasley voit tout et sait tout, même en faisant trois autres choses à la fois.
— Oui, c’était dur de grandir comme ça, me lance Ron.
Il n’est pas sérieux, et on le sait bien, il aime sa famille et la perspective de la quitter n’est pas facile à aborder.
— Mon père n’a pas insisté quand je lui ai dit.
— Mon père non plus, je pense, mais elle, elle va vouloir savoir ce qu’est cette mission et pourquoi l’Ordre n’est pas au courant.
Je pense qu’il n’a pas tort.
Maintenant que les préparatifs pour Hermione sont terminés, il ne reste plus qu’à partir. Elle décide de le faire après un barbecue familial. Olivia a invité mon père et Dora, ils pourront aider à jeter des Oubliette.
Je leur fais part du plan d’Hermione quelques jours avant. Ça nous donne l’occasion de dévier l’attention sur le fait que c’est la première fois que je suis avec eux en tant que couple. Le plan les impressionne, je le vois dans le regard qu’ils échangent.
— Elle est consciente que c’est un sort instable ? demande finalement Dora. Tout ce qui touche à la mémoire n’est pas sûr. Ils pourraient très bien ne jamais se rappeler d’elle. Ce n’est pas que je ne vous fais pas confiance, mais je connais peu Hermione, elle me parait très intelligente et pour imaginer un plan comme ça, elle ne manque pas de courage.
— Tous les plans sont risqués, je réponds. Avec la pierre philosophale, on avait un plan et finalement on a improvisé. Le basilic, encore plus. Il y a toujours une part de risques. Ce qu’il faut, c’est savoir improviser quand c’est nécessaire. On sait que c’est risqué, mais on a réfléchi à toutes les options, c’est la seule qui est la moins risquée.
— Elle ne veut pas leur parler ? Je veux dire, se reprend mon père, je serai à leur place, je voudrais savoir ce qui se passe dans la vie de ma fille.
— Mais toi, tu me laisses intégrer l’Ordre avant ma majorité, je réponds. Quand Hermione a voulu leur parler en première année de ce qui s’était passé, ils ont eu peur, c’est normal, cette histoire commençait par un chien géant à trois têtes !
— Pardonnez-moi, intervient Dora, mais c’est quoi cette histoire ?
Je souris avant de lui raconter l’une de nos premières aventures.
— Ouah… fait-elle admirative. J’ai d’autant plus confiance en Harry en sachant ce qu’il était capable de faire à 11 ans. Et il était bien entouré.
Ça me fait un peu rougir, j’avais oublié cette histoire. Mais oui, on avait onze/douze ans, et on était prêt à tout.
— Tu as raison, finit par avouer mon père. Je pense que d’une certaine manière, on ne peut pas prévoir comment ils vont réagir. C’est sûrement la meilleure solution.
— Merci de nous faire confiance, je réponds. Alors ? Vous acceptez de l’aider ?
— Oui, admet Dora. Oui, on l’aidera si c’est ce qu’elle veut.
— Ron ne peut pas y aller ?
Sa question n’est pas innocente, je remarque son petit sourire.
— On ne fait pas de rencontres officielles avant que tout soit justement officiel.
Il éclate de rire, même Dora sourit, je pense qu’elle aussi a saisi ce qui se passait entre eux deux.
— Comment vous vous êtes rencontrés d’ailleurs, demande-t-elle en se servant un nouveau verre d’eau.
Je repars dans mes souvenirs. C’est assez amusant d’évoquer ces moments qui ont déterminé ma vie aujourd’hui. Dora est bon public, et parler m’aide à juste redevenir comme avant. Rien n’a changé, certes, elle et mon père sont en couple maintenant, mais finalement, ça ne me concerne pas, on peut toujours rigoler ensemble.
Et puis, ça y est, ils ont trouvé leur appartement. Quelle est leur prochaine étape ?
*****
Pendant cette période, j’ai dormi une ou deux fois chez George. Hermione voulait finir cette histoire au plus vite, ne pas traîner pour ne pas laisser les doutes s’installer. On a travaillé vite, traitant ce qui pouvait être utile chez elle, s’assurant que tout était en règle pour ses parents qui partiraient donc en Australie en tant que couple marié sans enfants.
Son plan s’est déroulé à merveille. L’après-midi s’est très bien passé, j’ai savouré chaque instant comme si c’était le dernier, puis, juste avant de partir, on a mis son plan à exécution. Enfin, eux, pas moi, je ne peux pas encore utiliser ma baguette. Une à une, les personnes se sont fait retirer Hermione de leur mémoire. à la fin, c’est elle qui s’est occupée de ses parents.
Après ce moment difficile, elle est directement partie au Terrier. Je l'ai accompagnée pour ne pas la laisser seule, mais elle est partie se coucher. Je crois qu’elle a besoin d’être seule. Je retourne en bas pour profiter de l’atmosphère calme de fin de soirée. Ron me rejoint sur le banc de l’entrée et on écoute le chant des cigales. On pourrait croire qu’une nuit à la campagne est calme. Mais si on se focalise sur leur chant, on se rend compte que c’est très très fort et bruyant. Les grenouilles aussi chantent par intermittence, la nuit est tout sauf silencieuse finalement.
— Comment elle va tu penses ?
— C’est dur, mais elle est forte, elle va s’en remettre. C’est pour le mieux et ce n’est pas définitif. Demain on doit attaquer la suite, ça va l’aider d’être dans l’action.
Il approuve d’un hochement de tête. J’ai chaud, j’évite de trop bouger.
— On fait ça chez toi. Ma mère m’a demandé tout à l’heure pourquoi Hermione n’était pas bien.
— Ok, alors avant que Harry revienne, on ramènera tout ici. D’ici là on laissera tout chez moi pour éviter les questions. Toujours pas de nouvelles de quand sera la prochaine la réunion de l’Ordre ?
— Non, rien.
On fixe au loin. Il fait chaud et l’atmosphère est lourde malgré l’heure. Ginny finit par nous rejoindre.
— Je n’arrive pas à dormir, c’est horrible dans ma chambre.
— Hermione dort ? lui demande Ron.
Elle acquiesce.
— Vous savez… On peut se baigner dans la mare.
L’eau sent mauvais, c’est une mare, mais ça va nous rafraîchir, elle a raison. Je me lève d’un bond.
— Le dernier à l’eau est une poule mouillée !
On part en criant, pieds nus sur le sol en terre. J’arrive à enlever mon t-shirt en courant, puis je m’arrête au bord de l’eau pour retirer mon short avant de plonger. Nous sommes tous les trois à peu près en même temps dans l’eau.
Mais je suis sûre que j’étais la première.
*****
Le lendemain, on va chez moi pour commencer à faire une liste claire de ce dont nous avons besoin. Hermione a étalé un parchemin devant elle et fait la liste de ce que nous avons déjà, aidée par Ron. Pendant ce temps, je fouille dans la bibliothèque de mes parents pour trouver tout ce qui pourrait être utile. Puis je tire la malle de ma mère et sort ses vieilles affaires scolaires. J’essaie de ne pas trop m’attarder, on a beaucoup à faire, mais tout est sujet à une histoire que je ne connais pas quand il s’agit d’elle.
Où a-t-elle acheté cette plume ? Pourquoi avait-elle ces dessins au fond de sa malle ? James et elle étaient-ils très proches pour qu’il lui donne un de ses sweats de quidditch ?
— Ils ont eu peut-être un flirt, dit Hermione en me voyant brandir ledit sweat au nom POTTER inscrit au dos.
— Sirius a dit qu’ils étaient comme frères et sœur, la contredit Ron.
— Il ne savait peut-être pas tout.
Moi, je ne sais pas trop quoi en penser. Je sais juste que ça intéressera Harry. Je le dépose dans ma chambre pour lui donner.
À la fin de la matinée, l’appart est sens-dessus-dessous. Quand mon père arrive pour le déjeuner, il ne fait aucun commentaire, mais je sais que j’ai intérêt de tout ranger avant le soir.
— Ce soir, il y a une réunion. On va commencer à parler de la sortie d’Harry de chez les Dursley.
Enfin.
— Ça avance comme vous voulez ? demande-t-il.
— Oui, je pense qu’on aura tout de même un tour à faire dans quelques librairies, dit Hermione.
Oui, il nous manque un livre des plantes comestibles, un livre de…
— Il vous faut plus de livres ! s’exclame Ron. Mais où on va les mettre ?
— T’occupe, dit Hermione, on va trouver une solution.
N’empêche qu’il a pas tort, on doit trouver un moyen de tout transporter facilement.
— Attendez ici, Emy surveille la casserole, dit mon père en quittant la pièce pour aller dans sa chambre.
Je reste à la gazinière, même si j’ai très envie de suivre ce qu’il fait dans le placard de ma mère. Il revient avec un sac noir matelassé qu’il me tend.
— Il était à Lyra, elle avait jeté un sort d’extension, bon, elle ne pouvait pas non plus se balader toute une bibliothèque, le poids restait présent bien que diminué, mais au moins, elle pouvait y ranger beaucoup de choses.
Je mets la main dedans et ressort un rouge à lèvre, un livre de poèmes de Rimbaud en français, quelques fioles de potions, une écharpe, un pull qui sent bon le parfum, un jouet d’enfant, un pyjama de bébé, un truc qui devait être une pomme il y a fort longtemps, un parapluie, une petite couverture pour enfant et un biberon vide.
— Ah oui… dis-je lentement. On peut mettre plein de trucs.
— Ça, c’était à Emy ? demande Ron en tendant le pyjama.
— Oui, tous les trucs pour enfant l’étaient, dit mon père en prenant le livre de poèmes qu’il feuillette rapidement.
Il sourit à quelques-unes des pages qui sont cornées, puis le repose sur la table.
— Vous me débarrassez tout ça ? Ça va être prêt.
On pousse tout avec le reste de notre bazar. Enfin, sauf le pull que je mets dans son armoire avec les autres. Je pense que je vais prendre quelques unes de ses affaires pour partir. Histoire de me gonfler d’un peu de confiance pour ce que je devine être une sorte de mission impossible.
En retournant dans la cuisine, je me dis que ça me fait drôle d’être avec deux de mes meilleurs amis dans cet endroit qui est chez moi. C’était mon jardin secret, il n’y a pas si longtemps que ça. Il ne manque que Harry. Et encore une fois, je me demande ce qu’aurait été ma vie si…
— Comment se passe l’emménagement ? demande Hermione à mon père.
Dès qu’on lui parle de Dora, il a un grand sourire.
— Bien, bien, la majorité de mes affaires est encore ici. Ce n’est pas si grand là-bas, on va garder le minimum et prendre au fur et à mesure ce qui manque.
Mince, j’ai encore oublié de faire mon sac pour là-bas.
— Promis, je le fais ce soir avant la réunion, dis-je avant qu’il ne me pose la question.
— Et Emy a parlé d’un mariage… ajoute Hermione, un sourire aux lèvres.
— Ah oui, elle a dit ça ?
Je fais ma bouille d’ange.
— Oui, oui, c’est possible…
— On part après le mariage de Bill et Fleur, je lui rappelle.
— Je n’ai pas oublié.
Ça veut dire qu’il va faire sa demande avant ?
Le soir, on va tous les quatre au Terrier pour la réunion. Je pars saluer Bill qui est de nouveau sur pied. Fleur a un grand sourire en me voyant.
— You seem much better.
** Tu sembles aller mieux. **
— Yeah, a friend got me a cream. Under it I’m a painter pallet.
** Oui, une amie m’a donné une crème. En dessous, je suis une palette de peintre. **
Elle rigole.
— You’re still beautiful, don’t worry. Your boyfriend hasn’t left an eye on you since you arrived.
** Tu es toujours magnifique, ne t’inquiète pas. Ton copain ne t’a pas quitté du regard depuis que tu es arrivée. **
J’essaie de ne pas trop rougir.
— Please tell me you’re going to be here for the wedding.
** S’il te plait, dis-moi que tu seras là pour le mariage. **
— Don’t worry, I’ll be there.
** Ne t’inquiète pas, je serais là. **
— All four of you ?
** Les quatre ? **
J’esquisse un sourire, elle fait de même.
— I don’t know what you’re up to, but I’m sure it involves a lot of risks.
** Je ne sais pas ce que vous préparez, mais je suis sûre que ça implique beaucoup de risques. **
Je suis d’accord avec elle sur ce point.
— We’ll be at your weeding Fleur.
** On sera à ton mariage Fleur. **
— Thank you. And… I have a favor to ask…
** Merci. Et j’ai un service à te demander… **
Elle ramène une mèche de ses cheveux parfaits derrière son oreille pour dégager son visage parfait.
— My parents will arrive just a few days before the wedding. Do you think you could be here and help them a bit? They speak a bit English but not that much.
** Mes parents arrivent quelques jours avant le mariage. Tu penses que tu pourras être là ? Ils parlent peu l’anglais. **
— Yeah sure.
** Oui, bien sûr. **
— Really? Thanks.
** Vraiment ? Merci. **
Rassurée, elle me fait un bref sourire alors que Mrs Weasley arrive et me prend par les épaules.
— Emilynn chérie, que se passe-t-il entre vous trois ?
— Comment ça ?
— Ron a passé la journée chez toi, Hermione ne retourne plus chez ses parents, que fabriquez-vous ?
Ron et Hermione arrivent justement à ce moment-là pour me prêter main forte.
— On va t’expliquer maman, dit-il doucement.
Tout le monde s’installe autour de la table. Un à un, on se regarde, avant que finalement Kingsley nous demande de leur raconter ce que Harry a prévu de faire. Ginny n’est pas là, enfin, c'est ce que Mrs Weasley croit, je suis sûre qu’elle écoute avec une oreille à rallonge.
— Comme certains s’en doutent ou le savent déjà, je commence à expliquer, nous avons prévu de remplir la mission de Dumbledore qui est secrète. Sa mort ne change rien au tenant de cette mission, nous devons toujours y aller. Ne nous demandez pas d’en révéler les détails, nous ne dirons rien. Je peux juste ajouter que nous avons prévu de partir en août ou septembre.
Donc pas d’inquiétudes pour le mariage.
— Que vous quatre ? demande Maugrey.
— Oui.
— Personne d’autre ? Vous êtes sûr qu’il n’a pas dit de…
— Dumbledore vous faisait confiance, intervient Hermione. Ne doutez pas de ça. Cependant, il y a une mission qui est hautement risquée et permettrait de renverser le cours de la guerre. Moins de personnes sont au courant, moins il y aura de risques.
— Et donc quatre gamins de dix-sept ans vont risquer leur vie pour cette mission secrète dont nous avons aucun détail ?
Le ton monte. L’auror n’aime pas être mis à l’écart. Je m’assois au fond de mon siège et croise les bras, on doit être intransigeants sur ce point.
— Oui. Il va falloir nous faire confiance, dit Ron.
Plusieurs visages sont contrariés. Mais c’est comme ça. Je pense qu’ils vont en reparler entre eux et tenter de nous faire céder. C’est peine perdue, mais bon. Le sujet change pour venir à la sortie d’Harry de chez les Dursley.
— Attendons-nous qu’il n’ait plus la trace sur lui ?
La réunion tourne autour de cette question. Si on attend, c’est le choix logique et les Mangemorts risquent d’être nombreux à être à la sortie de la zone de protection pour nous cueillir. Mais l’inverse comporte le risque que quelqu’un au ministère les informe de ses mouvements s’il use de sa baguette. Et en cas d’attaque, il sortira sa baguette, trace ou pas trace.
Après la réunion, Ron et Hermione restent au Terrier. Quant à moi, mon père nous emmène récupérer cette valise qui doit partir à son nouveau domicile. Depuis le début des vacances, j’ai pris l’habitude de bouger entre chez moi, chez Hermione, des passages éclair au Terrier et chez George, ça ne sera pas différent pour la suite.
Dans ce nouvel endroit, cet appartement qui est à une vingtaine de minutes de chez moi, une nouvelle histoire va s’écrire. Dora me fait la visite, c’est petit (comme tout appartement à Londres) cosy, chaleureux, je m’y sens tout de suite bien. On arrive dans le salon/cuisine en entrant, puis quelques marches mènent à un couloir. Leur chambre à gauche, salle de bain à droite, encore quelques marches et fond, et voici ma chambre. Encore une fois, je suis touchée par les attentions qu’elle me porte.
— Tu pourras décorer comme tu veux, me dit-elle. On pourra faire quelques achats si tu veux. Je sais que vous êtes chargés avant votre départ, c’est si tu as le temps bien sûr.
— Elle me plaît beaucoup, merci.
Ça lui fait plaisir, ses cheveux se colorent d’un rose encore plus rose que d’habitude.
— Demain on peut y aller si tu veux, je propose. Je pense que je finirai la journée chez George.
— Ça me va !
Elle redescend pour me laisser le temps de m’installer. Ici, il n’y a que deux chambres, pas d’autre, pas de bébé prévu. En même temps, a-t-elle prévu de se marier ? Vu comment ils étaient le soir de la mort de Dumbledore, le mariage ne doit pas être un problème pour elle. Peut-être même qu’elle n’attend que ça.
Mais pas de bébé semble-t-il.
Ce n’est pas que ça ne me plairait pas d’avoir un frère ou une soeur, mais… Encore une fois, certaines choses trainent dans un coin sans que je parvienne à en parler à mon père.
Je vide mon sac rapidement, j’avais pris le strict nécessaire, et je redescends pour aider la préparation du repas. En passant, je remarque un téléphone accroché au mur.
— Il fonctionne ?
— Oui, approuve mon père.
— C’est vrai que c’est utile, dit Dora.
— Tu n’en as pas chez toi ?
— Non, et chez mes parents non plus, c’est ma mère qui trouvait ça inutile.
Oui, j’imagine mal les Black avoir un téléphone. Mais ma mère a accepté d’en avoir un, et je la remercie pour ça, c’est vrai que c’est très pratique.
— Je peux…
— Vas-y, devine mon père. Appelle-les.
Je compose immédiatement le numéro des Weasley. Je le connais par cœur, même s’ils ne s’en servent presque jamais. Et encore, ils ont toujours du mal à ne pas crier dedans.
— Allô ?
Ouf, c’est Hermione.
— C’est Emy, ça va ?
— Tu fais bien d’appeler, dit-elle tout bas.
Je devine qu’elle se déplace dans un coin à l’écart.
— Mrs Weasley est revenue nous parler, elle veut savoir ce qu’on fait. Elle dit qu’on a mal compris les ordres de Dumbledore, que c’est trop dangereux de partir juste nous quatre… Bref tu as compris le topo.
Mince, flute, flute, flute et zut !
— Demain je pense que c’est bien si on fait profil bas. Le temps de faire passer la pilule, ajoute t-elle.
— Ok, oui, tu as raison, on fait ça.
— Tu restes chez toi ?
Ce serait bien d’avoir un de ces téléphones que tu peux avoir sans être relié par un fil à la base. Parce que là, le téléphone est au milieu de la pièce, c’est loin d’être discret.
— Oui, oui, j’irai chez George demain.
— On se voit dans deux jours alors. Après la pleine lune.
— Oui, je vais continuer à avancer de mon côté.
— Nous aussi, autant qu’on peut. Je vais commencer à chercher du matériel pour qu’on soit autonomes.
On se souhaite une bonne soirée, puis je raccroche. Je me mets vite au repas, mettant de côté nos préparatifs.
— Tout va bien ? me demande Dora.
— Oui, juste Mrs Weasley qui s’inquiète.
Mon père me jette un coup d'œil que j’ai du mal à interpréter. Puis l’instant passe et j’oublie. J’aide à la cuisine, on parle de tout et de rien. Le repas se passe bien, on prend nos habitudes tous les trois, chacun trouve sa place. Les fenêtres sont ouvertes et un petit vent nous rafraîchit en cette fin de mois de juin insoutenable niveau chaleur.
La discussion repart sur notre départ, ce qu’on essaie d’anticiper. J’essaie de rester évasive, je ne veux pas leur donner trop d’éléments, et puis honnêtement, on ne sait rien d’où on va.
— J’ai quelques vieux manuels d’auror qui pourraient vous intéresser, me dit Dora.
— Oui, ça, ça m’intéresse, dis-je avec un sourire. Merci.
— On pourra les chercher chez mes parents.
— Vous comptez aller en forêt ? demande mon père.
Je vois où il veut en venir, la pleine lune est dans deux jours.
— On fera attention à eux, je promets.
Je repense aux carnets de ma mère ainsi que les siens, ils sont très complets et détaillés, mais j’ai tout de même quelques questions. Je pars les chercher et revient avec un parchemin pour prendre des notes.
— Tu dis qu’ils vivent en meute.
— C’est ça oui. Comme les loups.
— Système d’alpha, bêta, omega, je récite. Comment l’alpha est élu ?
— Par la force. Il doit tuer l’alpha précédent.
— Greyback est un alpha.
— Il est même plus que ça, Voldemort leur fait peur. C’est le seul à avoir rejoint ses rangs, il est l’alpha de plusieurs meutes si tu veux. Et la sienne est immense.
— Ils ont tous peur de lui ?
Il approuve d’un hochement de tête. Je sais, je l’ai vu, il fout les pétoches ce mec, mais…
— Ce que je veux dire, c’est que si c’est lui le plus puissant, le plus effrayant, le plus dangereux, je sais à quoi m’attendre avec les autres.
— Ne tente pas de te frotter à eux.
— Oui, je sais, je ne tenterai rien…
— Emy, me coupe-t-il. Greyback est un solitaire et encore, il a les mangemorts avec lui. Les autres loups sont en meute, ça veut dire qu’ils font partie d’un tout. Si tu te frottes à l’un d’eux, c’est tous les autres qui viendront.
— Et en dehors des pleines lunes ?
— Ça ne fait pas grande différence.
Je réfléchis en repensant aux autres questions que j’avais. Je comprends mieux ce système de meute, c’est un peu comme si Harry, Ron et Hermione étaient la mienne.
— Il y a beaucoup de sorciers parmi eux ?
— Ils sont peu nombreux et leur magie est mauvaise, faible. Ils sont coupés de toute éducation, de toute manière, ils préfèrent attaquer par la force physique comme tu as pu le voir.
Bon, ça, c’est déjà un avantage pour moi. Il faut cependant que j’étudie les sorts pour les neutraliser.
— Pourquoi toutes ces questions ? Vous avez prévu d’aller dans une meute ?
— Non, pas du tout.
Et je pense que c’est vrai. Aucun Horcruxe ne serait caché au milieu de loups-garous.
— J’essaie juste de m’informer. Quand j’étais avec Greyback, je sentais quelque chose de différent. Et je me sentais aussi différente.
— Tu te rappelles des sensations que tu avais ?
Oui, très clairement.
— C’est l’effet d’être avec eux qui te donne ça. Alors imagine avec une meute… Tu perds vite la tête.
J’imagine oui.
— Je ne crois pas que j’aime cette sensation.
Ça le fait sourire.
— Tant mieux. Garde le contrôle, je pense que c’est mieux.
— Tu sais, ce n’est pas vraiment comme ça que ça fonctionne maintenant que je peux choisir quand me transformer.
— Ah oui ?
Dora nous écoute avec attention.
— Avant, oui. Maintenant on doit juste vivre ensemble.
J’esquisse un sourire.
— Je sais, ça sonne bizarre, mais j’ai pas de meilleurs mots.
— Tu veux dire que toi et le loup n’êtes qu’un ?
— Oui. Oui, plus ou moins.
Il me pose un peu plus de questions sur cet état. Mais mes réponses sont aussi évasives que mes convictions. Je ne sais pas trop ce que je suis. J’ai appris à vivre avec moi-même, c’est déjà un bon début.
Dans le noir, une fois couchée, le stress et l’angoisse reviennent de plein fouet. J’ai mal au ventre, mon cœur est serré, comme si un étau le compressait. La sensation n’est pas agréable. On a encore tellement à faire, j’ai l’impression qu’on ne sera jamais prêts avant le mariage.
Je rallume la lumière, sort un parchemin et écrit tout ce qui me passe par la tête. Tout ce qu’il y a à faire est écrit devant moi maintenant, noir sur blanc, je ne peux pas l’oublier, et honnêtement ça m’aide à un peu me calmer. J’éteins la lumière à nouveau et ferme les yeux. Le sommeil met du temps à venir, j’essaie de ne pas laisser mon esprit divaguer trop loin, sinon l’angoisse va vite revenir.
Finalement, je m’endors.
*****
L’après-midi se passe très bien avec Dora. On rigole en admirant les dernières tendances du moment, on grignote des scones absolument trop sucrés, mais extrêmement bons, et puis elle me rachète une paire de DrMartens. Comble de la culture grunge et underground, ces chaussures, c’est symbolique.
Honnêtement, celles de ma mère ne ressemblaient plus à rien depuis un moment. Je me résigne à les ranger dans une boite pour adopter les nouvelles (qui sont exactement pareilles, hautes et noires). Après un bon demi-million de remerciements, on continue notre chemin.
Dora est joyeuse, ça se voit qu’elle est heureuse et profite de chaque instant. C’est comme mon père, je le vois toujours avec une esquisse de sourire au coin des lèvres. Je ne dis pas qu’avant il n’était pas joyeux, c’est juste que l’amour donne des ailes, j’ai l’impression.
En fin de journée, elle me dépose chez George. Je vais dormir chez lui ce soir. Je jongle beaucoup depuis le début des vacances, c’est fatiguant et c’est vrai qu’en fin de journée, mes blessures se réveillent et me rappellent que je dois me ménager. Mais il y a tellement à faire, en si peu de temps que je ne me vois pas prendre une pause.
— Merci pour cette journée Dora.
— Merci à toi, dit-elle en me serrant brièvement dans ses bras.
Ce merci veut dire plus que merci pour juste cet après-midi. Tout comme mon merci.
Verity m’accueille avec ce super sourire qui contamine tous ceux qui l’approchent.
— Messieurs Weasley sont dans leur bureau.
— Merci.
Je monte les marches deux par deux et ouvre la porte après un discret « toc ». Ils m’ont répété plein de fois de faire comme chez moi. Alors je vais directement à mon bureau, sors les parchemins qui m’attendent et relis consciencieusement les calculs devant moi à la recherche de l’erreur qui les bloque.
— Commence par lui. Je me prends la tête dessus depuis hier soir, me dit Fred.
— Et moi, je pense qu’il se trompe ici, dit George en me montrant une partie complexe du calcul.
— Non puisque j’ai pris des chiffres premiers. L’erreur vient de plus haut.
— Il y a un π qui se balade, c’est pas un chiffre premier.
Avant que Fred puisse répondre, je les interromps.
— Il y a une erreur avant. D’où la présence de π.
George fait un sourire satisfait à son frère.
— Techniquement vous avez tous les deux raisons, je résume.
— Ah ha ! s’exclame Fred en se levant. Emy, tu veux un truc à boire ?
— De l’eau, merci.
Il quitte le bureau, nous laissant George et moi.
— Tu étais en ville ? Hermione t’a déposée ?
— Non, Dora, on a passé l’après-midi ensemble.
On parle un peu, il sourit parfois, mais son sourire est empli de choses qu’il ne parvient pas à me dire. A chaque fois que je le vois, je me dis que je dois crever l’abcès maintenant, mais à chaque fois le courage me manque. Alors on reprend le travail. Enfin, j’essaye, mais mon esprit est ailleurs.
Fred revient et ne fait aucun commentaire. Malgré les fenêtres ouvertes, il fait une chaleur de plomb ici. Les chiffres dansent devant mes yeux, pour une fois leur logique ne me vient pas. J’avance lentement, plus lentement que d’habitude.
Je regarde George sans trop savoir quoi dire. Je suis partagée entre me jeter dans ses bras et continuer mes calculs comme si de rien n’était. En fait, je crois que j’ai peur, que si je reste trop longtemps avec lui, je n’arriverai plus à partir.
Il est concentré, c’est le moment où je le trouve le plus beau. Il ne fait pas le pitre, plus l’andouille, bas les masques, c’est comme quand il dort. La sueur a collé quelques cheveux à la base de sa nuque, là où j’aime l’embrasser. Ses sourcils se froncent parfois quand il croise une difficulté, puis il pince les lèvres. Ces lèvres que j’aime tant embrasser. À l’infini, sans limite.
Le regard de Fred sur moi me fait détourner le regard. Je retourne à ma feuille, et fixe mes chiffres comme si je réfléchissais. Comme tout le monde, il se pose des questions, je le comprends, je ne peux pas le blâmer pour ça. Mais ma réponse restera aussi évasive que pour les autres.
Je retiens un soupir, cette situation n’est pas évidente, je commence à être fatiguée.
— Messieurs Weasley ? Un client souhaite faire une commande spéciale, je peux vous l’envoyer ?
Verity est à la porte comme si elle n’osait pas interrompre cette ambiance studieuse. George se lève, passant une main dans ses cheveux pour les coiffer. Une commande spéciale, je connais, ça veut dire gros montant. Alors je reste dans mon coin.
Ledit client arrive et ils commencent une négociation. Les jumeaux sont parfaits, ensemble, ils mènent l’homme où ils veulent. J’arrive à m’enfermer dans ma bulle et continue ainsi ma feuille de calcul. Il ne me reste que quelques lignes puis je me recule pour observer le résultat en m’étirant un peu. Je suis toute ankylosée d’être restée courbée sur ma table.
— Merci Mr Smith, tout le plaisir est pour nous, laissez-moi vous raccompagner, dit George qui indique le chemin au client après une poignée de main.
Ils disparaissent dans l’escalier et Fred s’approche. Je souris et lui aussi, il sait que j’ai compris.
— Je ne te dirai rien, tu sais.
— Je peux au moins demander ? demanda-t-il.
— Ai-je le choix ?
Il rigole et ça me serre le cœur. Ce rire, cette atmosphère dans leur boutique, je l’adore, ça partage mon quotidien depuis si longtemps.
— Tu vas faire quoi Emy ?
— Je ne sais pas exactement.
— George s’inquiète, et moi aussi. Seulement lui, il ne te le dira jamais.
— Il a raison, commencé-je en pesant chaque mot. Je vais suivre Harry.
Il espère que j’en dise plus, mais il peut toujours rêver, je m’arrête là.
— Putain Emy, soupire t-il. Tu ne vas pas rompre quand même ?
Je souris, mais c’est loin d’être de joie. C’est amer et ça me reste au fond de la gorge.
— Je suis trop égoïste pour faire comme Harry. Je devrais le faire, mais je n’y arrive pas.
— Et il ne te laissera pas faire.
C’est ce que j’ai vu oui.
— Harry a rompu ?
— Oui.
— Putain, répète t-il.
Il passe une main dans son visage et son air inquiet disparaît immédiatement quand les bruits de pas de George se font entendre. Je ne le connais pas aussi sérieux, je dois dire que ça n’aide pas à me détendre et à quitter cette boule de stress dans mon ventre. Je sais que nous sommes fous de partir tous les quatre. Je sais que c’est risqué. Mais je suivrais Harry jusqu’à la mort s’il le fallait, mon bonheur passe après.
— Ça va ? demande George d’un air faussement enjoué.
Je le connais par coeur.
— J’ai fini un nouveau calcul, dis-je en lui tendant mon parchemin qu’il se met aussitôt à étudier.
Dieu que je l’aime. Personne ne pariait vraiment sur eux, sauf pour amuser la galerie. Leur projet a demandé tellement de travail de leur part. Ils n’avaient même pas d'arithmancie en options à Poudlard. Alors quand ils ont compris qu’ils en auraient besoin, ils ont appris. Comme ça. Rien ne les arrête.
Il faut que j’arrête de le regarder comme ça. Malgré tout son sérieux, Fred va bientôt me sortir une phrase du style « prenez-vous une chambre ». Alors je retourne à mon travail. Au bout d’un moment, j’arrive à me réfugier à nouveau dans les chiffres. Je me plonge dans leur logique et j’oublie le monde et le reste. Puis je commence à avoir le ventre qui gargouille, George s’en rend compte et il rigole, me volant un baiser.
— On s’arrête là ?
J’hoche la tête et l’embrasse à mon tour.
— Oui, je suis fatiguée, j’ai envie de faire une pause.
— Fred, tu veux quelque chose ?
— Non, ça va merci, je vais aller chez Angelina, c’est bon pour aujourd’hui, vous avez raison.
On sort, Verity est toujours en boutique, elle va bientôt fermer, mais on sera de retour avant, puis nous nous dirigeons vers le Chaudron de Baveur pour George et moi, tandis que Fred transplane.
On part dans les rues moldues. En plein jour, remplies de monde, le risque est minime, bien que pas inexistant. On sait que Voldemort est capable de tout. George m’attire contre lui, avec son bras autour de mes épaules, on pourrait croire que nous sommes un couple normal. Je chéris ces instants simples, j’essaie de les stocker dans ma mémoire pour me faire des réserves d’amour.
On trouve notre dealer habituel de napolitaines et nous revenons rapidement à la boutique. Certes, quand on se balade comme ça, on pourrait croire qu’il n’y a plus de guerre, mais ce n’est qu’une illusion. Les moldus se préparent aux vacances d’été, partout il y a de la musique, des rires, les étudiants fêtent la fin de leurs examens, des enfants jouent dans les fontaines pour déjouer la chaleur…
La gymnastique intellectuelle est parfois difficile à faire. Alors je regarde mon avant-bras bandé qui cache ma marque, repense à ceux qui nous ont quittés et ça m’aide à ne pas baisser ma garde.
— Bonne soirée Verity, dit-il en rentrant, tu fais attention en rentrant chez toi.
— Oui Monsieur Weasley, répond-elle avant de sortir.
Depuis que je suis revenue, à chaque fois que je viens, Fred en profite pour voir Angelina. Peut-être fait-il exprès pour nous laisser du temps tous les deux, ou alors c’est un heureux hasard. Quoi qu’il en soit, ça nous arrange bien.
Il ferme bien le bâtiment avec des sortilèges de protection pendant que je monte préparer des verres et ouvrir des fenêtres dans l’appartement. C’est une vraie fournaise actuellement.
George me rejoint et on se met sur le canapé. Pizza à la main, musique rock en fond, collés l’un contre l’autre malgré la chaleur. C’est parfait. Encore une fois, je profite, le regardant manger, un sourire aux lèvres.
— Tu penses à quoi ? dit-il, remarquant mon regard posé sur lui.
— J’admire ta musculature, me moqué-je.
— Ouais, deux ans sans quidditch, ça ne pardonne pas, il faut que je fasse attention pour garder ton coeur.
— Oui, attention, ironisais-je. J’ai repéré un petit gars bodybuildé, parfait pour moi. Gros biscoteaux, tu vois ?
Il rigole et s’approche, sa bouche s’arrêtant à quelques centimètres de la mienne.
— Oui, vas-y, je ne veux pas te retenir… murmure t-il m’arrachant quelques frissons.
— J’ai un truc à faire avant…
Je souris malicieusement, frôlant mes lèvres contre les siennes, nos souffles se mêlent puis on s’embrasse. Je glisse du siège petit à petit, me retrouvant allongée sur le canapé, George au-dessus de moi.
— Emy… fait-il en se redressant.
Je me mords la lèvre : il va en parler maintenant.
En m’asseyant, je repose ma tête contre le dossier du canapé, faisant face à George. Ses cheveux sont ébouriffés, son t-shirt est de travers, laissant apercevoir sa peau blanche parsemée de taches de rousseur. Il est beau comme ça, dans une sorte d’innocence négligente. Bon, innocence peut-être pas.
— Tu vas où Emy ?
— Tu veux la réponse du poète ou du savant ?
— Je déconne pas.
Je ne peux pas lui en vouloir, il veut savoir, je serai pareil à sa place.
— Je ne sais pas exactement où je vais.
— Harry, il sait lui ?
— Il a une idée, comme moi, mais non, on n’a pas une feuille de route précise.
— Et Ron et Hermione vous suivent sans que vous sachiez où aller.
Je lui souris, passant une main sur son bras, il est tendu, la question qui fâche arrive ensuite. Jusque-là je répondais, maintenant, je ne garantis plus rien.
— Vous allez faire quoi ?
— Tu le sais déjà ça.
— Emy…
— La mission de Dumbledore.
Il soupire et passe une main sur son visage. J’aimerais le serrer dans mes bras, qu’on s’embrasse et qu’on oublie tout le reste.
Foutue guerre.
— C’est quoi cette mission ?
— Ça, je ne peux pas te le dire George et tu le sais aussi.
— Emy… me supplie t-il. Je ne le dirai pas à l’Ordre.
— C’est pas l’Ordre qui me dérange.
L’inquiétude lui ravage le visage. Je remarque qu’il a des cernes noirs sous les yeux. Je ne l’ai jamais vu comme ça, et je dois dire que ça me perturbe un peu.
— Ne pas savoir, ça me rend fou, je n’arrive plus à dormir. Comment… Comment ça va se passer. Toi, tu seras je-ne-sais où, à risquer ta vie…
— Je suis désolée George.
J’ai la voix rauque et il est hors de question que je laisse mes émotions me submerger.
— Si tu veux arrêter, je comprendrais…
— Ne dis pas de bêtise, me coupe-t-il.
Il se tourne vers moi, ses yeux sont rouges et il s’approche pour se blottir contre moi. Je le serre dans mes bras, caressant son dos distraitement. Son odeur est si familière et rassurante, je souhaiterais m’en souvenir pour quand on cherchera les horcruxes je-ne-sais-où comme il dit. Je veux que ça me donne de la force pour quand ça me manquera.
— Je ne peux rien te promettre, commencé-je doucement. Je ne sais pas combien de temps cela nous prendra… Quelques semaines ? Six mois ? Un an ou plus ? Aucune idée. Je ne pense pas non plus que nous pourrons entrer en contact. Pour ta sécurité et pour le bien de la mission, on va se cacher. Ce que je peux te dire, c’est… C’est que je t’aime et que…
Je reprends mon souffle, inspirant profondément pour ne pas avoir ma voix qui tremble. Il me serre un peu plus contre lui, il sait.
— Que je ne cesserai pas de penser à toi. C’est nul, je suis d’accord, moi non plus, je ne veux pas qu’on se sépare sans savoir quand on se reverra. Seulement, Dumbledore a confié cette mission à Harry, et je dois y aller aussi.
— Je sais, murmure t-il contre mon épaule.
Il recule un peu et m’embrasse tendrement.
— Je sais Emy, je sais que tu ne le laisseras pas seul pour accomplir cette mission. C’est pour ta foutue loyauté que je suis tombé amoureux de toi.
— Juste pour ça ?
Il sourit avant d’embrasser mon bout du nez, ma joue, mes lèvres… Je voudrais prendre en photo ce moment si c’était possible. Pour pouvoir m’en rappeler.
— Non, c’est loin d’être l’unique raison, je t’aime pour ta gentillesse, ta malice, ton intelligence, ta beauté aussi, oh oui, que tu es belle, et puis aussi parce qu’il n’y a aucune autre personne sur cette Terre qui me donne envie de me surpasser chaque jour pour donner le meilleur de moi-même.
Je ne sais pas quoi répondre tant ça m’émeus.
— Et puis on se retrouvera après, ce sera chouette, non ?
Si seulement…