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News

Nuit du vendredi 25 octobre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 148e édition des Nuits d'HPF, placée sous le signe de l’épouvante, se déroulera le Vendredi 25 octobre à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Équipe des Nuits le 09/10/2024 12:52


Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Un goût de lilas par AleynaButterfly

[4 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Dans le cadre de ce concours, un certain nombre de contraintes étaient proposées et j’ai choisi les suivantes :

 

- Le texte doit comporter une phrase de 25 mots (phrase indiquée en gras dans le premier paragraphe).

- La lettre Y doit apparaître 25 fois tout pile (comptabilisé)

- L’anniversaire central dans votre texte est un multiple de 25 (centenaire de la malédiction Greengrass).

Les autres règles sont les suivantes : 

- Votre personnage fête un anniversaire particulier, une date clé qui a de l'importance lui.

- Quelque chose d'imprévu trouble la fête… et l'élément perturbateur qui vient gâcher l'évènement doit faire partie intégrante de votre récit.

- Le texte doit faire entre 500 et 10 000 mots (il fait ici 4681 mots).

 

Note de chapitre:

Bonjour !

 

C’est la première fic que j’ai écrite en 2022, alors je me sens un peu rouillée !

 

J’ai repris ma plume à l’occasion du concours des 25 ans de la saga, organisé par le forum HPF, et qui m’a bien inspirée.

 

Le titre et une partie de l'histoire m'ont été inspirés par la superbe image créée par Hazalhia, visible dans le résumé. Désolée d'avoir mis tant de temps à l'écrire !

 

Je suis ravie de retrouver le personnage d’Astoria pour cette occasion et je vous souhaite une bonne lecture !

 

N’hésitez pas à me donner votre avis.

À partir de minuit, les cauchemars envahirent son sommeil, dans leur atroce réalisme. Astoria s’y était pourtant préparée. Mme Pomfresh lui avait même prescrit une Potion sans rêve pour la nuit, mais celle-ci n’eut aucun effet. Évidemment. Cent ans auparavant, jour pour jour, Grigori Raspoutine savait ce qu’il faisait. Ce fut donc épuisée que la jeune fille se leva, sous le regard empli de pitié de ses camarades de chambrée. Dans la salle de bains attenante, elle ne put que constater les dégâts. D’horribles cernes marron mangeaient ses yeux bleus, habituellement si vifs. Avec un soupir résigné, elle appliqua religieusement une crème Sandéfo et se maquilla soigneusement, ce qu’habituellement elle ne prenait pas le temps de faire. Aujourd’hui, elle avait un rituel à respecter, un macabre anniversaire à célébrer. 

Onze novembre. Ce jour fatidique, comme toutes les femmes Greengrass, elle le haïssait. Onze novembre. Le jour où son arrière-arrière-grand-père avait commis l’irréparable et attiré sur lui une malédiction, qui poursuivait encore la famille à ce jour. Onze novembre mille huit quatre-vingt-dix-huit. Cent ans après, elle expiait encore le crime commis par Archibald Greengrass.

Cette année était particulière. Non pas parce qu’il s’agissait du centenaire de la malédiction — cela ne faisait aucune différence pour Astoria — mais parce que pour la première fois, elle accomplirait le rituel familial seule. Les années précédentes, elle avait pu compter sur Daphné, dont la présence tranquille l’avait toujours rassurée. Ensemble, elles avaient surmonté cette journée maléfique. Avant d’entrer à Poudlard, le rituel s’était toujours fait en famille, et sa tante Rosalie, en particulier, la guidait. Ce fut donc en solitaire qu’elle se rendit dans la Grande Salle, résolue à affronter sa journée, priant pour que le double cours de potions et celui de métamorphose lui changent suffisamment les idées. Mais elle en doutait sérieusement. Rien ne parvenait jamais à la distraire d’un onze novembre. 

La jeune fille s’installa à la table des Serdaigle, seule et renfermée. Grace Khan, sa meilleure amie, ne tarda pas à la rejoindre et la servit d’un petit monticule de viennoiseries, un alléchant assortiment de croissants, de roulés à la cannelle et de gâteau à la carotte. Astoria s’autorisa un sourire. Elle n’en mangeait jamais au petit-déjeuner, préférant les œufs brouillés et un toast à la gelée de framboises. L’objectif de Grace était tout autre : lui remonter le moral.

— Mange, Astie. Un peu de sucre te fera du bien. Si tu ne le fais pas, le vieux Slughorn va me demander de te conduire à l’infirmerie et je n’ai pas besoin de distraction l’année de mes ASPICs. Tu comprends ? Ne le fais pas pour toi, fais-le pour moi ! Aie pitié de moi ! 

Le monologue passionné de Grace la convainquit, bien qu’à moitié et, de bon cœur, elle tendit la main pour attraper un roulé. Un bruissement d’ailes interrompit son geste et effaça son timide sourire. Sa jolie chouette de Tengmalm, Artemis, lui apportait un paquet, dont elle connaissait d’avance le contenu. Elle l’ouvrit aussitôt avec fébrilité, et en oublia même de remercier Artemis. Celle-ci lui donna un petit coup de bec, vexée d’être ainsi ignorée. 

— Ouille ! Désolée ma jolie, tu sais bien que ce n’est pas mon jour. 

La chouette lui répondit d’un regard lourd de reproches. Astoria capitula, lui tendit son verre de jus de citrouille, puis flatta son cou de l’index tandis qu’elle buvait. Enfin, une fois que l’oiseau se fut envolé vers la volière de l’école, elle déplia la lettre jointe au paquet. 

Je pense à toi sœurette. Courage.

Était-ce tout ce que Daphné avait trouvé à écrire ? Astoria espérait une longue lettre réconfortante, pas ces six mots jetés sur un bout de parchemin. Pourtant, elle avait tort d’être surprise. Daphné n’était pas quelqu’un de particulièrement expressif. Ravalant sa déception, elle défit délicatement l’enveloppe kraft contenant l’ingrédient indispensable et indissociable du onze novembre. L’odeur puissante et fleurie du lilas s’échappa aussitôt de sa prison de papier. Quel dommage qu’un arôme si agréable soit associé à ce jour maudit ! Les fleurs choisies par sa famille étaient parfaites : les pétales d’un violet foncé, aussi douces que le velours, étaient entièrement intactes. 

Astoria attrapa une bouilloire et se versa une grande tasse d’eau chaude. Puis, sous le regard curieux de ses camarades, elle y fit tomber, une à une, toutes les fleurs de lilas. Maudite malédiction. La gorge serrée, elle regarda les pétales tomber délicatement sur l’eau chaude, se flétrir légèrement en laissant échapper une brume violette au fond de la tasse. Je suis désolée, Katerina. Une larme salée tomba dans l’infusion. Je te hais, Archibald. Je te hais, Raspoutine. 

Plongée dans sa prière silencieuse, la jeune Serdaigle ne vit pas le petit duc négocier à toute vitesse un atterrissage dans sa direction. Ce fut désastreux. L’une de ses ailes cogna un pichet de jus de citrouille à moitié vide qui, déséquilibré, se renversa sur la table. Le liquide froid coula sur le bras d’Astoria qui se dégagea d’un coup sec, faisant voler sa tasse dans les airs.

— Non, non, non ! cria-t-elle, mais il était trop tard. 

L’infusion s’était répandue sur la table, irrémédiablement perdue. Les fleurs de lilas flétries et vidées de leurs couleurs se glissèrent sous les assiettes, autour des pichets et sur le sol. Plus une goutte ne subsistait dans la tasse. C’était une catastrophe. Affolée et mortifiée, Astoria tenta de rassembler les pétales, fébrile, avec l’aide de Grace, mais c’était inutile. Elles étaient vidées de leur énergie, inutilisables. Comment allait-elle faire ? Glacée, Astoria ne réagit pas immédiatement lorsque Grace lui tapota l’épaule.

— Le hibou était pour toi… Il t’apportait cette lettre.

Était-ce une blague ? Astoria saisit le rouleau de parchemin soigneusement cacheté. Il avait intérêt à être important… En fait non, quelque soit l’objet de cette lettre, le destinataire avait ruiné sa journée et sa vie. Sans cérémonie, elle fourra le rouleau dans son sac et quitta la Grande Salle à grandes enjambées. Ne pleure pas, ne pleure surtout pas. Quatre à quatre, Astoria descendit les escaliers en direction de la salle de potions. Elle avait besoin d’être seule. Elle se réfugia dans une classe vide à proximité et s’effondra enfin en larmes.

Le onze novembre était sans conteste la pire journée de l’année. Et quelqu’un avait réussi à aggraver encore la situation avec ce maudit hibou. Comment allait-elle faire à présent ? Le lilas était fichu, et sans lui, le rituel ne pouvait être accompli. Les fleurs devaient impérativement provenir de l’arbre familial…

— Astie ?

La voix de Grace s’éleva dans le couloir. Sa meilleure amie avait dû la suivre. La porte s’entrouvrit. Inconsolable, Astoria ne parvint pas à calmer ses sanglots. Les larmes roulèrent sur ses joues entre deux hoquets, amères et salées. Prise de pitié, Grace l’enlaça et posa sa tête sur la sienne.

— Oh Astie… 
— Comment… je vais faire ? Je… suis… perdue ! hoqueta Astoria. Si je ne bois pas l’infusion de lilas… La malédiction m’aura à coup sûr !
— Chut, calme-toi, répondit Grace d’un ton apaisant. Écoute, tu m’as dit toi-même que c’était davantage une tradition, que ça n’avait aucune garantie… ?
— Bien sûr qu’il n’y a aucune garantie, rétorqua-t-elle d’un ton plaintif. Mais je ne veux pas risquer… Tu comprends ?

Grace resta silencieuse. Bien sûr qu’elle en ferait de même. Si elle savait qu’une malédiction de sang planait sur sa famille, elle ferait tout pour l’éviter, même les rituels les plus futiles. Pourquoi Archibald Greengrass avait-il tué cette petite fille ? Dans la famille d’Astoria, on disait que c’était un terrible accident… Était-ce la vérité ? En tout cas, ce n’était pas l’avis du père de la petite Katerina, le terrifiant Grigori Raspoutine, un des sorciers les plus puissants de l’histoire. Celui-ci avait alors lancé une terrible malédiction de sang sur l’ensemble des femmes de la descendance Greengrass, les condamnant à mourir à petit feu, dans d’atroces souffrances. Ce rituel avait beau sembler stupide, c’était le seul bouclier potentiel dont disposait Astoria, quelque chose qui lui donnait l’espoir d’endormir cette malédiction, de l’empêcher de nuire… Non, elle n’avait rien à perdre à tenter…

— Et si tu prévenais ta famille par hibou ? Pour qu’ils te renvoient de nouvelles fleurs ? 
— Artemis n’arrivera jamais à temps… commença Astoria. Mais tu as raison, il faut que j’essaie. 

Astoria se releva péniblement et rassembla ses longs cheveux bruns derrière sa nuque. Avec un élastique qu’elle conservait toujours autour du poignet, elle les entortilla dans un chignon lâche.

— Je risque d’arriver en retard en cours de potions. S’il te plaît, excuse-moi auprès de Slughorn, je fais au plus vite. 

Sans attendre la réponse de Grace, elle se dépêcha de sortir. Cette solution n’avait pratiquement aucune chance de succès. Elle ne voyait pas comment Artemis pourrait faire le trajet aller-retour en quelques heures, surtout après avoir volé toute la nuit. Non, c’était sans espoir… Mais elle devait essayer. Elle courut dans les escaliers, indifférente aux regards. Il n’y avait pas une minute à perdre. 

Une fois dans la volière, elle appela Artemis. Comme prévu, la chouette ne fut pas enchantée de reprendre aussi rapidement du service, mais attendit stoïquement qu’Astoria rédige sa lettre. Assise à même le sol de la volière, elle sortit une plume et un parchemin sur lequel elle griffonna : 
Accident ce matin, je n’ai pas pu faire le rituel. Renvoyez-moi du lilas au plus vite, s’il vous plaît. Je vous aime.

Elle roula le parchemin et lança un sort pour le cacheter, puis l’attacha à la patte de la chouette. Celle-ci pressa brièvement son avant-bras et s’envola à tire-d’aile. Astoria la regarda s’éloigner, un pincement au cœur. C’était peine perdue. Elle ne serait jamais assez rapide pour franchir les 600 kilomètres qui les séparait de sa famille et en revenir avant minuit.

oOo0oOo



— Ah miss Greengrass, entrez, entrez ! 

Avec un sourire indulgent, le professeur Slughorn l’accueillit dans la salle de classe. Les autres étudiants qui avaient choisi de suivre des cours de potions pour les ASPICs la suivirent des yeux, l’air vaguement surpris par son retard, mais personne ne fit de commentaire audible. Astoria rejoignit Grace, et s’installa en face d’Aidan Pitt et de Robert Malone, deux autres camarades de Serdaigle. 

— On a commencé un Élixir Éternel il y a deux minutes, chuchota Grace. Page 394.

Astoria remercia son amie et se mit au travail. Elle sortit les affaires de son sac. Le rouleau de parchemin reçu le matin-même roula au sol. Elle l’avait déjà oublié, pourtant c’était à cause de son expéditeur qu’elle était à présent dans le pétrin. Que contenait-il ? Une petite voix en elle lui soufflait de la brûler. La curiosité l’emporta et la jeune fille déroula discrètement la missive sous la table.

Chère Astoria. Je sais ce que tu traverses aujourd’hui, et je sais aussi que c’est la première fois que tu es seule en ce jour maudit pour ta famille. Il est particulièrement injuste que tu aies à porter ce poids. Les actions de tes ancêtres ne te définissent pas, tu n’es pas responsable de leurs crimes.

Sous le choc, Astoria retourna le parchemin, en vain. Le message n’était pas signé. Quel gâchis. C’était une si gentille attention, ternie par l’accident avec l’infusion. Le rituel, bien que simpliste, avait été conçu par une chamane. Après avoir pris connaissance de la malédiction de Raspoutine, Archibald Greengrass avait cherché de l’aide. Personne ne pouvait lever une telle imprécation, pas même celui qui l’a lancée. Cependant, ses recherches l’avaient conduit à consulter cette chamane, Olliana. Suivant les recommandation de cette dernière, Archibald avait planté un lilas dans le jardin de son manoir. 

Chaque premier novembre, date anniversaire de la mort de Katerina Raspoutine, le patriarche de la famille Greengrass fertilisait l’arbuste de son sang et de ses larmes. Les fleurs qui en éclosaient devaient ensuite être cueillies chaque onze novembre et bues par toutes les descendantes d’Archibald. C’était de l’ancienne magie affirmait tante Rosalie. Pour autant, respecter ce rituel n’avait pas empêché son autre tante, Rosemary, d’être touchée par la malédiction à l’âge de dix-sept ans et de la tuer à petit feu pendant dix longues années de souffrance. Astoria était la prochaine Greengrass à être potentiellement porteuse de la malédiction. Après sa majorité, en février, elle serait fixée. Daphné ne montrait aucun signe d’atteinte, et sa jeune sœur espérait bénéficier de la même chance. 

La porte s’ouvrit, interrompant ses mornes pensées. Drago Malefoy entra et s’installa seul, dans l’indifférence générale. Astoria lui adressa un timide sourire, mais il ne parut pas le remarquer. Il lui faisait tellement de peine. Pourtant, elle avait longtemps méprisé Drago, ses fanfaronnades et ses provocations envers les personnes qu’il percevait comme inférieures. Leurs familles se connaissaient depuis l’enfance et avec Daphné, elle s’était souvent moquée en privé de son air hautain et dédaigneux si semblables à Narcissa, sa mère. Mais depuis trois ans, Astoria avait remarqué que son attitude avait changé. Taciturne, discret et distant, il traversait l’école tel un fantôme. Il était revenu à Poudlard cette année, pour redoubler après son échec à l’ensemble de ses ASPICs. À sa place, Astoria serait restée terrée chez elle, plutôt que d’affronter l’isolement imposé par ses pairs et les railleries. Mais peut-être que justement, il ne voulait pas rester chez lui après tout ce qui s’était passé pendant la guerre… Pourtant, Poudlard ne devait pas être une partie de plaisir. Les professeurs et les autres élèves, même à Serpentard, l’ignoraient purement et simplement. Et lui, il restait stoïque, le visage constamment grave et concentré.

— Attention Astie, tu n’es pas censée mettre de la poudre de Scroutt à cette étape ! 

Elle sursauta et interrompit son geste. Ce n’était pas le moment de faire exploser son chaudron !

oOo0oOo



Comme attendu, le niveau particulièrement élevé exigé en potions et les devoirs atrocement difficiles que McGonagall leur donna en métamorphose ne délogèrent pas la malédiction de la tête d’Astoria. Elle surveillait constamment l’horloge, dans une obsession maladive. Au-dehors, la nuit était tombée depuis longtemps et le dîner ne tarderait plus à être servi. Plus jamais elle ne se plaindrait d’un onze novembre, se promit-elle. Certes, ce jour était habituellement horrible, mais elle réalisait à présent que le rituel lui donnait un sens, un semblant de maîtrise. Sans cette célébration, elle se sentait déboussolée, ses pensées fusaient dans tous les sens, ses émotions débordaient.
C’était idiot d’avoir envoyé Artemis. Sa chouette ne pouvait pas voyager aussi loin et aussi vite. La pauvre allait être épuisée. Et s’il lui arrivait quelque chose ? Qu’elle avait été égoïste de ne penser qu’à son propre malheur ! De toute façon, cette chamane était sans doute une arnaqueuse. Sinon, Rosemary serait toujours de ce monde. Alors pourquoi attachait-elle autant d’importance à ce fichu lilas ? Elle le détestait. Elle avait grandi avec cet arbre devant sa fenêtre, cet arbre qui lui rappelait l’épée de Damoclès qui planait au-dessus d’elle…

— Astie, essaie de penser à autre chose, je sais que c’est difficile…
— Difficile ? riposta l’intéressée d’un ton glacial. Tu ne sais pas ce que c’est. Tu ne sais pas ce que c’est de vivre dans l’incertitude, de te demander si tu pourras avoir une famille, des enfants, de te demander si tu les verras grandir ! Tu ne sais pas ce que c’est d’être jeune et pourtant consciente de ta propre mortalité !

Sous l’effet de la colère, Astoria s’était levée, le regard brillant de larmes. La bibliothèque lui parut exceptionnellement silencieuse, on n’entendait plus une mouche voler. Face à elle, Grace l’observait, les traits contractés, chargés d’une insupportable pitié. Et à présent, la jeune fille avait honte de s’être ainsi emportée. Elle se dépêcha de rassembler ses affaires, désireuse de fuir au plus vite. 

Elle ne devait pas perdre de vue que la source de tout cela, c’était le crime de son ancêtre. La véritable victime était Katerina Raspoutine. Que la malédiction finisse par la toucher ou non, Astoria aurait toujours vécu plus longtemps que cette petite fille. Ce n’était cependant pas facile d’accepter de n’avoir aucun contrôle sur cette malédiction, surtout à présent qu’elle ne pouvait pas boire l’infusion...

Perdue dans ses pensées contradictoires, Astoria se cogna contre quelqu’un près de l’entrée de la bibliothèque. Son sac tomba à terre dans un bruit de verre brisé. Super. Il me manquait plus que cela, de l’encre sur toutes ses affaires. 

— Mais bon sang, ce n’est pas possible de faire un peu attention ? gémit-elle, dans une mauvaise foi assumée.
— Excuse-moi, je ne t’ai pas vue… lui répondit une voix masculine.

Super. Elle venait de se décharger sur Drago Malefoy, quelqu’un qui n’avait sans doute pas besoin qu’on lui rappelle à quel point son existence était une plaie. Il se pencha pour l’aider à ramasser et utilisa un sortilège pour siphonner toute l’encre qui s’était écoulée.

— Oh… répondit-elle, les joues rouges de confusion. Je suis à cran aujourd’hui, c’est moi qui suis désolée…
— Non, non, je comprends, dit-il d’un ton apaisant. En fait, je te cherchais.

Elle leva le regard vers lui, surprise. Il la cherchait ? Pourquoi donc ? Elle n’avait eu aucune interaction avec Drago cette année. En réalité, elle n’avait jamais eu d’interaction avec lui à Poudlard. Il avait été dans la promotion de Daphné à Serpentard les années précédentes, et leurs échanges s’étaient jusque là résumés à des politesses formelles lors des réceptions de leur enfance. Alors, pourquoi la cherchait-il donc ?

—  J’ai reçu un colis pour toi.

Interloquée, Astoria prit le paquet que lui tendait le Serpentard. Elle reconnut l’écriture ronde de sa propre mère. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Se pourrait-il…?

— Pourquoi c’est toi qui l’a ? lui demanda-t-elle, tout en l’ouvrant.

Elle y découvrit un lilas. Non, pas un lilas, le lilas. Les pétales d’un violet éclatant étaient reconnaissables entre mille. Artemis avait réussi, contre toute attente. 

— Je crois que le hibou ne te trouvait pas… 

Sa réponse sonnait faux. Les sourcils froncés, suspicieuse, Astoria attendit qu’il développe, mais il se gratta la nuque, gêné. Elle déplia alors la lettre que sa mère lui avait laissé.

Ma chérie,
Voici une nouvelle branche de lilas pour ton infusion. Prends-la ce soir, et tout se passera bien. Heureusement que tu as eu la présence d’esprit d’acheter un aller-retour en hibou express à Pré-au-Lard ! Autrement, nous n’aurions jamais reçu ta lettre à temps. Tu remercieras aussi la personne qui nous a écrit de ta part ! Je t’aime, 
Maman.


Un aller-retour en hibou express ? Non, cela ne lui avait pas traversé l’esprit un seul instant. Et de toute façon, elle n’aurait pas pu sortir de Poudlard ! Qui donc aurait pu… Oh. Les pièces du puzzle s’assemblèrent dans son esprit. Elle leva les yeux vers Drago, mais il s’était éclipsé pendant qu’elle lisait. Elle vit sa robe disparaître au coin du couloir. Sans réfléchir, elle remit son sac sur l’épaule et courut.

— Drago, attends !

Hors d’haleine, Astoria dérapa devant le Serpentard, surpris. Ses cheveux blonds tombaient devant ses yeux gris aux cernes violacés, désireux de les masquer au monde extérieur. Il avait les traits d’un homme marqué par les regrets. Il méritait les tourments qui l’animaient, se remémora-t-elle. Il avait notoirement fait partie des proches de Vous-Savez-Qui ! Mais elle se rappela autre chose. L’année précédente déjà, il avait été particulièrement effacé. Il aurait pu profiter du régime des Carrow pour maltraiter les plus jeunes et les Nés-Moldus, comme il le faisait auparavant. Mais non, il s’était montré particulièrement discret. 

— C’est toi ? demanda-t-elle. C’est toi qui a écrit à ma famille ?

Il ne répondit pas tout de suite. Ses yeux se fixèrent sur ceux d’Astoria, incertains. La jeune fille ne lâcha pas l’affaire et l’encouragea du regard. Depuis le début de l’année, elle s’était appliquée à ne pas l’ignorer, sensible à sa solitude. Clairement, il payait ses choix, depuis quelques années déjà. Un peu de gentillesse n’était pas superflu, n’est-ce pas ? Un autre déclic se fit dans l’esprit de la Serdaigle, et ses lèvres formèrent un « o » de surprise.

—  Le hibou de ce matin ! C’était toi aussi !

Elle sut immédiatement qu’elle avait raison. Les joues blafardes du Serpentard se colorèrent d’un rose délicat et il fixa ses pieds. Astoria ne l’avait jamais vu ainsi. Le Drago Malefoy de son enfance était arrogant, fier et hautain. L’homme face à elle n’avait plus rien à voir. Il était devenu l’ombre de lui-même. 

— Je ne pensais pas qu’il renverserait… balbutia-t-il. Enfin… Je comprends que tu sois fâchée.
— Fâchée ? 

Elle lui montra le paquet contenant le lilas.

— Tu me sauves la vie, dit-elle avec emphase, comment pourrais-je rester fâchée ?

Astoria décida d’occulter le fait qu’elle avait passé une journée exécrable à s’inquiéter. Drago lui faisait trop pitié pour qu’elle l’enfonce davantage.

— C’est le moins que je puisse faire. Comme je suis majeur, je peux entrer et sortir de Poudlard comme bon me semble. 
— Comment savais-tu pour… pour aujourd’hui ?

Il haussa les épaules.

— Tous les Sang-Pur le savent, répondit-il simplement.

Évidemment. Le cœur d’Astoria tomba comme une pierre. Elle imaginait déjà les conversations dans les familles. Les pères qui ordonnaient à leur fils de choisir n’importe quelle épouse Sang-Pur, pourvu que ce ne soit pas une Greengrass. Elle se doutait que la malédiction était un secret de polichinelle, mais n’en avait pas encore réellement mesuré les conséquences sociales. 

— Je pensais ce que j’ai écrit ce matin, reprit-il.
— Merci, souffla-t-elle. 

Prise d’une impulsion, elle lui demanda.

— À tout hasard, tu sais où se trouvent les cuisines ?

oOo0oOo



Effectivement, Drago connaissait l’emplacement des cuisines de Poudlard. Il la guida dans les couloirs. Les étudiants qu’ils croisèrent leur décochèrent des regards surpris. Le Serpentard n’avait encore été jamais vu en compagnie de qui que ce soit depuis le début de l’année.

— Je ne sais pas si c’est bon pour ta réputation, souffla-t-il d’un ton amer, après avoir croisé un énième visage étonné.
— Ni pour la tienne, répondit-elle avec un clin d’œil.

Pour la première fois, elle le vit esquisser un sourire. Et par Merlin, comme il éclairait son visage ! Ses traits si froids, si durs, s’adoucirent, un éclat naquit dans le gris orage de ses iris. C’était un Drago Malefoy qui lui était totalement inconnu, à son grand regret, réalisa-t-elle. Astoria rougit et continua sa route en silence.

— C’est une plaisanterie, j’espère ? dit-il, d’un ton amusé. 
— Oh tu sais, avec les scènes que j’ai faites aujourd’hui, je ne sais pas si je suis considérée comme une personne particulièrement fréquentable…
— Oui, mais ça se comprend… Attends… Les scènes ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
— Eh bien, j’ai euh… J’ai crié sur mon amie à la bibliothèque juste avant que tu arrives avec mon paquet. J’ai même dû faire peur à Mme Pince, elle n’est pas venue me dire de me taire, ajouta-t-elle d’un ton songeur.

Drago éclata de rire. Astoria en fut confuse. À la fois, son rire résonnait comme une douce musique à ses oreilles, mais en même temps, elle ne put se débarrasser de la désagréable impression qu’il se moquait d’elle. 

— J’aurais aimé voir ça, dit-il d’un ton espiègle. 
— Oui, bon… bougonna-t-elle. On est encore loin ?

Pour toute réponse, Drago désigna un tableau représentant une coupe de fruits. Lorsqu’ils parvinrent à sa hauteur, il chatouilla la poire, qui se mit à rire, et une porte apparut.

— Et voilà, Miss Greengrass.
— Comment tu sais ça ? demanda-t-elle, impressionnée.
— J’ai beaucoup exploré le château, éluda-t-il. 

Des elfes de maison affluèrent vers eux. Visiblement, ils étaient particulièrement occupés par la préparation du dîner, mais ils se rendirent immédiatement disponibles. En revanche, ils n’avaient pas l’air particulièrement ravis de voir Drago, mais n’émirent aucun commentaire. Un peu intimidée par ce lieu inconnu, Astoria resta muette, le regard attiré par les longues tables disposées au centre, pareilles à celles de la Grande Salle. 

— Une tasse d’eau chaude.
— S’il vous plaît, ajouta Astoria avec un regard de reproche en direction de Drago.
— Ils n’en ont pas besoin, dit-il, surpris. Ils aiment servir…
— Ma mère m’a toujours appris la politesse, même avec les elfes de maison, rétorqua la jeune fille. 

Il ne répondit pas et lui jeta un regard en biais. Un elfe revint avec un plateau sur lequel une petite bouilloire fumait en compagnie de deux tasses. 

— Merci, dit le Serpentard à mi-voix.

Cela fit sourire Astoria. Ce soir, elle découvrait un Drago loin de sa réputation, loin de ce qu’il avait été. Une partie d’elle la poussait à se méfier du Serpentard, mais une autre était, il fallait l’avouer, complètement sous le charme. Pour masquer son embarras à cette pensée, elle tourna le dos à son camarade, s’installa à une table et, la main tremblante, répandit les pétales de lilas dans la bouilloire. Katerina Raspoutine, je te demande pardon. Sans un mot, Drago s’installa face à elle, le visage grave. Elle se concentra sur le rituel, regarda les pétales se flétrir et leur couleur violacée tourbillonner au fond de la bouilloire. 

Quelques minutes plus tard, elle versa l’infusion dans une tasse, puis en retira une à une les fleurs qu’elle disposa dans une assiette, promptement apportée par un elfe zélé. Elle jeta ensuite un sort de refroidissement sur la boisson, pour éviter de se brûler. Enfin, Astoria but le breuvage d’un trait. Elle grimaça légèrement et sourit à Drago. Enfin, le rituel avait pu être accompli. Enfin, elle pouvait mettre le onze novembre derrière elle, au moins jusqu’à ses dix-sept ans.

— Ce n’est pas bon ? demanda Drago, curieux.
— Je déteste le goût des lilas, répondit simplement la jeune fille.
— Ah. Oui, j’imagine. 
— Merci… Merci pour tout, souffla Astoria, soudainement submergée par l’émotion.

Elle pensait que rien ne pourrait la distraire un onze novembre. Jusqu’ici n’avait pu dévier ses pensées de la terrible malédiction qui planait sur elle et sa famille. Et pourtant, Drago Malefoy y était parvenu. Elle n’irait peut-être pas jusqu’à dire qu’il avait adouci son onze novembre… Dans la cuisine animée, elle l’observa plus attentivement. Il avait chamboulé cette journée, et finalement d’une manière plus positive qu’elle ne l’aurait imaginé. Il surprit son regard et un large sourire se dessina sur les lèvres du Serpentard. 

En fait, si. Ce onze novembre était une belle journée.

Note de fin de chapitre :

Merci d'avoir lu jusqu'au bout !

 

Que pensez-vous de cette première rencontre Astoria/Drago ?

 

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