Mille ans et un siècle que je chante pour vous,
Au rendez-vous chaque septembr' venu fleurir.
J’espère qu’une fois de plus vous trouverez goût
A ces quelques vers qui sauront vous divertir
… ou vous instruire !
Il y a cinq siècles, le secret prit forme et sceau
Dans l’agitation guerrièr’ de la vieille Europe.
Il fut décidé d’engloutir l’îl’ d’Ys sous l’eau,
De proclamer la magie comm’ fable d’Esope.
Depuis cinq siècles les dragons volent toujours,
Les gobelins gèrent leurs affaires en tout temps.
Encore, les vampires librement fuient le jour
Et les sirènes règnent sur les océans.
Tous les autres, les griffons, les golems, les fantômes,
Les fées, les faunes, les djinns, les lutins, les harpies,
Les elfes, les loups-garous, les satyres, les centaures,
Sont devenus le fruit des mythologies.
Les sorciers n’ont point échappé à ce sort :
On raconta volontiers sous couvert de mythe
Que les sorciers métamorphosent le plomb en or,
Brassent ou la mort ou la gloire dans des marmites.
Mais rest' dans les esprits, la magie est une arme :
Elle n’est pas noble, non, et elle n’est pas toujours bonne.
Si le monde est plein de bons sorts et de charmes,
Beaucoup la considèr’ comme un accès au trône.
Ce secret avait le meilleur des boucliers ;
Il n’était pas mensonge, il était une croyance
Alors même que l’époque opposait mythe et science.
L’effort fut aisé dans la tenue du chantier.
Ce qui n’était pas dans de vieux livres comm’ moi,
Observé, consigné, validé, ratifié, imprimé, diffusé
Par le savant strict aux miracles aveuglé,
Se voyait insulté d'irrationnelle foi.
Désormais, la jadis séparation n’est plus,
Puisque la science d’hommes et femmes moldus
A permis l’avènement de technologies,
Face auxquelles le secret fut trop affaibli.
Alors que la guerre menace de reparaître
Derrière les discours de faux prophètes ou prêtres,
La paix peut être l’œuvre d’une génération
Qui discute avec son prochain sans aversion.
La famille des moldus et celle des sorciers
Ont beaucoup en commun, comme l’humanité.
Des deux côtés, on aime commettre des erreurs
Puis les répéter, revivre les mêmes douleurs ;
Mais on aime aussi l’esprit fin, la gentillesse,
Le dévouement, la courtoisie, la politesse,
La passion, l’honneur et l’amusement, pardi !
C’est tout cela, je vous l’affirme, qui vous unit.
L’unisson est sacrée dans cette école, mes enfants,
Puisque quatre grands sorciers s’y sont mis gaiement
Pour dresser ce château, lui insuffler la vie.
L’un sans l’autre, jamais Poudlard n’eût été bâtie.
Rowena Serdaigle, ô combien spirituelle,
Godric Gryffondor fut le plus idéaliste,
Helga Poufsouffle, d’un admirable naturel,
Salazar Serpentard était l’opportuniste.
Préférerez-vous la maison Serdaigle
et les énigmes enchantées ?
Rejoindrez-vous Isaac Newton, John Dee,
le devin Aldous Huxley ?
Sa tour studieuse et parfois malicieuse
a vu passer des alchimistes,
Des écrivains, et tous ceux qui devant
un mystère jamais ne résistent.
Ou bien ce pourrait être Gryffondor
et la passion chevaleresque,
A courir après la justice ou les farces,
la morale jamais en reste…
Saviez-vous qu’en Rouge et Or figuraient
William Wallace, Hermione Granger,
Qui ont sous ces fièr’ couleurs combattu
contre le joug de la terreur ?
La paisibl’ jovialité de Poufsouffle
vous convaincra-t-elle plutôt ?
Nulle question de s’agiter comploter,
en ce lieu, pas de flatterie.
On préfère, et ce sans aucun débat,
se consacrer à ses amis ;
Sinon, tels Tristan et Iseult tresser
les liens qui soient les plus loyaux.
Dans l’antr’ de Serpentard, devant l’défi
les yeux de ruse brilleront ;
Derrièr’ les apparences se joueront
les plus gourmandes ambitions.
De cette trempe-là ont été faits,
comm’ la célèbr’ Morgane La Fée,
La voyante Matilda Stanley, ou,
le goupil Percy B. Shelley.
J’ai cité de vos mages qui ont marqué leur temps :
Tous étaient né-moldus, de cœur sorcier autant.
Connaissez-vous Barnwell et les trois sœurs Brontë,
Qui ont été dignes de chacun des quatre foyers ?
Et sans plus de frontières avec le non-magique,
Rappelez vous des fraternités historiques.
Magie ne devrait jamais souffrir d’être une arme ;
Magie sans conscience n’est que ruine de l’âme.
Vous apprendrez sept ans durant, la sorcell’rie,
Et aussi important, la camaraderie.
Si vous préférez la solitude qu’importe,
Ouverte, à Poudlard se trouvera une porte.
Dans cette école, vous n’êtes pas tenu à l’exploit,
Faites plutôt en sorte, d’respecter vos propr’ lois.
Les sorciers libres sont les élèves d’hier,
Ceux dont Poudlard ne saurait pas être plus fière.
Mille ans et un siècle, que je chante pour vous,
Qu’en échange, vous n’avez pour moi aucun tabou…
Quand vos jeunes esprits, entiers se livr’ à moi,
C’est que vos talents découvrent un nouveau toit.
Vos forces, vos peurs, et vos prétentions, vous verrez,
Ont tout’ plaç’ à Poudlard, la famill’ des Sorciers.
Qui sait, mes enfants, le monde qu’vous voudrez bâtir ?
Moi, je m’dois modestement de vous répartir.