S'identifier | | Identifiants perdus | S'enregistrer |
Lien Facebook

En savoir plus sur cette bannière

News

Nuitd du 17 janvier 2025


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 151e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 17 janvier. Vous tiendrez l’avenir au bout de votre plume tout au long de cette nuit spéciale astrologie de 20h à 1h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Equipe des Nuits le 11/01/2025 10:30


Nuit de Noël de décembre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 150e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 13 décembre. Il s’agira d’une édition spéciale ‘Noël autour du monde’, qui durera de 17h à 3h du matin. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De L'Équipe des Nuits le 01/12/2024 21:51


Recrutement - Grand Ménage Orange


Appel à candidatures - Renfort sur le Grand Ménage Orange

Comme le titre de ce message l'indique, les modératrices sont en recherche (un peu) désespérée de plusieurs volontaires pour nous prêter main forte sur le GMO (pour rappel : lecture et vérification des fics des adhérents qui ne sont pas passées par la modération manuelle sur la période 2020-2024).

Au stade actuel, nous avons vérifié environ 970 chapitres sur 4800, soit près de 21 % du total, pour un GMO lancé en mars 2024... En raison de nos contraintes personnelles, nos vies IRL, notre motivation souvent fluctuante et le fait que nous sommes peu nombreuses, nous voyons avec difficulté le bout du tunnel.



Nous aurions besoin donc de plusieurs volontaires (tout renfort est le bienvenu, donc on accueille toustes celleux qui le veulent bien !), pour la durée qui conviendra à chacun.e (si vous n'êtes disponibles que pour 1, 2 mois, aucun problème, et si vous êtes d'accord pour nous épauler plus longtemps, c'est parfait aussi !), à partir du 1er décembre.

 

Les candidatures sont ouvertes du 13 novembre au 30 novembre, et vous pouvez postuler ou demander de plus amples informations sur ce que serait votre mission en envoyant un MP sur le forum à l'une d'entre nous (Eanna, Violety ou PititeCitrouille).

Merci par avance à celleux qui se proposeront !

Les Modératrices d'HPFanfiction


De Equipe de Modération d'HPFanfiction le 13/11/2024 15:50


Nuit de novembre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 149e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Samedi 30 novembre. Il s’agira d’une édition spéciale, dédiée à la gastronomie, qui durera de 17h à 3h du matin. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'équipe des Nuits le 03/11/2024 17:05


Les Podiums en automne !


Bonsoir à toustes !

Félicitations à Tiiki et Juliette54 qui remportent respectivement le coup de coeur des lecteurices avec "Le Jeu de la Bruine" et le coup des Podiums avec "Et cincta ferro Bella", pour la sélection "Poésie" !

Nous nous retrouvons dans un mois avec notre sélection de texte sur le thème qui a remporté le vote pour l'hiver 2024 : la résistance !

 


De Equipe des Podiums le 01/11/2024 23:10


Nuit du vendredi 25 octobre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 148e édition des Nuits d'HPF, placée sous le signe de l’épouvante, se déroulera le Vendredi 25 octobre à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Équipe des Nuits le 09/10/2024 12:52


Alifair Blake et les tracas du monde magique par AvaTarbleu

[31 Reviews]
Imprimante Chapitre ou Histoire
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Cette histoire est la suite d'Alifair Blake et la guerre des sorciers.


Le premier chapitre contient (à mon avis) les infos essentielles pour comprendre même si vous n'avez pas lu le tome précédent. N'étant personnellement pas fan des spoilers, je vous conseillerais néanmoins de commencer par le début :)


Bonne lecture !


 

Note de chapitre:

Revoici-revoilà les aventures de la Moldue Alifair, de son elfe attentionnée et de son petit protégé clandestin... La guerre des sorciers est finie, Voldemort vaincu et le tome 7 de HP terminé. Il y a donc toute la place qu'on veut pour inventer une nouvelle histoire !

Pour commencer, prenons des nouvelles de nos protagonistes...

 

Chapitre 1 - Bilan de santé

Confortablement installée sur son transat, Alifair Blake prenait le soleil en sirotant une margarita. Juin était remarquablement chaud et elle s'était tartinée de crème pour ne pas cuire comme une écrevisse au court-bouillon dans son bikini orange. Les fleurs des massifs embaumaient, les abeilles bourdonnaient, tout était calme. Le jardin de la maison Faraday était une oasis de paix et de détente au cœur de la banlieue londonienne, d'autant plus appréciable qu'il se trouvait sur le toit en terrasse de ladite maison, protégé des regards par un sortilège lui donnant l'aspect d'un banal toit d'ardoise.

Demeure historique d'une célèbre lignée d'inventeurs, la maison était imprégnée de magie tout en offrant tout le confort moderne. Alifair l'avait héritée de Thomas Faraday, son précédent propriétaire, dans des circonstances qu'il lui restait douloureux d'évoquer ; ce legs s'accompagnait du droit de porter à son tour le nom de Faraday, ainsi que de la propriété de Crickey, l'elfe attachée à la maison. Alors qu'elle était recherchée par les Mangemorts et le ministère de la Magie, Alifair avait fait de Crickey sa Gardienne du Secret : depuis, la maison Faraday était devenue un refuge inviolable dont l'accès était réservé à une poignée d'initiés. L'été arrivé, Alifair appréciait particulièrement de pouvoir bronzer sur le toit en échappant aux regards. Elle soupira d'aise, les yeux clos derrière ses lunettes noires.

« Qu'est-ce qu'on est bien ! »

Un reniflement sceptique lui répondit. Elle releva ses lunettes pour scruter l'ombre sous les trois arbres de son jardin : sur un autre transat, un homme pâle aux cheveux noirs et à l'air revêche était assis très raide, en robe de chambre, une couverture sur les genoux.

« Quoi ? demanda Alifair avec patience. Qu'est-ce qui n'est pas à votre convenance, Mr S. ? Vous avez froid, vous voulez un autre plaid ? »

Severus Rogue haussa vaguement les épaules sans répondre.

« Vous savez que vous ne vous en sortirez pas si vous ne faites aucun effort », le sermonna-t-elle.

Rogue lui lança un regard las et articula à voix basse :

« Si c'est pour être critiqué, je ferais aussi bien de redescendre au salon.

- Ah, non ! s'écria fermement Alifair. Vous avez besoin de prendre l'air. Et le soleil, aussi. C'est excellent pour le moral.

- Je doute que respirer à pleins poumons l'atmosphère viciée de Londres soit bon pour la santé, observa Rogue. À moins qu'il s'agisse d'une thérapeutique courante chez les Moldus ?

- Alors là, laissez-moi rire, riposta Alifair. C'est bien vous qui prépariez vos potions dans des cachots humides et sans aucune aération, ou je suis mal renseignée ? Question atmosphère malsaine, on peut difficilement trouver mieux, alors... Camembert ! »

Elle tendit le bras et rabattit les doigts contre son pouce, mimant une bouche qui se ferme. Rogue se le tint pour dit et n'émit plus un son. Les yeux au ciel, Alifair se morigéna intérieurement : pour une fois qu'il parlait, et qu'il se permettait en plus un peu d'ironie, elle n'avait pu s'empêcher de lui clouer le bec. Un jour, il faudrait qu'elle le laisse avoir le dernier mot, ça lui ferait peut-être du bien.

Même s'il se pliait aux règles de la maison, prenant ses repas à table avec elle, passant ses journées au salon, respirant l'air au jardin et préparant même quelques potions, il était visible que l'ancien professeur n'avait plus goût à rien. Il se faisait violence pour maintenir une faible activité, mais tombait par moment dans une déprime dont il était difficile de le tirer. Le seul sentiment qu'il semblait encore capable d'éprouver était l'agacement, et Alifair ne se privait pas de l'encourager tant Rogue paraissait plus vivant quand il récriminait contre elle-même, Harry Potter, la lumière électrique ou quoi que ce soit d'autre. Elle avait obtenu un beau succès en plaçant dans sa chambre le cadre qui avait permis aux portraits de la maison de monter la garde devant ses deux prisonniers transformés en plantes en pot.

« Ça vous apprendra à traîner au lit ! La prochaine fois que je vous prends à dormir jusqu'à onze heure, j'envoie le colonel Fennimore vous réveiller à coups de clairon ! »

Rogue en avait fulminé pendant toute la journée ; puis l'abattement était revenu quand il avait compris qu'en fait, Alifair avait chargé les portraits de s'assurer discrètement qu'il ne profitait pas d'un moment de solitude pour attenter à sa vie.

« Vous êtes vraiment sûr, commença-t-elle pour le relancer, que quelques antidépresseurs...

- Pour la centième fois, non ! s'agaça aussitôt Rogue, à la grande satisfaction d'Alifair. Je n'avalerai pas ces poisons moldus !

- Bon, céda-t-elle avec patience, un petit philtre de Vianroze, alors ?

- Pourquoi pas directement une décoction de pavot mêlé de coca et de chanvre indien ? riposta Rogue. Il est hors de question que je perde ce qui me reste de cervelle dans les brumes d'un psychotrope.

- Vous êtes trop dur avec vous-même, diagnostiqua Alifair. Des années de stress et soudain, plus rien... Votre cerveau n'arrive pas à encaisser la différence. Vous avez besoin d'une aide extérieure, il n'y a pas de honte à ça.

- Je bénéficie déjà d'une aide extérieure », grommela Rogue.

C'était un fait qui n'arrangeait rien : sans le secours d'une Moldue, d'un Cracmol, d'une chatte et d'une elfe de maison, la morsure de Nagini lui aurait été fatale. Aujourd'hui encore, à sa demande, Rusard gardait le secret sur sa survie, et Alifair l'hébergeait gracieusement. Bien qu'il ne s'en soit jamais plaint, elle se doutait que Rogue n'arrivait pas à encaisser sa dépendance à leur égard. Tout comme il n'encaissait pas que le mobile éminemment romantique de son action d'agent double ait été révélé au grand jour.

« Un sex on the beach alors, pour commencer ? » suggéra-t-elle en désespoir de cause.

Rogue lui lança un regard méfiant, presque indigné.

« Relax, trésor, c'est juste un cocktail, le rassura Alifair en levant son verre.

- Non, merci, dit-il froidement en remontant sa couverture. Et vous ne devriez pas boire autant.

- Sans ce vice, je serais parfaite, répliqua-t-elle avec légèreté, autant dire insupportable. Mais ne vous inquiétez pas, reprit-elle, sérieuse, je sais ce que je fais. On est des champions de l'auto-contrôle, vous et moi. »

Rogue haussa les épaules, le regard insondable, prêt à replonger dans son vide intérieur. Alifair tenta une dernière stimulation :

« Je ne vous ai jamais dit que Rodolphus Lestrange était mort dans votre chambre ? Bien sûr, elle n'était pas aussi jolie à l'époque où c'était une prison. Ni aussi propre. »

Le visage inexpressif, Rogue tourna lentement la tête vers elle.

« Quoi ? »

 

Plus d'un mois avait passé depuis la victoire finale contre Voldemort, et le monde des sorciers était en pleine reconstruction. La chasse aux Mangemorts en fuite se poursuivait alors que les premiers procès avaient déjà eu lieu. Les anciens Indésirables, parmi lesquels la Moldue Alifair Blake occupait le rang n°33 bis, étaient maintenant des héros et les victimes de la guerre, des martyrs. Le nom de feu Severus Rogue éveillait le respect et serrait le cœur des sorcières émues par son destin tragique. Quant aux photographies de Harry Potter, elles ornaient désormais la chambre de nombre d'adolescentes. Minerva McGonagall avait été nommée directrice de l'école de sorcellerie de Poudlard et s'apprêtait à vivre un été chargé, entre la supervision des travaux de restauration du château, le recrutement de nouveaux professeurs et, surtout, l'épineux problème des élèves qui n'avaient pu passer leurs BUSE et leurs ASPIC et qui, pour certains, n'avaient pas suivi une année de cours complète.

« Et voilà que Kingsley lance une réforme des institutions, soupira Alifair le soir, après avoir consulté les titres de la Gazette du sorcier que Crickey avait ramenée avec les courses. Comme si ce n'était pas suffisamment le bordel !

Le Ministre désire sans doute commencer son mandat sur des bases saines », avança Rogue assis en face d'elle devant la cheminée éteinte.

Il avait répondu sans véritable intérêt pour le sujet, simplement afin d'éviter que son mutisme pousse Alifair à lui secouer les puces.

« “L'organisation historique du ministère de la Magie a toujours tendu à concentrer tous les pouvoirs entre les mains d'une seule personne », lut-elle. « L'année écoulée a au moins eu le mérite de nous montrer à quelles dérives pouvait conduire une telle concentration, déclare Mr Shacklebolt. Des organes tels que le Magenmagot, le tribunal des sorciers, devraient être indépendants du pouvoir politique, et non placés sous son autorité. La procédure législative gagnerait également à être clarifiée : il apparaît de plus en plus insupportable que la communauté des sorcières et sorciers soit tenue à l'écart de l'élaboration des textes qui régissent sa vie quotidienne.” Mmh, très mauvais, tout ça, commenta Alifair, sourcils froncés.

- J'imagine que Shacklebolt a puisé ses idées chez les Moldus. Il a longtemps été affecté à la protection de votre Premier ministre, indiqua Rogue avec une indifférence d'automate. Ses ambitions devraient vous plaire.

- Il ne sait pas dans quoi il se lance, expliqua Alifair. L'ancien Ministre avait la presse, les tribunaux et l'ensemble de l'administration de son côté : il pouvait faire ce qu'il voulait. Si Kingsley ouvre la porte à la démocratie et à la liberté d'opinion, tout le monde en profitera pour lui tomber dessus. Sans compter qu'on ne dit rien ici du statut des créatures intelligentes : est-ce que les elfes, les gobelins et les centaures auront la citoyenneté pleine et entière ? Si j'étais lui, je continuerais la dictature le temps de bien mettre tout ça au clair et après je libéraliserais le régime. Mais progressivement : les sorciers sont trop habitués à être menés à la baguette, ils seraient perdus si du jour au lendemain on leur donnait le droit de vote.

- Nous l'avons, objecta Rogue. Nous ne tirons pas notre Ministre au sort.

- Mais vous n'avez aucune assemblée représentative, insista Alifair. Qui propose les lois, qui les discute, qui les amende, qui les vote ? Personne. Tel directeur de service décide que, le Ministre signe, on tamponne la feuille et c'est parti : vous n'avez aucune notion de la participation du peuple à la vie politique. Ça vous fait, combien... trois siècles de retard ? hasarda-t-elle, comptant mentalement. Tu m'étonnes que l'esclavage et les discriminations raciales soient encore légaux, chez vous.

- Si le monde des Moldus est tellement meilleur que le nôtre, pourquoi n'y retournez-vous pas ? demanda Rogue qui commençait à s'agacer de ces critiques.

- Parce que je suis toujours recherchée, figurez-vous, répondit Alifair, et j'aimerais bien que quelqu'un du ministère s'intéresse à mon cas, histoire que je ne sois pas obligée de boire du Polynectar chaque fois que je veux mettre un pied dehors ! Je leur ai envoyé un hibou avec accusé de réception mais personne ne m'a encore répondu.

- Mon hypothèse va vous sembler hasardeuse, dit Rogue d'une voix veloutée, mais il est possible que notre administration ait des préoccupations plus urgentes que votre bien-être. »

Alifair haussa les épaules, accordant volontiers à Rogue cette petite victoire. Elle se garda bien d'ajouter que, si elle ne retournait pas chez les Moldus, c'était aussi à cause d'un sorcier prétendument mort qui ne pouvait se cacher ailleurs que dans la maison Faraday.

 

Le lendemain matin, alors que Rogue était encore au lit, Crickey s'approcha timidement de la table de la cuisine où Alifair prenait son petit déjeuner. L'elfe tortillait l'ourlet de sa chasuble vert pomme, ses grands yeux mordorés osant à peine se poser sur sa maîtresse. Cette attitude étonna Alifair : d'ordinaire, quand l'elfe avait quelque chose à dire, elle ne se faisait pas prier.

« Qu'est-ce qu'il y a, Crickey ? lui demanda la Moldue.

- C'est au sujet de Mr Rogue, Miss, murmura l'elfe, les yeux baissés, avant de s'interrompre.

- Oui, eh ben, quoi ? insista Alifair.

- Crickey s'inquiète beaucoup pour lui, Miss, avoua l'elfe. Elle espérait qu'une fois sa blessure guérie, son humeur s'améliorerait, mais...

- Il lui reste encore des choses à guérir là-dedans, dit Alifair en se tapotant le front de l'index.

- Pourtant le stratagème de Miss Alifair l'a fait sortir de sa chambre, rappela l'elfe. Crickey pensait que s'occuper l'esprit ferait du bien à Mr Rogue.

- Il ne s'occupe pas assez, voilà tout, soupira Alifair. Il refuse de mettre le nez dehors, même sous Polynectar, et ne s'intéresse à rien parce qu'il déprime, et comme il ne s'intéresse à rien il déprime encore plus. C'est un cercle vicieux.

- Mais il faut y mettre un terme, Miss ! s'écria Crickey, tout à coup véhémente. Sinon, tous les efforts de Miss Alifair n'auront servi à rien ! »

Interdite, Alifair dévisagea son elfe : Crickey ne l'avait pas habituée à de tels coups de sang. De toute évidence, elle avait ruminé pendant des jours quelque chose qui ne demandait qu'à sortir.

« Pardon, Miss, s'excusa-t-elle, ses oreilles en forme d'ailes de chauve-souris pendant tristement. C'est qu'en voyant Mr Rogue, Crickey repense à Monsieur Roger...

- Roger Dunbar ? releva Alifair, faisant référence au premier maître de Crickey, qu'elle ne connaissait qu'en peinture. Il était dépressif, lui aussi ? »

Crickey hocha la tête, la mine chagrine.

« Après la mort de sa belle-mère, puis de sa femme, Monsieur Roger s'est retrouvé tout seul, raconta-t-elle d'une voix sourde. Il continuait de travailler dans son laboratoire, mais Crickey voyait bien qu'il n'avait plus autant d'entrain qu'avant. Elle ne savait pas quoi faire... Monsieur Roger est devenu de moins en moins actif, jusqu'à... »

La voix de l'elfe se brisa. Alifair sentit son cœur se serrer.

« Tu veux dire qu'il s'est suicidé ? »

Crickey sursauta comme si on l'avait piquée.

« Oh non, Miss, Monsieur Roger n'a rien fait de tel ! s'écria-t-elle, choquée. Mais, reprit-elle, à nouveau triste, Crickey est convaincue que son humeur mélancolique a fini par le tuer. Elle essayait de le distraire, comme Miss Alifair avec Mr Rogue, mais elle n'y est jamais parvenue. Et maintenant, elle a peur qu'il arrive la même chose à Mr Rogue. »

Alifair posa la main sur l'épaule de l'elfe pour la réconforter. Elle ignorait que les dernières années de Roger Dunbar avaient été si pénibles ; Tommy ne lui en avait rien dit. Peut-être était-il mort avant d'en avoir eu l'occasion, ou peut-être n'en avait-il rien su.

« Je ne pense pas que Mr Rogue aille mal à ce point, dit la Moldue pour rassurer son elfe. Il a de mauvais moments, c'est tout.

- Pour l'instant, Miss, contra gravement Crickey. Si Miss Alifair connaît des remèdes capables d'aider Mr Rogue à se reprendre, Crickey pense qu'il faudrait les lui administrer avant que son état s'aggrave. Il n'ira pas mieux tout seul, Miss. »

Alifair soupira. Elle avait espéré que la déprime de son hôte clandestin ne serait que passagère, mais devait bien admettre qu'elle était en train de virer à la dépression. Crickey avait raison : il fallait agir.

« La pharmacopée magique ne propose pas grand chose pour soigner les troubles psychologiques, déplora Alifair. Il y a bien quelques potions, mais elles présentent de gros effets secondaires et un risque élevé de dépendance. Et s'il refuse de consulter un toubib, je ne vois pas comment je pourrais lui avoir des médocs : je ne peux pas simplement piocher des pilules au hasard dans une pharmacie... »

Alors même qu'elle énonçait cette vérité, la solution lui sauta aux yeux : Rogue ne mettrait jamais les pieds chez un médecin, c'était certain ; mais elle ?

***

Gladys Fairbank brancha le répondeur et rangea le cahier de rendez-vous dans le tiroir de son bureau. Elle laisserait le docteur Macintosh fermer lui-même le cabinet mais elle tenait à saluer le départ de son dernier patient, comme tous les jours. Secrétaire d'une rare efficacité, Miss Fairbank avait le don d'organiser les consultations afin que son employeur – et elle-même – finisse ses journées à 18h30, à quelques minutes près. Tous les patients du docteur savaient qu'il était inutile d'espérer un rendez-vous après cette heure-là ; quant à se présenter de son propre chef, à moins d'une urgence absolue, il n'y fallait pas songer.

« Au revoir, Mr Cross, dit le docteur en ouvrant la porte de sa salle d'examen. N'hésitez pas à revenir me voir si cela ne va pas mieux. »

Miss Fairbank raccompagna le vieil et arthritique Mr Cross jusqu'à la sortie et le regarda clopiner vers l'arrêt de bus. Elle rentra ensuite enfiler son gilet et prendre son sac, alla souhaiter le bonsoir au docteur et partit à son tour. Resté seul, le médecin s'étira sur son fauteuil de cuir rembourré et ôta ses lunettes pour se frotter les yeux. Il n'était pas fâché que la journée s'achève. Il rassemblait ses affaires dans sa sacoche quand la porte de son bureau s'ouvrit.

« Oui, Gladys ? fit-il en faisant pivoter son fauteuil. Vous avez oublié quelque... »

Les mots s'étranglèrent dans sa gorge lorsqu'il identifia la personne qui se tenait sur le seuil : ce n'était pas Gladys. Des yeux noircis de maquillage, une bouche écarlate, une masse de cheveux couleur charbon tombant sur des épaules dénudées par la large encolure d'un chandail rayé, un short moulant d'où sortait une paire de jambes déjà hâlées par le soleil, le tout sur des pieds aux ongles vernis chaussés de sandales à talons compensés.

« Grands dieux, souffla le docteur Macintosh, le souffle coupé par cette apparition, Miss Blake ! »

Il n'aurait pas été plus hagard s'il avait vu un fantôme. De fait, c'était presque le cas : résidant dans le charmant village de Saint-Barnaby, Miss Alifair Blake avait été pendant trois ans la patiente du docteur, après quoi elle avait mystérieusement disparu, abandonnant derrière elle deux hommes et une femme ligotés dans son salon en ruine ; quelques jours plus tard, ces personnes inconnues avaient à leur tour disparu du poste de police et de l'hôpital où elles étaient détenues ; ledit poste avait été ravagé par une explosion et la maison de Miss Blake était partie en fumée.

« Je sais qu'il se fait tard, mais vous accepterez peut-être une consultation de dernière minute ? demanda Alifair d'un ton engageant.

- Mais..., bredouilla le médecin, les yeux écarquillés derrière ses lunettes. Mais vous... vous n'êtes pas censée être ici... Vous avez été enlevée par des dealers de Manchester...

- C'est ce qu'on raconte ? s'amusa Alifair tout en prenant place en face du docteur. Des dealers, quelle drôle d'idée !

- Miss Fairbank soutient qu'il s'agit de traite des Blanches, ajouta le médecin d'une voix rauque, mais ses références datent un peu. Comment... Que vous est-il arrivé ? interrogea-t-il, la mine toujours abasourdie. Qu'est-ce que vous faites ici ?

- J'ai besoin de soins, tiens ! répliqua Alifair. Vous êtes toujours mon médecin. »

Le docteur Macintosh eut une moue incertaine.

« Vous êtes portée disparue depuis près d'un an, rappela-t-il. Vous devriez d'abord vous présenter à la police pour régulariser votre situation. S'il y avait urgence, je vous soignerais, bien sûr, mais puisque je vois que ce n'est pas le cas... »

Alifair sourit, l'air sincèrement ennuyée pour lui. Connaissant ses antécédents, le docteur Macintosh avait toujours nourri quelques soupçons à son égard, malgré ses efforts pour ne pas le montrer, mais jamais il n'avait eu peur d'elle. Jusqu'à ce soir.

« Vous savez, dit doucement Alifair, si vous vous contentez de faire votre travail, ça ne prendra que cinq minutes. Je n'ai aucune envie de vous faire du mal, docteur. »

Le docteur Macintosh était plus grand et plus corpulent que sa patiente ; moins rapide et moins agile, par conséquent. Et la violence lui répugnait. Il savait que, dans sa jeunesse pas si lointaine, Miss Blake n'avait pas eu de tels scrupules.

« Qu'est-ce que vous voulez ? » soupira-t-il, sur la défensive.

Alifair déballa la liste de ses symptômes : apathie, perte d'intérêt pour la vie, idées noires, périodes d'abattement irrépressible. Sans doute le contrecoup d'une accumulation de stress refoulé, expliqua-t-elle ; prise de conscience de la vacuité de son existence, également. Si le docteur Macintosh comprit que l'état ainsi décrit ne pouvait être celui d'Alifair – et il aurait fallu être un sacré imbécile pour ne pas s'en rendre compte – il n'en laissa rien paraître.

« Votre équilibre psychique en a pris un coup, déclara-t-il fort cavalièrement. Les substances chimiques régulatrices de l'humeur sont au point mort. Je vais vous donner de quoi remonter leur niveau. C'est une cure de six mois, prévint-il en remplissant une feuille d'ordonnance. Il y aura des renouvellements à effectuer mais, si vous n'habitez plus dans la région, le plus simple pour vous serait de changer de médecin », suggéra-t-il avec espoir.

Alifair prit l'ordonnance, un sourire aimable aux lèvres.

« Vous en faites pas, doc, je n'ai pas l'intention de revenir vous hanter », promit-elle.

Elle déchiffra la prescription et son regard se fit soupçonneux.

« Dites, vous ne vous êtes pas mis en tête de m'empoisonner, hein ? fit-elle en agitant la feuille. Parce que ce serait contraire au serment d'Hypocrite.

- Ce médicament est parfaitement adapté aux symptômes que vous m'avez décrits, répliqua froidement le médecin, offensé. Je vous suggère également de consulter un psychothérapeute, il me semble évident que vous en avez grand besoin. »

Alifair retrouva le sourire.

« Je me contenterai de ça pour l'instant, dit-elle en empochant l'ordonnance avant de se lever. Merci pour votre temps si précieux, doc, et le bonjour à Miss Fairbank. »

Elle fit quelques pas vers la porte puis s'arrêta, pivotant sur ses compensés.

« Au fait, c'est efficace si on le mélange à la nourriture ? demanda-t-elle d'un ton très naturel. Ou au thé, si on le sucre bien ? »

Après avoir entendu la porte du cabinet se refermer, le docteur Macintosh compta jusqu'à cent. Ensuite, il regarda subrepticement par la fenêtre donnant sur le parking, où seule sa voiture attendait. Rassuré sur le fait que cette folle peut-être dangereuse était partie, il décrocha son téléphone et composa le numéro de la police.

 

 

Note de fin de chapitre :

J'en connais un qui ne va pas rester déprimé bien longtemps, non mais !

Vous devez s'identifier (s'enregistrer) pour laisser une review.