Théodore Nott frappe à la porte un mardi après-midi.
Je ne l’ai pas revu depuis 7 ans, 7 mois, et peut-être même 7 jours. Je ne suis pas paresseuse. Je ne crois pas aux coïncidences. Je sais que lui non plus. Il pleut à la fenêtre. Il pleut toujours à ce bureau. Ça n’a pas d’importance. Sur les murs nus, la peinture beige tire au verdâtre. Il suffit de respirer. Il suffit de respirer. Ma baguette tourne mécaniquement dans ma main.
La porte s’ouvre en claquant.
- Bonjour, Parkinson.
Ah oui. Février 2006. Théodore Nott réapparait, entre quatre murs, et il n’a pas vraiment changé, mais c’est surement parce qu’il n’a pas vraiment disparu.
Un coup de poignet, le fauteuil s’avance en raclant le parquet.
- Je t’en prie, Théodore.
Il s’assoit calmement, il croise les mains, puis me fixe. Mon cœur a remonté mes veines pour battre follement dans le creux de mon poignet. Je penche la tête.
- Dis-moi donc ce qui t’amène.
- Les affaires.
Il a dit ça tout en retroussant les manches de son pardessus, les mêmes gestes froids qu’il a toujours eus. Le voir suffit à me glacer. Quand il relève la tête pour me regarder de nouveau, les reflets de ses pupilles sont gris. Draco sourit. Ma main caresse ses cheveux. Son poids nonchalant sur mes genoux. Il parle sans s’arrêter, sans même se soucier si j’écoute. Ma main caresse ses cheveux, elle y est restée coincée à travers les années, mes doigts emmêlés à ses mèches de pierre ne s’en détacheront jamais.
- Pansy ?
Je suis idiote. Les pupilles des yeux de Théodore sont brunes. Il a un sourcil levé, en attente.
- Je t’écoute, dis-je le plus sèchement possible. Il faut abréger ce rendez-vous au plus vite. Après tout, je sais pertinemment pourquoi il est là. Il est là pour la même raison que tous les autres.
Sa voix est lente et prudente.
- J’ai des choses dont je souhaiterai me débarrasser. On m’a dit…
- Ne sois pas si évasif, Théodore, je raille, parce que c’est la chose que je sais le mieux faire. Tu connais mes services, donc tu connais aussi les tarifs je suppose ?
Il acquiesce.
- Parfait. Tu as fait une liste ?
Il acquiesce de nouveau. Un papier parfaitement plié atterrit sur mon bureau. Je ne lui jette même pas un coup d’œil. Je sais ce que j’y trouverai. Théodore, ses doigts jouant avec l’accoudoir du fauteuil, semble incertain de ce qu’il est supposé faire. Ridicule. Je me lève, arbore mon sourire le plus professionnel.
- Pas besoin d’être embarrassé. Les Sang-Pur s’entraideront toujours. De plus, ce dont tu veux te débarrasser intéresse la clientèle au Nord. Dans une semaine, à cette heure, tout sera immaculé chez toi. Tu seras satisfait de nos services, je crois.
Théodore me fixe en silence quelques instants, puis il prend son pardessus.
- Merci, Parkinson.
- Nous avons un arrangement avec Gringotts. Le payement sera retiré dans un mois environ.
Il hoche la tête, visage à présent illisible.
- Au revoir, dit-il enfin.
Il sort. Ma baguette tourne mécaniquement dans ma main.
La porte se ferme en claquant.
La nausée logée dans mes omoplates remue désagréablement.
La pluie s’écrase à la fenêtre comme un poing.
Ainsi, Théodore Nott veut recommencer sa vie.
Ils le veulent tous.
La plupart ont été plus rapides que lui, cependant. Draco est venu il y a trois ans. Il allait se marier. Il ne voulait plus de ces objets encombrants.
C’est la plus délicieuse des ironies. Pansy Parkinson, toujours les mains sales, fait la passeuse entre deux vies, entre deux nuits. Les reliques familiales des Sang-Purs, les objets puants la Magie Noire, tout passe ici, à mon bureau. Les gallions que je gagne en les revendant à l’étranger ont le goût de la cendre.
Je n’ai pas recommencé ma vie.
Je ne me suis pas lavée les mains.
La nuit m’escorte.
Le problème, c’est que la nuit escorte aussi Théodore Nott.
Il le sait aussi bien que moi.
Nous partageons le même fantôme.
Deux mains encerclent mon cou, une voix réveille les cauchemars.
Le vent ressuscite les amours mortes.
Surtout, un après-midi d’hiver, mon assassin est revenu.
(…)
Le mimosa frôle mes chevilles. Le vent colporte des échos frêles à mes oreilles. Le ciel est si lourd qu’on ne se relèvera jamais. Ni lui, ni moi. L’ombre à mes pieds s’élargit, dévore mes chevilles et coule au sol, l’inonde.
Des yeux sans vie.
Il a tué.
C’est une hantise qui me poursuit, qui m’hallucine, qui m’obsède. Je fais quelques pas, il tue.
L’ombre est familière.
L’assassin se tient très droit.
L’ombre est familière.
Cette hantise, je la partage avec Théodore Nott depuis 7 ans, 7 mois, et peut-être même 7 jours.
Cet assassin, il le connait aussi bien que moi.
(…)
Assise dans le petit fauteuil du salon, ma solitude drapée sur les épaules, j’écoute les bruits du silence.
Je froisse et défroisse machinalement la liste de papier de Théodore Nott. Rien d’extraordinaire dessus. Toutes les listes se ressemblent. Elle est très fournie, bien sûr. La faute aux petites affaires paternelles.
Evaristo Nott a été enfermé à vie à Azkaban pour ses activités de Mangemort lors des Grands Procès. Je me souviens de son visage pour l’avoir aperçu à des réceptions. Un petit homme âgé au teint gris. Quand les langues se déliaient, vipérines, elles susurraient qu’il avait provoqué la disparition de son épouse. Son fils suivait, derrière, tête baissée et muet. Une silhouette efflanquée. Je n’en sais pas plus de lui aujourd’hui que ce que je savais alors, ce que je sais toujours.
Théodore Nott était un garçon en clair-obscur. Des tâches de lumière éclairaient sa peau d’une pâleur maladive, le reste de son visage se confondait dans la pénombre granuleuse. Un air d’indifférence perpétuelle, mais l’ironie toujours au bord des lèvres. Parfois, sous les sourcils minces, un relent de vieille colère quand on parlait du père. Blaise avait essayé de l’aborder parce qu’il faisait partie des 28 Sacrés. En vain. Théodore Nott était toujours seul, toujours sur le bord du chemin, non pas parce qu’il y était forcé, mais parce qu’il avait choisi d’y rester. Il avait de longues mains blanches. Il ne se salissait jamais. Les livres l’engloutissaient, et on l’y oubliait.
Sage Théodore. Ce que je le hais.
J’ai eu la bouche pleine de boue, je me suis étouffée. J’ai agité mes bras lourds, rien ne m’en a tirée.
Je me suis coupée les jambes pour sortir de la boue.
J’en suis encore couverte.
Toute l’eau du monde ne l’a pas faite partir.
Toute l’eau du monde ne la fera pas partir.
Je pose la liste de Nott sur la table basse. Il faut que je sache. Il faut que je sache pourquoi il est venu ici, pourquoi il est venu maintenant. Il faut que je sache pourquoi il va recommencer.
Il faut que je sache s’il se rappelle de notre ombre partagée.
Je veux savoir si ses pieds sont restés sales à travers les années.
Les miens n’ont pas changé.
(…)
Le mimosa frôle mes chevilles. Le vent colporte des échos frêles à mes oreilles. Le ciel est si lourd qu’on ne se relèvera jamais. Ni lui, ni moi. L’ombre à mes pieds s’élargit, dévore mes chevilles et coule au sol, l’inonde.
Des yeux sans vie.
Il a tué.
C’est une hantise qui me poursuit, qui m’hallucine, qui m’obsède. Je fais quelques pas, il tue.
L’ombre est familière.
L’assassin se tient très droit.
L’ombre est familière.
Cette hantise, je la partage avec Théodore Nott depuis 7 ans, 7 mois, et peut-être même 7 jours.
Cet assassin, il le connait aussi bien que moi.
(…)
Dans un voile de brouillard, je quitte mon appartement. La ville est laide, comme à son habitude. De ses toits à ses faubourgs, elle me déteste en retour. C’est une cité qui change paresseusement de jours en jours. Un jour, elle a sa peau de désespoir. Un jour, la peau des déroutes. Chaque jour, cependant, elle s’amuse à se faire la cathédrale de mes défaites. Chaque jour, elle s’amuse à célébrer mon enterrement.
Ses oripeaux de lépreuse sont mon miroir. Elle chante mes échecs sur des airs de guitare. Ma solitude en écho ricane, à elles deux elles crient que j’aurais dû, j’aurais dû, j’aurais dû, être la reine de ces rues.
Tous les habitants ricanent alors en staccato. Ces gens se ruent à leurs portes, ils me regardent et me reconnaissent, ils hurlent jusqu’à ce que je trébuche sur les pavés
Traîtresse
C’est avec un ravissement tout particulier qu’ils ont soudain le nez collé à mes moindres mouvements, ils me regardent et me reconnaissent, ils hurlent jusqu’à ce que je fuie affolée
Lâche
Et puis quand on m’a jetée sur la place publique, clouée au pilori, on m’écoute supplier
S’ouvre un cercueil qui attend que je me couche.
Il faut que je sois muette et petite pour bien rentrer dedans.
Tout cela, il faut le passer menton haut.
Mes pieds convulsent peut-être, mais je n’ai jamais baissé la tête.
Je me désagrège noblement entre ces remparts hostiles.
A l’abri dans une ruelle, ma baguette tourne mécaniquement dans ma main.
Je transplane.
(…)
La route qui mène au manoir Nott est semée de grands peupliers à droite. A gauche, de coteaux à perte de vue. Mes yeux se ferment d’eux-mêmes une brève seconde. C’est si douloureusement facile de revoir les mûriers sauvages, la haie élégamment taillée, l’allée d’ifs qui menait au manoir Malefoy. Nous avons joué si souvent près de la fontaine. J’étais alors une solide fillette.
Je suis si fragile maintenant.
Un rien me ferait voler en éclats.
Nos rires d’enfants qui faisaient carillons à travers les matins clairs forment un souvenir poli et repoli. Pourtant, je n’ai pas pu empêcher qu’il se ternisse. Dans un soupir triste, ma solitude murmure une vérité qu’elle aime à répéter : Tu aimes sourde et muette, il ne t’a jamais répondu, Draco Malfoy ne s’est jamais soucié de toi.
Pour la rime, elle y ajoute le prénom d’Astoria.
Je sais tout cela. Je ne sais pas pourquoi je suis restée figée dans les années alors qu’il a depuis longtemps avancé sans regarder en arrière. Il a disparu au coin du chemin, je suis restée.
Je prie un dieu absent.
Un amour décomposé.
Il a disparu au coin du chemin, je suis restée.
Peut-être que je l’aime encore.
Je l’aime encore.
Je rouvre les yeux.
La lourde porte de chêne du manoir s’ouvre dès que je pose un pied sur le perron. Un elfe de maison me jette un regard sans émotion, s’écarte.
Théodore est là.
- Je t’attendais, dit-il.
Assise dans le salon au luxe passé, du Whisky Pur-Feu dans un verre en cristal, je respire l’odeur fade de la poussière mêlée aux sorts ménagers.
En face de moi, Théodore se tient bien droit. Nous ne parlons pas des banalités d’anciens camarades Sang-Pur. Nous ne parlons pas des nouvelles non plus. Je parle d’une voix atone de sa liste d’artefacts, et des modalités. Il y a des nuages d’ombre dans ses yeux quand il écoute.
Notre ombre partagée flotte entre nous, et à nouveau mes omoplates tremblent et la nausée revient. Je savais qu’il s’en souvenait.
Je le savais bien.
- Tu t’en souviens, je souffle enfin, la gorge brûlée.
Il hoche la tête. Une émotion que je n’identifie pas flotte sur son visage maigre, disparait aussitôt.
- Tu as changé, Parkinson, répond-t-il avec un petit geste de main.
Un homme hilarant.
- Je suis une femme ennuyeuse, Nott, je rétorque, tout en essayant de tordre mes lèvres en un sourire moqueur, ceux qui me réussissaient si bien.
Il hoche la tête à nouveau.
Je m’agace déjà.
- Alors, tu recommences ta vie. Tu te débarrasses du passé.
Je veux savoir si c’est de notre ombre qu’il veut se débarrasser.
Je veux savoir s’il essaye d’oublier.
Sa réponse brûle bien plus que le Whisky Pur-Feu dans ma gorge.
Théodore Nott ne recommence pas sa vie. Pas ici du moins. Il part. Il explique tranquillement qu’il prendra à la gare un train pour Amsterdam, et là-bas, au port, l’attendra un navire. Le départ est dans quelques jours. Je n’entends pas le reste. Je n’écoute plus.
Ainsi ses pieds sales iront marcher ailleurs. Ainsi les miens resteront là.
Je sors du manoir dans un état second. Il fait nuit.
La pluie s’est arrêtée.
Je titube un peu.
Ma solitude s’agenouille doucement à côté de moi. Elle ramasse mon corps en poussière, mon cœur coupant, les effrite sur ses doigts, m’embrasse tout de même.
Couple déchiqueté, nous pleurons sur un avenir qui n’existe pas.
La nuit est vierge et froide.
La nuit est nue.
Pas de lune.
(…)
Je ne peux même plus m’entendre penser : une panique glacée embrase mes veines, paralyse tout mon corps, alors même que dans un même mouvement désordonné, les élèves de ma maison marchent. Cet imbécile Cracmol de concierge nous encadre, grommelant. Mes oreilles sifflent atrocement, comme si des restes de la voix aiguë qui nous a tous terrifiés quelques minutes auparavant s’étaient logés dedans pour n’en plus sortir.
Les pas précipités de ceux qui m’entourent martèlent le sol, j’entends des éclats de voix en lambeaux. Quelques jeunes de première année pleurent. Certains semblent indifférents. Nous serrons tous notre baguette, prêts à transplaner quand nous auront été amenés au point d’évacuation.
Je déglutis péniblement. Le regard de cette affreuse McGonagall me vrille encore, me transperce désagréablement. Le ton dur sur lequel elle a parlé. Les regards fixés sur moi. Comme s’ils valaient mieux, comme s’ils étaient plus courageux. Ce sont tous des imbéciles. Je ne regrette pas une seconde ce que j’ai dit. J’aurais souhaité avoir le courage d’attraper Potter et de le livrer moi -même.
Lentement, respiration après respiration, je reprends mes esprits, retrouve mon sang-froid. Nous sommes dans le parc, nous nous éloignons de plus en plus du château. Bientôt nous en serons sortis, libres de fuir. Mais il faut que je revienne. Il faut que je trouve Draco. Peut-être qu’à nous deux, nous attraperons Potter avant que trop de sang n’ait coulé. Il faut que je trouve Draco, que je le voie, que je sois sûre qu’il va bien.
Au-dessus de nos têtes, le ciel d’encre est déchiré à intervalles réguliers d’éclairs de lumière. Il faut que je revienne. Je jette un coup d’œil aux autres. J’aperçois Blaise parmi eux, son beau visage figé. Une veine bat sur sa tempe. Il a les yeux perdus dans le vide. Blaise ne reviendra pas. Il n’a aucun intérêt là. Il va transplaner au manoir Zabini et attendre le verdict des évènements de ce soir. C’est ce que je devrais faire aussi. C’est ce que je ne ferais pas. Devant, je repère des amies : Millicent offre son épaule à Daphné, dont on entend les sanglots. Daphné a toujours eu les nerfs fragiles, me dis-je avec un mépris que je suis incapable de retenir.
Mais les Parkinson sont faits de fer. En une fraction de secondes, je me vois, nerfs solides, pleine de volonté, retrouver Draco, faire la fierté de nos parents. Depuis un an, tout semblait bizarrement s’écouler entre mes doigts, sans que je ne puisse rien retenir. Mais ce soir, je peux déterminer ce qui va s’écrire.
Je me détourne, commence à ralentir le plus discrètement possible. Le Cracmol idiot ne remarque rien. Il pâlit un peu plus à chaque nouvel éclair qui craquèle le ciel.
Un sort de Désillusion suffit. Me confondant avec un des grands arbres, je regarde silencieusement les autres continuer leur chemin jusqu’à disparaitre hors de vue. Un craquement de branches me fait sursauter. J’étouffe un bruit de surprise lorsque je vois que je ne suis pas la seule à avoir déserté le groupe d’évacuation. Théodore Nott ne me voit pas, mais je le vois distinctement alors qu’il court vers le château, un mélange de rage et d’inquiétude tordant ses traits.
Bien sûr. Nott a un intérêt là. Son Mangemort de père sera surement dans la bataille. Il est âgé, et les rumeurs ces derniers temps disaient qu’il souffrait de blessures mystérieuses.
Il doit le rejoindre.
Un sentiment passionné serre brutalement ma poitrine. Moi aussi, je vais aller trouver ce qui m’est cher.
Quand Nott est suffisamment loin, je commence à courir à mon tour.
(...)
Tout est chaos. Le château s’écroule. Des explosions retentissent chaque seconde.
Là-haut le ciel est éclaboussé de multicolore à chaque nouvelle salve de sortilèges. Ma gorge est sèche, des spasmes involontaires me traversent. Je frôle la Mort à chaque instant. Elle est partout, ravageant et dévastant. Des odeurs terribles m’assaillent.
Je m’adosse à un arbre calciné. Je ne pense plus à Draco. Je ne sais pas où il est, il pourrait être n’importe où dans ces ruines, il pourrait être n’importe laquelle de ces silhouettes. Comment pourrais-je le retrouver ? Dans quel brasier, quel combat, quel enchevêtrement de corps ? Je n’ai même pas encore atteint le château, c’est impossible, je ne l’atteindrai jamais. Je sens confusément du sang couler de mon bras droit, résultat d’un sortilège qui a ricoché quelques instants auparavant.
La terreur secoue mes membres, la sueur me noie, j’ai perdu. Je vais mourir ici. Comme dans un cauchemar, je vois maintenant des géants écraser des hommes d’un coup négligent de leurs mains énormes. Des hurlements stridents me mènent au bord de la nausée.
Avant même que je ne réalise quoi que ce soit, une silhouette surgit devant moi. Un homme encagoulé. Un Mangemort. Je fais un pas, je lève ma baguette, ma main tremble tellement que je ne pourrais même pas lancer un sort.
Je vais mourir ici.
L’homme semble sourire, et je vois la lumière verte d’un sortilège dont j’ai tellement entendu parler, et
On me pousse.
Le monde se dissout sur son orbite malade.
Un corps tombe à mes pieds, écrasant en partie le mimosa qui frôle mes chevilles. Des yeux sans vie.
Hébétée, je tente de me relever, mes muscles n’obéissent pas, et je suis forcée de me laisser de nouveau glisser dans l’herbe. Le ciel est si lourd qu’on ne se relèvera jamais. Ni lui, ni moi.
Face à moi, l’ombre a encore la baguette levée, comme figée dans l’air.
Il a tué.
L’ombre est familière.
L’assassin se tient très droit.
Mon assassin.
(…)
C’est une hantise qui me poursuit, qui m’hallucine, qui m’obsède. Je fais quelques pas, il tue. Cette hantise, je la partage avec Théodore Nott depuis 7 ans, 7 mois, et peut-être même 7 jours.
Cet assassin, il le connait aussi bien que moi.
(…)
Ce soir-là, Théodore Nott a tué pour moi.
(…)
De retour dans l’appartement, dans mon fauteuil, j’ai débouché une bouteille. Le verre pend mollement dans ma main.
Des coups insistants au carreau brisent ma léthargie.
Le hibou a apporté une lettre. Deux mots.
" Revoyons nous."