Le jour de la sortie à Pré-au-lard et par extension de la Saint Valentin, nous recevons une réponse de Skeeter.
— Elle accepte. Elle donne rendez-vous à midi aux Trois Balais. C’est embêtant pour le date d’Harry.
— Mais ça, c’est plus important, je réponds.
Hermione approuve d’un hochement de tête.
— Oui, bien plus.
— Viens, on doit vite lui demander s’il est d’accord.
Pas besoin d’aller le chercher, il arrive justement pour le petit-déjeuner.
— Écoute, Harry. C’est très important. Est-ce que tu pourrais me retrouver aux Trois Balais aux alentours de midi ?
— Ça... Je ne sais pas… Cho voudra peut-être que je passe toute la journée avec elle. On n’a pas décidé de ce qu’on allait faire.
C’est ce que je pensais.
- Amène-la, s’il le faut, dis-je en espérant que le ton de ma voix suffise à lui faire comprendre l’importance de cette demande. Tu veux bien venir ?
— Heu... oui, d’accord, mais pourquoi ?
— On n’a pas le temps de te le dire maintenant, il faut qu’on réponde très vite.
On part toutes les deux vers la volière, je croise les jumeaux qui justement allaient prendre leur petit dej.
— Vous avez une plume ?
Fred nous en tend une et une petite bouteille de poche d’encre. Hermione s’en empare et écrit à même le sol une brève réponse.
— J’espère qu’elle n’est pas trop loin, dit-elle.
— Elle doit déjà y être la connaissant.
— C’est pas faux.
— Vous parlez en énigmes, s’amuse George. Emy, tu viens ce matin à Pré-au-lard ?
— Non, je vais m'entraîner un peu, et ensuite à midi, j’ai un rendez-vous important. Je vous expliquerai pourquoi avant que ça sorte.
— Est-ce un nouveau coup contre Ombrage ? se réjouit Fred.
— J’y vais, fait Hermione en courant vers la volière.
— Contre elle et tous ceux qui sont pour elle.
— Oooooh, j’aime beaucoup.
Leurs yeux pétillent de malice.
— Bon, et bien nous, on va en profiter pour continuer le business.
— Tu ne sors pas avec Angelina ? C’est la Saint Valentin.
- Entraînements toute la journée.
Derrière Fred, George me fait la moue, signe que c’est compliqué.
— Ok, oui, je vois, bon et bien à plus tard.
Je la croise dans l’escalier, en habits de quidditch.
— Emy, ça va ? Justement, j’allais te chercher, je voulais m’entrainer comme la dernière fois avant de voler.
— Je me change et j’y vais.
— Ça marche.
Dix minutes plus tard, nous sommes en train de courir dehors, autour du stade. On ne parle pas, quand on passe aux exercices de sprint pour le cardio. Puis nous faisons une pause alors que le reste de l’équipe commence à arriver.
— Faites des échauffements le temps que les autres arrivent, leur crie t-elle.
Elle soupire.
— Sloper et Krike sont toujours en retard, c’est fatiguant.
— Et les autres ?
Par là, j’entends Ron et Ginny.
— Ça va, ça va, Ron a besoin de confiance en lui, voilà tout.
— Ça va en ce moment ? je demande doucement.
Elle a les traits tirés. Entre les ASPICS et l’équipe, ça ne doit pas être évident pour elle.
— C’est Fred qui t’a demandé de me parler ?
— Non, il ne m’a rien dit.
Fred ne parle pas de ses émotions.
— C’est compliqué, confirme t-elle. Je crois que je suis trop sur les nerfs cette année pour me prendre la tête avec un mec qui justement ne se prend la tête pour rien. Mais je ne vais pas t’embêter avec ça, tu devrais y aller, il est presque onze heures.
— Si tu veux te joindre à nouveau à moi, c’est avec plaisir.
— Merci.
Je rejoins le château pour une bonne douche, enfile des vêtements propre, ajuste le bandage sur ma main imbibé d’essence de Murlap et me dirige vers le village. J’ai assez de temps pour aller à la poste, j’en profite pour envoyer à mon père une lettre complète des informations que je ne peux pas dire en temps normal. Au moins, lui, il saura ce qui se passe. Je joins à ma lettre un livre sur la symboliques des images. Faire le paquet n’est pas facile, ma main est affreusement douloureuse, j’économise le dictame que j’ai. Pour écrire cette lettre, j’ai pris une heure. Je suis de plus en plus rapide de la main gauche, mais ce n’est pas encore ça.
Une fois que j’ai fini cette course, je pars vers les Trois Balais. L’atmosphère dans le village est très différente de d’habitude. Il y a plein d’affiches des Mangemorts échappés qui trainent un peu partout. Je n’aime pas croiser leurs regards. Heureusement qu’ils ne parlent pas. La pluie qui tombe ajoute au climat inquiétant et austère, pour la première fois, j’attends l’été et sa chaleur avec impatience.
— Emy !
Hermione me fait signe. Ils sont déjà tous à table depuis un moment, Skeeter avec un parchemin rempli de notes devant elle.
— Vous êtes déjà là ? Désolée du retard.
— Tu n’es pas en retard puisque nous étions en avance, fait Luna. Quoique dans certains pays être en avance signifie être à l’heure.
Je souris, amusée. Je l’aime de plus en plus Luna.
— Merci.
Je m’assois et Hermione se penche vers moi alors que Skeeter reprend.
— Ça s’est fini plus tôt avec Cho.
— Merde.
— Oui. Mais tout le reste a marché comme sur des roulettes.
On se tape dans la main, la révolte continue.
*****
Lors du repas, Harry semble heureux d’avoir contribué à faire quelque chose pour l’Ordre. Je partage son avis, paraître un article dans le Chicaneur n’est pas idéal, loin de là, Luna parlait d’une édition sur le Ronflak Cornu…
— Je suis impatient de savoir ce que va penser Ombrage quand elle verra que tu parles publiquement, dit Dean.
Seamus est toujours partagé à ce que je vois.
— C’était ce qu’il fallait faire, Harry.
J’approuve avec Neville.
— Ça devait être... dur... d’en parler, non ?
— Oui, mais il faut que les gens sachent de quoi Voldemort est capable.
Ses yeux se posent sur moi. Oui, je sais. Enfin, je crois.
— C’est vrai, approuve Neville, et aussi ses Mangemorts... il faudrait que les gens sachent...
Les autres finissent peu à peu de manger, et nous nous retrouvons tous les trois à attendre Ron. Je me ressers une assiette sous le regard amusé d’Hermione.
— Tu n’arrêtes jamais de manger.
— La croissance peut-être, dis-je en haussant les épaules.
— La gourmandise plutôt, corrige Harry.
Je pouffe de rire, mais avec la bouche pleine de pomme de terre, c’est moins élégant.
— Mais elles sont trop bonnes… Croustillantes et moelleuses à la fois.
Harry ne m’écoute plus, je me retourne pour voir Cho entrer.
— Comment s'est passé ta sortie avec Cho ? Comment se fait-il que tu sois arrivé si tôt aux Trois Balais ? je demande.
— Oh, heu... c’était... dit Harry en cédant lui aussi pour une autre part de tarte à la rhubarbe. Un fiasco total, maintenant que tu m’y fais penser.
— Vas-y raconte, fait Hermione.
— Au début, c’était bien, on parlait Quidditch, mais, arrivés à Pré-au-lard, j’avais aucune idée de ce qu’on pouvait faire. Tu fais quoi Emy quand tu sors avec George ?
— Bah…
Je repose ma fourchette.
— Tu m’as déjà vue sortir avec lui ?
— C’est pas faux, maugrée- t-il. Bon, et bien, il s’est mis à pleuvoir, on est allés boire un café.
— Où ?
— Madame Pieddodu.
Je mets une main devant ma bouche.
— Quoi ?
— Tu as trouvé comment ?
— Bah… C’était affreux. Plein de rose et des angelots partout, on aurait dit que Lockhart était passé par là.
Hermione grimace. Oui, c’est ce qu’on a entendu. Plein de filles rêvent d’un rendez-vous là-bas.
— On a pris un café, et Roger Davies était à côté en train d’embrasser une fille. Vous voyez qui c’est ?
— Oui, il était le cavalier de Fleur l’année dernière.
— Ouais, bah essaie de tenir une conversation quand deux gens à côté s’enfoncent leurs langues au fond de leur gorge.
Je rougis en pensant au spectacle qu’on a donné avec George à tous les élèves.
— Emy trouve que ce n’est pas si mal, se moque Hermione.
— Oh, shut up.
Elle rigole, et je finis par sourire. Oui, c’est vrai.
— On avait pas grand chose à dire, alors j’ai pensé à lui dire que je devais vous rejoindre, puis elle m’a parlé de Cedric…
— Tu n’avais pas envie d’en parler, je devine.
— Voilà, elle s’est mise à pleurer, moi, je ne savais pas quoi dire, je ne pensais pas qu’elle voudrait parler de ça. Et toujours avec ce crétin à côté. J’ai dit que j’en avais parlé à vous, mais c’est tout et à ce moment-là, elle se lève d’un bond et elle me dit : « À un de ces jours, Harry. » Et puis elle s’en va en courant !
Oh… Effectivement, rien n’allait.
— Je me demande ce qui lui a pris ? Qu’est-ce que ça signifie ?
On échange un regard toutes les deux.
— Oh, Harry. Je suis désolée, mais tu as un peu manqué de tact.
— Moi ? Manqué de tact ? Tout allait très bien et, brusquement, elle me raconte que Roger Davies l’a invitée à sortir avec lui et qu’elle venait souvent dans ce stupide salon de thé pour s’embrasser avec Cedric. Comment je dois réagir à ça, moi ?
Je prends les devant.
— Eh bien, voilà, tu n’aurais pas dû lui dire que tu voulais nous voir au beau milieu de la journée.
— Mais... mais... C’est vous qui m’avez demandé de vous retrouver à midi et de venir avec elle. Il fallait bien que je le lui dise, non ?
— Tu aurais dû t’y prendre différemment. Tu aurais dû lui dire que c’était vraiment assommant mais qu’on t’avait fait promettre de venir aux Trois Balais, que tu n’avais pas du tout envie d’y aller, que tu aurais préféré passer toute la journée seul avec elle, mais que malheureusement, il le fallait bien et s’il te plaît, s’il te plaît, je voudrais tellement que tu viennes avec moi, comme ça, ce serait plus vite fini.
Hermione hoche la tête.
— Tu aurais peut-être dû lui dire aussi que tu nous trouvais très laides.
— Ah oui, ça aussi.
Il nous regarde, déconcerté.
— Mais je ne vous trouve pas laides du tout.
On rigole.
— C’est gentil, merci, dis-je.
— Harry, tu es pire que Ron... Non, finalement, non. Écoute... Tu as mis Cho en colère quand tu lui as dit que tu avais rendez-vous avec nous, alors elle a essayé de te rendre jaloux. Pour elle, c’était un moyen de savoir si tu l’aimais vraiment.
— Ah bon, c’était ça, le message ?
Il se tourne vers moi alors que Ron s’assoit lourdement à côté de nous.
— Tu le penses aussi Emy ?
— Ah oui, je suis même sûre que c’est ça.
Ron commence à se servir, je lui tends la gamelle de pommes de terre.
— Elles sont trop bonnes.
— ‘rci.
— Tu ne crois pas qu’il aurait été plus facile de me demander simplement si je l’aimais plus que vous ? poursuit Harry.
— Les filles ne posent pas souvent ce genre de question, fait remarquer Hermione.
— Eh bien, elles devraient ! Parce que dans ce cas, je lui aurais dit qu’elle me plaît beaucoup et elle n’aurait pas eu besoin de se mettre de nouveau dans tous ses états à propos de la mort de Cedric !
C’est au tour de Ginny d’arriver. Ils sont tous les deux dans un état épouvantable. J’ai un pincement au cœur en pensant à mon balai enfermé dans un placard d’Ombrage. J’ai toujours aimé voler, qu’importe la météo. Je trouvais même que quand le temps était affreux, ce temps dans les airs n’en était que plus beau.
— Je ne prétends pas que ce qu’elle a fait est raisonnable, répond Hermione. J’essaye simplement de te faire comprendre ce qu’elle ressentait à ce moment-là.
— Tu devrais écrire un livre, intervient Ron. Un truc qui donne la traduction des idioties que font les filles pour que les garçons puissent comprendre à quoi ça rime.
— Oui, approuve Harry.
Certaines choses me semblent pourtant évidentes, mais je pense que je vais m’abstenir de ce commentaire. Harry est en peine de coeur.
— Alors, comment s’est passé l’entraînement de Quidditch ?
— Un cauchemar, répond Ron.
— Allons donc, dit Hermione, je suis sûre que ce n’était pas…
— Oh, si, la coupe Ginny. C’était abominable. Angelina était au bord des larmes à la fin de la séance.
Mince. Après le repas, je la cherche pour lui parler un peu. Quand je demande à Fred où elle est, il ne sait pas me répondre.
— Tu dors avec moi ce soir ? me demande George
— Ok, oui. Je reviens.
Je monte les marches du dortoir des filles et cherche la porte de la chambre d’Angelina. Une fille de son année m’aide un peu, m’épargnant de me retrouver avec de parfaites inconnues. Je toque et attends.
— Hmm, c’est Lupin, Angie, fait une grande blonde aux cheveux bouclés.
Angelina doit lui faire signe de me laisser entrer. Je fais quelques pas et la découvre sous la couette, des livres et des parchemins tout autour d’elle.
— Ils t’ont dit.
— Oui, je venais voir comment ça allait.
— Ça irait mieux si elle se focalise plus sur ses ASPICS qu’une équipe sans avenir, fait la blonde.
Mmmh, charmant.
— Ma version d’Hermione, me chuchote t-elle.
Ça me fait rire qu’elle ait aussi bien réussi à cerner mon amie. C’est vrai qu’Hermione n’arrête pas de dire que la compétition entraîne encore plus de division entre les maisons. Mais c’est aussi un beau sport, je veux dire, je ne suis pas la plus grande fan de la compétition, mais le quidditch… Si. On ne peut pas lui retirer ça.
— Putain, Emy, ça me manque d’être avec toi. C’était si facile. Je serai surprise si aucune équipe te contacte avant la fin de tes études.
J’hausse les épaules. Elle m’aurait demandé cet été, j’aurais été d’accord, maintenant, je ne sais plus.
— On peut faire quelque chose pour aider ?
— Qui « on » ?
— Moi, les jumeaux, Harry… Je ne sais pas… Aider aux entraînements, bref faire quelque chose.
— Non… marmonne t-elle d’un ton maussade. Le visage de Fred parle pour lui en disant qu’on a aucune chance. Certes, ils étaient bons tous les deux, pas besoin de se parler, ils se comprenaient direct, mais merde… Ça fait chier.
Elle me sort des parchemins raturés de bout en bout.
— Mes tentatives d'entraînements… Ça ne sert à rien.
— Je peux ?
— Fais-toi plaisir.
Une fois que j’arrive à déchiffrer, c’est franchement correct. Elle pense à travailler la cohésion d’équipe comme les forces de chacun, c’est complet.
— Mets le quidditch de côté pour ce soir, dors bien et demain est un autre jour.
Paroles creuses, je sais, mais je ne peux pas faire mieux.
— Tu vas quand courir à nouveau ?
— Lundi, c’est mon jour Ombrage.
— Je pensais que tu n’allais plus dans sa classe.
J’hausse les épaules.
— C’est quand même un jour où elle va venir me parler.
— Bien, je t’accompagnerai.
— Ok, à demain.
Je la laisse et pars dans ma chambre enfiler mon pyjama. Lavande et Parvati me dévisagent quand je rentre.
— Quoi ?
— Il parait qu’Harry est sorti avec Cho.
— Ah, oui.
— Ils ont fait quoi ?
J’esquisse un sourire, elles sont drôles toutes les deux. Parfois je suis tellement dans la guerre et le reste que j’en oublie les trucs d’ados normaux.
— Ils sont allés au salon de thé de madame Pieddodu.
— Oh ! s’exclame Lavande. J’adorerais avoir un date là-bas.
Tiens, qu’est-ce que je disais ?
*****
Le lendemain, le match est un enfer. Déjà, de rester assise à regarder, c’est clairement pas ma tasse de thé. Puis, de voir les désastres s'enchaîner devant moi. Angelina blessée par l’un de nos batteurs ou le mec dont je ne sais plus son nom qui est tombé de son balai me fait le plus pitié ?
Bref, c’est un cauchemar, Ginny sauve la mise en attrapant le Vif d’or rapidement. On peut enfin souffler et rejoindre la salle commune. Je me mets à ma montagne de devoirs, oubliant au bout d’un moment le match. Je me permets juste d’aller la féliciter, parce qu’elle joue vraiment bien honnêtement, puis je retourne à mes devoirs.
Quand je travaille, je me crée une bulle, je peux me parler seule, mais je suis dans un autre élément, transportée par la logique d’un calcul ou le déroulement d’une idée. J’ai cessé d’essayer d’utiliser ma main gauche. Je prends ma droite, mon écriture est affreuse, mais c’est plus rapide. Je dois juste penser à changer mon pansement régulièrement.
Puis je vais en retenue, Ombrage a le même sourire que pendant le match. Elle attend de voir quand je vais craquer.
Jamais.
En retournant vers la salle commune, George sort de nulle part, je sursaute, ma main sur ma baguette.
— Bon réflexe.
— Qu’est-ce que tu fais là ? Rusard pourrait te voir.
Il hausse les épaules.
— Tu voulais aller dormir ?
— Soigner ma main avant toute autre chose.
— Elle te demande toujours d’enlever ton bandage pour voir si le message est passé ?
— Non.
Du sang a coulé sur son parchemin. Ça fait tache. Alors elle me laisse tranquille maintenant.
— Ok, viens.
On monte direct dans sa chambre. Fred me salue de la main, puis retourne à son travail. W&W très certainement. Je ne les ai pas vu ouvrir un livre de cours depuis septembre peut-être.
Comme ils sont en septième année, ils ont une salle de bain privée, c’est plus pratique. J’ai hâte que ce soit notre cas. D’un coup de baguette, George appelle une bouteille de dictame. L’essence de Murlap ne peut plus rien pour ma main.
— Je dois m'entraîner à faire ça.
— Quoi ?
— Ne plus formuler mes sortilèges.
— Mmmh, c’est pratique.
Il m’explique rapidement la théorie, et pendant qu’il soigne ma main, j’essaie de faire venir à moi le savon posé à côté de l’évier.
— Merci, dis-je quand il a fini.
On part se coucher et alors que je me blottis contre lui, je sens son coeur battre fort contre sa poitrine. On est collés l’un à l’autre, nos corps sont si chauds, l’un contre l’autre… Mon coeur à moi aussi s’emballe.
— Ça va ? murmure t-il à mon oreille.
— La pleine lune.
Et c’est vrai, demain la lune m’appellera et je devine le calvaire que ça va être. C’est la deuxième depuis que j’ai fait celle avec mon père avant la rentrée. La dernière était un week-end, c’était facile d’éviter les frustrations. Ce soir, ça l’est moins.
Et George putain. J’ai l’impression que mon corps n’est qu’hormones. J’ai envie que sa main sur mon ventre descende plus bas, j’ai envie de sentir ses lèvres dans mon cou, sa peau contre la mienne…
Stop ! Emy stop !
— Assurdiato.
Il se redresse et repose sa baguette.
— Ça va pas, répète t-il.
— Non, je ne vais pas pouvoir dormir ici. Je vais aller dans ma chambre.
— Pleine lune ou autre chose ?
Autre chose, autre chose mille fois. Et je sais que lui aussi.
Comment font les autres gens ?
— Tu veux vraiment la réponse à cette question ?
Je le vois sourire dans le noir.
— Ok, souffle t-il en se laissant retomber à côté de moi. Ok, je comprends, mais je ne peux pas me résoudre à ne plus dormir avec toi. Si je reste à Poudlard, c’est pour toi.
— Comment ça ?
— Avec Fred, on trouvait que le quidditch était une bonne raison de venir pour une dernière année. Et ça nous permettait de tester des trucs pour W&W. Mais on a plus le quidditch. Et on est prêts, vraiment, plein de choses sont en place, j’ai hâte qu’on puisse trouver un local, lancer les premiers produits…
— Vous voudriez partir ? Quitter Poudlard ?
— Fred l’a évoqué, oui.
Je reste silencieuse pendant un moment. Cette année, on a passé beaucoup de temps ensemble. J’ai pris l’habitude de voir George à n’importe quelle heure de la journée. Et s’il partait ?
— Si c’est ce que vous voulez, je suis contente pour vous.
— Ah…
Il ne s’attendait pas à ça. Je me redresse sur un coude et pose ma main sur son torse.
- Évidemment qu’au fond de moi, égoïstement, je préfère que vous restez.
— J’aime mieux ça.
Je rigole, il n’en perd pas une. Je me penche pour l’embrasser, me blottissant contre lui. Ma jambe glisse entre les siennes et…
Je recule. Putain, non avec la pleine lune, ça ne va pas du tout.
Lui, il a sa main posée sur ma hanche, à la limite de l’élastique de mon pantalon. Je n’ose pas bouger, attendant de voir où il va aller. Peut-être que je suis une Gryffondor, peut-être que j’ai du courage. Mais j’ai besoin que lui le soit plus que moi.
Il retire sa main.
— Je ne ferai rien Emy.
— Jusqu’à quand ?
— J’en sais rien, grogne t-il.
— J’en ai envie.
— Et moi, je dois attendre.
— Quoi ? je répète.
Il m’attire contre lui et m’entoure de ses bras alors qu’il dépose un baiser sur mon front.
— Tu as seize ans cet été. Si tu te sens prête, on pourra commencer à faire des choses. Pas avant. Je ne veux pas que tu te presses. Je veux que tu prennes le temps qu’il faut.
— Alors cet été ? je murmure contre ses lèvres.
Comme pour dire oui, il m’embrasse doucement. Ses lèvres jouent avec les miennes, je ne sens plus mes jambes. Je voudrais ne plus m’arrêter de l’embrasser.
Je repars quelques minutes plus tard vers ma chambre pour tenter de gratter quelques heures de sommeil. Et j’ai toujours sur mes lèvres la sensation des baisers de George.
Mmmmh, c’est mal parti pour dormir.
*****
Je retiens un bâillement alors qu’Harry me sert un verre de jus d’orange.
— Petite nuit ?
— Mmmh, elle a dormi avec George, fait Hermione avec un sourire moqueur que je ne lui connaissais pas.
— Tenté, je rectifie. Mais la pleine lune est ce soir. J’ai pas fermé l'œil de la nuit. Ce matin, j’ai couru, mais je me sens toujours aussi tendue.
— D’habitude, ça fonctionne pourtant pour te calmer, fait Harry.
— Ouais, bah ça fait deux mois que je ne me suis pas transformée, j’ai l’impression que je vais imploser.
Ron sort de sa maussitude dans lequel il est plongé depuis le match.
— Tu ne t’es vraiment pas transformée ?
— Juste dans notre dortoir une ou deux fois, mais c’est pas pareil. Je suis encore plus frustrée après.
— Le loup a besoin de faire une balade, fait Hermione en surveillant l’arrivée des hiboux.
L’un d’eux se pose devant Harry.
— Qui cherches-tu ? demande t-il.
— Harry, la lettre semble être pour toi, dis-je en lui montrant l’enveloppe.
Il fronce les sourcils alors que plusieurs autres hiboux viennent à leur tour.
— Qu’est-ce qui se passe ? demande Ron stupéfait.
Et si ces lettres étaient…
Je me lève pour chercher parmi les hiboux l’un d’eux qui aurait un magazine.
— Harry, ouvre d’abord celui-ci ! s’exclame Hermione en voyant le colis.
Il déchire le papier pour dévoiler le numéro de mars du Chicaneur.
HARRY POTTER PARLE ENFIN :
LA VÉRITÉ SUR CELUI-DONT-ON- NE-DOIT-PAS-PRONONCER-LE-NOM
ET LE RÉCIT DE LA NUIT OÙ JE L’AI VU REVENIR
Je suis bouche bée par l’émotion que cela me procure. C’est vrai, c’est réel, il l’a fait. J’ai limite les larmes aux yeux quand je croise le regard d’Harry. Son sourire est profondément joyeux. Lui aussi voulait faire avancer les choses.
On commence à ouvrir des courriers de lecteurs, découvrant que le témoignage d’Harry a servi à quelque chose : plein de gens ont décidé de le croire.
— Que se passe-t-il, ici ?
Merde. Evidemment qu’elle allait venir.
— Pourquoi avez-vous reçu toutes ces lettres, Mr Potter ?
— C’est un crime, maintenant, de recevoir du courrier ? réplique Fred sèchement
— Attention, Mr Weasley, sinon je serai obligée de vous donner une retenue. Alors, Mr Potter ?
— Des gens m’ont écrit parce que j’ai donné une interview. Au sujet de ce qui s’est passé au mois de juin.
— Une interview ? Que voulez-vous dire ?
— C’est le terme « interview » que vous ne comprenez pas ? je réplique sèchement.
— Miss Lupin, encore un mot et vous aurez une retenue. Alors Mr Potter ?
— Je veux dire qu’une journaliste m’a posé des questions et que j’y ai répondu.
Il lui jette le journal qu’elle attrape au vol. Son teint devient violacé.
— Quand avez-vous fait cela ?
— Pendant la dernière sortie à Pré-au-Lard.
— Il n’y aura plus d’autres sorties à Pré-au-Lard pour vous, Mr Potter. Comment avez-vous osé... ? Comment avez-vous pu... ? J’ai pourtant essayé de vous apprendre à ne pas dire de mensonges mais, apparemment, le message n’a pas pénétré. Cinquante points de moins pour Gryffondor et une nouvelle semaine de retenue.
Je me lève hors de moi, ignorant Hermione qui a tendu la main pour me faire rasseoir. Non, désolée, ça ne va pas se passer comme ça.
— Vous continuez de dire qu’il ment alors que vous n’avez pas été sincère une seule fois depuis septembre. Vous mentez même à vous-même !
Elle se retourne vers moi, les lèvres pincées. Je ne lui laisse pas le temps de répondre.
— Comment pouvez-vous vous enfermer encore plus dans votre bêtise ? Vraiment ? Regardez autour de vous ! Aucun détraqueur à Poudlard après l’évasion de dix Mangemorts alors que celle de Sirius les avait fait venir pour un an ! Cet article, c’est la vérité, aussi sincère qu’elle soit !
Les élèves autour de nous se sont tus et nous regardent. Même les professeurs ont cessé leurs bavardages.
— Miss Lupin, je n’ai jamais cessé d’être sincère envers cette école. Votre petit comportement de rebelle est pathétique.
J’éclate de rire, c’est plus fort que moi.
— Je regarde en ce moment même à pathétique.
Elle rougit de colère.
— Chaque minute, chaque seconde de votre temps libre, vous serez avec Mr Rusard ou moi-même en retenue. Je m’en assurerai personnellement en vérifiant votre emploi du temps.
Je me retiens de répondre une remarque cinglante, j’en ai assez fait. Elle part en claquant les talons, le magazine à la main.
— Tu n’avais pas à faire ça, murmure Harry.
— Et encore, je n’ai pas commencé sur le droit à la vie privée.
— Emy…
— Harry, je ne l’ai pas fait pour toi, mais pour moi, pour nous tous. Ne me remercie pas. Je n’arrêterai pas. Non. Pas maintenant.
Hermione pousse un profond soupir avant de passer un bras autour de mes épaules.
— Grande folle, tu m’as fait peur.
— Le coup de pub a dû marcher, je réponds.
— Tu penses ?
— C’est certain.
— Ne reste plus qu’à attendre le nouveau décret alors et ce sera parfait.
Harry et Ron ont cessé de poser des questions sur nos conversations. De l’autre côté de la table, George me regarde avec un drôle de regard.
— Tu vas en DCFM ?
— Non.
Il hoche la tête et ne poursuit pas. Alors quand je laisse les autres partir en classe, il me prend la main et m’entraine vers sa chambre. D’un coup de baguette, il verrouille la porte puis il me regarde avec ce même regard dans les yeux.
— Quoi ?
— Putain Emy…
Il sourit.
— J’adore te regarder envoyer chier Ombrage.
C’est plus fort que moi, j’éclate de rire.
— Merci.
— Tu étais impressionnante.
— Mmmh.
Je m’approche doucement pour l’embrasser. Mais il ne l’entend pas de cette oreille, ses mains s’agrippent à mon uniforme et m’attirent contre lui.
- J'adore te voir quand tu es aussi libre. Tu te moques des règles, tu les fais toi-même…
Je l’embrasse sans lui laisser le temps de finir.
Quand je rejoins Hermione en arithmancie, j’ai l’impression qu’elle peut lire sur mon visage ce que j’ai fait un peu plus tôt.
— Il te dévorait du regard.
— Mmmh. Autant en profiter, dis-je en espérant ne pas trop rougir.
— Comment ça ? fait-elle en fronçant les sourcils.
— Je ne pense pas qu’ils vont tenir jusqu’à la fin de l’année.
On s’installe en classe et sortons nos manuels.
— Il faut que je commence un planning de révision, marmonne t-elle en voyant Vector nous donner dès le début du cours des tonnes de calculs à faire.
— Hermione, tu m’as écoutée ?
— Oui, oui.
— Tu n’es pas surprise ?
— Non… Honnêtement, non. Elle vous fait vivre un enfer. Harry aussi a dû avoir le même genre de pensées. Surtout avec Patmol seul. Et puis, ils en ont parlé après le match, tu étais partie voir Angelina.
J’ai du mal à me concentrer, ce jour-là. L’interdiction d’Ombrage tombe dans la matinée. Et évidemment, dès que je vais dans les toilettes, je vois que personne ne suit cet ordre.
— Emy, ce qu’il y a dans l’article, c’est vrai ? me demande une Gryffondor de la chambre d’Angelina.
Les gens ont besoin qu’on les rassure.
— Oui. Tout est vrai.
— Je ne peux plus croire les bêtises de la Gazette.
— Moi non plus.
Et le groupe de filles part. Je ne les connais pas bien, mais leur soutien m’apporte beaucoup. Hermione aussi est en train de parler avec un groupe de Serdaigle. Je les rejoins et l’une d’elle me dévisage.
— Je vous soutiens, Ombrage est une garce. C’est une plaie que tu ne puisses plus jouer, tu mérites d’entrer en équipe professionnelle après Poudlard.
— Hmmm merci.
Quand on rejoint les garçons, on est toutes les deux sur un petit nuage. Ces nouvelles réjouissent Harry. Et toute la journée, il est évident que tout le monde ne parle que de ça. Les gens ont trouvé des subterfuges pour pouvoir lire tout de même le magazine. Mais ce n’est pas suffisant. Quand on arrive à la salle commune après le repas, je rejoins les jumeaux qui travaillent sur W&W sagement dans un coin.
— Miss Lupin, que nous vaut l’honneur ? fait Fred.
George me fait un clin d'œil et je me force à reprendre le contrôle de mes pensées pour leur expliquer mon idée.
— Mais on ne va pas dormir de la nuit, répond Fred quand j’ai fini.
— Tu prends de l’âge mon vieux.
Il s’étire et regarde au loin Angelina.
— Il avait d’autres plans ce soir, traduit George.
— Oh tais-toi, j’avais rien du tout.
— C’est cela oui.
— Je vais chercher la carte, dis-je en partant vers la chambre d’Harry. Trouvez un exemplaire du magazine.
On peut frapper fort avec ce coup. Même Seamus a décidé de le croire, tout le monde peut changer d’avis.
Harry est dans son lit quand j'arrive dans leur chambre.
— Salut, désolée, Harry…
Il comprend et me suit dans le couloir.
— Je peux avoir la carte ?
— Oui, oui, tu vas faire quoi ?
— Surprise, dis-je avec un clin d'œil.
Il revient vite avec le parchemin soigneusement plié.
— C’est ce soir ?
Un instant, je ne vois pas de quoi il parle. Ah oui, la pleine lune. Ce qui peut expliquer mon état depuis ce matin.
— Ah oui.
Je suis toute agitée, aucune envie de dormir, je marche vite, mon coeur bat à toute allure… Oui, c’est la pleine lune.
Les jumeaux se lèvent en me voyant et sortent de la salle commune.
— On commence par où ?
— Le couloir de la Grande Salle, de la bibliothèque, des salles de classe les plus utilisées…
— Salles communes, complète George.
— Oh, oui ! Les Serpentard, approuve Fred.
— Ok, on y va.
On se met vite au travail, surveillant toujours la carte pour s’assurer de ne pas se faire prendre, il faut qu’on finisse le travail avant. À l’aide de sorts de reproductions très puissants, on inscrit sur les murs les phrases clés de l’article. Je me permets une petite folie pour Luna sans qui rien ne serait possible, et j’écris sur les marches de l’escalier principal « Ronflak Cornu » sur toutes les marches.
— J’adore, fait George en voyant les lettres blanches briller dans le noir.
D’un coup de baguette, je dissimule tout. Demain matin, nous irons partout dans le château pour activer les sorts. Pas avant, on ne sait pas combien de temps ils tiendront aux contres-sorts d’Ombrage.
On finit alors que la nuit est bien avancée. Nous n’avons eu à nous cacher que deux fois de Miss Teigne et Rusard, tout a marché comme sur des roulettes.
Je suis excitée comme une puce, je ne tiens pas en place, plus d’une fois, les garçons doivent me calmer un peu, sinon j’aurais très bien pu recouvrir le château d’inscriptions.
— Putain, il faut qu’on trouve une solution pour tes pleines lunes, dit Fred l’air inquiet.
— Pourquoi ?
George semble partager son avis.
— C’est génial cette idée Emy, mais tu sembles vraiment énervée. Tu te sentirais de dormir ce soir ?
— Non, impossible.
Je passe une main dans mes cheveux, je tremble. George pose sa main sur mon front.
— T’as de la fièvre, tu as froid ?
— Non, pas du tout, dis-je en tâtant mon front. Je n’avais pas remarqué.
On continue de marcher vers notre salle commune. Rusard est dans son bureau. Je pourrai sortir. Sortir et me transformer.
— Non Emy, si elle a mis un sort de détection, elle va tout de suite te repérer. Et si elle apprend que tu t’es transformée, Dumbledore ne pourra rien pour toi.
Je sais que George a raison, mais merde quoi…
— Il est quatre heures, je vais travailler mes cours.
— Je vais rester avec toi, fait George.
— Non, va dormir.
— Je ne te laisse pas seule comme ça.
— Je ne vais pas me transformer.
Les jumeaux ne sont jamais inquiets. Mais ce soir, j’arrive à m’en rendre compte malgré mon énervement. Tous les deux restent malgré mes protestations. Ils finissent par s’endormir sur le canapé pendant que je fais les cent pas, attendant six heures pour pouvoir courir. Je range même la salle commune. Je suis incapable de me concentrer sur mes devoirs.
L’exercice physique me fait du bien, la douche froide aussi, mais ce n’est pas assez. Je me sens à fleur de peau, comme au début de mes transformations. La Bête est là, je le sens. Ça fait si longtemps que je n’ai pas eu à la gérer.
Les jumeaux se réveillent pour m’aider à faire le tour du château. Le résultat est magnifique. On est vraiment contents de nous quand on s’assoit pour manger. Je remplis mon assiette de tout ce qui passe. Je meurs de faim.
Harry, Ron et Hermione nous rejoignent avec un air ébahi.
— Vous avez fait ça pendant la nuit ?
On répond tous avec un sourire. Pas besoin d’en dire plus.
— Ahlala, rigole Harry. Je comprends mieux pour la carte.
— Ça va Emy ? fait toutefois Hermione.
— Oui, oui.
Ginny arrive elle aussi, morte de rire, accompagnée de Luna.
— J’adore, dit-elle.
— Tout le plaisir était pour moi, je réponds.
— C’est génial, approuve Ginny. J’ai hâte de voir la tête du crapaud. Vous avez dormi au moins ?
— Un peu, fait Fred en retenant un bâillement. Mais Emy, non.
Je me sers une deuxième assiette. Même Ron fronce les sourcils.
— Ça ne s’est pas amélioré ton état, remarque Hermione.
— Elle veut faire de toi une bombe à retardement, lâche George.
Je m’arrête de manger pour les regarder.
— Oui, je sais, j’en ai conscience. C’est comme si on était deux dans ma tête. La Emy folle et la Emy raisonnable. Je dois écrire à mon père. On n’est qu’en février, je ne vais pas tenir.
— T’en a conscience, c’est bien, dit Harry. Et on va t’aider. La Salle sur Demande peut être une solution pour les nuits de pleine lune.
— Mrs Pomfresh a peut-être une potion pour te calmer, fait remarquer Ginny.
— Bonne idée, approuve Hermione.
Cette conversation à cœur ouvert me fait du bien, j’arrive à reprendre un peu de contrôle, mais ce n’est pas évident.
Toute la journée, on voit Ombrage furieuse qui tente de faire disparaître les textes du mur. Elle n’a aucune preuve pour nous accuser. Et aucun professeur ne l’aide, cela ne revient pas de leurs matières d’enseignement. Flitwick est obligé de tenter quelque chose toutefois. Sans succès, mais je sais qu’il aurait pu faire disparaître les mots s’il le voulait. C’est sa manière de nous soutenir et ça me réchauffe le coeur. Je ne peux pas le citer dans ma lettre à mon père, par contre, je lui parle de cette nuit dans la forêt et à quel point ce moment me manque, j’espère qu’il comprendra.
Le lendemain, je reprends vite les pieds sur terre quand Harry nous raconte son souvenir en tant que Voldemort qui châtie un Mangemort. Il a eu un nouvel épisode, l’occlumencie ne fait rien, j’ai l’impression.
— Alors, c’est pour ça qu’ils l’ont tué, dit Hermione. Quand Moroz a essayé de voler cette arme, quelque chose d’étrange lui est arrivé. Je pense qu’elle doit être protégée par des sortilèges de défense pour empêcher les gens d’y toucher. C’est pour ça qu’il a fini à Ste Mangouste, son cerveau a complètement déraillé et il ne pouvait plus parler. Mais vous vous souvenez de ce que nous a dit la guérisseuse ? Il allait mieux. Et ils ne pouvaient pas prendre le risque qu’il guérisse, bien sûr. Le choc qu’il a subi quand il a touché l’arme a probablement annihilé les effets de l’Imperium. En retrouvant l’usage de la parole, il aurait expliqué ce qu’il avait fait. On aurait su alors que quelqu’un l’avait envoyé voler l’arme. Bien sûr, il était facile à Lucius Malefoy de lui jeter le sortilège. Il est toujours fourré au ministère, non ?
— Il y traînait même le jour où je suis passé au tribunal, dit Harry. Dans le... hé, mais attendez... Il se trouvait dans le couloir du Département des mystères, ce jour-là ! Ton père a dit qu’il était sans doute descendu voir ce qui s’était passé pendant mon audience. Mais s’il...
— Sturgis, je lâche.
— Pardon ? s’étonne Ron.
— Sturgis Podmore, reprend Hermione, arrêté pour avoir essayé de forcer une porte ! Lucius Malefoy a dû l’y obliger, lui aussi ! Je parie qu’il l’a fait le jour même où tu l’as vu là- bas, Harry. Sturgis avait emporté la cape d’invisibilité de Maugrey, vous vous souvenez ? Imaginons qu’il ait monté une garde invisible devant la porte et que Malefoy l’ait entendu bouger, ou ait deviné sa présence, ou même qu’il ait jeté le sortilège de l’Imperium à tout hasard en pensant qu’il y avait peut-être quelqu’un en faction ? À la première occasion – sans doute au moment où c’était à nouveau son tour de monter la garde –, Sturgis, sous l’emprise du maléfice, a essayé de pénétrer dans le Département des mystères et d’y voler l’arme pour Voldemort – Ron, tais-toi – mais il s’est fait prendre et on l’a envoyé à Azkaban...
— Et maintenant, je reprends, c’est Rookwood qui a indiqué à Voldemort comment voler l’arme ?
— Je n’ai pas entendu toute la conversation, mais c’est ce qui semblait en ressortir, répond Harry. Rookwood travaillait là, avant... Peut-être que Voldemort l’a envoyé le faire lui-même ?
— Oui, c’est ça, j’approuve. C’est super précieux ces informations.
Hermione n’est pas d’accord.
— Mais en fait, tu n’aurais pas dû voir ça, Harry.
— Quoi ?
— Tu es censé apprendre comment fermer ton esprit à ce genre de choses.
— Je sais, mais...
— Je crois que nous devrions essayer d’oublier ce que tu as vu. Et il faudrait que tu fasses un peu plus d’efforts dans tes cours d’occlumancie, à partir de maintenant.
Je ne suis pas d’accord, le soir, quand on en parle, elle est tout aussi catégorique.
— Il fait des efforts.
— Tu sais aussi bien que moi qu’il ne fait pas autant d’efforts qu’il devrait.
— Il est en cours avec Rogue, bien sûr que ce n’est pas facile.
— Je ne dis pas le contraire, mais il n’arrête pas d’avoir ces visions, c’est même pire et je ne vois aucun progrès.
— Comment peut-il faire le vide dans sa tête en ce moment ?
— Emy, tu penses comme lui, vous êtes pareil, tous les deux très passionnés. Mais il doit se raisonner, Dumbledore lui fait confiance.
Je sais qu’Harry et moi sommes pareils. Gryffondor, notre passé ou notre signe astrologique, j’en sais rien, c’est sûr qu’Hermione est très différente de nous. Bien plus sage et raisonnée. Mais ce soir, j’ai dû mal à l’entendre.
— L’information qu’il a récoltée aujourd’hui était très précieuse, je reprends. On devrait la partager.
— Comment ?
Je n’ai pas de réponse à cette question malheureusement.