Derniers jours de la condamnée. Voilà comment je me sens récemment.
Les préparatifs avancent, le plan pour sortir Harry se concrétise, et puis je jongle entre chez mon père et Dora, chez les jumeaux et le Terrier. Je suis fatiguée, mais je me dis que le travail le plus dur commence maintenant, qu’il faut que je m’accroche, parce que ça va durer.
Quand je me réveille le matin, souvent un grand abattement s’empare de moi. Je suis allongée dans mon lit à me demander comment ma vie a pu en arriver là. Comment je me suis retrouvée à préparer un truc que je ne comprends même pas.
J’essaie aussi de profiter de tout, de tout savourer, de tout garder en stock. Je vois George autant que je peux. Dès que nous sommes ensemble, on ne se quitte pas, nos mains sont liées, on est collés, on ne veut pas être éloignés l’un de l’autre.
La pleine lune est aussi l’occasion d’être avec mon père. Plus d’une fois, j’ai à nouveau senti son regard sur moi. J’ai maintenant deviné ce que c’était : de l’inquiétude. Comme toutes les personnes qui m’entourent maintenant, il est inquiet, stressé, et c’est normal, il ne sait pas où on va.
Entre tout ça, on arrive à avoir des moments juste tous les deux, il en a besoin, et honnêtement, moi aussi. C’est comme ça, qu’il me confie que la vie avec Dora ça lui donne beaucoup de bonheur si bien que…
— J’aimerais lui offrir plus, lui montrer que je crois en nous, me confie t-il alors que nous sommes au milieu d’une partie d’échecs.
Comme tous ces derniers jours nos fenêtres sont grandes ouvertes, leur nouvel appartement est frais, c’est plus vivable que chez les jumeaux par exemple. Il y a des arbres dans la rue, c’est vraiment le petit quartier des petites familles tranquilles.
Dora est au travail, alors j’attends une nouvelle qui ne me surprend pas vraiment.
— J’aimerais la demander en mariage.
J’avance mon cavalier, deux en avant, un à droite, et je menace sa dame. J’ai assuré avec mon fou, c’est sûr qu’au prochain tour, je lui prends sa dame. Il regarde le jeu, réagis comme je l’avais pensé, donc je prends sa dame.
— Échec.
— Mat, non ?
— Non, techniquement, tu peux bouger ton pion, mais je le mange au prochain tour avec mon cavalier, donc c’est mat dans un tour.
Il sourit.
— Ron et toi avez beaucoup joué à ce que je vois. J’ai rien vu venir.
— Disons que tu étais plutôt occupé à trouver un moyen de me dire que tu voulais épouser Dora.
Nouveau sourire.
— Et ta réponse ?
Une joie immense.
— Je suis heureuse pour toi papa, dis-je simplement.
C’est bien de continuer à vivre. C’est bien d’aimer, de ne pas se donner de limites, de faire ces choses folles qu’offre la vie et qui nous font sentir vivant. La nature humaine est bien faite, on se relève des coups durs. En tout cas, moi j’y crois.
Dora accepta.
Alors une semaine après, ils se sont mariés en petit comité, dans le village proche de chez les parents de Dora, la cérémonie était simple. J’ai eu l’immense honneur d’être la témoin de mon père tandis que Mina, était celle de Dora. C’est une auror elle aussi.
Je comprends leur besoin de faire les choses simplement et rapidement. L’un comme l’autre, ils n’aiment pas forcément les projecteurs, ils sont tout à leur bonheur et passent tous les jours sur le front. Drôle de parallèle avec le mariage de Bill et Fleur. Deux façons de faire, pas forcément une meilleure qu’une autre, ça montre juste encore une fois à quel point les gens veulent vivre.
Oui, je me répète. Mais je crois que je peux me le permettre, je n’ai pas encore dix-sept ans, que je mets déjà mes affaires en ordre et me prépare à une potentielle mort. J’ai fait mon testament, je m’apprête à quitter les gens que j’aime, j’ai le droit de vouloir vivre putain.
Voudrais-je me marier ? Voilà une question que je me posais pendant la cérémonie. Je ne vais pas mentir, une belle robe, ça me fait rêver, mais… Tout le côté princesse, beaucoup moins. George voudrait-il se marier ? J’ai une vision fugace de lui, entouré de marmots roux et je me rends compte que c’est la première fois que je nous imagine au-delà de Poudlard. Quelle serait notre vie ? Que voudrais-je faire si j’en avais la possibilité ?
C’est un jeu dangereux de jouer au si, ça me prend parfois, paf, d’un coup et je pars loin, loin, sûrement trop loin. Mais aujourd’hui est un jour heureux, je veux me le permettre.
Mon père a les yeux qui pétillent de joie, Dora est rayonnante, ils se tiennent la main comme s’ils ne voulaient plus se lâcher. Impossible de ne pas sourire en les voyant. L’émotion monte d’un coup quand ils deviennent officiellement mari et femme, je papillonne un peu, inspire profondément et chasse les larmes d’émotions.
Andromeda et Ted semblent heureux eux aussi. Je n’ai pas eu le temps de les revoir depuis le début de l’été. C’est vrai qu’il y a une différence d’âge, que Dora est la petite cousine de maman. Concernant Andromeda qui l’a bien connue, est-ce que ça la dérange ? Je scrute son visage à la recherche d’une quelconque émotion autre que la joie, mais je ne vois rien. C’est vrai que c’est une Black d’origine, si elle ne veut rien laisser transparaître, elle ne fera rien.
J’ai maintenant une pensée pour ma mère. Petite, en France, je n’ai pas eu ce souvenir d’avoir tellement pensé à elle comme Lyra Black. C’était ma mère, point. Les autres avaient une mère, moi non, et ça me manquait. J’ai un vieux souvenir d’activités d’école primaire où on devait faire un cadeau pour « nos mamans ». Je les offrais à oncle Jo.
Puis, quand j’étais enfermée au Square Grimmaurd, je me raccrochais à elle, l’image que je m’en faisais, comme pour ne pas être seule. Si j’avais parlé au psy qui me suivait par la suite, nul doute qu’il aurait décelé cette pratique comme révélatrice d’un trouble et d’une instabilité mentale. Il m’arrivait de parler à ma mère, d’avoir l’impression qu’elle était là. Ce n’était pas moi qui cherchait à me convaincre, non, j’ai encore ce souvenir de l’avoir encore près de moi.
Depuis que je suis avec Harry à nouveau, avec la guerre et tout ce que j’ai appris à propos d’elle, je la vois plus comme un être humain à part entière. C’est sûr qu’elle reste mon modèle, mais elle avait des parts d’ombre, je ne saurais jamais tout d’elle, de son histoire. Comment une sorcière aristocratique a fini par avoir un enfant avec un loup-garou…
J’aime l’imaginer heureuse pour mon père. Heureuse qu’il se soit reconstruit. Heureuse qu’il aime à nouveau. Peut-être est-ce un peu utopique. Mais un peu d’optimisme n’a jamais fait de mal à personne.
*****
— Tu souris.
— Effectivement, quand les coins de mes lèvres remontent comme ça, ça s’appelle sourire.
George me fait un léger coup d’épaule en rigolant.
— Tu ne souris pas sans raison d’habitude.
— Je fais souvent la tronche ?
J’ai dit ça sur le ton de la rigolade, mais son air sérieux alors qu’il se redresse dans le canapé m’indique que nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde.
— En vrai, et ne le prend pas mal, mais tu te rappelles quand tu m’avais demandé si tu étais hautaine ?
Oui, oui. Et je me rappelle que la réponse était oui.
— Bah, naturellement tu ne souris pas, ce qui est assez génial d’ailleurs. Car quand tu souris, c’est vraiment magnifique et je sais que je fais partie des rares élus.
On en apprend tous les jours.
— La plupart du temps, tu ne tires pas la tronche, mais tu ne souris pas pour autant.
— Je rigole quand même.
Je suis bon public je pense.
— Oui, oui, dit-il me volant un baiser, tu rigoles, mais tu ne souris pas pour rien.
Je grimpe à califourchon sur lui, dépose un baiser dans le creux de son cou et murmure :
— Avec toi je souris ?
— Souvent oui, dit-il en m’embrassant doucement alors que ses mains glissent sous mon t-shirt.
Je les sens sur mes côtes, il les remonte doucement, je voudrais qu’il aille plus vite, que nos vêtements volent déjà au loin.
— Continue comme ça, et tu vas me voir sourire…
Il s’esclaffe avant que je pose mes lèvres sur les siennes. On s’embrasse, nos corps sont collés l’un à l’autre, on oublie de respirer, si bien que nous sommes obligés de reculer pour inspirer un grand bol d’air. Ça nous fait rire et c’est à ce moment-là que la porte de l’appartement s’ouvre sur Fred et Angie. Je glisse immédiatement à côté de George et passe une main dans mes cheveux pour remettre un peu d’ordre.
— On arrive au bon moment, s’amuse Fred.
— Shut up, je réponds en le faisant rire.
— J’adore quand elle me dispute en français.
— Je devrais peut-être m’y mettre alors, fait Angelina.
Nous savons toutes les deux que les jumeaux sont des électrons libres. Fred encore plus que George d’ailleurs. Alors qu’ils partent dans la cuisine pour ramener des boissons fraîches pour cette soirée encore étouffante, je me lève pour saluer Angelina.
— Ça fait un siècle qu’on ne s’est pas vues j’ai l’impression, me dit-elle en me serrant dans ses bras. J’ai appris que Gryffondor avait gagné la coupe cette année.
On part sur le canapé pour que je lui explique les péripéties de cette année. Harry coach, les différents membres de l’équipe, Alicia qui a dû partir un instant, puis Ron, et puis comment j’ai dû prendre le relais en fin d’année à cause des retenues d’Harry.
— En parlant d’Harry, dit-elle avec un sourire. J’ai appris que lui et Ginny étaient ensemble… Qui l’eut cru ?
Les jumeaux se rassoient, soudain très intéressés.
— Balance les infos Emy, me dit Fred.
C’est vrai qu’avec la mort de Dumbledore, on ne s’est pas trop permis d’aborder les sujets plus légers.
— Tu as demandé à Ginny ?
— Oui, elle m’a dit que ce n’était pas nos affaires et qu’on devait aller voir ailleurs si elle y était, répond George.
— Ouais, plus ou moins ça, plus ou moins élégamment.
Je souris, c’est du Ginny tout craché.
— Et bien, ce que je peux dire c’est qu’après la victoire, quand Harry est arrivé dans la salle commune, on a été nombreux à venir le voir pour lui annoncer la bonne nouvelle, et elle en faisait partie. Qui a embrassé qui en premier ? Aucune idée. Ils sont tout de suite partis après ça.
— Ça alors, fait George. Après tout ce temps, les voilà ensemble.
Oui, manque plus que deux autres personnes dont je ne citerais pas le nom…
— Tout ce temps ? relève Angelina.
— Ginny était amoureuse d’Harry depuis qu’on l’avait croisé lors de la première année de Ron, explique Fred.
Je joue avec l’étiquette de ma Bièraubeurre, je me permets juste de leur donner les informations officielles que tout le monde aurait pu leur répéter. Enfin à une exception près.
— Ils ont rompu, je murmure doucement. Après l’enterrement de Dumbledore, Harry a rompu.
— Pourquoi ? demande George.
Je relève la tête et ose affronter son regard.
— Parce que c’est une cible, parce qu’on ne sait pas quand on va revenir, parce qu’elle ne méritait pas de l’attendre et de subir ses choix.
— C’est injuste…
Fred et Angelina ne disent rien. Ils ont compris que ça allait au-delà de la simple discussion sur le couple que forment Harry et Ginny.
— Et tu y penses toi aussi ?
— Tous les jours.
Je ne pensais pas que cette conversation allait nous mener là. Je cherche une échappatoire, un moyen de parler d’autre chose, mais rien ne me vient. Je prends ma Bièraubeurre et bois une gorgée.
— Il a fait ce qu’il avait à faire. On en a parlé, tu sais que tu es libre d’arrêter quand tu le souhaites, je ne reviendrais pas sur notre décision.
Je te le promets disent mes yeux.
Je te crois disent les siens.
*****
Plus les jours passent, plus j’ai l’impression qu’un satané lutin a changé le cours du temps pour accélérer les minutes. Je me lève, j’inspire un coup et c’est déjà l’heure de se coucher.
Préparatifs du départ, moments volés avec George, j’ai de la chance que mon père et Dora soient sur leur petit nuage, ils ne m’en voudront pas de ne pas passer tout mon temps libre avec eux.
Avec Hermione, on a continué à deux les préparatifs, Mrs Weasley retrouvait toujours Ron et ça devenait impossible à gérer. On a une tente, ça c’est vraiment pratique, j’ai pris des livres sur les plantes comestibles et sur la chasse. Je ne sais pas si je vais m’en servir, techniquement sous forme de loup, je suis une vraie machine à tuer. Mais… Ce serait franchir une ligne, je ne sais pas si je suis prête à ça.
On a aussi prévu de prendre des vêtements de rechange. Ensuite on a fait quelques potions,on en a acheté d’autres notamment pour moi lors des pleines lunes. J’ai aucune idée de comment on va s’organiser pour ça. Et sinon on a fini. Je pensais qu’une fois que ce serait fait, je serais contente, mais en fait, je suis un peu perturbée. Je refais toute la liste encore et encore, il y a forcément quelque chose qu’on a oublié.
Hermione est dans le même état que moi.
— En vrai, on a encore une semaine avant d’aller chercher Harry. On… On devrait en profiter.
L’une comme l’autre, on aimait bien s’occuper de ça. Justement, ça nous occupait et évitait de nous faire trop réfléchir.
— Ok alors on fait quoi ? je dis, peu convaincue.
— Allons voir Ginny.
— Bonne idée. Tu la trouves comment depuis la rupture ?
Je récupère les dernières choses qui trainent pour les mettre dans mon sac. On en a deux, un à perles d’Hermione, et celui de ma mère. Hermione a réalisé à merveille un sort d’extension indétectable.
— Elle ne m’en a pas parlé.
— Moi non plus.
— Et elle est forte pour cacher ses émotions. Je pense que ça la travaille tout de même.
Totalement d’accord. En conclusion, on va la surveiller, passer du temps avec elle, et la distraire un peu.
Ce n’est qu’au milieu de l’après-midi qu’on peut se poser. Mrs Weasley avait besoin d’aide pour la préparation du mariage. Les jumeaux sont venus pour le déjeuner, et finalement pour l’après-midi, on est lundi, la boutique est fermée.
On commence par aller se baigner, il fait tellement chaud, et lourd qu' on attend un orage depuis des semaines. On fait des batailles avec les filles sur les épaules des garçons, j’arrive à faire tomber Ron et Hermione, mais Ginny et Fred sont des adversaires redoutables. George et Fred se connaissent trop, ils savent à l’avance ce qu’ils vont faire.
On rigole beaucoup puis on se pose dans le salon avec plein de perles et de fils colorés. Ginny aime toujours autant bidouiller des bracelets et colliers. Il y a même des petites figurines qui me rappellent fortement Luna.
— Oui, c’est elle qui me les a faites.
C’est assez amusant de voir des artichauts miniatures, mais je ne vais pas pour autant en faire un pendentif. C’est pas trop mon truc. Je me fais tout comme Hermione un collier à fines perles multicolores qui est assez petit, il sera près de mon cou. Même les jumeaux s’y mettent (ce n’est un secret pour personne que Ron fait de super bracelets brésiliens), on écoute en même temps le dernier morceau des Bizarr Sister.
C’est bien la vie.
*****
On est jeudi. Une semaine s’est passée. Dans quelques jours, c’est mon anniversaire, je vais avoir dix-sept ans. Ça me fait bizarre que j’arrive à cet âge fatidique. Je pensais que j’allais me sentir soudain plus adulte. Mais la réalité est tout autre, aucun petit bonhomme ne va venir toquer à ma porte et me donner les clefs pour être un adulte.
On est vendredi, je joue aux échecs avec mon père après avoir passé l’après-midi à le faire avec Ron. J’ai plein de jeux en tête, je connais les coups à l’avance. Dora nous regarde un instant, ça met la pression à mon père parce qu’il enchaîne les étourderies.
— Je sais, dit-il en voyant mon sourire. Je sais, échec et mat.
Il soupire tandis que je savoure ma victoire.
— Tu ne peux pas revenir à tes cinq ans quand tu apprenais encore les règles ?
— Et où mon objectif était de faire traverser le plateau avec mes pions ? Non.
Il râle un peu pour la forme, ça fait rire Dora qui passe ses bras autour de ses épaules.
— Je ne te savais pas mauvais joueur, dit-elle en déposant un baiser sur sa joue.
— Je ne suis pas mauvais joueur. Je n’aime juste pas perdre tout le temps à toutes les parties.
Ils sont mignons tous les deux. Je détourne le regard par pudeur et installe un nouveau plateau. Dora repart vers la cuisine, mon père commence à jouer puisqu’il a les blancs et l’instant passe.
Je m’y fais, à mon rythme, je sais qu’ils sont mariés. Ça ne veut pas dire que je suis habituée à les voir ensemble.
Samedi. Il pleut. Je travaille chez les jumeaux. J'enchaîne les calculs rapidement, ça m’évite de trop penser au plan que nous avons pour faire sortir Harry. Je sens le stress qui commence à monter, mais j’arrive à m’endormir facilement aux côtés de George. Les endorphines, ça aide.
Dimanche je suis à la réunion de crise pour le mariage. Fleur est stressée et court partout en se parlant à elle-même en français.
— Que dit-elle ? me demande Ron.
— C’est partagé entre des gros mots et des détails de mariage.
— The flowers can’t be delivered the day before. They must be fresh !
— Ça c’était une insulte ! affirme Ron.
Je me tourne vers Ginny et Hermione qui sont affalées comme nous dans le canapé.
— Alors ? Vous pensez aussi que ce sont des insultes ?
— Je vote pour « pas une insulte », dit Hermione.
— Évidemment, dit Ron.
— Comment ça évidemment ?
— Tu dis l’inverse de moi, comme c’est bizarre.
— C’est peut-être parce que tu as tort.
Ginny me fait de gros yeux. Oui, c’était une mauvaise idée ce vote. Mais ces derniers temps nous sommes tellement stressés qu'un rien les fait se disputer.
— Ok, ok, dis-je, coupant court au reste de la diatribe de Ron. On a compris. Vous voulez faire de nouveaux bracelets ?
— Non, je veux la réponse, reprend Hermione. Ginny tu en penses quoi ? Insulte ou pas insulte ?
— Heu… Pas insulte ?
Ils se tournent tous vers moi maintenant.
— C’était une histoire de fleur, je marmonne. Pas une insulte.
Ron se renfrogne parce que tu peux lire sur le visage d’Hermione qu’elle est consciente d’avoir raison et qu’elle va bien lui rappeler.
Bref, rien n’a changé entre eux.
Lundi matin on fait notre séance de sport avec Ron et Ginny. Mon corps a entièrement récupéré, j’en profite pour le fortifier, étirer mon genou, enchaîner des exercices de cardio… Je maintiens le loup calme.
Pour le moment.
Mardi soir, je vais au cinéma avec mon père, on va voir Speed, un film d’action moldu avec cet acteur américain dont tout le monde se pâme. Ça nous change les idées, pendant un moment je suis juste une fille avec son père qui regarde un film. Et en plus le pop corn était excellent. J’avais les doigts qui collent après.
Mercredi matin, mon père m’emmène dans les bois. Je me transforme et pars courir comme une dératée. Il s’assure que personne ne vient, mais heureusement c’est vide. J’avais besoin d’être sûre que je sois suffisamment calme pour ne pas avoir le loup qui prenne le dessus.
Le midi, je n’ai pas très faim. Je pense à ce que je dois faire, je serai avec Maugrey, tout ira bien, c’est un auror expérimenté. Mais on ne sait jamais avec les plans.
— Ça va ? me demande Dora.
— Oui, oui…
Je songe au plan, à ce qu’on doit faire…
— C’est toujours risqué les plans. Aucun de nos plans n’a jamais fonctionné comme il faut. On a toujours dû improviser.
— Oui, ça fait partie du job.
— Au bureau, tu as souvent des imprévus qui vous fait tout modifier ?
— Tout le temps, me confirme t-elle. On est entraînés, on sait que ça arrive, on sait réagir.
— Raconte, je demande.
Ses histoires de travail sont toujours fascinantes.
— Vous êtes sûres que vous voulez parler de ça maintenant ? dit mon père, le nez penché sur ses carnets de notes de loups-garous.
Dora sourit, c’est son sourire de femme amoureuse. Mon père a un peu le même. C’est mignon.
Nous sommes tous chez les Weasley dans l’après-midi pour une sorte de goûter/repas d’avant combat. Tout le monde tourne en rond, même Mrs Weasley nous laisse tranquille avec les préparatifs du mariage. Je repense à l’histoire que m’a racontée Dora. Puis je repense à tous les plans qu’on a pu imaginer avec Harry, Ron et Hermione. On a toujours eu des imprévus. Elle a raison, il faut juste apprendre à les gérer.
Une fois que j’ai réalisé ça, je me sens soulagée. Ça m’enlève le poids de l’imprévu puisque je sais qu’il va y en avoir un. Il faut juste réagir et assurer l’objectif. Une demi-heure avant le départ, Maugrey repasse en revue le plan. Nous le connaissons tous par cœur. Tout comme les instructions qu’il donne ensuite.
— Si une personne tombe en chemin, nous ne nous arrêtons pas pour la sauver. C’est trop risqué, s’ils attrapent deux de nous, ils ont le moyen de nous faire parler.
Torturer l’un pendant que l’autre regarde. Pas besoin de le dire, on l’imagine tous très bien. Et il a raison, je pense que je parlerais si l’une de ces personnes était torturée en face de moi.
— Si l’un de vous a un doute, maintenant est le dernier moment pour faire machine arrière.
Personne ne parle ou ne bouge. Nous sommes sûrs.
— J’aimerais venir, me murmure Ginny.
Elle a passé les derniers jours à le répéter. Ça n’a pas changé la décision de ses parents.
— Je suis désolée.
— Il t’avait prévenue qu’il allait rompre ?
La conversation que j’évitais depuis le début de l’été est maintenant arrivée. Au pire moment bien sûr. Au même moment, Maugrey s’assure que tous les moyens de transport sont fonctionnels.
— Il m’avait demandé ce que je comptais faire.
— Et tu as dit ?
— Que ça dépendrait de George.
Elle s’esclaffe.
— Je devrais être plus comme les jumeaux, moins à me préoccuper des règles. Harry aurait sûrement pensé la même chose que toi avec George.
— Je ne pense pas, je réponds doucement.
Elle pose ses yeux noisette sur moi, me défiant de ne pas dire toute la vérité.
- Harry est la clé de tout ça… dis-je doucement. Moi, je ne suis qu’un pion. Tu risqueras toujours plus d’être une cible que George, rupture ou pas rupture.
Elle regarde autour d’elle les gens qui se préparent. Ma réponse ne lui plait pas.
— Et aussi, je dois dire que si je suis honnête, ce qu’à fait Harry, j’aurais dû le faire. Mais je n’en ai pas eu le courage. Il a bien plus de mérite que moi.
Je doute que ces détails la réconfortent beaucoup. Elle savait déjà qu’Harry était une tête brulée bien têtue. L’atmosphère est lourde, Mrs Weasley serre dans ses bras chacun de ses enfants.
— Merci Emy.
Je la plains, ça ne doit vraiment pas être facile d’être mise de côté et d’attendre que nous rentrions avec la peur au ventre.
— Bonne chance.
— Merci Ginny.
Je récupère mon balai posé contre la maison et m’avance avec les autres vers la barrière de sécurité. Mais Mrs Weasley me rattrape.
— Tu ne pensais pas partir comme ça, viens-là, dit-elle en me ramenant contre elle.
Comme à chacune de ses démonstrations affectives, je suis un peu mal à l’aise.
— Bon courage ma grande, tu vas y arriver, je le sais.
Ça me touche, surtout quand je sais qu’elle n’était pas d’accord avec la décision de mon père de me laisser partir.
— À tout à l’heure Mrs Weasley.
— À tout à l’heure Emilynn.
Je prends mon balai, attend le départ, et m’envole.
*****
J’ai pris le sac de ma mère. Juste au cas où. J’ai aussi mes nouvelles DrMartens, enfilé un sweat noir qu’on s’est amusées à broder avec Ginny, et un jean noir. La tenue doit être discrète. Et confortable. Juste au cas où.
La pelouse des Dursley est toujours aussi parfaite. Je m’avance la première vers la maison, la porte s’ouvre sur Harry qui me fait un sourire.
— Salut, c’est bien ici le gala de charité pour les pelouses abandonnées ?
— Merci d’être venue, prenez un arrosoir en entrant.
On rigole ce qui agace Maugrey qui a rejoint la porte. Il n’aime pas toutes formes de déconcentration.
— Changement de programme.
— Ça va, Harry ? dit Hagrid. Prêt à prendre le large ?
— Sans aucun doute. Mais je ne m’attendais pas à ce que vous soyez si nombreux.
Hermione le serre dans ses bras et Ron lui fait une grande tape virile dans le dos. On est de nouveau réunis.
— Tout le monde à l’intérieur, grogne Maugrey.
Nous nous exécutons. La tresse que j’ai faite à Hermione a tenu pendant le voyage, c’est celle que je me fais avant chaque match, un mélange de tresses et de queue de cheval. Avec ça, je peux tenir un match sans avoir trop de cheveux dans les yeux.
La porte du placard sous l’escalier est entrouverte, en passant, je la referme pour de bon. Harry est joyeux dans la cuisine, il a appris le mariage de Dora et de mon père. Je sais comment ça fonctionne, un instant, le passé ressurgit, un autre, on se sent heureux.
— Ça va, ça va, on aura du temps plus tard pour les derniers potins !
Je me presse d’entrer à mon tour. Maugrey explique les plans qu’on a eu, puis les changements qu’on a dus faire suite au changement de bord de Pius Thicknesse. J’attends le moment où Harry va protester en comprenant que nous risquons tous notre vie pour lui. On n’a même pas eu besoin de parier avec Ron et Hermione, on sait qu’il va le faire. On est au moment où Maugrey sort le polynectar.
— Non ! Pas question !
— Je les avais prévenus que tu réagirais comme ça, dit Hermione.
On se tape dans la main.
— Si vous croyez que je vais laisser six personnes risquer leur vie…
— Comme si c’était une nouveauté pour nous, réplique Ron.
— Prendre mon apparence, c’est très différent...
Honnêtement, je détesterai que d’autres personnes se retrouvent avec mon corps.
— Oh, tu sais, Harry, personne ici n’en a très envie. Imagine que quelque chose se passe mal et que nous soyons tous condamnés à rester à jamais des petits imbéciles binoclards et maigrichons.
La blague de Fred me fait sourire, mais pas Harry.
— Vous ne pourrez pas y arriver si je ne coopère pas. Il faudrait que je vous donne des cheveux.
— En effet, voilà qui démolit complètement notre plan, dit George. Il est bien évident qu’il nous sera impossible de te prendre des cheveux si tu ne coopères pas.
— Ah oui, à treize contre un, et en plus quelqu’un qui n’a pas le droit d’utiliser la magie, nous n’avons aucune chance, remarque Fred.
— Très drôle, réplique Harry. Vraiment très amusant.
— S'il faut recourir à la force, nous le ferons, grogne Maugrey.
Il a ce don pour faire stopper n’importe quel débat.
— Tout le monde ici est un sorcier à part entière, Potter, et nous sommes tous prêts à prendre le risque.
Harry se tourne vers moi, mais Maugrey reprend avant.
— Et Emilynn aura dix-sept ans comme toi, demain, elle a demandé à venir, Remus a accepté considérant qu’un jour de plus ou de moins ne changera pas grand chose. Et il a raison, la petite sait se battre même si je me rappelle comme si c’était hier de la fois où elle tenait dans le creux de la main. Elle sera avec moi, elle ne risque rien.
— Tu allais me balancer… je chuchote à Harry.
— Je suis prêt à tout pour ne pas que vous…
— Ça va aller Harry.
— Arrêtons de discuter, coupe Maugrey. Le temps passe. Il me faut quelques-uns de tes cheveux, mon garçon, et tout de suite.
Après discussion, Harry finit par mettre des cheveux dans la potion qui prend une apparence dorée, claire et brillante.
— Oh, Harry, tu as l’air d’avoir bien meilleur goût que Crabbe et Goyle, dit Hermione.
— Je me disais exactement la même chose, dis-je en rigolant.
Pas grand monde autour de nous comprend de quoi on parle. George me fait un signe de tête pour que j’explique.
— La potion de Goyle ressemblait à de la morve.
Il grimace.
— Ça ne m’étonne pas.
— Bon, alors, les faux Potter en file indienne, s’il vous plaît, dit Maugrey.
Ils s’avancent tous, George y compris. On s’est déjà fait un baiser d'au-revoir avant de venir, même ce n’en est pas un. Juste avant de vraiment s’installer en ligne, il fait un bon vers moi, me vole un léger baiser et revient devant Maugrey qui ronchonne.
— Je n’allais plus pouvoir l’embrasser sous la forme d’Harry, explique t-il.
— S'il te plaît non, confirme Harry.
Ce serait tellement bizarre.
— Il en manque un, remarque mon père.
C’est vrai, il y a Ron, Hermione, les jumeaux et Fleur.
— Ici, lance Hagrid.
Mondingus ne cache pas son envie d’être ailleurs. On a tous envie d’en finir vite, traîner des pieds ne va pas rendre la tâche plus facile.
— J’vouzavédit que j’aurais préféré être garde du corps…
— Ferme-la, grogne Maugrey. Comme je te l’ai déjà expliqué, misérable petit mollusque, si nous tombons sur des Mangemorts, ils chercheront à capturer Potter, pas à le tuer. Dumbledore a toujours répété que Tu-Sais-Qui voulait en finir lui-même avec Potter. Ce sont les gardes du corps qui ont le plus à s’inquiéter, les Mangemorts essaieront sûrement de les tuer.
J’échange un regard avec mon père. Je lui suis reconnaissante de me faire confiance, je n’aurais pas supporté d’être mise de côté. Ça se voit qu’il est inquiet, mais il parvient à me faire un petit sourire qui me met du baume au cœur. Il risque plus sa vie que moi, mais on va se revoir chez les Weasley, j’y crois.
Devant moi, il y a maintenant 7 Harry. La transformation est assez impressionnante. La dernière fois, on était enfermés dans des toilettes. On avait vu le changement de Maugrey-Croupton, par contre, lui, c’était horrible. Une fois que c’est fini, les jumeaux se tournent l’un vers l’autre, j’attends la blague que je suis sûre, ils ont préparé depuis qu’ils ont entendu le plan.
— Ça alors... On est exactement pareils ! s’exclame George.
Il faut qu’ils changent de tenue maintenant. Par pudeur pour Harry, je retourne dans le couloir. Le placard est toujours là en face de moi, je l’ai déjà ouvert une fois. Je pense que ça ne sert à rien de le refaire.
Je sors dehors finalement et m’assois sur le perron. La rue est calme, le ciel est vierge de tous mangemorts, mais il est nuageux. C’est bien autant que c’est un problème, ils peuvent se cacher, tout comme nous, nous pouvons le faire.
Maugrey m’a dit que si les choses allaient mal, j’avais le droit de foncer. J’ai un mot de code pour le faire. J’espère ne pas avoir à le faire, même si j’adore voler à toute vitesse.
— Ça va ?
Je me retourne vers un Harry.
— C’est…
— George.
— Oui ça va, dis-je en me levant pour récupérer mon balai. C’est bon ? Tout le monde est prêt ?
— Apparence d’Harry, binôme, fausse chouette, tout est là oui.
Je dois le regarder vraiment bizarre puisqu’il s’arrête pour me demander ce qu’il y a.
— C’est juste que tu as la voix d’Harry, son apparence, mais tu ne parles pas comme lui. C’est vraiment étrange.
Il rigole ce qui accentue mon sentiment.
— Je ne renouvellerai pas l’expérience alors.
— Non, s’il te plaît, dis-je avec un sourire.
Mon père sort à son tour et regarde George sans trop savoir si c’est bien lui.
— C’est George.
— Ok, vraiment perturbant… Allons-y !
Le plan se base sur plusieurs choses. Maugrey voulait parier que les Mangemorts se dirigeraient sur le Harry qui est le plus à l’aise sur un balai, c'est-à-dire George, Fred ou Ron. Mondingus sera sur celui de Maugrey, Harry dans le side-car et Hermione et Fleur sur les Sombrals.
— Prête gamine ? me demande Maugrey.
Mon père me serre une dernière fois dans ses bras, m’étouffant presque à moitié.
— Tu m’étouffes…
— Laisse-moi faire le papa poule une seconde.
— Et laisse-moi faire l’ado rebelle.
Il rigole.
— On se revoit tout à l’heure.
Il me lâche et je rejoins Maugrey, la boule au ventre.
— Oui, je suis prête.
— Bien, ça va être l’heure, dit-il avant de reprendre plus fort. Bonne chance à tous. On se retrouve au Terrier dans une heure environ. Attention, à trois. Un... Deux... TROIS.
Je ne m’envole pas trop vite pour cette fois, je reste aux côtés de Maugrey. C’était sa consigne, le suivre, même si je connais le chemin et disparaître si les choses se compliquent. On va haut dans le ciel, je surveille chaque élément qui nous entoure, il a plu récemment, les nuages sont bas.
Ce que j’appréhendais s’avère vrai, des Mangemorts surgissent de nulle part. Maugrey et moi lançons un premier sort. Je me sens concentrée, pas confiante au point d’être sûre que ça va aller, mais je me fais confiance pour réagir vite et bien. Ils sont moins à l’aise que moi sur un balai, ils n’arrivent pas à lâcher les deux mains, les sorts sortent plus lentement. Moi non. J’arrive à en ralentir un, tandis qu’un autre s’approche côté Maugrey et Mondingus. Celui-ci est différent… La peur pourrait me faire perdre mes moyens mais je ne lui en laisse pas la possibilité.
Quelque chose se passe que je n’aurais pas cru possible.
Mondingus transplane.
Comme ça, sans prévenir. Cela déséquilibre le balai de Maugrey, je vois qu’il est furieux par tant de lâcheté. On savait que c’était un maillon faible. Juste pas à ce point.
Je lance un nouveau sort qui bloque un mangemort sur ma droite. Il y a Bill et Fleur plus loin, ils ont l’air de s’en sortir. Quand je regarde à nouveau à gauche, Maugrey est touché par un sort de Voldemort et tombe dans le vide.
Je plonge.
Comme quand Harry était tombé, je plonge. Sans réfléchir, bêtement en pensant que je pourrais le retenir. La dernière fois, j’étais tombée avec lui. Ici, le sol est loin, loin en bas.
Et ce n’était pas un cadavre que je tentais de rattraper.
La réalité me frappe de plein fouet, voilà ce que Maugrey avait anticipé : s’il tombait, je devais fuir et sauver ma peau.
« Si une personne tombe en chemin, nous ne nous arrêtons pas pour la sauver. »
Je suis dans le brouillard, c’est idéal pour les perdre. Je ne le fais pas sans remords, mais finalement, je n’hésite qu’une seconde avant de partir et quitter Maugrey.
Mon éclair de feu est fidèle et tient le choc des différentes directions que je lui donne. Je le lance à pleine vitesse, je suis trempée, ma main est tellement serrée sur le manche que mes phalanges deviennent blanches. Les sorts se font de plus en plus rares autour de moi.
Je reste en bas du nuage, à la limite du visible pour surveiller ce qu’il y a en dessous. Je cherche un lieu qui pourrait me dissimuler tout en me permettant d’avancer et rejoindre le Terrier. C’est risqué, ils ont un visu sur ma position à chaque fois, mais je ne vois pas ce que je peux faire d’autre.
La ville a disparu en dessous de nous, ce sont des champs, des terres planes qui ne me seront d’aucune aide. Au loin, je repère une forêt qui s’étend à l’horizon. C’est loin, mais ça peut le faire. Je me remets dans le brouillard, pousse mon balai au maximum et fais des zigzags aléatoires en gardant la direction de la forêt en tête.
Puis je fais un coup de poker, parie pour qu’elle soit juste en dessous de moi, et plonge au sol. J’espère les avoir surpris derrière moi, je ne me retourne pas pour vérifier. J’arrive en plein milieu d’une forêt comme on en trouve tant en Angleterre. Les branches me griffent, je n’ai pas ralenti pour y aller. Le choc manque de me faire quitter mon balai, mais je m’accroche.
Les troncs s’étendent à perte de vue devant moi. C’est comme quand je jouais avec Viktor. C’est exactement ce que je me répète. Un jeu. Et je n’ai pas le temps de faire de beaux slaloms pour les éviter. Il faut aller vite, les Mangemorts sont toujours derrière moi.
Le doute est un mauvais compagnon. Si on le laisse trop prendre de place, il finit par bloquer le corps et le moindre mouvement paraît être insubmersible. Il ne faut pas réfléchir, c’est aussi simple que ça.
Je vais vite, très vite, je ne prends même pas la peine d'éviter les branches basses. Leurs fouets sont comme des électrochocs qui me rappellent d’être concentrée. Quelques sorts fusent, puis plus rien. Je suis seule, mais je ne m’arrête pas avant une bonne dizaine de minutes pour être certaine qu’ils sont partis. En fait, je m’arrête en me trouvant face à une petite maisonnette qui a dû brûler il y a un bon moment. C’est vide et abandonné, l’endroit donne la chair de poule, cependant, je suis épuisée et dois reprendre des forces avant de reprendre.
La suite se dessine dans mon esprit. Je n’ai qu’une vague idée d’où je suis par rapport au Terrier. Et je suis partie, il y a un bon moment, je pense. Le portoloin a dû arriver sans nous, les gens ont dû commencer à paniquer. Mon père surtout.
Je dois gagner du temps pour les rejoindre. Au Terrier et pas ailleurs, chez moi, je n’ai aucune idée s’ils n’ont pas trouvé l’adresse, Rogue devait la connaître, je… Je pense que c’est une mauvaise idée.
Alors le Terrier.
Je range mon balai dans le sac de ma mère, resserre mes doigts sur ma baguette et inspire un grand coup. Je n’ai pas de permis, aucune sécurité que cela va fonctionner. Mais je l’ai fait suffisamment en cours pour bien connaître le procédé. Pas très bien. Mais bien.
Inspire. Expire.
Je ferme les yeux, visualise l’endroit, et…
Disparais.