2.
ANGLETERRE – Londres
Samedi 2 juillet 2022
19:49
Leah ferma son parapluie en rentrant dans le vieil immeuble. Elle rentrait d’une journée de travail fatigante à l’hôpital Sainte Mangouste et avait hâte de se coucher. Leah, petite, blonde avec quelques mèches bleues à l’arrière, tatouages dans la nuque et sur le pied gauche, vingt-trois ans, médicomage, renfermée et solitaire. Elle habitait à quelques rues de l’hôpital et ne s’embêtait donc pas à rentrer en transplanant.
Une fois en haut, elle vit son hibou, Arte, hululer à la fenêtre. En effet, une chouette noire pas très belle se trouvait sous la pluie, protéger seulement par la petite gouttière au dessus de l’immeuble, un journal dans le bec. Avec un soupir d’ennui, Leah ouvrit à l’animal et lui donna une noise. La chouette partit la seconde d’après.
Leah lut le journal – La Gazette du Sorcier – et trouva sans étonnement à la première page des manifestations de revendication pour la lutte contre le réchauffement climatique. Elle soupira, déçue. Pas qu’elle était contre tout ça, au contraire, mais des manifestations n’allaient rien changer. Le secret magique était menacé, et rien n’importait plus les hauts placés du gouvernement. Elle pouvait les comprendre, avec la chasse aux sorcières au Moyen-Âge, ils avaient peur de représailles. Leah se demanda vraiment s’ils allaient encore survivre longtemps sur cette planète.
Elle décida de se rendre chez ses de amis, Matteo et James. Elle savaient que les deux étaient à fond pour les dix français. Elle pourra comme ça trouver une bonne solution avec eux. Quitte à être radicale.
« Oh, salut Leah, je n’attendais pas ta visite ! » s’exclama James, visiblement surpris et gêné, quand elle transplana dans leur cuisine-salon. « Naomi vient de partir, entre. »
Naomi était la petite amie de James. James, grand brun, bien bâti, vingt-quatre ans, apprentissage d’Auror, séduisant et charismatique. Matteo arriva à son tour, une brosse à dent entre les lèvres. Matteo, blond aux yeux bleus, beau - très beau -, vingt-trois ans, en apprentissage d’Auror aussi, amical et sincère.
« Que se passe-t-il ? » demanda Matteo en se rinçant la bouche dans l’évier de la cuisine.
« Voilà, je suis fatiguée, d’une, par ma journée, de deux par ses manifestations qui ne mènent à rien. Je pense qu’il est temps de passer à la vitesse supérieure. Mais je ne sais pas trop comment. Donc, je viens vous voir.
- Okay, je vois. » commenta le blond. « T’as une idée, James ?
- Pas vraiment, juste quelques trucs par-ci par-là. » expliqua ce dernier. « Pour commencer, si nous voulons que ça claque, il ne faut pas que ça se limite aux frontières anglaises. Il faut que ça touche le monde entier, y compris les pingouins du sud, s’il y en a. Un peu comme l’ont fait les français. On pourrait peut-être les rencontrer.
- Je ne suis pas sûre que se soit une bonne idée. » intervint Leah. Devant le regard étonné de ses amis, elle continua : « Ils doivent être surveillés, que ce soit par leurs Aurors ou les paparazzis. Si nous ne voulons pas que nos plans se dispersent – je vous rappelle que quoiqu’on fasse, ça ne plaira pas aux dirigeants -, il vaut mieux ne pas se faire remarquer. Faisons d’abord ça dans notre coin, puis nous en parlerons à nos alliés.
- D’accord. » acquiesça Matteo.
Son ami ne fut pas aussi convaincu.
« Ne me dis pas que tu veux faire quelque chose d’illégal ? » demanda James, méfiant.
« Je n’ai pas dit ça. » répondit calmement la blonde. « Je pense juste qu’il ne faut plus se limiter à ce que nous dit le gouvernement, mais sans non plus transgresser les lois.
- Pas d’attentats, donc. » plaisanta Matteo.
« Non, mais plutôt une émeute. Vous en dîtes quoi ? » finit Leah.
Il y eut un silence que James rompit.
« J’en dis que c’est la pire idée que tu n’es jamais eu. Tu veux que Matt et moi perdons notre boulot ?
- J’ai dit qu’il y aurait une émeute, pas qu’on y participerait. » corrigea la jeune femme avec un sourire espiègle.
////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
ANGLETERRE – Londres
Dimanche 3 juillet 2022
14:21
Les manifestants anglais, gallois, écossés et irlandais portèrent les mêmes vêtements que les français la semaine précédente. A la petite différence qu’ils ne se contentèrent pas de brandir des pancartes. Et que leur manifestation eu lieu dans les rues moldues. Les voitures garées eurent les vitres brisées, les camions furent détruits, les stations d’essences décimées. Les gens dans les rues hurlèrent, que ce soit les victimes ou les agresseurs. Le chaos régna et les Aurors restèrent démunis.
James pesta dans son coin. Il avait été appelé pour intervenir, bien que sa formation ne fusse pas achevé. Il pestait contre Leah, d’abord. Elle avait promis peu de violence, mais c’était une foule entière qui se déchainée dehors. Il en voulait en Matt, aussi. D’avoir suivi sa sœur de coeur, d’être en accord avec ses dires. Il aurait dû intervenir plus tôt. Mais c’était trop tard. Le mal était fait.
Leah et Matteo se tenaient légèrement à l’écart. Ce dernier avait posé un arrêt maladie la veille – il avait officieusement l’éclabouille – et n’avait pas besoin d’intervenir. James avait par contre refusé de suivre son meilleur ami. Une première, sans aucun doute.
Leah regardait le mouvement évoluer avec satisfaction. Les français avaient lancé la marche et les anglais la menaient quelque part. Le mieux était qu’elle ne risquait rien, personne ne pouvait revenir à elle.
////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
FRANCE – Montpellier
Lundi 4 juillet 2022
20:04
Les dix amis étaient rassemblés autour du canapé, chez Sanae. Ils avaient un exemplaire de La Gazette Magique en main.
« C’est une catastrophe. » résuma parfaitement Baptiste.
« Une apocalypse. » compléta Lydia.
Le silence revint une nouvelle fois. Tous avaient lu l’article de la manifestation anglaise dans les journaux. Même Le cri de la Goule en parlait. Et le groupe était désespéré.
« On va nous accuser d’avoir lancé ça, maintenant ! » se plaignit Martin. « A cause de ces idiots d’anglais.
- Pas si idiots que ça. » le détrompa Isabelle. « C’était très bien organisé. Le lieu – bien définit et délimité -, l’inefficacité des Aurors – bien calculée là aussi -. Je suis certaine que quelqu’un était à la tête de ça. Les Aurors ont eu très peu de difficultés à oublietter les Moldus, comme si c’était prévu… »
Les dix français réfléchissaient aux paroles de l’alchimiste. Et ils y trouvèrent du sens. Quoiqu’un peu tiré par les cheveux.
« Tu crois que quelqu’un cherche frapper fort ? » demanda Hugo.
« J’en suis certaine. Mais cette personne n’a pas utilisé la bonne méthode.
– Maintenant, on va accuser les sorciers voulant lutter comme nous contre le réchauffement climatique d’être des criminels. » réagit Sanae. « Il faudrait intervenir, mais on nous surveille de partout.
- Je pense qu’il est temps pour nous d’accepter une interview. » conclurent Vincent et Noémie.